Le débat sur l’encouragement de l’investissement s’intensifie, ces derniers jours, avec la tenue du forum « Investir en Tunisie : Start up Democracy ». Les tentatives de réanimation de l’économie tunisienne continuent, mais à défaut de plan d’action et d’une approche claire, le gouvernement procède par interventions spéciales, au fur et à mesure de la demande, en mettant à profit les relations diplomatiques.
Les tentatives de séduction de l’investisseur étranger s’intensifient, négligeant significativement l’investissement local, son impact sur le développement régional et l’emploi et ses mécanismes de promotion. On rappellera, à cet effet, que de janvier à avril 2014, 70% des IDE1 se situent dans le secteur de l’extraction. Par sa faible intensité en capital humain et sa capacité polluante, ce secteur tarde à résoudre les problèmes du chômage, de l’environnement ou du développement régional.
Dans cet article, nous proposons une politique publique structurée de promotion de l’investissement à mettre en place. Celle-ci peut être représentée comme suit :
Vision, stratégie et planification
La planification est la première phase de ce processus. Il s’agit, ici, de définir une vision et des objectifs en fonction des forces-faiblesses-opportunités-potentiel-menace de chaque région et d’identifier les moyens à mettre en œuvre. C’est ainsi que l’Inde a décidé de faire du Bangalore le pôle de l’IT Outsourcing dans le monde. La transition de l’Inde pour devenir un géant de la technologie a nécessité un ensemble des composantes qui sera détaillé ultérieurement. Souvent oubliées par les gouvernements qui se sont succédé, les mesures de performance permettront de comprendre les risques et de faire le suivi et l’ajustement de la stratégie. C’est ainsi qu’on trouvera, dans le dernier plan quinquennal de la Chine, un objectif quantitatif en termes de nombre de brevets enregistrés.
Des pays industriellement et économiquement développés ne font pas de planification. Subissant des déséquilibres de plus en plus fréquents, leur économie s’accroche à la « main invisible » et à l’équilibre entre l’offre et la demande. Le contexte des pays émergents est bien différent. Les grandes puissances émergentes, comme la Chine, l’Inde et le Brésil ont tous réussi leur développement économique avec une bonne planification. Après l’indépendance, la Tunisie a connu une grave fuite des capitaux et une chute de la confiance des investisseurs, qui a, cependant, repris avec la planification initiée à cette époque par Ahmed Ben Salah, nommé par Bourguiba ministre du plan et des Fiances. Le dernier plan quinquennal, certes fort critiquable, a expiré en 2011, et nos gouvernements cherchent toujours à envoyer « des signaux forts » aux investisseurs, sans pouvoir annoncer une stratégie économique ou un plan de relance.
Enfin, la gouvernance territoriale est un facteur indispensable à la réussite de cette phase. Chaque région doit pouvoir décider de son développent, avoir un budget et gérer ses investissements.
L’infrastructure
Un investisseur ira-t-il à Sidi Bouzid s’il n’a pas d’infrastructure routière, technologique, sécuritaire ou d’exportation pour supporter son investissement ? Deuxième phase du processus, l’infrastructure à mettre en place par l’Etat doit relever des objectifs stratégiques préétablis et respecter les mécanismes de gouvernance territoriale.
La réforme de l’enseignement et la formation professionnelle
Après avoir planifié la stratégie et défini les besoins en infrastructure, il faut prévoir les besoins en compétences requises, en adéquation avec le type d’investissement souhaité. Comme au Bangalore où le gouvernement a programmé des modules d’enseignements, jusqu’à construire des universités et des centres de recherche, conformément aux besoins potentiels des investissements visés. Suivant le benchmark du Bangalore, Sidi Bouzid pourrait absorber les taux de chômage avoisinant les 50% en adoptant ce modèle.
La réforme fiscale
Le levier fiscal a malheureusement été très mal exploité, durant toutes ces années. Il a clairement démontré ses limites en l’absence d’intégration avec le reste des processus que nous venons de détailler, quand bien même nous avons soutenu les zones de développement prioritaire à coups « d’encouragement » de subventions étatiques, d’exonérations fiscales et de charges sociales. Une réforme fiscale devient un levier inefficace et une politique stérile, quand l’investisseur ne trouve pas de main-d’œuvre qualifiée, d’infrastructure appropriée et de proximité administrative dans les zones à développement prioritaires. De plus, quelles que soient les mesures fiscales à mettre en place, il faut entreprendre des études d’impact, faire des prévisions, mettre en place des scénarii, avant de valider ces réformes. Et c’est malheureusement la grande faiblesse de la réforme fiscale préparée en 2014 et financée par la Banque Mondiale.
Gouvernance territoriale
Toute région doit pouvoir décider planifier et organiser son orientation industrielle. Détenir un budget, gérer les projets de transformation et de développement et rechercher du financement pour les projets à mettre en œuvre. Chaque région doit pouvoir décider de son avenir en fonction de ses besoins.
Financement
Le financement, véritable handicap pour l’investissement est caractérisé par une forte aversion au risque de la part des investisseurs privés. Bien que cela soit l’affaire du privé, les politiques publiques pourraient jouer un rôle considérable dans la promotion de l’investissement, et ce, à travers plusieurs mécanismes de régulation qui pourront être mis en place par la banque centrale. Parmi ces mesures, citons la baisse des taux d’intérêt pour stimuler l’investissement, qui doit être précédée par une modélisation, étude d’impact et simulation sur les 10 prochaines années. Ceci a été le cas des Etas-Unis pendant plusieurs années sous la veille de la CBO et le pilotage du Congrès américain. En outre, la BC pourrait inviter les institutions financières à adopter un système de scoring et de gestion du risque, tout en allouant un quota plus important des crédits aux projets innovants et à forte valeur ajoutée, à travers les banques publiques, et conformément aux critères de rentabilité et de risque.
PS: Cette approche pourrait être enrichie avec vos commentaires. N’hésitez pas à argumenter. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis
Notes
1- Mehdi Jomaa, lequel, ministre de l’industrie qu’il fut, fait passer le maximum de permis dans le secteur de l’énergie qui lui a valu de devenir favoris des ambassades et surprendre par son incroyable ascension au poste de PM alors inconnu par la plupart des Tunisiens. Nidhal Ouerfelli, secrétaire d’Etat chargé des énergies et des mines et bras droit de Jomaa devient ministre chargé de la coordination et des affaires économiques, gérant les dossiers les plus sensibles et les gros projets, sans aucune expérience ni académique ni professionnelle dans le domaine mais fort du soutien diplomatique.
Pour enrichir es thèses avancées, un point crucial est à mettre en avant: rétablir la confiance entre les tunisiens et les pouvoirs publics. Cette confiance est nécessaire pour qu’il puisse y avoir un dialogue avant que ce dialogue devienne constructif. Ce dialogue est nécessaire pour que les projets de développement répondent aux attentes et puissent même avoir lieu et ne soient pas perturbés par divers obstacles sociaux.
Beaucoup de tunisiens ont adopté une attitude de défiance envers les pouvoirs publics qu’ils ne considèrent plus à leur service: opacité et corruption d’employés de l’administration, services publics délabrés dans tous les secteurs, qualité de vie dégradée, des rapports financiers tendus (le rappel de la CNAM suite à des “oublis” est passé par là), politiciens aux priorités détournées du citoyen ou aux capacités limitées, etc.
Ce retour de confiance doit être un pilier, sinon LE pilier des politiques publiques.
En ce qui concerne le développement, dans un objectif de décentralisation, il se doit aussi d’être local. En effet, ce sont les acteurs en prise avec le territoire qui sont les mieux placés pour connaintre les besoins et les manques de chaque région. De plus, la vision et les objectifs doivent être concertés avec la Société Civile et les citoyens.
Une experience dans ce sens a lieu en ce moment à Sousse.
Plus d’infos : http://www.strategie-sousse.com
قد يظهر الرسم البياني أنه مخطط طويل يجب اتمامه قبل أن ياتي المستثمر, لذلك أعتقد أنه يجب النظر اليه كمخططات متفاوتة المدة يتم تنفيذها بشكل متوازي, كلما كان العمل المطلوب في أحد المكونات الاربعة (حسب ماجاء في الرسم) أقل كانت المدة أقصر
في بعض المناطق (الجغرافية) أو المجالات الاقتصادية, بعض الحلقات/المكونات في الرسم البياني جاهزة أو ينقصها شيئ قليل من العمل لتكتمل
كل هذه المخططات تأتي بدورها ضمن مخطط رئيسي
بقي انه بعد اتمام هذه المراحل يجب نشر النتائج والمعلومات للعموم و للمستثمر بشكل يمكنه من رؤية واضحة حول الوضع ما قبل الاستثمار والوضع ايضا عندما يبدأ في العمل, رؤية المستثمر الخاصة مع المعلومات المقدمة تخلق الرؤية الاخيرة الكاملة وبالتالي مزيد من الثقة
هناك اصلاحات أخرى لاتتطلب تمويلات كثيرة , مايشمل الاجراءات الادارية ومنهجية العمل ,اجراءت التصدير والتوريد, الضرائب الشفافية الفساد…يمكن اعتبارها اصلاحات عامة
الاصلاحات العامة
مالايرتبط بالضرورة بالمجال الاقتصادي ولابقطاع معين أو بمنطقة معينة لكنه يمهد لاي مخططات خاصة أو قطاعية
الاصلاحات الخامة
تعتمد على الجزء العام وهو الجزء الذي يرتبط مباشرة بنوعية الاستثمار, الاقليم الجغرافي, الخ
اذا كان هناك مناخ استثمار متطور قد لاتحتاج الى تسهيلات جبائية, أو ربما يمكن التنقيص في التسهيلات كلما تطور المناخ
من الضروري اضافة سهم أخر في الرسم البياني للحوكمة المركزية بالتوازي مع الحوكمة الاقليمية, أوالاثنين في نفس السهم
هناك أيضا مايتعلّق بدخول الدولة كفاعل في عملية الاستثمار التصنيع البيع الشراء التصدير والتوريد
المقال يحاول تقديم بعض الحلول وهذا شيئ ايجابي جدّا
La colère et la révolte qui furent au fondement des changements intervenus en 2011 n’ont pas permis de rompre avec les habitudes et les fonctionnements des appareils d’Etat. Il y faudrait une rupture culturelle qui tarde à éclore malgré les controverses et débats, désormais possibles.
Un développement économique et social équitable entre régions est nécessaire pour que la confiance se rétablisse et concerne les gens par la chose publique, les mobilise pour participer aux élections dans lesquelles ils verraient un véritable instrument de choix et d’orientations, par opposition à ce qui a cours leur donnant le sentiment que les résultats sont connus et joués d’avance.
Les sollicitudes étrangères sont un atout non négligeable, mais c’est à nous de manifester par nos engagements notre souci de l’intérèt du pays, notre propre intérèt et celui des générations jeunes, pour voir le pays évoluer et sortir de la stagnation.
Or, le découragement semble gagner l’immense majorité de la population. A peine convoquée pour dire son mot quant à son destin, elle se retranche dans le repli manifestant une défiance au politique à l’égal des peuples rompus à la démocratie représentative depuis des lustres.
J’incline à penser, au contraire, que c’est maintenant le moment de dire par la voix des urnes notre désaveu de ces pratiques et ne pas donner nos voix à ces mastodontes prétentieux, Nida et Ennahdha.
Chacun a la responsabilité, par le vote ou l’abstention, du choix de ceux qui gouverneront en notre nom.
@houcine je suis entièrement d’accord :)
@karim@Mehdi la gouvernance territoriale est au coeur du processus de changement je vous l’accorde.
@Slim
la problématique de l’investissement est complexe et ne pourrait être résumée à l’application simple de ces 6 composantes. Il s’agit ici d’un essai de modélisation en vue de comprendre et formuler une approche de politiques publiques cohérente
je propose dans ce cas de changer “gouvernance locale” par “gouvernance” afin d’inclure la “gouvernance centrale” et sa contribution dans le processus
reforme fiscale ≠ subventions ou encouragement
التعليق لايتعارض مع ماجاء في المقال, ومهما كان وزن هذا الأخير فهو دائما افضل من لاشيئ …الرسم البياني يمثل سياسة عمومية (سياسية الدولة) للتشجيع على الاستثمار, واي تجسيد لسياسية معينة ينطلق عبر اعداد مخططات قابلة للتنفيذ ثم التنفيذ (ومن المخططات أومن التنفيذ تظهر السياسة) , في مرحلة التنفيذ أو التخطيط قلت أن هناك في تونس انجازات (مهما كانت طبيعتها) موجودة أو ينقصها القليل…لذا يجب الانطلاق من هناك كخطوة اولى, مجرد رأي لاأكثر
@Houcine:
Citation: “J’incline à penser, au contraire, que c’est maintenant le moment de dire par la voix des urnes notre désaveu de ces pratiques et ne pas donner nos voix à ces mastodontes prétentieux, Nida et Ennahdha.”
Allez dire cela à deux millions de moutons qui pensent dur comme fer que Rached Ghannouchi est un prophète et que Ennahdha est une religion. Dites le aussi aux millions d’hypocrites et d’imposteurs, majoritairement ex-RCD, qui pensent que BCS est un messie et que Nidaa est une nouvelle SARL pour développer l’activité onshore de la corruption, du despotisme, des passe-droits et des malversations de tous genres! Et bon courage…
Sinon moi, je persiste à le répéter avec insistance: nous sommes devant un “petit peuple” fait majoritairement de criminels et de castrés! La démocratie n’est pas faite pour nous. La démocratie c’est pour les autres!
Forgive me for writing in English, I can express myself better this way.
this is a very interesting article..for me it is timely both because it speaks to a critical moment in Tunisia’s economic history and it is useful to me personally as I am trying to put together something on the Tunisian economy and how it has fared – or tried to – in the period since Ben Ali et al made their rushed exit from the country.
As most of you know, Tunisia continues to be put forth both by the U.S. State Department and the media here as the only “success story” of the Arab Spring. While it is certainly true that at least up until now the country has not descended into Syria, Iraq or Libya type violence or Egyptian repression I do think that “cheerleading” for Tunisia – much as I would hope it succeeds – is off the mark.
Deep structural problems, not yet addressed in the Ben Ali period, continue and in some cases have intensified, especially in the socio-economic sphere,. Still that a political process continues, that some of the worse excesses of the transitional government have been somewhat moderated, that there remains in the country a degree of freedom of speech (from what I can tell) truly unique in the region – these are all facts…Of course these have been won by the on-going alert and politically on guard national social movement, without which the situation would be far worse.
Still, let us not exaggerate.
What this article addresses – to an outsider like myself – is something that I noticed and was deeply concerned about when I visited the country three years ago: the absence of an economic vision, a plan – other than borrowing money from the IMF and like institutions with the usual conditions – for how to get the country out of the socio-economic hole that led to the crisis in the first place. That absence of a plan – again – viewing it from afar – appears to continue. In the short run, IMF loans might help the country limp along but in the medium and long run – given the experience in so many Third World countries – an economy based on IMF loans and the interests and priorities of outside parties will only lead the a re-ignition of the crisis of 2010-2011.
I would also add that this new fixation on investment in energy has to be looked at carefully. Keep in mind that oil and gas production do NOT produce many jobs and many of those created go to foreign technicians. Where such activities produce wealth, as Mariem notes, they also more often than not produce not just environmental problems but environmental nightmares. There is also the question of how the wealth produced is distributed and to what degree it actually is put to socially useful ends…Tunisia need not look very far to see the kind of socio-economic – and human rights problems in economies associated with oil and natural gas production.
This is the essence of the piece I am working on…
In any case, I find the ideas presented here of value…Tunisia needs a plan, a vision. It is not for lack of economic or technical talent that one is lacking. The experience of the countries cited is telling…actually, I believe that the example can be extended…tell me OVER THE PAST TWO HUNDREDS where there has been a “development” accomplishment without the role of both the state and domestic investment capital? I can think of none.
Nor do I believe that a national vision for Tunisia can be created by the technicians at the World Bank or IMF. I am rather horrified at what they are up to…so 30 years ago there was pressure to cut the subsidies on bread, now fearing more bread riots, the IMF insists Tunisia cut its fuel and electricity subsides and comes up with quite frankly PATHETIC rationales for how this will stimulate development.
A more thoughtful, possibly attainable positive future for Tunisia seems to have to begin with a well organized open and national discussion on the future of the Tunisian economy, as broad based as possible….a discussion out of which would flow both a vision and a plan…so that the opportunities of the moment – which might be fleeting – are not lost. There is still time…but how much? The ideas presented in Mariem’s article can hopefully be a part of a national dialogue..
Cheers,
Rob Prince/Denver