Sa famille a tenu, jeudi 24 juillet, une conférence de presse, au siège du syndicat des journalistes tunisiens, à Tunis, dans une salle presque vide. Au moment où la loi antiterroriste et la volonté politique investissent le ministère de l’intérieur de plus de prérogatives et de liberté d’agir, les pratiques répressives de la police s’organisent en modes de destruction fatale.

Hamed, 22 ans, a décidé d’aller vendre des melons dans la camionnette familiale, en compagnie de son petit frère. Ils ont été refoulés par la police municipale à Msaken et se sont fait confisquer la marchandise, les deux balances et les papiers de la voiture.

Les policiers ont demandé à mon fils une contrepartie pour le laisser bosser. 100 dinars pour avoir une place dans le souk, 80 dinars pour une taxe qu’ils n’ont pas expliquée et 50 dinars pour les avoir dérangé par cette chaleur. Ces policiers sont connus de tous. Leur chef, en particulier, a mauvaise réputation et tout le monde sait qu’il est corrompu,

relate le père du défunt.

Durant des heures, Hamed a tenté de récupérer sa marchandise abimée par la chaleur. Mais, les policiers décident de l’humilier et se mettent même à le tabasser jusqu’à lui casser le dos, comme l’a montré l’autopsie effectuée à l’hôpital de Sahloul. Ils ont même fait monter leur sadisme d’un cran : En plus des insultes et de l’agression physique, les policiers ont mis Hamed au défi en lui proposant de s’immoler, s’il n’est pas d’accord avec leur décision de confiscation de marchandise. Et le jeune s’est exécuté pour mettre fin au harcèlement de ces tortionnaires.

Ce qui est vraiment inadmissible, c’est que Hamed se mourait devant leurs yeux et ils n’ont pas bougé le petit doigt pour le sauver. Dans l’indifférence totale, ils ont fermé les portes de leurs bureaux laissant Hamed brûler vif, jusqu’à la sortie de l’administration. Les gens devant la municipalité ont fait ce qu’ils pouvaient, mais c’était trop tard … La non-assistance à une personne en danger est un autre crime qui s’ajoute à la série d’infractions et crime qu’ils ont commis,

condamne Mohamed Hédi Abdelaoui, frère du défunt.

La famille de la victime qui a porté plainte, craint que l’enquête n’aboutisse pas. En effet, le procureur de la République a chargé une unité d’enquête de Sousse, c’est-à-dire des collègues des policiers qui ont accablé, persécuté et poussé Hamed à l’autodestruction.