Le fanatisme, pourtant nourri bien souvent par des valeurs tels que : la justice, l’égalité, le partage, la solidarité, etc. a ceci de fascinant : c’est qu’il parvient toujours, du moins pour un temps, à embrigader dans l’intention de faire précisément l’inverse de ce qu’il prône.

Son arme la plus redoutable pour l’embrigadement, c’est la notion de fraternité. Toutes les formes de fanatisme s’appuient sur ce socle de la fraternité, principal canal de recrutement des «nouveaux convertis». Viennent ensuite les rituels des communions avec leurs eucharisties afin de cimenter la fraternité.

En cela, les grands rassemblements païens des régimes nazi ou stalinien n’ont rien à envier aux grandes communions monothéistes ou d’autres religions. Derrière le culte des valeurs proclamé, c’est celle de l’appartenance au groupe qui sera érigée en dogme impératif, le chef n’en est que l’incarnation. Quitter la fraternité, c’est la trahir. La trahir, c’est mériter la mort.

A cet égard, Gérard Haddad rappelle fort justement que «le fanatisme comme folie possède l’avantage d’être collectif, donc social, donc normalisé […]».

Dans la présente interview avec Gérard Haddad, parmi les éléments évoqués pour lutter contre le fanatisme, le psychanalyste rappelle le rôle de la culture, du savoir et de l’art en général. Et si la culture s’avère en effet être un moyen avéré pour lutter contre le fanatisme, c’est certainement aussi parce que l’art, comme les artistes, est en général réfractaire aux cloisonnements sociaux.

Faut-il rappeler qu’à la même époque où Gérard Haddad, comme d’autres d’ailleurs, avalaient les couleuvres des «dégâts collatéraux inévitables» avant l’émergence d’une «société de justice», Georges Brassens, lui, ironisait brillamment à propos du fait de «mourir pour des idées».

Le vécu de Gérard Haddad -avec son itinéraire spirituel et politique- adossé à son expertise psychanalytique, font du livre de l’auteur une habile plongée dans l’univers de la déconstruction de la “folie fanatique“.