Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

James_Foley-ISIS

James Foley était un combattant de la parole libre, un missionnaire d’une presse qui ose dire la vérité.
Il savait que sa vie ne valait pas grand-chose en un monde des mensonges et des faux-semblants.
Aujourd’hui, il est mort pour son idéal et nous nous devons d’honorer son esprit.
En agissant comme lui. En disant aussi la vérité.
Et cette vérité est que nous sommes tous ses assassins. Nous avons tous tué James.

Non, il n’a pas été victime de fous se présentant comme serviteurs d’Allah; il n’est de vrai fou d’Allah que les soufis, incapables de faire du mal à une mouche.

Non, il n’a pas été assassiné par des militants d’une cause nationale; les vrais combattants des libertés n’en tuent pas les vrais adeptes, ceux qui, comme Foley, la servent au prix de leur vie.

Oui, nous l’avons tous tué, James ! Nous le voyons bien avec les partisans déclarés ou cachés chez nous, à des lieues de cet enfer qu’est devenu l’Orient.

Oui, nous l’avons tué, James ! Nous le voyons avec tous ceux qui font semblant de faire la politique qui est la saine gestion de la cité pour un paisible vivre ensemble quand ils appellent à l’exclusion et à la haine d’autrui.

Oui, nous l’avons tué, James puisqu’on entend dans nos mosquées faites pour prêcher l’amour et la tolérance des appels au meurtre !

Oui, nous l’avons tué, James, car nous avons parmi nous des insensés qui vivent au passé et veulent imposer aux autres leur phobie du présent, le mettre aux normes dépassées d’un temps mort qu’ils érigent en idole adorée.

Notre forfait est que nous permettons par une mentalité malsaine qu’une foi de paix, d’amour, d’humanité et de spiritualité se transforme en une arme redoutable de négation de la moindre humanité chez celui qui est différent de nous bien qu’il soit dans sa différence même notre exacte image au miroir de notre humanité commune.

C’est cette confusion en nous des valeurs qui autorise en Orient et ailleurs les pires forfaits. Sans notre complicité déclarée et agissante ou tue, mais pas moins pernicieuse, les fous d’Orient et d’ailleurs n’auraient aucune chance de durer, car ils tirent leur force de notre pusillanimité à dire le vrai et à l’assumer.

Or, le vrai est que nul effort en islam n’équivaut l’effort sur soi, cet effort maximal auprès duquel tout le reste n’est que fausse interprétation de la foi authentique, sinon une violation caractérisée de ses visées.

Le vrai est que nos lois d’exclusion, toutes nos lois, nons seulement politiques, mais aussi idéologiques, y compris celles portant sur les moeurs, alimentent le terrorisme, font le terreau des assassins, et préparent l’autel sur lequel d’autre James Foley seront sacrifiés.

Alors, jusqu’à quand se réfugier dans le silence ! Jusqu’aà quand manier la langue de bois et fuir nos responsabilités de dégager enfin la beauté de notre foi, sa veine humaniste et spiritualiste de dessous les avanies où les marchands de religion et les mercenaires des bons sentiments tiennent à l’y maintenir ?

Il est vrai qu’en ce monde matérialiste à outrance, nos marchands et nos mercenaires n’ont pas leurs gourous déclarés ou tu que chez nous; bien d’autres encore plus redoutables les soutiennent venant d’autres horizons , parfois insoupçonnables; car tous rendent un même culte à Mammon.

Il est temps que tous ceux qui sont véritablement révoltés par cette énième horreur manifestée par l’assassinat auquel nous avons tous pris part de James Foley disent stop à un tel forfait contre l’humanité ! L’enfer qui se déploie sous nos yeux n’est qu’une partie de l’enfer qu’est devenue la terre entière et les assassins qui ont ravi cruellement la vie à James Foley ne sont que les sbires d’un seul des sept princes de cet enfer.

Il est temps que tous les justes de cette terre agissent de concert contre la plus redoutable des armes qu’est l’inhumanité en osant lever contre elle la plus efficace des armes qu’est l’humanité. Osant l’ordre amoureux, en en imprégnant nos actes, nos pensées, nos politiques, partout où les murs de la haine séparent les hommes et les cultures ! Car seul l’amour, aujourd’hui comme hier, jamais la haine, sauvera l’humanité de la bête immonde qui est prompte à surgir en chacun de nous si l’on n’y prend garde à l’enchaîner avec les seuls liens en mesure de rapprocher les humains, les liens que cultivent les sentiments d’amour et de fraternité.