Etat(s) d’Esprit(s)
Et cet état de fait s’est accentué lorsque, dès les lendemains de la Kasbah 1, la Mairie de la Ville de Tunis s’est empressée de vouloir repeindre l’ensemble des murs de la place, devenus habitations, habitacles et moyens d’expression des enfants du peuple, les citoyens tunisiens. Ces gribouillis, ces ratures, ces transcriptions, retranscriptions, graffitis… peu importe comment on les avait nommés, à l’époque, de part leur nouveauté. Ils racontaient alors la plus belle histoire du peuple : sa « révolution ».
Aujourd’hui, plus rien. Sauf quelques restes d’archives imagées.
En parlant de « révolution » en Tunisie et de dessins urbains, l’on pense presque immédiatement à « Zoo Project », un street-artiste français qui a considérablement participé à la propagation de la fibre artistique urbaine en Tunisie, et ce même s’il n’est pas tunisien. Bilal Berreni de son vrai nom, de père algérien et de mère périgourdine (de la région du Périgord en France), était donc venu à Tunis tout juste aux lendemains de la révolte populaire. « Il me fallait venir sur place pour témoigner, agir, à ma manière. Je souhaitais apporter ma modeste contribution au peuple insurgé », c’est ainsi qu’il décrivait son « appel » vers la Tunisie postrévolutionnaire. Nous sommes alors en Mars 2011, et avec une centaine d’euros en poche, Bilal Berreni alias « Zoo Project » débarque dans la ville tunisoise, arrivant tout droit de Paris avec un aller-simple.
Les martyrs de la révolution longeant les murs de l’Avenue Habib Bourguiba, grandeur nature, c’est lui. Une installation urbaine les regroupant qui s’est également posée à Bab Souika, Rue El Jazira, El Hafsia, dans la Médina, devant le Théâtre Municipal avec les manifestants du sit-in de La Kasbah 3, et à la Porte de France. Une expérience qu’il a débutée par le dessin de Mohamed Hanchi, suite à une rencontre hasardeuse avec les amis et la famille de ce dernier, au quartier d’El Hafsia. Hanchi, tué par « deux balles perdues » le 25 février 2011, à 19 ans alors qu’il sortait de chez lui pour aller supporter son équipe de foot. Sur son site le street-artiste retrace son action :
[…] j’ai compris que les morts de la révolution devaient être le sujet de mes créations. Car chaque personne m’expliquait à sa manière : « ils ne doivent pas disparaitre, les oublier serait les tuer une deuxième fois. » A ce jour, j’ai peint une quarantaine de martyrs, taille réelle […] Ils étaient menuisiers, professeurs, vendeurs ambulants, chômeurs… Ils vivaient à Tunis, Kasserine, Sidi Bouzid ou bien Gafsa. Des gens ordinaires qui ne méritaient pas plus qu’un autre de laisser leur vie sur l’autel de la révolution. Je souhaite sur la longueur les représenter tous.
Bilal Berreni alias « Zoo Project »
Bilal n’aura pas eu le temps de la faire. Suite à une étrange disparition, son corps a été identifié par ses proches à la morgue de Detroit en mars dernier, où il gisait depuis huit mois, après avoir été retrouvé mort, assassiné d’une balle dans la tête dans des conditions mystérieuses.
Si nous évoquons « Zoo Project » en tant que street-artiste en Tunisie, c’est d’abord pour lui rendre hommage, mais surtout pour le garder en mémoire, lui qui a accordé tellement d’importance à la construction d’un édifice mémoriel aux martyrs de la révolution, même éphémère, à travers ses œuvres urbaines, et ne pas oublier que cet artiste a grandement contribué à la transmission des valeurs d’un art affranchi de son égoïsme et de son nombrilisme, un art urbain résolument tourné vers l’autre, dans un acte hautement politique, civique, citoyen. Certes, l’écrit, les dessins urbains ou les fresques murales existent en Tunisie depuis que les Tunisiens existent. Avouons toutefois que le graphisme et l’expression urbaine se sont considérablement libérés depuis l’achèvement des deux régimes despotiques tunisiens qui ont suivi la fin du protectorat français et l’indépendance de la Tunisie, à savoir le régime autocratique bourguibien, puis la dictature policière ben-alienne. Ceci pour l’époque dite « moderne ».
En effet, nous avons observé que depuis les soulèvements populaires de 2011, dire, raconter ou retracer est devenu plus ou moins permis. Si le « moins » est ici mentionné, c’est parce-que la liberté d’expression en Tunisie n’est toujours pas une liberté fondamentale. Tout en écartant la diffamation ou la calomnie, la haine et l’incitation au meurtre, même si ses largesses se sont considérablement étendues, la liberté d’expression garde ses limites libertaires.
Rappelons-nous par exemple l’épisode des « Zwewlas » ces tagueurs de Gabès, arrêtés et « trainés » devant les tribunaux pour de « simples » inscriptions et graffitis dénonçant la misère, la pauvreté et l’injustice sociale. Des épitaphes telles que « Al- Châab yourid hak ezawéli » (Le peuple veut le droit des déshérités) et « Zawéli fi Tounes méyett hay » (le déshérité est mort-vivant en Tunisie). Cette sordide affaire qui a défrayé la chronique de Novembre 2012 jusqu’en Avril 2013, c’est quand même soldée par une libération des tagueurs… mais à quel prix.
Nous garderons en mémoire cette victoire de la liberté d’expression mais également et simultanément, sa frilosité et son extrême timidité. Elle reste donc amplement menacée en Tunisie.
Le « street-art » conteste et s’indigne devant n’importe quel symbole de pouvoir et de système gouvernemental, face à toute injustice ; c’est là son essence même. Evidemment, il a été détourné et ses nombreux ennemis l’ont exploité à son insu, faisant de lui une proie facile pour le totalitarisme et toutes sortes d’idéologies. Toutefois, reconnaitre la sincérité et la transparence des artistes qui en font leur moyen d’expression reste chose aisée, car l’Art ne ment jamais.
Alors, si la notion de «street » évoque immédiatement celle du « graff » ou du « tag », et si en Tunisie, le secteur n’en est qu’à ses débuts, ce mouvement regroupe plusieurs tendances artistiques qui se réunissent toutes autour de leur identité génétique : la « rue », soit parce-que leur A.D.N émane directement d’elle, soit parce qu’elles sont réalisées et produites pour ses territoires, caractères de l’objet « street ».
Evidemment, quand nous parlons de pratiques urbaines, nous pensons surtout aux graffeurs, aux tagueurs, aux danseurs, smurfers, breakers, et aux rappeurs. Néanmoins, sachons que dans tout ce qui regroupe les pratiques et expressions urbaines, il y a également le théâtre et le cirque de rue, l’art vidéo urbain, les installations éphémères dans la cité, les sports urbains (comme les échasses urbaines, les jongles de rue, le freestyle, le street surfing, l’urbanball, le streetfishing, etc), ou encore le « yarn bombing » (« tricot graffiti » ou encore « tricot urbain », forme d’art urbain qui investit la rue en utilisant le tricot ou les fils colorés pour recouvrir l’ensemble des mobiliers urbains et des éléments de paysage naturel présent dans la cité.) De ce fait, l’ensemble de ces formes d’art dit « urbain » se regroupent généralement sous la locution « cultures urbaines » au pluriel car celles-ci rassemblent et synthétisent différentes pratiques et expressions artistiques, culturelles voir même sportives, directement issues du milieu et des espaces urbains. Avec des disciplines variant entre le graffiti, les danses urbaines, la musique du rap au slam, et du hip-hop au « human beatbox », la photographie, l’installation, la vidéo, les sports de rue, etc.
« Bombes » de vie et non pas de mort
En Tunisie l’objet « street » en est donc à ses prémices. Et comme pour tout commencement, il faut laisser du temps au temps. S’il a fallu au pays moult secousses de révolte pour entamer son « début » au grand jour, le « street-art » porté par des opérateurs culturels, porteur de projets et artistes tunisiens à l’échelle internationale s’est fait de manière régulière ces dernières années.
Nous pensons par exemple à la galerie d’art « Itinerrance» à Paris dans le 13ème arrondissement, fondé et dirigé par le franco-tunisien Mehdi Ben Cheikh, en place depuis 2004 pour tisser un réseau autour des pratiques urbaines, de France et d’ailleurs. Avec une importante visibilité pour la communauté mondiale des artistes urbains, acquise au fil des années, Mehdi Ben Cheikh travaille à faire connaitre la scène tunisienne. Un des projets
d’« Itinerrance », devenue 10 ans après son ouverture un lieu incontournable de la scène « street » internationale, qui a réunit une centaine de street-artistes venus des quatre coins de la planète, dont des tunisiens, est la « Tour Paris 13 », qui a témoigné de cette volonté affichée.
Il s’agissait ici d’un « squat » artistique de quelque mois, du 1er au 31 Octobre 2013, où une centaine de street-artistes venus du monde entier ont déposé leur griffe, dont des tunisiens, « Dabro », « Shoof » et « El Seed ». Avant la destruction du bâtiment voué dès le début à la fatalité de son écroulement. C’est ici même les fondements de l’intention de la « Tour Paris 13 », comme celle de la philosophie essentielle et originelle de l’art urbain: l’éphémère.
Le dernier projet « street-art » d’« Itinerrance » est en cours, cette fois-ci dans une délocalisation totale vers la Tunisie. Littéralement, un musée à ciel ouvert, dans une commune inexplorée du Sud-est : Erriadh sur l’Ile de Djerba.
Dans ce village traditionnel, retiré des contemporanéités qui agitent les grandes villes de ce monde, cent cinquante street-artistes avec trente nationalités différentes se sont installés depuis peu avec leurs bombes et leurs pinceaux pour métamorphoser Erriadh du gouvernorat de Medenine en une gigantesque agora des expressions artistiques urbaines issues de cultures composites.
« Djerbahood », c’est ainsi que se nomme le projet qui doit enfanter une exposition voulue monumentale, dans la forme et dans le fond, à laquelle participent les trois street-artistes tunisiens, devenus des « habitués » d’Itinerrance, « Dabro », « Shoof » et « El Seed ».
Après la vague de contestations sociales « Khnagtouna » (« Vous nous étouffez ») en Juin dernier à Djerba, dues à l’amoncellement d’ordures sur la voie publique, et devant l’indifférence générale des responsables municipaux, plusieurs citoyens ont étalé sur les murs de l’ile des pochoirs urbains, en signe d’insurrection. Cela était déjà en soi un acte inattendu venant d’une population djerbienne jusqu’ici étrangère à l’aspect d’une indignation avec pour outil et moyen l’inscription urbaine comme déclencheur.
L’ouvrage collectif « Djerbahood » n’aura donc aucun problème pour amarrer sa mouvance « street » dans les villages de cette ile antique, traversée par Ulysse.
En matière d’événements internationaux qui se font volontairement ou involontairement les promoteurs de l’expression artistique urbaine émanant d’une production tunisienne, qu’elle soit dans le sens direct ou indirect, nous pouvons également mentionner une exposition qui a été précisément dédiée au graffiti tunisien, « Graffiti Tounsi », du 08 au 29 Mars dernier à la « Fondation de la Maison de Tunisie » à Paris. Une exposition collective de graffeurs tunisiens à l’initiative d’Akram Belaid, chargé de la programmation artistique et culturelle, où l’on a pu remarquer de l’autre côté de la méditerranée les « graff » de Va Jo (Jaouher Soudani), Sk-One (Hafedh Khediri), Meen-One (Moeen Gharbi) et Inkman (Mohamed Kilani Tbib).
Dans un autre registre, mais autour de la même problématique d’artistes de la néo vague alternative (et il se trouve que celle-ci est actuellement dominée par le « street-art ») qui aperçoit et entrevoit d’avantage de répondant, de réception, d’encouragement et donc de subventionnât matériel et/ou spirituel, sur un plan international que national, nous pouvons citer le travail du calligraffeur « El Seed » (instigateur des « calligraffiti », une union de calligraphies arabes et de graffitis) qui a tout mis en œuvre pour mettre en valeur et faire ressortir à la lumière les régions oubliées de la Tunisie. Présentement, l’on peut voir ses gigantesques « calligraffiti »sur une des façades de l’Institut du Monde Arabe à Paris, projet également chapeauté par la galerie Itinerrance.
A contre courant, né en France de parents tunisiens, français de nationalité, El Seed avance ses origines et son identité tunisienne et les met au service de la cause de l’art. De renommée internationale sur la scène artistique urbaine, il reste encore relativement méconnu en Tunisie, et si l’on y évoque son œuvre c’est pour directement inférer sur ses calligraffiti monumentaux sur la façade centrale de la Mosquée Jara de Gabès, ville dont il est originaire, ou pour souligner sa collaboration avec la marque « Louis Vuitton ».
L’on ne met jamais assez en évidence l’expérience de ses « road trips » d’une région à l’autre de la Tunisie, Djerba, Douz, Tozeur, Gabès, El Kef, Kairouan, etc… A la rencontre de ses « Lost Walls », les murs oubliés. Ces murs inconnus, forteresses de ces populations anonymes, ignorées, voilées.
Alors, dans une simultanéité parallèle à tout cela, ce qui existe et se met en place intra muros est tout aussi important. Il s’agit de cerner à présent les problématiques soulevées par cette néo-esthétique socio-artistique.
Un constat inévitable : à contre-courant de la politique, des médias, du ministère de la culture, du ministère du tourisme, du gouvernement, de l’Etat : une génération de street-arteurs fleurit en Tunisie.
Sur les murs, l’asphalte et les pavés de la Tunisie, dans les enceintes de la ville « Tunis », dans plusieurs autres régions, le parcours des manifestations artistiques urbaines se fait vivant.
Il imprime, il raconte, il crée du mouvement dans le quotidien des riverains et des citoyens. Il a apposé son empreinte.
Depuis l’ère postrévolutionnaire, l’on voit de plus en plus de scènes plantées au détour de hangars désaffectés, au pied d’immeubles enfoncés dans une sauvage urbanité et dans les zones périphériques. Une implosion et une explosion frontale sur le milieu de l’art en Tunisie, avec ces nouvelles expressions urbaines où les artistes souhaitent dire quelque chose, à travers des œuvres vues et découvertes par la foule des espaces publics.
Des nouveaux créateurs, dont les signatures visuelles commencent à être mémorisées, ou du moins leurs diverses volontés d’action. Observation d’état d’une pratique allouée, avec une manière d’être physique et psychique, spirituelle et morale, en état d’arrêt, ou en état de grâce.
Comme en France (dont l’identité culturelle a fortement influencé la Tunisie, qu’on le veuille ou non), les expressions urbaines ont explosé au début des années 80 avec l’arrivée du Hip Hop « made in Usa », et ont tout de suite été adoptées dans les cités en banlieue avec l’engagement immédiat de la société civile qui a naturellement encouragé ce type de loisirs, ouvrant par là même la voie de la création aux jeunes habitants de « cité », les « banlieusards ».
De ce fait, nous verrons que les cultures urbaines sont relativement présentes et actives dans les banlieues, ayant émergé de ces zones, territoires naturelles du « street-art », où les groupes d’individus sont des collectivités qui vivent ou survivent souvent dans la misère et la faillite sociale.
Une disposition à être et à devenir un « élément » particulier, en rapport et en harmonie avec sa cohésion interne. Ce sont ici les lettres capitales avec lesquelles s’est d’abord inscrit le mouvement « Hip Hop » qui, en étant un mouvement culturel, musical et artistique apparu dans le « ghetto » New Yorkais, dans les années 70, dans le South Bronx plus exactement, devient « La Culture » des ghettos.
En Amérique, là où quelque part, d’une manière relative ou absolue, la plus forte discrimination s’est affirmée. De ce fait, de son origine dont les sources se cristallisent dans les ghettos noirs et latinos, tout ce qui en découlera comme disciplines (rap ou MCing, DJing, break dancing ou B-Boying…) trouvera également ses énergies chez les jeunesses défavorisées, urbaines, étrangères aux circuits classiques de la production culturelle habituelle.
Que ce soit aux Etats-Unis, en France à partir des années 80, et au Québec à la fin de cette même décennie, en Belgique, au Japon, en Allemagne, en Espagne, en Haïti, en Amérique Latine ou en Afrique, le hip hop se fait l’écho de cette jeunesse et ses conditions de vie.
En Tunisie, ses histoires se sont tissées sur celles de « la rue » tunisienne, ses codes, ses règles et ses valeurs. Les hip-hoppers et leur(s) réseau(x) restant très attachés à leur quartier, leurs attitudes se sont tout de suite implantées sur les périphériques et dans les banlieues des grandes villes.
En sachant que la locution « Hip Hop » signifie « l’intelligence qui saute » (hip signifiant en argot américain « intelligence/débrouillardise » et hop signifiant « saut »), il existe dans cette culture, explicitement ou implicitement une volonté de dépassement de soi, et dans chaque artiste qui sort ou s’identifie à cet univers, que ce soit dans le rap, le dj-ing, le graffiti ou la danse, il y a cette tendance évidente vers l’amélioration et la progression en surpassant ses propres limites. Certains artistes se révèlent même être des conditionneurs et des révélateurs d’évolution pour leurs sociétés que ce soient au niveau des mentalités ou par des actions directes de citoyenneté.
A ce titre, l’association et collectif « Kif Kif International » qui se définit comme « un mouvement de solidarité internationale indépendant », basé en France à Palaiseau et piloté par Claude Danrey , a mis en place de nombreuses manifestations allant dans ce sens, telles que « Meeting Graffiti », « Vertige Graffik » ou « Esprit Bat7a » (dont nous avons déjà discouru dans notre dossier « La place de l’Art dans l’espace public tunisien »), ce en collaboration avec d’autres associations dont les principes fondateurs sont analogues, comme « Open Art Tunisia » ou « Art Solution ». Des actions qui ont donc largement contribuées à l’élévation des cultures construites et produites sur les modèles alternatifs en général, et l’ensemble des pratiques urbaines en particulier.
Sur un niveau national, ces associations œuvrent à réunir tous les acteurs d’un réseau où le « street-art » serait reconnu comme acteur et actant réel du changement. La dernière mission de KKI en Tunisie remonte à juin dernier, commencée le lundi 16 Juin à Tunis et clôturée le mercredi 25 Juin à Ben Arous, en passant par Ksar Hellal et Sfax.
Avec le concours de la « Fondation de France » et le « Conseil Général de l’Essonne », cette mission est décrite dans le journal de bord de KKI comme une action pour « Assurer la continuité et préparer l’avenir ». L’on y ajoute que c’est un moyen de prise de « recul au regard du bilan de trois ans d’intervention en Tunisie […] en rencontre avec Open Art Tunisia, son partenaire historique, et d’autres associations […], fondations ou institutions, des journalistes, des responsables de municipalité, d’entreprises […], cette mission devait permettre de fixer les grands axes de programme d’actions de KKI jusqu’en 2015 selon les principes qui sont les siens depuis sa constitution en 2011, l’appui aux cultures nouvelles et leurs acteurs en Tunisie considérés comme éléments indispensables du renforcement de la citoyenneté et de la démocratie” ».
Sur une même lignée, avec son siège à Ben Arous, « Open Art Tunisia » veut « donner à l’art et à la création et aux jeunes créateurs tunisiens toute leur place ». Voilà sa principale enseigne. En ayant vu le jour grâce aux volontés issues du mode associatif ou solidaire, le travail de cette association se concentre sur la régénération culturelle en profondeur.
Devant le manque d’intérêt des autorités concernées, et la carence des moyens consacrés aux néo secteurs de l’art, tel l’art urbain, comme secteur authentique et dynamique, les objectifs d’« Open Art Tunisia » sont essentiellement l’appui de projets d’artistes tunisiens émergents, de permettre à l’art d’être fait et vu par tous, sans marginalisation ni discrimination, ce en prenant en grande considération les formes jaillissantes de la création et surtout en valorisant l’art comme élément participatif aux actuelles mutations de la société tunisienne.
Alors, « Open Art » organise des manifestations culturelles totalement innovantes. Elle a pu mettre en avant de nombreux jeunes rappeurs, graffeurs ou breakeurs. A part ces actions épisodiques, l’association artistique opère un travail de fond en organisant des cycles de formation et de stages dans ces même disciplines artistiques en collaborant notamment avec des organisations similaires internationales, afin d’enrichir et de développer l’expérience professionnelle des tunisiens. Une de leurs dernières « opérations » s’est faite pour soutenir le projet de la FFMJC (Fédération Française des Maisons de Jeunes et de la Culture) autour des pratiques culturelles et artistiques des jeunes, dont le premier acte s’est déroulé en Tunisie sous forme de rencontres artistiques entre Korba, Tunis et Ben Arous. Un projet qui sera ensuite poursuivi à Paris du 9 au 14 Septembre 2014.
Ce sont de telles initiatives qui établissent en Tunisie un projet non seulement riche et vivant artistiquement mais surtout avec une visée socioculturelle de fond, qui doivent trouver un appui institutionnel immédiat.
Indéniablement donc, implanter dans l’esprit collectif tunisien des expressions artistiques propres au « street-art », c’est enfin sortir la carte du grand jeu des avant-gardes comme si une ère nouvelle commençait ou plutôt s’affirmer enfin. Alors que la crise ouverte par le politique pour retentir sur l’économique s’est confortablement installée, souffrant de surcroit d’un inconfort social quotidien, fruit vénéneux de quelques années d’un équilibre de la terreur, a l’encontre d’un simple expressionnisme de l’entité artistique, les travaux des « street-arteurs » s’étendent indéfiniment dans un réseau de miroirs tendus aux représentations du monde dans lequel nous évoluons sans cesse.
Une nécessité intérieure pour renouer avec une forme de dialogue social et établir de manière permanente, à travers l’art, un engagement dans la cité.
Enquête : Le Street-Art en Tunisie (II)
29/08/2014
J’apprécie énormément vos articles Mme Karoui, ils sont riches en informations et pertinents.
Pour la naissance de hip hop c’est un peu plus compliqué que ça, oui c’est dans le sud de Bronx que le djing à commencé vers 67 avec grandmaster flash , dj kool herc , Afrika Bambaataa.., etc, puis le genre s’est confirmé quelques années plus tard a LA avec Grandmaster flash. Pour arriver a la culture Hip Hop,entre temps, le mouvement a ajouté d’autres disciplines, breakin, taggin, rappin. et c’est Grandmaster flash qui a inventé le djing qui confirme le genre par la suite avec “the message” en 1982 et c’est a partir de ce moment que l’industrie musicale et cinématographique a donnée le nom de Hip Hop a cette culture.
Pour la France et la réception de la culture c’était pas aussi simple comme tu le précise. la société civil n’a pas de tout acceptée cette culture (les procès contre les rappeurs, et les Taggeurs ne se comptèrent pas).
A mon avis la culture hip hop a été développé pour pousser une certaine catégorie de gens vers une mentalité et une “culture” libérale libertaire. dans tout les cas c’est l’industrie qui a attribué le mot “culture” au mouvement et c’est toujours l’industrie qui fixe les limites de” beau” et du “gout collectif”. et si l’industrie dit d’un mouvement de rue qu’il est beau c’est que le mouvement n’est plus de rue mais ruelle (aliéné).
Enfin pour la tunisie on ne risque rien parce que l’industrie n’est et ne compte pas s’investir dans le mouvement, ce qui est très bien.
big up sim vandart et katybon