Au début de la dernière grande métamorphose de sa vie, lorsque, quittant le giron de “Nation of Islam“, il créa sa propre organisation associative militante, qu’il voulut voir s’inscrire dans une plus grande orthodoxie au regard des préceptes islamiques qu’il croyait avoir (re)découverts à l’issue de son pèlerinage à La Mecque, Malcolm X déclara qu’il souhaitait avant tout travailler en direction du peuple auquel il appartenait, les Noirs Américains qui souffraient des discriminations flagrantes d’une partie de l’Amérique blanche des années 1960. Certes ! Il dit, cependant, accepter toute aide provenant de personnes de peuples d’autres couleurs voulant apporter toute leur bonne volonté. Il n’empêche ! Sa priorité allait d’abord vers le sien propre, qui avait tellement souffert qu’il avait besoin qu’on luttât corps et âme pour lui !
Malcolm X traduisit ainsi, dans une action politique concrète, le fait que l’homme est certainement cette créature qui, même s’il appartient à une unique espèce de semblables individus s’étant déployée sur les quatre coins du globe, évolue d’abord en fonction des liens, forts ou faibles, qu’il tisse d’avec la matrice qui l’a vu naître puis grandir, c’est-à-dire sa propre famille, sa propre tribu, son propre peuple. Autrement dit, il s’agit là de la reconnaissance d’une des sanctions de Dieu, pour chacune de ses créatures humaines : elles sont toutes amenées à se mouvoir dans un milieu culturel propre (famille, religion, peuple, langue, nation…), indépendant de tous les autres “contextualisants” existant de tout temps sur cette planète pour chaque individu. La langue, les traditions, les ancêtres, les pratiques culturelles, les proverbes et les maximes, les usages et les coutumes, de tout cela, l’homme s’en fait le réceptacle conscient ou inconscient, avant, à son tour, en fonction de son contexte, de sa foi, de son éducation et de son tempérament, dont le cocktail et l’incidence sont toujours uniques par rapport à tous autres individus, de le transmettre ou non, de le vivifier ou de l’oublier, de le mettre sur un piédestal ou de le minimiser, et d’y apporter les caractéristiques qu’il souhaite.
Appartenant à une double culture par la décision de Dieu, c’est avec liberté et responsabilité que j’ai choisi, tout en ne sacrifiant rien de ce que je dois à celle française, tolérante et rationnelle dans son essence, de faire état de cette autre qui est mienne aussi, au propre, comme au figuré d’ailleurs, la culture tunisienne.
C’est pourquoi, c’est avec plaisir que j’invite tout lecteur à prendre connaissance de ces mots, de ces carnets de Tunisie, racontant, quasiment au jour le jour, au fil de mon séjour dans le pays de mes ancêtres, mon périple tunisien de deux semaines. Je veux être en effet de ceux qui, dans une longue suite de chaînes humaines pensantes, souhaitent apporter un témoignage de ce dont ils ont été témoin, ici en l’occurrence de ce qui se pratique et se sent, de ce qui se voit et se dit, dans mon pays de sang et de cœur. Je veux faire honneur au verset suivant : “Par le témoin et par ce dont on témoigne” (Coran, s. 85, v. 3).
L’arrivée à l’aéroport de Tunis-Carthage
Tout a commencé par les suites rocambolesques de mon arrivée à l’aéroport de Tunis-Carthage, le 9 août 2013. Ayant loué une voiture (climatisée bien sûr !, la chaleur d’été d’Afrique du Nord pouvant friser l’étouffement), je m’apercevais que le loueur, que j’avais sélectionné sur Internet, n’avait plus de comptoir depuis fort longtemps. J’avais beau courir d’agence de location en agence de location (elles sont innombrables, car entre les Rent a Car, Budget et Camelcar, on en compte des dizaines), personne ne semblait s’apitoyer ni de mon sort ni de l’affolement évident qui commençait tout doucement à poindre en moi, à l’idée que j’avais dû me faire avoir “comme un bleu”, moi le professionnel du tourisme ! Accompagné de mon épouse tunisienne qui vint me recevoir, avec tout son amour, à l’aéroport, nous n’eûmes droit qu’à un conseil : se rendre à l’Office du tourisme qui tenait une permanence.
Nous y allons alors. Nous y rencontrons un homme et deux femmes. Nous leur faisons donc part de la situation, confusément, car notre esprit ne saurait faire preuve de clarté face à ce qui nous semble être une évidente arnaque ; esprit d’ailleurs désarçonné par l’attitude clairement désinvolte des agents censés pourtant nous apporter toute l’aide nécessaire.
Voilà un premier caractère national tunisien que je souhaite éclaircir, si ce n’est dénoncer, tellement y faire face est pour le moins déconcertant quand, en retour, on n’éprouve que de l’amour pour la patrie. C’est cette façon sensiblement hautaine, qu’a parfois le Tunisien, quand il est en position de ce que j’appellerais “médiateur référent”, celui auquel on fait appel pour être guidé, au plus juste, dans les inextricables méandres à emprunter obligatoirement si l’on veut solutionner un problème quelconque apparu sur le sol tunisien, ici la location d’une voiture introuvable. Dénoncer est en réalité un grand mot car mon esprit conciliateur, signe sans doute d’une maturation philosophique incomplète, me fait me poser toute une litanie de questions afin de dédouaner l’âme tunisienne de ces méfaits présumés. Cette désinvolture suprême, à jamais inattaquable car pouvant très facilement se transformer en une colère noire et hystérique, si on la provoque, est-ce l’expression d’un dégoût de l’immigré qui lui-même sait se rendre désobligeant dans son attitude parfois irrespectueuse des mœurs locales, ou bien la révélation des seuls constats qui vaillent dans une telle situation : nous nous affolons pour rien, ils le savent, ne nous le disent pas forcément, ne souhaitant pas s’engager dans une explication complexifiée par le fait que nous ne maîtrisons aucunement les clés obscures et subtiles de la langue tunisienne ? Ou bien est-ce la paranoïa de l’occidentalisé, habitué à un cadre dit “civilisé”, lequel, confronté à un autre type d’organisation dont il n’en comprend pas la sève, ne veut y voir que sa position de floué, au point d’influencer son jugement sur ses interlocuteurs de quelques instants ? Ou, enfin, est-ce, là, simplement d’ordre psychologique, auquel cas rien de socio-culturel ne permettrait d’expliquer une analyse finalement faussée de la situation ?
Toujours est-il que nous le trouvâmes, le loueur en question, après de longues minutes d’attente angoissantes, et l’intervention toujours aussi désinvolte d’apparence, mais très précieuse car profondément désintéressée, du bureau d’information, qui le fit appeler par l’universel système de communication à grande échelle dans un aéroport, les annonces au micro.
Ezzouhour, Tunis
Nous voilà donc en route ! Direction, la famille et la maison d’enfance de ma mère ! Que de réflexions analytiques poussées envahissent mon esprit forgé dans le cap Nord-Ouest de l’Europe lorsque je les rencontre et les côtoie, quand je discute et que je vis avec eux, l’espace de quelques heures ou de quelques journées, ces membres de la famille de ma mère !
Ils habitent dans une des extensions urbaines populeuses de Tunis-Ouest, dans le quartier d’Ezzouhour, à deux pas du Bardo. Une zone “pavillonnaire” comme tant d’autres qui se sont créées dans les faubourgs de la capitale, où ceux qui en ont eu les moyens y ont acheté une maison. Un quartier dont l’espace est plat et horizontal, sauf les minarets des mosquées. Il s’étend sur de vastes hectares où règnent les habitations qu’on aurait sans doute voulues à l’origine individuelles mais qui, du fait de la culture dominante dans le pays, forgée par une tension évidente entre le sens de la famille élargie et la pression du cadre du ménage nucléaire, et accentuée par l’éclat morose de la pauvreté ambiante, sont devenues des sortes de mini-immeubles familiaux, où le moindre espace est partagé sur plusieurs étages entre les héritiers qui y fondent leur propre foyer. Quelques mosquées, une ribambelle de petits commerces dont la devanture n’est que le percement de la cloison extérieure des maisons et où une myriade de produits en tout genre est proposée, des terrasses de café que seuls les hommes fréquentent pour y tromper leur ennui, tout cela éclaire quelque peu des rues mal tamisées par des lampadaires bancales laissant à peine la lumière électrique jaunâtre faire sa besogne du soir. La nuit fraîche venue, une ambiance estivale alourdie le jour par la chaleur écrasante du soleil s’estompe tout doucement pour laisser la place à la légèreté bienvenue de la brise de l’obscurité. Quelques chaises de jardin posées à même les trottoirs défoncés, des carafes et des bouteilles d’eau froide et glacée, des graines de tournesol disposés dans un cône de papier-journal et dont les déchets parsèment le sol, des enfants qui tournoient autour des adultes qui discutent de sujets mondains, avant que leurs cris et leurs pleurs ne résonnent aux quatre coins de la zone, tous ces éléments sont des traces de vie obligées de ces types de quartiers. C’est dans celui de Ezzouhour et dans cette famille maternelle qui y habite que je passai mes premières heures tunisiennes.
Tout en me gaussant d’être parmi les miens grâce à l’utilisation de l’arabe dialectale (quoique avec des fautes grossières de prononciation qui trahissent mon origine), de faire partie de ce moule, d’y rire et d’y pleurer, d’y boire et d’y manger comme tous avec délectation, ce qui est toujours un plaisir non feint pour mes hôtes ainsi que pour moi-même, je ne peux refréner mon inclination perpétuelle à la distanciation face à l’événement en train de se produire. Comme tout au long de ma vie, contexte tunisien ou pas d’ailleurs, c’était comme si j’étais fidèle à cette citation de Jean-Jacques Rousseau, lorsqu’il se dépeignait lui-même dans ses Confessions (1782) : “ce cœur (…) m’a jusqu’au bout mis en contradiction avec moi-même, et a fait que l’abstinence et la jouissance, le plaisir et la sagesse, m’ont (…) échappé“.
Mais cette distanciation, que me révèle-t-elle ? Tout plein de choses, d’idées, de réflexions qui farfouillent dans mon cerveau. D’abord, celle la plus évidente et la plus dure à la fois : quoique vivant dans la société de l’abondance de l’Occident, je ne peux sortir ces gens de la pauvreté et de la dure épreuve de leur vie. Car, pour moi-même, les épreuves de ma propre vie en Occident sont d’une certaine rudesse. Ne m’ayant, pour l’instant, pas indiqué le moindre horizon tangible vers lequel mon être devrait se tourner sans hésitation aucune (même si ma conviction islamique tend à me donner la certitude de l’au-delà sur lequel je ne doute pas un seul instant), mon destin ne m’a, en effet, jamais laissé le loisir de la construction de l’avenir. Par conséquent, il ne m’a pas accordé celui de gérer l’avenir de mes semblables en Tunisie. Cela est douloureux de voir les siens s’échiner durement à la tâche, sans jamais pouvoir rien y faire, et même, en se sentant coupable de l’avoir oublié le long d’une vie occidentale confortable…
Pourtant, deuxième sentiment qui fait toujours suite à celui précité, l’admiration chasse cette rage devant l’injustice terrestre apparente. Ces gens-là, en effet, ils ne flanchent point ! Gardant, semble-t-il, leur foi en l’Unique, ils ne désespèrent pas de la miséricorde de leur Créateur. Sans utilisation de la raison pour ressentir leur foi et la partager, ils font partie de ce que Averroès avait appelé le “commun du peuple” (Discours décisif sur l’accord de la religion et de la philosophie, 1179). Ils n’ont guère besoin de chercher une interprétation d’un verset du Coran dont le fond serait caché pour vivifier leur foi, déjà éclatante de vérité. On pourrait même aller jusqu’à dire qu’ils sont la foi elle-même ! Sans explication aucune, elle leur est évidente. Alphabétisés grâce à Bourguiba et à son action décisive, ils ne ressentent pas l’envie de confronter leur spiritualité à leur intellect, pourtant en état de marche grâce à l’éducation. Est-ce donc à dire que celle-ci n’est pas aussi décisive qu’on le croit dans la guidance vers Dieu ? Peut-être que oui, en ce sens que si l’éducation peut donner ce qu’on appelle en islam des causes à la croyance en Dieu, seul notre Seigneur a en charge la guidée vers Lui, et il ne se sert pas que de cette voie pour ce faire…Bref, les habitants de Tunis-Ouest (et de beaucoup d’autres secteurs du pays), lorsqu’ils croient, ne font pas nécessairement appel à des leçons apprises à l’école pour grandir leur foi, ce qui constitue une radicale différence avec la France d’aujourd’hui, alors que la France d’Ancien Régime, dans laquelle la croyance en Dieu était naturelle, se rapprocherait plus de cet état d’âme tunisien.
Ces membres de la famille de ma mère, ils ont l’air fatalistes face au destin qui est le leur. C’est qu’ils ont compris le peu d’importance de cette vie d’aujourd’hui par rapport à celle de Demain. Ils ne font donc qu’avancer jusqu’à la mort, sans jamais en parler, car ils acceptent la sentence divine énoncée à l’avance à leur encontre. Attention ! Ils ne sont pas saints ces gens-là de Tunisie. Je les aime, mais parfois ils sont violents. Je les admire mais il leur arrive de mentir. Ils méritent peut-être que je les vouvoie, tant il se dégage d’eux une respectabilité inexprimable, mais ils usent et abusent de ce que je nommerais des “techniques stratégiques de situations”, dignes des plus grands généraux, pour gérer leur quotidien et leur environnement social qu’ils cherchent à égayer.
Et ma venue, quelle aubaine ! Ainsi pour les enfants desquels je ne souhaite qu’anticiper les demandes non encore exprimées faute d’avoir abattu la barrière de la honte ; ou bien pour les tantes qui tentent de m’attirer dans leur “tentes” (leur foyer nucléaire à l’intérieur de la maison-immeuble familiale), afin de me “tenter” dans l’accomplissement d’un rituel lorsqu’on est en visite familiale, le repas. Il faut en avoir des réserves pour pouvoir, de maisonnée en maisonnée, accepter tous les mets servis, toujours fortement épicés, traditions tunisiennes obligent !
Béja
Mais c’est déjà l’heure de s’en aller. Direction Béja, ville centre du Nord-Ouest tunisien de laquelle est issue la souche familiale paternelle. Avant de poursuivre, il faut que je vous raconte, chers lecteurs, mon épouse ! Elle est ma cousine germaine, le plus sûr dépôt que j’ai envisagé, en mon sens, pour m’assurer un avenir stable et radieux. Cette certitude, je veux m’y accrocher du plus profond de mon âme, en me disant par la même occasion que Dieu Lui-même me l’a présentée à moi sous son nouveau jour d’épouse aimante après qu’elle fût, toutes ces années durant, une cousine espiègle et joueuse.
C’est donc naturellement que je me rends chez Nadia (c’est son prénom), pour passer ma première nuit tunisienne. Une aimable tribu que celle qui a vu naître et grandir Nadia. Ses parents, ce sont ma tante, demi-sœur agnatique de mon père, et son mari qui, du piédestal sur lequel je l’avais placé, plus jeune, lorsqu’il dirigeait une équipe de contrôleurs dans une société régionale de transport en commun, ce qui lui valut d’ailleurs de faire passer sa famille ainsi que lui-même, d’une relative pauvreté à une tout aussi relative aisance, du piédestal donc sur lequel je l’avais placé, en est descendu pour tomber dans les profondeurs de la misère humaine, du fait d’une maladie terrassante. Celle-ci s’est manifestée subitement deux ans auparavant. Il en souffre énormément, est devenu faible et doit rester alité le plus clair de son temps, tandis que son épouse témoigne encore aujourd’hui devant Dieu et devant les hommes de son amour dévoué en lui prodiguant les soins nécessaires à son bien-être, si tant et qu’il y en ait un dans une telle convalescence qui n’en est plus une, lorsque l’on reste cloîtré chez soi avec une attente, non angoissante semble-t-il, de la mort. Elle a l’air, en effet, plutôt sereine, cette attente, et laisse donc le loisir à ses innombrables filles, les sœurs de mon épouse, de mener une bonne vie conjugale en dehors du foyer familial.
L’homme de la maison, quant à lui, mon cousin, celui que j’ai toujours vu depuis mon enfance comme étant une créature n’étant jamais surpris des coups du sort de la vie et semblant avoir cette faculté de guider ses semblables vers le mieux par ses connaissances affectives de l’existence, n’est plus celui qu’il avait été. Père de famille, il s’occupe de son fils de quatre ans de manière admirable. Mais n’ayant pu trouvé une stabilité raisonnable dans cette Tunisie de la détresse, il ne peut faire guère plus que le traîner d’endroits en endroits de fréquentation. Lui apprenant sans doute ainsi les tours et détours à adopter ici-bas pour toujours réussir à s’en sortir, il ne lui permet pas de connaître le cadre adéquat à une croissance saine de corps et à une maturation profonde de l’esprit. Et il en est conscient…
Béja ! Une ville de l’hinterland tunisien, loin de la mer, loin du tourisme de masse, loin de tout ! Une position géographique, au sein d’une cuvette naturelle, qui se transforme en fournaise les journées d’été, ne laissant le vent pénétrer l’aire urbaine qu’après des détours obligés entre les sommets des montagnes et collines l’enserrant, donnant ainsi le temps au soleil de littéralement chauffer à blanc, de sa lumière aveuglante, tout mouvement d’air. A l’inverse, cette même position géographique accentue la fraîcheur de la nuit, lorsque les phénomènes venteux, prisonniers des parois de la cuvette, se laissent finalement littéralement tombés en son centre, permettant à l’homme de reposer son esprit devant l’édifiant plafond stellaire, magnifiquement décoré de multitudes d’étoiles scintillantes, ce qui en accentue ainsi la clarté éclatante.
Béja ! Une ville centre d’une campagne environnante située dans une région particulièrement importante pour le pays car lui fournissant une bonne part des stocks de céréales, de viande de mouton, de fruits et légumes et de tout un tas d’autres denrées alimentaires.
Béja ! Il faut les voir ces collines, devenues nues et jaunies la récolte ayant été effectuée, s’étendre en pentes douces et harmonieuses autour de la ville, et que l’on peut observer grâce aux perspectives laissées par les interstices ouverts des rues et ruelles.
Béja ! Une ville à l’âme sans pareille. S’il existe un endroit en Tunisie qui garde ô combien vivaces ses traditions, ce serait la ville de mon père. L’une de celles-ci ? Ce que l’on nomme ici la ‘aguira, suite de cérémonies festives que l’on donne pendant l’un des moments de la célébration d’un mariage qui court, ici, sur plusieurs jours. On y voit une troupe musicale composée d’un joueur de mezzoued, instrument traditionnel dont le son qui s’en échappe fait étrangement penser à la cornemuse écossaise, tandis que les deuxième et troisième des trois jouent du tambourin. Derrière eux, des animaux loués, le plus souvent mené par un cheval orné de draps et monté d’un palanquin brodé de décorations colorées dans lequel prend place la future épouse. Un taureau ou un bœuf, que l’on sacrifiera ensuite, accompagne le cortège, dans lequel on peut aussi y voir, appareillés d’une mode sans doute d’influence berbère, un chameau et/ou un âneton.
De ma vie, à chaque fois que j’ai assisté à l’une de ces fêtes données à même la rue, j’ai toujours eu du mal à contenir mes larmes, la vue de ce spectacle me transportant dans mon enfance lorsqu’en famille nous séjournions, le plus souvent possible, deux mois l’été en Tunisie . C’est comme si je dialoguais avec moi-même, plus jeune, à travers les âges. Et que l’enfant que j’étais, pourtant révolu à tout jamais comme si son existence n’était qu’une surréalité indescriptible sauf dans les souvenirs de ceux qui l’ont connu, me disait d’aimer ce qu’il ne savait pas encore apprécier à sa juste valeur, dénué qu’il était de la profondeur d’esprit que je tente de m’inculquer aujourd’hui à moi-même. Un dialogue avec soi riche d’enseignements, forçant l’homme à se dire qu’il n’est non pas seulement ce qu’il est présentement, mais qu’il représente surtout une somme d’expériences le menant jusqu’à ce qu’il a réussi à atteindre en degrés. Cependant, tout au long de sa vie, il reste de même nature : mortel sans savoir quand il quittera ce monde, il ne doit cesser de parfaire son horizon spirituel avant que de véritablement mourir. Une ‘aguira dit en effet tout cela à un homme déraciné qui l’a connue tout jeune…
Il est temps que je vous raconte les autres endroits du Nord de la Tunisie que j’ai sillonné, mon épouse m’accompagnant, grâce à ma voiture de location…
A suivre
Attendons la suite …
Très mal écrit. Je vous conseille de prendre des cours de Français. Cependant j’ai adoré ” Elle est ma cousine germaine, le plus sûr dépôt que j’ai envisagé, en mon sens, pour m’assurer un avenir stable et radieux.”
Quelle idée sincère et rassurante vous vous faites donc de votre épouse cousine germaine… Une caisse de dépots
[…] Nawaat […]
“C’est qu’ils ont compris le peu d’importance de cette vie d’aujourd’hui par rapport à celle de Demain.”
peuple de sous développé ignare. Et dire que Dieu dans le Coran vous encourage au contraire à changer votre destin (Dieu n’aide que ceux qui s’aident), pas ceux qui attende juste la mort et détruise leur pays au lieu de le construire. Ces gens qui “ont compris le peu d’importance de cette vie d’aujourd’hui par rapport à celle de Demain.”, ils voient leur enfants crever en mer pour partir en Italie ou ils sont aveugles aussi?
sinon le texte est très mal ecris (des complications inutiles du début à la fin…)
Bonsoir à tous,
Tout d’abord je vous remercie d’avoir laissé ces commentaires exprimant votre libre opinion sur le texte en lui-même.
Je remercie Kamber du petit message attentionné…
J’en viens aux deux critiques négatives exprimées par “Ja3bator” et “moi”. J’aimerais y répondre point par point afin de dévoiler l’intention de ce texte et la justesse de son propos, au regard de mes convictions.
D’abord, “Ja3bator”, vous moquez l’utilisation du terme “dépôt”. Laissez-moi vous en donner la signification. Ce terme provient du prophète lui-même (Paix et bénédiction d’Allah sur lui), d’où le fait que je l’utilise dans ma réflexion. J’ai le droit de croire, et surtout, d’utiliser ma croyance dans mes réflexions. Vous n’êtes pas obligé d’y souscrire, mais vous devez respecter ma liberté d’expression comme je respecte la votre, tant qu’elle ne provoque ni l’illégalité, ni la haine.
J’en viens maintenant à la signification du mot dépôt. Comme je vous le disais, il est utilisé par le prophète (Pbsl), dans le pèlerinage d’adieu, le sermon qu’il a donné à La Mecque peu avant sa mort : “Recommandez-vous de faire du bien aux femmes, Allah vous les a confiées en dépôts et vous a permis de les approcher”.
Loin de moi l’idée de vous faire un “dars” sur ce terme et le thème de la relation homme/femme. Je ne suis pas un imam ou un ouléma. Cependant, que signifie ce terme de dépôt ? S’agit-il d’un terme bancaire ? Peut-être, mais dans une transaction qui vaut la peine, selon moi, d’être acceptée par l’homme : celui de disposer d’un bien pour son au-delà, ce que l’épouse est pour l’époux et inversement. Ainsi, Dieu dit : “tout ce que vous avancez de bien pour vous-mêmes, vous le retrouverez auprès d´Allah, car Allah voit parfaitement ce que vous faites.” (s.2, v.110). Épouser une personne au nom de Dieu, c’est s’avancer un bien pour soi-même, c’est donc de disposer d’un dépôt dont les bénéfices seront saillants ici-bas et, surtout, dans l’au-delà. Ceci est ma croyance, j’espère que vous l’aurez comprise, et que vous la respecterez, et peut-être, qu’un jour, que vous y souscrirez.
Je vous invite à consulter un texte sur le mariage en islam que j’ai écrit il y a peu, il s’appelle “Hymne à l’amour islamique” (lien : http://www.alterinfo.net/HYMNE-A-L-AMOUR-ISLAMIQUE_a94568.html). J’espère que cela vous permettra de comprendre ma démarche et vous évitera de la dénigrer.
Je continue de répondre à “moi” et à vous-même dans le commentaire qui suit…
Cordialement
Adel TAAMALLI
“moi”, vous semblez comprendre, dans la phrase relative à la croyance qu’ont des Tunisiens sur le fait que la vie d’ici-bas est moins importante que celle de l’au-delà, que cela veut dire que peu est accordé, en terme de considération, à la vie d’ici-bas.
Ce n’est pas exactement le propos visé par la phrase que vous pointez. Dans l’islam, comme dans toute religion monothéiste, la vie d’après la mort possède plus d’importance que la vie d’avant la mort, tout simplement parce que la première est éternelle, ce qui n’est pas le cas de la seconde, et car la seconde prépare à la première. J’espère que vous me suivez…
Et c’est justement ce qui est dit, dans le texte. Le peu d’importance de la vie d’ici-bas est relatif à celle, considérable, de la vie de l’au-delà. Le peu d’importance n’y est donc pas claironné de manière absolue…comme cela semble être compris dans votre commentaire.
“Peuple de sous-développé ignare”, je ne relève pas, ou expliquez-le…
Quant aux morts en mer pour atteindre l’Italie, cela n’a rien à voir avec la foi. C’est la réponse à une situation vécue comme étant désespérée par ceux qui entreprennent cette aventure risquée et ceux qui l’encouragent. Preuve, justement, que la vie d’ici-bas est importante pour eux puisqu’ils risquent le tout pour le tout pour remédier à leur désespérance dans cette vie terrestre…
J’en viens enfin au fait que c’est mal écrit, selon vous, et selon Ja3bator. C’est votre opinion, vous avez le droit de le penser. Et j’ai trouvé intéressant que vous justifiiez ce propos par le fait qu’il y ait propension d’utilisation, de ma part, de “complications inutiles du début à la fin”.
Je souscris au fait qu’il y ait des complications dans le texte. Mais pas qu’elles soient inutiles. J’ai, en effet, adopté volontairement un style pompeux et ampoulé dans ce texte, tout en étant fidèle à l’un des principes qui gouvernent mon style d’écriture : je tiens pour fondé le fait d’utiliser des phrases longues, car elles seules permettent de s’approcher le plus fidèlement possible de la complexité de la pensée de celui qui écrit au moment où il écrit, parce que l’esprit de l’être humain est tel qu’il peut, dans le cadre d’une pensée précise, la nourrir d’idées multiples et variées qui apparaissent simultanément dans le cerveau. Autrement dit, dans ce texte, cela n’a pas été tant pour moi que de viser la concision ou l’écriture synthétique que de livrer ma pensée telle qu’elle se présentait à moi au moment de sa rédaction, quitte à passer par les tours et les détours de la nuance. Si cela vous intéresse, j’essaie de fournir le tableau le plus fourni possible des impressions telles qu’elles naquirent en moi lors de mon périple tunisien. L’esprit humain ne vit pas que de “diachonicité”. Il est aussi tributaire de la simultanéité. J’espère que l’explication de ma démarche, à défaut de vous convaincre de sa justesse, vous apparaîtra pertinente au regard de mes motivations.
Cordialement
Adel TAAMALLI
Cordialement
Adel TAAMALLI