« Mourouj Airlines » donne de l’espoir par l’art urbain aux habitants d’El Mourouj

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Durant une semaine, du 17 au 22 août 2015, le « parc de Mourouj 2 » a été investi par des associations, artistes et citoyens, autour de « Mourouj Airlines » afin de marquer une trace, un message ou encore une volonté de faire revivre l’espace sous d’autres formes. À l’initiative de l’association Kif Kif, l’association des Habitants de Mourouj 2 et l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement ainsi que d’autres collectifs et associations, le Boeing 727 de Tunisair a été transformé d’un avion délabré et usé par le temps et l’abandon à une œuvre d’art remplie de couleurs et de rêves.

Autour du chantier de graffiti où l’avion de Mourouj 2 se métamorphose à coup de bombes colorées, des familles et surtout des jeunes de la cité se sont réunis à la rencontre de l’art. Des ateliers, des cercles de discussions, de la musique et surtout de la bonne humeur, voilà ce qui a marqué « Mourouj Airlines » durant une semaine. Certains parlent d’une nouvelle étape « historique » de la cité et de son parc. « Nous voulons que ça continue! Que nous ayons notre propre espace où l’art et la créativité auront une place primordiale », nous dit un des habitants venu avec sa femme et ses enfants.

Avant de devenir un espace vert, le parc de Mourouj 2 était une grande décharge d’ordures. Dans les années 90, les habitants de la cité militent et font face aux autorités pour fermer la décharge qui causait beaucoup de dégâts tant au niveau sanitaire qu’environnemental. En 1990, leur combat se solde par la fermeture de la décharge et la construction d’un parc national.

C’était très beau, très vivant. Tout le monde venait pour prendre l’air, jouer, manger et passer un moment de convivialité en famille. Il y avait un café, des balançoires et mêmes des animaux. Mais petit à petit, le parc a commencé à devenir fade et délaissé. Ce sont les complexes commerciaux et les cafés branchés qui ont pris le dessus sur le parc et les gens l’ont oublié, nous a décris une des habitantes de Mourouj en se rappelant une époque révolue depuis une dizaine d’année.

Sous la direction de l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement, le parc a connu, les dix dernières années, le sort de la majorité des parcs tunisiens. « Le soir, il est envahi par les chiens errants… pendant l’Aïd, les moutons se vendent ici… les familles ne viennent plus et les jeunes n’ont plus aucun projet artistique ou même sportif dans les lieux », déplore le jeune Noussair Horchani, 22 ans, étudiant en infographie et militant à Mourouj.

L’association Kif kif connu en Tunisie par ses actions et évènements de graffiti, découvre le parc à travers son président Claude Sainval.

J’ai pris contact avec l’ANPE qui nous a connecté avec l’Association des Habitants de Mourouj 2. L’idée de départ était de redonner vie à l’avion mais pas seulement car nous travaillons aussi sur l’espace et sur l’environnement. L’historique du parc a rendu possible la rencontre des habitants avec les artistes que nous avons ramené de France. Au final, les graffitis sur l’avion ne sont qu’un prétexte pour repenser l’espace public et l’art urbain, explique Claude Sainval.

L’association Kif Kif France n’est pas à son premier évènement en Tunisie. En 2012, elle rassemble six graffeurs tunisiens et français qui confisquent durant deux jours les murs d’une usine près de la station de TGM de Tunis. En 2013, en collaboration avec « Open Art Tunisia », kif kif intervient avec le graffiti, la percussion et des performances urbaines à Ben Arous et à la Goulette dans ce qu’elle a appelé « esprit Batha ». Dans ce troisième évènement, la rencontre entre artistes tunisiens et français est, encore une fois, un challenge soulevé. Présents dans « Mourouj Airlines », les artistes français Lazoon Nilko, Pest, Sly2 et Marko93 aux côtés de leurs homologues tunisiens Meen One, le duo ST4 crex (Mosk et Sayko), Va-jo et Inkman.

Le Programme d’Appui à la Société Civile (section Tunis) a intervenu dans l’évènement pour le renforcer avec des partenariats inter-associatifs. Ines Tlili, coordinatrice du bureau de Tunis, nous explique :

Aider les habitants à renouer avec leur espace vert, était l’objectif principale de notre partenariat. Nous avons donc misé sur des ateliers animés par la société civile au profit des habitants, tout âge confondu. Mass’Art, pour la culture alternative, a animé un atelier d’écriture de Rap. Le collectif Debo a ramené son sound système nomade. L’artiste Anis Zgarni a animé un atelier de Slam et la militante Meriem Bribri a initié des jeunes de Mourouj au journalisme citoyen.

L’appropriation de l’espace public est au cœur des combats de l’art urbain. Mais ces actions artistiques restent, tout de même, ponctuelles. Concernant la pérennité de l’objectif initiale de « Mourouj Airlines » qui consiste à renouer entre la population et son espace public, des jeunes du quartier commencent à concrétiser leur rêve de faire un club à Mourouj.

Nous allons faire des projections de films régulièrement et organiser des évènements culturels. À travers cette rencontre, nous avons réussi à faire un bon réseau entre associations, artistes et jeunes du quartier. En plus, nous avons parlé avec les habitants qui ont exprimé leur souhait d’assister à plus d’évènements du même genre. L’étape suivante serait de concrétiser les projets, promet Noussair Horchani.

Civil Society

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