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Un groupe important parmi les salariés de la compagnie aérienne Syphax s’est rassemblé, aujourd’hui 7 août 2015, au sein du siège de ladite compagnie afin de discuter avec les dirigeants de l’entreprise. Les salariés en question exigeaient des explications à propos de la situation financière réelle de l’entreprise, tout comme le règlement des salaires impayés, soit deux à trois mois d’arriérés.

Face à la situation financière dramatique de la compagnie et, eu égard aux sacrifices consentis par ses salariés depuis sa création en 2012, la frustration, voire la colère étaient plus que manifestes concernant une gestion, le moins que l’on puisse dire, à l’irrationalité flagrante. Pour ces mêmes raisons, parmi les enjeux de ce rassemblement, il s’est également agi de faire le nécessaire afin de déterminer les responsabilités, aussi bien des dirigeants rémunérés que celles des actionnaires, et à leur tête Mohamed Frikha. Faut-il souligner que pour ce dernier, au regard des collaborateurs de la compagnie, il est le dirigeant de fait.

De même, contrairement à ce qui a été révélé sur d’autres médias, comme sur Kapitalis, ce rassemblement n’a pas demandé l’intervention de l’État pour combler la dette abyssale de la compagnie, surtout lorsque l’on considère les dizaines de créanciers étrangers de Syphax. D’après nos informations, cette dette cumulée avoisinerait plusieurs dizaines de millions d’euros. Certains, parmi les prestataires de service de la compagnie, n’ont pas été payés depuis plus d’une année.

Nous avons appelé la Direction Générale de l’Aviation Civile pour lui poser quelques questions sur le sujet, mais en vain. Nous chercherons encore à obtenir des informations de leur part. De même, nous avons essayé de joindre celui qui, officiellement, occupe le poste de Président Directeur Général, en vain également.

Plus encore, nous avons cherché à contacter le « Dirigeant responsable » de cette compagnie aérienne, mais en vain aussi. À noter qu’au sein de toute compagnie aérienne, le « dirigeant responsable (accountable manager) » sert de clé de voûte à toute l’organisation de l’entreprise. Il est le vis-à-vis de la compagnie auprès de toutes les autorités, tant locales, qu’internationales. Et, par-dessus tout, il est l’autorité absolue en matière de sécurité. Même le PDG ne discute pas ce domaine réservé du « dirigeant responsable ».

Or, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, nous avons découvert que, depuis au moins quelques mois, l’existence du « dirigeant responsable » est purement formelle. Quant aux documents devant être signés par ce dernier, c’est le coursier qui les lui amène à son domicile… rien que ça… alors qu’il s’agit de la vie de plusieurs centaines de voyageurs à chaque vol !

Enfin, il semblerait qu’une réunion aura lieu en début de semaine prochaine entre le cabinet du premier ministre et les dirigeants de la compagnie pour trouver les moyens d’injecter une dizaine de millions de dinars de la poche des contribuables, sans compter le rééchelonnement de la dette publique.

Secourir une entreprise pour sauver des emplois, pourquoi pas. En revanche jeter l’argent du contribuable pour aider une entreprise agonisante serait répréhensible. Et dans quelques mois, il sera trop facile pour dire « ils m’ont trompé » … !

À suivre… Nawaat continue à travailler sur ce dossier.