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Plusieurs études viennent démontrer, aujourd’hui, la position qu’occupe la démocratie tunisienne par rapport à l’ensemble des pays de ce monde. En effet, prenant en compte plusieurs indicateurs, Le « Good Country Index » (l’indice des bons pays) et le « Fragile States index » (l’indice des pays fragiles) situent différemment la place occupée par la démocratie tunisienne au sein du monde.

Le « Good Country Index »

Par bon pays… il faut comprendre un pays qui contribue au plus grand bien commun. Le Good Country Index ne prend pas en compte les réalisations faites au niveau national d’un pays, non pas parce qu’elles ne sont pas importantes, mais parce que plusieurs études sont menées sur la question. Ce que cet indicateur vise à faire, c’est de commencer une discussion globale sur la façon dont les pays peuvent équilibrer leurs devoirs : leurs devoirs vis-à-vis de leurs citoyens, mais aussi vis à vis du monde qui les entoure.
Simon Anholt, créateur du “Good Country Index”

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En d’autres termes, il s’agit d’étudier le monde dans son ensemble, et de mettre en perspective “les bons élèves et les mauvais élèves”, selon des critères détermines.

Sur les 125 pays dont les données existent, la Tunisie se classe 56e, respectivement entre la Macédoine et l’Argentine.

Ce classement est établi en fonction de sept catégories (culture, sciences et technologies…), contenant chacune 5 facteurs. Il s’agit donc en tout de 35 indicateurs qui ont été étudiés à la loupe pour comprendre la contribution de la Tunisie aux « biens communs ». Voici le classement :

Classement général: 56e
Science et technologie: 58e
Culture: 86e
Paix et la sécurité internationale: 31e
Ordre Mondial: 82e
Planète et climat: 59e
Prospérité et égalité: 54e
Santé et bien-être: 68e

Il est important de signaler que le classement est établi à partir de 35 indicateurs fournis par différentes organisations internationales spécialisées, et ce à partir de 2010.

La contribution au « bien commun » de la Tunisie est plus élevée que la moyenne dans plusieurs domaines : en terme de publications internationales (qui indique le nombre d’articles publiés dans les revues internationales par rapport à la taille de l’économie du pays), au niveau des troupes de maintien de la paix (qui indique le nombre de troupes de maintien de la paix envoyées à l’étranger pour des missions de l’ONU par rapport à la taille de l’économie du pays), en terme d’exportation de déchets dangereux,conformément à la Convention de Bâle de 1992, en terme d’Investissements Directs à l’Etranger et de Libre Echange, et enfin en terme d’excédent de dons volontaires en matière de santé.

En revanche, la Tunisie porte atteinte au bien commun en matière de Liberté de Presse, en matière de réfugiés hébergés et enfin en matière d’émission de CO2.

Le « Good Country Index » s’apparente plus à un concept interactif, genre Gapminder, qu’une étude à proprement parler telles que celles menées par des organisations internationales. Là où l’étude de cet « Index » peut être intéressante, c’est au niveau de l’empreinte internationale laissée par le pays à travers ces politiques nationales. En effet, l’idée que le bien être d’un individu est inextricablement lié à celui de sa société est d’autant plus vrai dans notre société actuelle. L’idée d’étendre ce bien être à une société qui pourrait être « globalisée » voir mondialisée reste, cependant, abstraite et relative dans la conscience humaine, bien que le « Good Country Index » semble vouloir démontrer le contraire à travers cette étude.

Le « Fragile States Index »

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Selon l’index numérique des Etats Fragiles, la Tunisie est le 78e Etat le plus fragile au monde sur 178 Etats étudiés. Elle se classe entre l’Azerbaïdjan et l’Equateur.

Parmi les indicateurs examinés menant à ce résultat, il existe des indicateurs positifs et négatifs. Parmi les indicateurs positifs on peut citer : l’absence de violence entre groupes au sein de l’Etat, la légitimité de l’Etat caractérisée par un processus électoral démocratique et un gouvernement compétent, la protection des Droits de l’Homme et de l’Etat de droit ; et l’absence de conflits ou de tensions entre les responsables nationaux.

Le Fragile States Index… a mis en perspectives les pays en fournissant un aperçu annuel de leur vitalité et de leur stabilité (ou absence de stabilité) et les a classé en conséquence. Ce que montre réellement cette étude, c’est qu’un Etat ne change jamais fondamentalement d’une année à une autre. Cependant, à y regarder de plus près, il existe d’importants et surprenants développements soit dans un pays, soit dans une région, soit au niveau d’un des indicateurs (politique, économique ou sociale), mais jamais un changement brutal et total…
Part 1: Rankings and Map, Fragile States Index

Malgré un soutien bien établi par Foreign Policy et une présentation assez élégante, cette étude reste somme toute assez superficielle, dont le classement est d’ores et déjà connu de tous, ce qui en fait une étude moins intéressante que d’autres études comparatives ou d’outils interactifs, à l’instar du Gapminder précédemment cité. S’il n’est pas innovant, ce site reste un outil pratique qui peut être gardé dans ses favoris.

Cependant là où il fait vraiment défaut, c’est au niveau des « Cartes postales de l’enfer : Photos de la vie et de la mort dans les cinquante pires endroits du monde ». En effet, dans cette galerie de photos désobligeantes et rétrogrades, des visuels de pays « meurtris » se succèdent.

Fort heureusement, la Tunisie n’y est pas représentée. Si l’intention est d’attirer l’attention, cela est fait au détriment du contexte dans lequel les clichés ont été pris, faussant naturellement toute la démarche. A considérer même que l’intention est d’humaniser et sensibiliser sur les conditions de vies réelles dans ces Etats dits fragiles, à travers des images de guerres et de violences, cela est d’autant plus contre productif que ces représentations redondantes ne sont que des stéréotypes voire une généralisation d’un cas particulier à un pays, une région voir même un continent.

Quand The Economist tombe aveuglément dans les clichés

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Pourquoi les arabes ont si lamentablement échoué à créer la démocratie, le bonheur … ou la richesse pour leurs 350 millions d’habitants est l’une des grandes questions de notre temps…. Seule la Tunisie, qui a ouvert la voie de la liberté aux arabes il y a trois ans, a l’étoffe d’une vraie démocratie.
The Tragedy of the Arabs, The Economist.

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The Tragedy of the Arabs, The Economist

Deux articles remarquablement similaires “Tethered by history” et “the tragedy of the Arabs” ont été publiés le 5 juillet dernier dans “The Economist”, et désignant la Tunisie comme seule vraie démocratie dans le monde arabe. Les autres pays sont, quant à eux, classées selon les terminologies suivantes : « semi-démocratie » pour le Liban, « Démocratie de façade » pour le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, le Soudan, l’Egypte, la Jordanie et les territoires palestiniens, « guerre civile » pour la Syrie et l’Irak, « Etat défaillant » pour la Libye et le Yémen, et enfin « Monarchie absolue » pour l’Arabie Saoudite, le Sultanat d’Oman, les Emirats Arabes Unis, le Qatar et le Bahreïn.

Considérant que l’écriture d’articles d’investigations et d’analyses doit être faite avec détachement et objectivité, loin de toute contrainte émotionnelle, il nous a semblé insupportable que ces deux articles de The Economist, fasse autant d’amalgames et de généralisation et produise autant de clichés sur une région entière desservant le média aussi sérieux qu’il est.

Dans la même veine que « les cartes postales de l’enfer » du Fragile States Index cité plus haut, la photo ci-dessus vient égayer l’article de The Economist. Cette photo tout comme les déclarations de l’auteur sont non seulement bien loin de la réalité, mais frise l’ignorance et l’impertinence. Aurait il été si difficile aux auteurs de mieux se renseigner, d’obtenir des ressources supplémentaires, d’analyser en profondeur la région et la remettre dans des perspectives non fantaisistes ?

Afin d’éviter de reproduite l’ensemble de l’article, voici quelques extraits afin de mieux comprendre les égarements des auteurs de The Economist :

Une trop grande part des 350 millions d’arabes est coincée dans une situation similaire, prise entre des gouvernements pourris ou des oppositions violentes encore plus pourris. Pris au piège de la répression ou de la lutte sanglante, ils sont incapables de progresser. Cette inertie a multipliée les préoccupations de longue date que les pays arabes sont fondamentalement inadaptés au monde moderne.

Pourquoi le monde arabe est un désordre fatigué et fatiguant ? Cette question n’est pas nouvelle….. Depuis le 19eme siècle, les intellectuels arabes trainent le poids de la faiblesse de leur civilisation face à l’impérialisme occidental. Cela est d’autant plus vrai dans les dernières décennies …

Une sphère politique fermée peut être tempéré par une ouverture à de nouvelles idées ou à une ouverture économique, comme c’est le cas en Chine. S’ouvrir politiquement pourra les (pays arabes) faire sortir de la pauvreté et de la rareté de leurs ressources humaines aussi. Mais, avoir une sphère politique et des esprits fermés en même temps est la meilleure recette pour un désastre. La preuve, examinez le sort des Etats arabes.
Tethered by History, The Economist

Les voix appelant à la mise en place de réformes libérales dans les pays arabes sont trop faibles, ce qui font qu’ils ne seront jamais dans la lignée des autres pays du monde. Seule la Tunisie a vraiment réussie à balayer ces vieilles habitudes et a réussi à s’adapter à un nouvel ordre plus ouvert.

Les Etrangers, qui sont souvent perçus comme des envahisseurs et des occupants, ne peuvent pas faire évoluer les choses simplement en s’attaquant aux Jihadistes ou en imposant la prospérité et la démocratie…Seuls les arabes eux-mêmes peuvent renverser leur déclin civilisationnel, et au jour d’aujourd’hui, il y’a peu d’espoir que cela ne se produise.
The Tragedy of the Arabs, The Economist

Cependant la réaction des lecteurs a été, à juste titre, virulente à l’égard des auteurs :

Une fois de plus, The Economist propose une analyse radicale de toute une région. Je ne pourrai jamais comprendre comment les médias occidentaux se donnent le droit d’offrir ce type de commentaires sur les conditions d’une région culturellement, politiquement et socialement et économiquement aussi diversifié que le monde arabe.
Commentaire d’un lecteur de « Tethered by History », The Economist

LE CLASSEMENT DE L’ECONOMIST, C’EST DE LA FOUTAISE POUR RESTER POLI !!
Le classement de l’Economist est sans valeur et c’est une baliverne. C’est aussi une insulte à l’intelligence des Tunisiens et une insulte à l’analyse scientifique à laquelle ce classement ne peut être associé. En bonne méthode scientifique, il aurait été utile d’abord de définir ce qu’est une « démocratie » et ce qu’est une « semi-démocratie » et ce qu’est une « démocratie de façade » ! »
Commentaire d’un lecteur à l’article La Tunisie, unique démocratie du monde arabe, selon The Economist , Business News

Il est certain que l’observation de certaines similitudes, au niveau régional, mène, parfois, à la généralisation, tellement certains caractères communs sont inhérents à l’ensemble du monde arabe. Certaines généralisations sont parfois nécessaires, parfois inévitables, parfois pertinentes et révélatrices. Mais, en généralisant, il faut toujours garder sa part de discernement, garder en tête l’objectif de la réflexion, de l’enquête ou des discussions sans tomber dans l’élaboration de conclusions hâtives et arrêtées. Pendant que le « Good Country Index », prends en compte ses limites et reconnait ses restrictions et prône l’évolution de son propre Index en fonction des conjonctures, ce qui est constructif et peut produire un changement de paradigmes efficace, les articles de The Economist eux, sont fait sans discernement et leurs qualifications du monde arabe n’apporte rien de nouveau, ni de tangible, même pas une approche scientifique, économique, sociale ou politique, se contentant d’être dans « l’émotionnel » livrant le lecteur à une approche dressée par les jugements aveugles des auteurs.