Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.
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Une image qui circule sur les réseaux sociaux montrant l’indifférence et l’insouciance des dirigeants arabes face au drame syrien.

Il a fallu attendre l’été 2015 pour que la communauté internationale puisse enfin réaliser l’horreur que subit chaque jour le peuple syrien depuis un certain 15 mars 2011.

Voilà presque cinq ans que les Syriens vivent au quotidien l’horreur de la guerre civile et la terreur des groupes jihadistes.

Entre le marteau de Daech et l’enclume de la branche levantine d’Al-Qaïda (Front Al Nosra, Ahrar Echam, etc.) la mosaïque ethnique de la Syrie a fini par éclater en mille morceaux poussant Chrétiens et autres minorités à fuir le pays pour échapper aux massacres de l’Etat islamique et aux bombardements aveugles du régime et son allié russe.

Il a fallu aussi qu’une vague déferlante de réfugiés puisse atteindre l’Europe pour se rappeler les images des archives datant des années 1930, quand les juifs fuyaient les persécutions nazies tout en se répandant à travers les routes européennes pour échapper à une mort certaine.

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Espoir d’une nouvelle vie: le visage tendu, un homme passe un bébé à son compagnon de voyage, sous les barbelés de la frontière serbo-hongroise. (Photo : ©Warren Richardson, lauréat du premier prix du concours de photojournalisme du World Press Photo 2016)

Le rapprochement entre l’holocauste juif et le drame syrien est assez saisissant vu qu’à travers leurs désespoirs et leurs luttes pour la survie, les réfugiés juifs du début du 20e siècle et les Syriens d’aujourd’hui ne doivent leur salut qu’à l’engagement de démocrates européens.

Et il a fallu attendre qu’une photo choc d’un bambin (au t-shirt rouge et pantalon bleu, face contre terre, mort) noyé après avoir tenté de rejoindre l’Europe pour que la presse européenne réalise l’étendue du drame syrien.

La photo a fini par échouer sur la « une » du quotidien britannique « The Independent » où on pouvait lire l’inscription suivante : “Somebody’s child” (“L’enfant de quelqu’un »).

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La “une” du quotidien britannique “The Independent”

Le journal le plus lu au Royaume-Uni renchérit dans sa « une » en se posant la question suivante:

« Si ces images extraordinairement puissantes d’un enfant syrien mort échoué sur une plage ne changent pas l’attitude de l’Europe face aux réfugiés, qu’est-ce qui le fera ? »

Au pays de Sa Majesté Elisabeth II, « The Guardian », « The Times », « The Daily Mail », « Metro » et même le très virulent tabloïd « The Sun » ont, de leur côté, publié dans leurs « unes » le cliché montrant le corps de l’enfant de trois ans porté par un policier turc.

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Les “unes” des tabloïds britanniques parlant du petit Aylan.

Et le malheur des Syriens et même de l’humanité ne s’arrête pas là.

En effet, l’été dernier, la communauté internationale est restée sans voix quand l’organisation des Nations-Unies a confirmé, via deux photos satellites, prises les 27 et 31 août 2015, la destruction du temple de « Bêl » à Palmyre par les jihadistes de Daech.

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Image satellite montrant le temple de “Bêl” à Palmyre, en Syrie, avant sa destruction (Source: UN MEDIA).

 

Ce magnifique temple dédié au dieu « Bêl » qui signifie « Seigneur » ou « époux » en langue sémitique a été sanctuarisé en 32 de notre ère.

Mais voilà, il a fallu attendre que les disciples d’Al-Baghdadi puissent prendre les règnes de la ville fin mai dernier pour raser ce somptueux édifice tout en laissant seulement l’encadrement de pierre de l’entrée principale.

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Image satellite montrant le temple “Bêl” après sa destruction (Source: UN MEDIA).

 

Pendant ce temps-là, les réactions des nations arabes ainsi que celle de la Ligue arabe flirtent avec le zéro du Kawarezmi. Hushhh! Silence, vous risquez de les réveiller!

En revanche, sous d’autres cieux, la crise migratoire causée par les réfugiés syriens et la destruction du temple de « Bêl » n’a cessé de défrayer la chronique dans l’Occident.

D’ailleurs le rush des réfugiés a poussé les dirigeants de l’UE à réviser le traité de Dublin et sa une ligne très dure envers les migrants.

-- AFP PICTURES OF THE YEAR 2015 -- Migrants and refugees wait at Istanbul's Esenler Bus Terminal for buses to the Turkish-Greek border after authorities withheld tickets to Turkish border towns on September 16, 2015. Hundreds of refugees camped out at the main bus station in Istanbul for a second night running after being refused tickets for Edirne, some 250 kilometres (150 miles) away. Many of the refugees seeking to leave Turkey have been living in the country for months, sometimes years, after fleeing the bloody civil war in neighbouring Syria. AFP PHOTO / YASIN AKGUL / AFP / YASIN AKGUL
Des migrants à la gare routière d’Istanbul, en septembre 2015. YASIN AKGUL / AFP

Si la chancelière allemande, Angela Merkel a montré l’exemple en accordant le droit d’asile à plus de 800 mille réfugiés syriens, de leur côté, les pays du Golfe se sont distingués par leur mutisme.

Malgré une richesse qui éblouit, les monarchies du pétrodollar n’ont pas bougé un doigt pour accueillir ne serait-ce qu’un seul réfugié syrien.

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Une caricature circulant sur les réseaux sociaux pointant du doigt l’hypocrisie de certains pays arabes face à la question des réfugiés syriens.

Décidément, alors que les militants de la société civile européenne, de Belgrade à Munich en passant par Vienne ont ouverts leurs cœurs et leurs portefeuilles à nos frères syriens, la constellation des pays arabes, tel un champ de ruines silencieux, continue d’observer les malheurs des enfants du Cham et l’annihilation de la citée de “Tadmor” (Palmyre en arabe).

Comme quoi, de nos jours, l’attitude frileuse de la plupart des gouvernants arabes peut se résumer ironiquement dans cette expression: sois « Bêl » et tais-toi!