Si on analyse le mouvement «الرحيل» (Dégage) au Bardo, on peut y distinguer trois grands types d’acteurs :
• L’alliance contre-nature de Nidaa et de la Jabha (et leurs supporteurs de la société civile, des syndicats, etc.) :
– en analysant le comportement de Nidaa, il est clair qu’on est en face de décideurs/leaders qui n’acceptent pas que le pouvoir soit définitivement perdu (alors qu’ils le détenaient depuis des décennies) ; leur position n’a rien à voir avec la nature du parti (Ennahdha ou autre) qui gouverne : qu’il y ait une démocratie ou une dictature dans le pays, l’important est qu’ils aient une certaine maîtrise (assez globale) du pouvoir. Donc, oubliez les arguments avancés : « mode de vie menacé », « économie menacée », etc. Tout est une question de pouvoir, ni plus, ni moins ;
– en analysant le comportement de la Jabha, à ce niveau, on est en face de décideurs/leaders qui n’accepteront jamais (raisons idéologiques et historiques) que des religieux soient au pouvoir, et ce quel que soit leur rendement au pouvoir, les compromis qu’ils feraient, une pratique assez laïque du pouvoir, etc. Donc, oubliez les arguments avancés : « mode de vie menacé », « économie menacée », etc. Tout est une question de ne pas voir au pouvoir leurs vieux ennemis jurés, ni plus, ni moins.
Ceci dit, il est clair que si un parti religieux est au pouvoir, le « mode de vie » sera, dans le meilleur des cas, plus pluriel et donc différent de celui façonné par la précédente dictature. Il est clair que voir au pouvoir des révolutionnaires (pas forcément religieux), vouloir redistribuer (entre les régions, entre les classes sociales, etc.) les richesses de manière bien plus équitable, aura forcément un impact sur le mode de vie (point de vue économique) de chacun. Mais la principale motivation de ces deux mouvement, Nidaa et Jabha, se situe principalement au niveau du pouvoir et de la haine (vis-à-vis d’un ennemi intérieur !).
• Quelques partis, comme l’Alliance démocratique de M. El Hamdi, dont le principal objectif est d’amener à bon port cette phase transitoire que traverse le pays, phase qui vise l’instauration, dans la durée, d’une démocratie. Plus précisément, leur participation au sit-in du Bardo semble motivée par deux objectifs :
– disposer d’une constitution assez laïque (à la turque) qui assurerait les libertés à tout un chacun (le sit-in permet donc de mettre la pression nécessaire pour arracher d’ultimes compromis) ;
– s’assurer que les résultats des futures élections soient crédibles (ceci passe éventuellement par un gouvernement composé de personnalités indépendantes, dans le sens : qui fassent une certaine unanimité).
• De « simples citoyens », assez nombreux, qui appuient notamment l’alliance Nidaa-Jabha pour la simple raison qu’ils ne voient pas d’alternative ; leur motivation est principalement guidée par la peur : peur de voir disparaître leur mode de vie, peur de voir leur pays plonger dans une orientation qui est très étrangère à leurs habitudes, etc. Donc, là, on est bien en face de gens concernés par le « mode de vie menacée », l’« économie menacée ».
Les événements présents (et ceux passés aussi) ont démontré à quel point Nidaa/Jabha sont antidémocratiques : leurs leaders n’accepteront jamais les résultats des urnes (à moins que ce soient eux les gagnants (voir précédentes décennies !) ).
Maintenant, parmi les « simples citoyens » que j’ai cités, il y en a beaucoup qui ne sont pas forcément à l’aise avec l’appui qu’ils offrent à un des deux partis (ou aux deux) que sont Nidaa et Jabha, puisque leur appui implique de facto un retour au précédent système, à savoir une démocratie à la Zaba ou à la Sissi (au choix). Ces citoyens, tant qu’ils ne verront pas poindre une alternative crédible à Ennadha, appuieront, par défaut, cette nouvelle alliance contre-nature Nidaa-Jabha. Une situation bien bizarre ! Si on prend pour acquis qu’au sein d’Ennadha, il y a des radicaux qui ont une vision bien moins démocratique que d’autres centristes, on a l’impression que ne figurent dans le pays que des partis à orientation dictatoriale (on parle alors de choix entre peste et choléra), ce qui est complètement faux ! D’après moi, la grande majorité du peuple tunisien aspire à vivre dans un pays démocratique (qui implique de facto le respect des résultats des urnes).
Comme beaucoup de mes concitoyens, j’appelle donc à la formation d’une grande « Alliance démocratique », qui viendrait concrétiser une troisième voie, une alliance qui regrouperait tous les partis (Alliance démocratique de Hamdi, Tak, CPR, etc.) qui sont en dehors de l’alliance Nidaa-Jabha, et en dehors du parti Ennahdha. Si cette alliance se concrétise, j’anticipe un fort transfert de supporteurs, jusque là non convaincus par leur position, de Nidaa-Jabha (voire de Joumhouri, etc.) vers cette nouvelle alliance d’aspiration réellement démocratique (ils pourront alors offrir une alternative qui soit compatible avec une destinée démocratique pour leur cher pays). Car autrement, ceux qui croient en la bipolarisation seront éventuellement très déçus aux prochaines élections ; il n’est en effet pas du tout certain, notamment en considérant les élections du 23 et toute la campagne médiatique de peur/avertissements qui les avait (déjà !) précédées, que la population, dans sa globalité (les 11 millions moins les dizaines de milliers qui sont sortis récemment à la Kasbah ou au Bardo), voudra voter pour un retour en arrière !
En résumé :
• la bipolarisation pourrait, in fine, renforcer substantiellement (puisqu’il n’y aura que deux choix) le parti Ennahdha (ce qui pourrait d’ailleurs expliquer le comportement jusqu’au-boutiste de Nidaa et de la Jabha) ; il faudra alors oublier l’éventualité d’une troïka-bis au sein de laquelle certaines forces tenteraient d’équilibrer les choses ;
• l’existence d’une troisième voie, surtout si elle arrive à capter un grand nombre de partis existants, pourrait voir aboutir une troïka-bis (ou un duo !) qui aura alors la particularité d’être bien plus équilibrée (l’équilibre inexistant de l’actuelle troïka étant une de ses faiblesses) et, qui sait, qui pourrait éventuellement gagner les prochaines élections.
Une analyse rigoureuse ! Cependant Ennahda n est pas un parti religieux. La philosophie
d Ennahda s inspire des valeurs humanistes islamiques ,compatibles avec les droits de
l homme, tout comme celle chretiennes des chretiens democrates allemandes. hollandais, suedois etc.. Ces derniers ont participé et participent aux gouvernement de leur pays avec les socialistes. Ce qui pourrait etre le cas avec Ennahda et avec en principe tous les autres partis sauf bien entendu Nida Tounes et les autres parti recdiste-destouriens pour qui la Tunisie est une propriéte privee qui leur a ete volée et qui doit leur revenir coute que coute. Le grand obstacle est surtout le dogmatisme d un autre age de la gauche tunisienne qui n existe desormais qu en Coree du Nord et a Cuba . L immaturité de la gauche tunisienne empechera toute collaboration avec Ennahda quoique sa base electorale est la meme que celle d Ennahda: l interieur pauvre , exploité et discriminé, les classes populaires et moyennes des grandes ville.Collaborer avec Ennahda serait positif pour la gauche a condition qu elle laisse de cote l islamophobie primaire de la bourgoisie des grandes ville, pour pouvoir attirer les meme electeurs qu Ennahda La seule issue pour empecher le retour des elites dechues, mais encore tres puissantes de Bourguiba et de Ben Ali est un front commun de tous les partis contre Nida Tounis et les rcdistes-destouriens. Malheureusement la gauche non seulement elle joue le role d ídiot utile de Nida Tounes mais de par ces actions anarchistes et agressives elle met en peril la transition democratique et l espoir
d une Tunisie pour tous, sauf ceux qui n accepteront jamais la democratie et qui font tout pour abattre la democratie au nom de leur version de democratie pervertie…..Ceci dit Merci pour une analyse sobre !
En août 2011, quand j’avais rédigé un article concernant «la troisième voie»:
http://nawaat.org/portail/2011/08/08/une-troisieme-voie-existe-est-possible-et-est-souhaitable/
le paysage politique n’était pas assez clair!
Aujourd’hui, notamment après les tristes événements récents, les positions des uns et des autres se clarifient. Ainsi, on note 2 blocs principaux:
1- Ennahdha;
2- Nidaa+Jabha.
Entre ces 2 blocs, on retrouve un ensemble de partis éparpillés; certains collent de temps à autre à un des 2 blocs, d’autres le sont depuis le 23:
– Depuis le 23, Cpr et Tak ont choisi de s’allier à Ennahdha pour former une troika (censée représenter un équilibre entre la pratique laïque et la pratique religieuse du politique; malheureusement, vu que les autres partis ont laissé seuls, à leur sort, Cpr et Tak, cet équilibre n’a jamais réellement existé);
– l’Alliance démocratique de El Hamdi s’allie de manière prudente au bloc Nidaa+Jabha dans le mouvement «الرحيل».
Maintenant, les positions récentes, de plus en plus confirmées, de Nidaa+Jabha font aujourd’hui de cette alliance contre-nature un bloc clairement antidémocratique! Il est clair qu’il n’appuiera jamais un processus démocratique dans lequel il risquerait de perdre (à nouveau …).
Concernant le parti Ennahdha, ses propres membres avouent sans complexe qu’il y a une aile radicale dans ce parti; cette aile, dans sa pratique éventuelle du pouvoir, ne pourrait facilement l’exercer dans le sens démocratique (comme en Turquie par exemple, pays qui supporte aisément une Constitution laïque). Ce fait implique qu’à moyen et long terme, rien n’empêche un retournement de situation. Bien qu’en théorie, on est en droit de considérer que le Bureau politique d’Ennahdha est pas mal centriste, et que la majorité de la Chourra partage la position de ce Bureau politique, mais en pratique, c’est une autre game. Rappelez-vous comment, en février passé, quand Cpr et Tak menaçaient de quitter la troïka (pour former leur propre pôle), certains membres d’Ennahdha et certains officiels ont réagi en menaçant de former, à leur tour, leur propre pôle de partis islamistes.; dans un tel scénario, on oublierait alors vite le côté centriste supposé d’Ennahdha.
Par ailleurs, comme vous le mentionnez, l’Histoire nous apprend que la plupart des partis religieux, en Occident, ont évolué vers des partis conservateurs. Peut-être qu’un jour, se distinguera d’Ennahdha une branche qui voudra suivre ce chemin. On aura alors moins d’ambiguïté! Ainsi, ce qui fait défaut est justement cette ambiguïté qui persiste au sein d’Ennahdha. Dans cet article, au sujet de ce parti, j’ai voulu considérer le pire des cas (à savoir que la partie radical prend le dessus à terme) pour exposer mes idées. En effet, mon objectif est de situer cette grande alliance démocratique par rapport aux deux blocs cités ci-dessus; à leur opposé, cette alliance est assez claire (pas d’ambiguïté) dans sa vision purement démocratique, et elle a prouvé qu’elle se situait clairement au centre (ne s’oppose, en absolu, à personne, si ce n’est aux antidémocratiques). Ainsi, on se retrouverait avec un paysage politique à 3 blocs clairement identifiés:
1- Ennahdha;
2- Nidaa+Jabha;
3- Alliance démocratique.
Je pense que dans une telle configuration, Jabha sera assez affaiblie (seuls les radicaux persisteront dans leur alliance avec Nidaa); le même scénario est à prévoir du côté des partis qui entourent de Nidaa (on n’a qu’à penser à Joumhouri …).
Pour terminer, j’aimerais aussi me référer à la remarque faite par Robocop («ils doivent tous partir»); d’après moi, il faisait surtout référence à l’ancien pouvoir (que la majorité ne veut plus voir sur la scène), mais aussi à ces 2 acteurs, que sont Ennahdha et Jabha, qui paralysent en parti le pays pour des raisons minables. Ainsi, le 3ème bloc, celui de l’Alliance démocratique, se distinguerait des 2 premiers par un positionnement plus dans le futur que dans le passé (comme on l’avait tous espéré (voir du nouveau!) après le 14 (voir article portant sur la 3ème voie)).
le Parti Ennadha n’est pas un parti religieux il a une philosophie qui s’inspire des valeurs humanistes islamiques compatible avec les droits de l’homme. Faite attention Chourou risquerait de vous faire écarteler et démembrer s’il entendait cela !
Tous les partis chretiens- democrates occidentaux dont plusieurs gouvernent leurs pays respectifs ont des membres influents et dirigeants qui expriment les opinions et proposent les actions les plus racistes, les plus imbeciles,t les plus extremistes et les plus islamophobes que vous pouvez vous imaginer . Ces partis restent cependant des partis democratiques ayant toutes les tendances. Pourquoi voudriez vous donc que tous les membres d Ennahda soient tous des anges ? Bien entendu lorsque veut demoniser les partis islamistes, de l exception on fait la regle pour pouvoir continuer a demoniser a l infini….
une troisième voie, oui on est tous pour une troisieme voie qui sera vraiment démocratique, je pense qu’une alliance qui regrouperait les partis Alliance démocratique, Ettakatol et Al jomhouri sera la meilleure concurente aux poles actuels (Nahdha Vs Nidaa-Jabha)