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Texte traduit de l’arabe par la Rédaction.

Le Décret-loi n°2011-41 du 26 mai 2011 relatif à l’accès aux documents administratifs (*) garantit, théoriquement, le droit à chaque citoyen l’accès aux documents administratifs. Pourtant le changement tarde à voir le jour.

En effet, malgré ce décret et les discours éloquents relatifs à la lutte contre la corruption, malgré les attentes de l’opinion publique en matière de poursuites judiciaires contre les malversations et malgré ce désir pour l’instauration d’une gouvernance transparente, les Tunisiens ne bénéficient toujours pas d’un accès libre aux documents administratifs. Ils témoignent chaque jour d’un manque flagrant vis-à-vis d’une réelle lutte contre la prévarication. Pire encore, nous assistons parfois aux procès de ceux qui essayent de révéler des vérités sur la corruption, l’abus de pouvoir, le favoritisme et tous ces maux enracinés depuis des décennies, tant au sein de la pratique de la politique et de la gestion des affaires de l’État qu’au sein des milieux d’affaires.

Comment faire face à cette triste réalité pour y peser sans ouvrir ces dossiers, de plus en plus nombreux, demeurés, à ce jour, à l’abri des médias et de la justice ?

Comment contribuer au progrès d’un pays qui aspire à la démocratie et à la transparence sans l’aide de ceux qui détiennent les dossiers de corruption et les documents qui prouvent l’implication de certains ?

Comment pouvons-nous faciliter et sécuriser les fuites des documents de corruption et protéger ceux qui décident de dévoiler des pratiques que la révolution voulait bannir ?

La bonne volonté de ceux qui détiennent des dossiers sur la corruption n’est souvent pas suffisante. Il faut également contribuer à faire dépasser les peurs en aidant ces « bonnes volontés » à se prémunir des lourdes conséquences relatives à d’importantes révélations. La crainte des représailles de ceux qui veulent cacher la vérité ne doit pas être négligée.

Pour ces raisons, l’équipe de Nawaat a lancé, avec la coopération de GlobaLeaks, une plateforme spécialisée bâtie sur des logiciels et outils Open Source qui protègent les « lanceurs d’alertes », comme ceux qui souhaitent révéler des dossiers classés « secrets ». Cette plateforme masque, y compris pour l’équipe de Nawaat, la provenance de l’information. En d’autres termes, il n’est pas possible d’identifier la personne à l’origine de la fuite. Ni les adresses électroniques, ni les adresses IP, ni les noms et ni l’emplacement géographique ne sont identifiables, y compris pour l’équipe de Nawaat.

Au-delà de ces mesures relatives au processus de transmission des documents, pour garantir davantage de protection aux personnes à l’origine des fuites, nous continuons toujours à examiner le contenu même des documents en question dans le cas où ils recèleraient d’éléments identifiables. En effet, et comme toujours, avant la publication d’articles et dossiers, l’équipe de Nawaat veille avec la plus grande rigueur à effacer toutes les données descriptives (Metadata au sein même du document) susceptibles de donner des indications sur les personnes concernées (voir note plus bas).

Comme nous l’avons toujours fait, nous accompagnons les documents et leaks par des mesures d’investigation, reportages et enquêtes afin de les contextualiser et de leur donner du sens pour clarifier leurs portées. Ceci en demeurant toujours ouvert aux ajouts, débats, remarques et rectifications.

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Nawaat leaks utilise le programme GlobaLeaks, un projet qui vise à offrir un ensemble d’outils et de logiciels libres pour les besoins d’une plateforme de fuites (leaks), tout en assurant l’anonymat et la protection des données. GlobaLeaks n’est en aucun cas ni d’aucune façon impliqué dans le traitement des documents qui nous sont envoyés.

Pour protéger les utilisateurs de la plateforme Nawaat Leaks, nous avons utilisé un lien caché lié à Tor, avec une adresse .onion. Aussi, vous devez installer Tor avant d’accéder à la plateforme pour envoyer vos documents. Tor (littéralement : le routage en oignon) est un logiciel conçu pour accroître la protection de l’anonymat de vos activités sur Internet. Il camoufle votre identité et protège vos activités contre les technologies de surveillance sur Internet. Tor peut également être employé pour contourner le filtrage et les méthodes de censure sur l’Internet.

Note concernant les métadonnées : Afin de protéger davantage votre identité, Nawaat assure la suppression d’une couche d’information cachée, mais potentiellement délicate du sein des documents reçus : les métadonnées. Cesdites métadonnées sont automatiquement générées et incorporées à chaque fois qu’un document est créé, modifié, mis en forme ou sauvegardé via les logiciels de l’utilisateur. Il est important d’insister sur le fait que cette couche de données (intrinsèque aux documents) préexiste au processus de transmission du document à Nawaat. L’équipe de Nawaat ne fait qu’appliquer une précaution supplémentaire, après réception du document, pour supprimer ces données cachées générées par les logiciels comme Microsoft Word, Excel, Adobe Reader, Photoshop, Pages, etc.

lien vers la page qui explique le fonctionnement de la plateforme Nawaat Leaks

lien vers la plateforme Nawaat Leaks (la plateforme de notre page des Leaks utilise un lien caché avec une adresse en .onion, et ne pourra être accessible que par l’intermédiaire de Tor.)

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1- Décret-loi n° 2011-41 du 26 mai 2011, relatif à l’accès aux documents administratifs des organismes publics.

2- Décret-loi n°2011-54 du 11 juin 2011, modifiant et complétant le décret-loi n°2011-41 du 26 mai 2011, relatif à l’accès aux documents administratifs des organismes publics.

3- Circulaire n°25 du 5 mai 2012 portant application du décret-loi n°2011-41 du 26 mai 2011, relatif à l’accès aux documents administratifs des organismes publics.

4- Plan d’action concernant le droit d’accès à l’information en Tunisie.