e-Cigarette-tunisie

La cigarette électronique, un marché en plein boom. Un marché nouveau à forte croissance, incarnant un véritable concurrent au marché traditionnel du tabac. Devant la baisse de la consommation de la cigarette conventionnelle à cause de la cigarette électronique, l’industrie du tabac est menacée, vu qu’elle s’est développée en tant qu’alternative à la cigarette classique, dont elles ont la même apparence.

La cigarette électronique et son intronisation sur le marché suscite par excellence le débat. Aujourd’hui de nombreuses questions se posent sur l’e-cigarette puisqu’elle séduit de plus en plus depuis son invention au début des années 2000. Elle « n’a pas mis longtemps à étendre son écran de fumée sur l’Europe : en quatre ans, elle a gagné plus de sept millions de “vapoteurs” tels qu’ils se font appeler » et un marché évalué à 500 millions d’euros. En Tunisie le nombre de vapoteurs a augmenté considérablement et on compte près de 40 000 Vapoteurs.

L’e-cigarette est-elle dangereuse pour la santé ?

Le nombre de vapoteurs étant sur une courbe à forte croissance, la cigarette électronique semble être un moyen pertinent pour se débarrasser du tabac. Cependant, ses effets indésirables sont encore mal évalués. Le principe de ce produit est le sevrage tabagique en procurant la même sensation de fumer et permettant la même gestuelle. Mais sans pour autant laisser échapper de fumée et, surtout, sans  inhaler plus de 4 000 substances chimiques, tel pour la fumée de cigarette classique, dont plus de 60 sont classées cancérigènes par le Comité International de Recherche sur le Cancer.

constituants-cigarette
source : la-cigarette.com

 

La cigarette électronique est composée d’un inhalateur et d’une résistance qui chauffe les substances contenues dans l’atomiseur présentant le « e-liquide ». Il y a bien entendu du propylène glycol et/ou de la glycérine végétale, de la nicotine (de 0 à 18mg/ml) et des arômes.

Les résultats sur lesquels se base le rapport de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT) prouvent que les trois substances cancérigènes détectées dans l’étude de 60 millions de consommateurs sont le formaldéhyde, l’acroléine et l’acétaldéhyde. D’après l’INCA (Institut National Du Cancer en France), les concentrations de produits cancérigènes retrouvées dans les e-liquides sont « très faibles » et « sans signification clinique », impliquant que la « vapeur des e-cigarettes n’est pas directement cancérigène ».

S’il est toujours difficile de démontrer l’innocuité totale de ce produit récent, il demeure, cependant, vraisemblable -jusqu’à preuve du contraire- que les risques sur la santé soient plus faibles avec les e-cig par rapport aux cigarettes. Pour démontrer ou réfuter les risques scientifiquement, il faudra encore des années d’études et autant pour les examens cliniques.

Les premières études scientifiques sont jusque-là rassurantes, seulement on ne peut pas exclure des effets toxiques à long terme.

Retour sur les débats sanitaires et législatifs …

E-Cigarette : Un secteur en plein essor, pourtant régie par une cadre réglementaire restrictif.

Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), les ventes de cigarettes ont chuté de 7,6 % en 2013. La e-cig serait en partie à l’origine de cette baisse.

En Tunisie, l’irruption soudaine de la e-cigarette sur marché et son introduction inédite n’ont pas laissé le temps aux autorités pour mettre en place un cadre réglementaire. La cigarette électronique ayant, par ailleurs, percé dans les médias, ce fait a précipité la positions du ministère de la Santé publique contre la cigarette électronique en question. Ledit ministère ayant déclaré que « la cigarette électronique n’est ni un produit médical ni légalement autorisée à être commercialisée ou importée ».

M. Rached Kobrosly, Président du Groupement des Professionnels de la Cigarette Électronique a répliqué que l’importation de la e-cig est légalement autorisée, puisque ce processus se fait par l’intermédiaire du ministère du Commerce et via l’INORPI pour être contrôlé et analysé avant d’être commercialisé en Tunisie.

Tout comme la loi française qui interdit dans le code de Santé publique Article L3511-3: « la propagande ou la publicité, directe ou indirecte, en faveur du tabac, des produits du tabac ou des ingrédients définis d’après la lettre de l’alinéa 2 de l’article L. 3511-1 ». Une commission du ministère tunisien de la Santé a préconisé également l’interdiction de la publicité pour les e-cigarettes et leur utilisation dans les lieux publics. Cette commission a indiqué également « qu’en l’absence d’une position claire à l’échelle mondiale, les e-cigarettes sont considérées comme étant novices, tout comme les cigarettes classiques ». Pourtant, la cigarette électronique n’est pas un produit à base de tabac, puisqu’elle n’en contient pas. Or, la Loi n° 9817 du 23 février 1998 relative à la prévention des méfaits du tabagisme est clair à cet égard :

Sont considérés comme produits du tabac, au sens de la présente loi, les produits destinés à être fumés, prisés ou mâchés dès lorsqu’ils sont constitués du tabac même partiellement.Article 1 de la Loi n° 98-17 du 23 février 1998

⬇︎ PDF

Dans ce cas, un monopole ne sert qu’à tuer le secteur. et, effectivement, la Régie Nationale des Tabacs et des Allumettes (RNTA) revendique officiellement le monopole sur la distribution de la cigarette électronique pour des raisons commerciales.

M. KOBROSLY, au nom de ce groupement, envisage de porter plainte contre la RNTA.

⬇︎ PDF

De telles décisions de la part du ministère de la santé, avec la médiatisation orientée à l’encontre de la e-cigarette ont provoqué un doute accru chez les vapoteurs, lesquels, par mesure de précaution ont boycotté ce produit, ce qui a causé une chute de ce marché en Tunisie, voire la fermeture de plusieurs sociétés, telle que la société VAPTEC ainsi que plusieurs points de vente.

Le secteur de la cigarette électronique était très dynamique, jusqu’à ce qu’une vague de désinformation et de diffusions télévisées d’un intervenant ayant déclaré les méfaits de la cigarette électronique sur son organisme, sans l’appui d’un rapport d’expertise prouvant et soulignant que la cigarette électronique est la cause principale de son état de santé, avant de les faire passer devant l’opinion publique. Ces actions médiatiques ont malheureusement fait chuter le chiffre d’affaire moyen des sociétés de 70%. Chute qui a poussé certaines d’entre elles à arrêter leurs activités et à rester en ‘stand by’. De même, le groupement des professionnels de la e-cig a organisé une conférence de presse au cours de laquelle des médecins spécialistes ont débattu de ce qui a été présenté comme étant des éléments sans fondement.

Rached Kobrosly, Président du Groupement des Professionnels de la Cigarette Électronique.

Toutefois, la réponse des professionnels de la e-cig n’a pas fait le poids contre la polémique évoquée de la part des non professionnels en la matière.

Mais si c’est moins nocif pour la santé, pourquoi nous fait-on peur ?

Par rapport au recul notable de la consommation de la cigarette conventionnelle face à la cigarette électronique, le lobby du tabac ne pouvait demeurer les bras croisés. L’affrontement est notable, et le vainqueur sera celui qui communiquera le mieux, quitte à désinformer ou à faire peur en mettant en garde ‘le consommateur’. Les conflits d’intérêts financiers sont important, à la mesure de la férocité des intervenants sur ce marché.

Au final, une question se pose : Si les États sont si soucieux de la santé publique, pourquoi ne pas interdire la cigarette, aussi bien conventionnelle qu’électronique ?