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Mise à jour (5 sep 2013 21:17) : Libération provisoire du caméraman de la web TV tunisienne Atrolabe TV, et report du procès au 27 23 septembre. Nasreddine Shili reste en détention.

Mise à jour : L’avocat de Mourad Meherzi et Nasreddine Shili dément le retrait de la plainte contre Mourad Meherzi.

C’est aujourd’hui, jeudi 5 septembre, qu’a eu lieu le procès de Nasreddine Shili, le cinéaste qui a lancé un œuf sur le ministre de la Culture Mehdi Mabrouk, ainsi que de Mourad Meherzi, caméraman de la web TV tunisienne Atrolabe TV, qui a filmé la scène. Arrêtés les 18 et 21 août dernier, ils sont toujours en détention provisoire.

Ce matin l’avocat, du ministre déclarait que le ministre de la Culture avait finalement retiré sa plainte contre le caméraman Mourad Meherzi, qui risquait jusqu’à 7 ans de prison.

« Le ministre a retiré sa plainte contre Mourad Meherzi, qui ne faisait que son travail », a indiqué à l’AFP Mabrouk Kourchid, l’avocat du ministre.

Toujours d’après l’avocat du ministre, Mehdi Mabrouk serait également prêt à retirer sa plainte contre l’auteur de l’action, le cinéaste Nasreddine Shili, si celui-ci présente des excuses au ministre.

Maître Ayoub Ghedamsi, avocat de M. Meherzi et M. Shili dément :

C’est un effet d’annonce. Il n’y a pas eu retrait de la plainte contre Mourad Meherzi.

Malgré le retrait de la plainte contre Mourad Meherzi il est accusé, comme Nasreddiine Shili, d’avoir fomenté un complot. Le délibéré est attendu en fin de journée. Il peut y avoir une libération conditionnelle ou un report du procès.

Mourad Meherzi et Nasresddine Shili sont en détention provisoire depuis près de trois semaines maintenant, et devaient être jugés ce matin pour complot en vue de commettre une agression préméditée contre un fonctionnaire, diffamation, atteinte aux bonnes moeurs, outrage à autrui. Ils risqueraient jusqu’à sept ans de prison.

Lors du procès ce matin, le ministère public aurait envoyé un avocat, selon des témoins sur place. Mais il n’a pas été autorisé à plaider.

Lors de l’audience, il a été question de l’existence ou non de complicité entre Nasreddine Shili et Mourad Meherzi. M. Shili a insisté sur l’innocence du vidéaste.

J’avoue avoir lancé l’oeuf sur le ministre, mais je jure que c’était un acte spontané, et qu’il n’y avait aucune complicité avec Mourad, a-t-il déclaré.

Il explique également “avoir acheté l’oeuf sur un coup de tête quelques minutes avant de le lancer”. Une dizaine d’avocats ont plaidé en faveur de Mourad Meherzi et Nasreddine Shili,qui ont les mêmes chefs d’accusation.

Des témoins appelés à la barre ont accusé M. Shili et M. Meherzi de complicité. Aucune confrontation n’a eu lieu entre les accusés et les témoins, alors qu’elle aurait dû avoir lieu.

Vice de forme pour les procès verbaux, selon l’avocat de la défense

L’avocat de M. Meherzi et M. Shili explique qu’il y a vice de forme dans la manière dont ont été fait les procès verbaux, établis par la police de Gorjani, lors des auditions de M. Meherzi et M. Shili.

En effet Maître Ghedamsi affirme que Mourad Meherzi n’a signé aucun PV parce qu”il n’avait pas la possibilité de lire ce qu’on lui disait de signer. Ce n’est que le 26 août, lorsque Mourad Meherzi a reçu la visite de son avocat à la prison de Mornaguia, qu’il a pris connaissance du contenu du PV.

Nasreddine Shili, quant à lui, a signé le PV. « Mais il était presque inconscient »; selon son avocat. « Il a été arrêté à 4h du matin et amené de Sousse à Tunis, où il est arrivé à 8h du matin selon le PV. Nous ne comprenons pas pourquoi le trajet a duré 4 heures. »

En plus d’un temps de trajet très long, M. Shili, qui avait besoin de soins médicaux, n’a pas pu voir un médecin avant le milieu de matinée. « Il a été examiné à 10h30. Donc de 4h à 10h30 Nasreddine était avec les policiers, alors qu’il avait besoin d’insuline car il est diabétique. Il était sur le point de faire un malaise. On lui a dit : Signe et on t’amène voir le médecin. Nasreddine a fini par signer. »

Maître Ghedamsi explique que le contenu du PV n’est pas correct : « Dans ce PV on a fait dire à Nasreddine qu’il avait bu, qu’il avait appelé Mourad pour convenir d’une rencontre devant la maison de la culture, et de l’agression du ministre, et que Nasreddine avait appelé Mourad après l’incident pour qu’il publie les images de l’agression. »

Les ONG Reporters sans frontières et Human Rights Watch ont réclamé la libération immédiate de Mourad Meherzi, soulignant qu’il ne faisait qu’exercer son activité professionnelle.