Si la migration occupe un rôle majeur dans la politique de l’emploi et les stratégies de développement menées par les organismes internationales (tels que la FAO et l’OIM), l’accent reste sur la migration vers l’étranger. Depuis des décennies, la population active tunisienne est fortement mobile au sein du pays. Cette mobilité interne est étroitement liée aux disparités régionales qui sont au cœur des protestations persistantes revendiquant les droits socio-économiques.

Selon Nadia Touihri, directrice au département des statistiques démographiques et sociales à l’INS, « le recensement est la seule source exhaustive des données sur la migration interne en Tunisie ». A partir  des données du dernier Recensement général de la population (2014), nous avons créés une carte qui démontre les tendances des migrations à l’intérieur du pays entre 2009-2014. Ces tendances trouvent leur explication dans une deuxième carte qui illustre les indicateurs économiques tels que les taux de pauvreté et du chômage et leur distribution inégale entre les régions.

Une comparaison des soldes migratoires régionales indique les pôles « attractifs » et « répulsifs » du pays. On remarque, par exemple, que la région avec le solde migratoire le plus positif (le taux le plus élevé d’arrivants) est le Grand Tunis (Tunis, Ariana, Ben Arous, Manouba), avec 154,9 milles sortants et 201,2 milles entrants. En contraste, la région centre-ouest (Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid) représente le pôle le moins attractif du pays, avec 60,1 milles sortants contre les 20,6 milles entrants, suivi de près par la région du nord-ouest (Jendouba, Béja, El Kef, Siliana) avec 53,5 milles sortants et 18,7 milles entrants. Toujours d’après l’INS, pour 22 ,4% des migrants, la raison principale motivant leur mobilité est la recherche d’un emploi.

La seconde carte (basée sur des chiffres provenant du Ministère de l’emploi pour 2012) démontre des indicateurs de l’emploi dans chaque région. Pour 2012, les taux de pauvreté et de chômage les plus bas (10,3% et 10,7% respectivement) se trouvent dans le nord-est (y compris le Grand Tunis) où on retrouve également les taux les plus élevés de la répartition régionale du marché de travail et d’investissements publics (25% et 48% respectivement), et la plus grande concentration d’entreprises (89) par mille habitants. A l’autre extrême, on revient au centre-ouest où le taux de pauvreté est le plus élevé (32,3%) et le taux des investissements publics est le plus bas (4%).