A l’occasion de la Fête du 14 janvier, Hannibal Tv a diffusé, dans la soirée du jeudi, le long métrage tunisien de fiction «Conflit». Réalisé par Moncef Barbouch, le film, sorti en 2014, retrace le parcours de certains militants d’Ennahdha, sans citer clairement leurs noms ou celui de leur parti. Malheureusement, le réalisateur a raté le principal enjeu de l’œuvre : Restaurer la mémoire collective.
Les événements du film se déroulent entre le 7 novembre 1987 et le 14 janvier 2011. Il raconte l’histoire d’un militant islamiste, interprété par Salah Jday, à travers des dates clés : Les élections truquées de 1989, la traque des dissidents, leur incarcération et leur torture dès 1991, le rapprochement entre les islamistes et l’opposition démocratique aboutissant à la coalition du 18 octobre 2005, la révolution de décembre 2010-janvier 2011. Desservie par un montage hâtif, la démarche chronologique du scénariste Houcine Mahnouch se retrouve également compromise par sa mémoire sélective.
Montage hâtif et histoire tronquée
Les personnages ne prennent pas le temps de s’installer. Certains d’entre eux font des apparitions éphémères (les deux sœurs incarcérées ou le jeune fugitif par exemple) qui s’inscrivent dans des trames narratives autres que celle du personnage principal du film. Ils sont ensuite abandonnés, sans plus de nouvelles. Les raccords ratés et les images saccadées par un rythme effréné ne donnent pas au spectateur le temps d’assimiler le passage d’une période historique à une autre, ni de saisir leurs spécificités. Peu de transitions, rares et brusques recours au fondu au noir, très peu de plans généraux et de plans d’ensemble.
Tous les événements marquant l’évolution du parti sont zappés. Aucune allusion à la transformation du Mouvement de la Tendance Islamique (MTI) en Mouvement Ennahdha en 1989. Aucune évocation de son passage à l’action violente et aux attentats de Bab Souika. L’action du parti est résumée en l’impression de tracts et en quelques vagues revendications en rapport avec certaines libertés publiques et quelques droits humains. Pire : Malgré son nom, le film ne s’arrête pas sur la nature de ce conflit et son origine. Ennahdha se retrouve ainsi dépossédé de sa substance politique, comme s’il s’agissait d’un «conflit» entre des militants pour les droits civiques et un pouvoir dictatorial. La question donc est amputée de son caractère politique. Quant à ses fondements religieux, ils sont résumés en quelques stéréotypes insignifiants.
Maladresses cinématographiques
La part du réel dans cette fiction n’est pas assumée. «Toute ressemblance, ou similitude avec des personnages et des faits existants ou ayant existé, ne saurait être que coïncidence fortuite», avertit le réalisateur au début du film. Pourtant, il se base sur des faits historiques mais également sur des images documentaires des comparutions des militants nahdhaouis. Malgré la démarche chronologique, les costumes et le décor ne suivent pas. Les habits et le maquillage des personnages ne changent pas en fonction de la période. Qu’ils soient en 1989 ou en 2014, ils portent les mêmes habits et évoluent dans les mêmes décors. En 23 ans, les personnages ne prennent pas de rides, ne changent pas de postures. Le jeu des acteurs y est aussi pour quelque chose. Livrés à eux même, ils ont les regards figés, les gestes brusques et expriment des émotions confuses. On ne sait pas s’ils sont tristes, en colère, désolés, indifférents ou vexés. Et ce, quand ils ne tombent pas dans le surjeu (le maton ou le suicidaire, victime de torture).
Cet excès de zèle devient parfois rocambolesque, non sans parti pris du réalisateur qui s’acharne à dépeindre les tortionnaires, les syndicalistes réprimés et les prisonniers du droit commun sous une forme caricaturale. Le propos du film est empreint de manichéisme enfantin surtout que les tentatives d’accentuer les nœuds dramatiques versent dans le mélodrame simplet. Les violons chialeurs viennent à la rescousse d’une mise en scène dépourvue de quelconque approche esthétique. Encore une tentative échouée de restaurer la vérité sur une période trouble de notre histoire, encore un faux remède concocté dans les laboratoires partisans pour soigner l’amnésie par l’endoctrinement aveugle.
ça aurait été des militants de gauche, vous auriez dis qu’il fallait encouragé le cinéma Tunisien et éviter les trop grosses critiques.
Franchement le film n’est pas trop mal comparé a ce qu’on est habitué a avoir( a part qq personnage un peu comique en effet) , on ne s’ennui pas en le regardant. Et le film dit clairement qu’il n’est PAS UN FILM HISTORIQUE donc il a totalement le droit de prendre tte les libertés qu’il veut dans son déroulement.