Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.
bac bourguiba
Le premier président de la République tunisienne, feu Habib BOURGUIBA (au centre avec un cercle) en photo de classe, au lycée Carnot de Tunis, l’année de son baccalauréat, en 1924 (Crédit photo: les Archives nationales)

Qui dit diplôme du baccalauréat*, dit une clef pour l’avenir qui a la double particularité de marquer la fin des études secondaires et d’amorcer l’accès à l’enseignement supérieur. En Tunisie, plus de 129 mille élèves candidats au Baccalauréat 2015-2016, dont 109.987 inscrits dans les lycées publics et 19. 443 dans le privé, se sont présentés, le lundi, 18 avril 2016, aux épreuves d’éducation physique de ce concours national avec la fameuse “dakhla” en prime. En attendant les épreuves écrites de la session principale (du 1er au 3 juin et du 6 au 8 juin) et une annonce des résultats prévue le samedi 18 juin, nos élèves auront l’occasion de tester leurs connaissances, lors du “bac blanc”, qui dressera son chapiteau, entre le 13 et le 24 mai prochain. Mais voilà, on oublie que cette année, le baccalauréat tunisien va fêter son 125e anniversaire. Retour sur l’histoire de cette épreuve universelle dans nos contrées.

Si d’après l’encyclopédie libre « Wikipédia » l’examen du baccalauréat a été créé dans sa version moderne en France sous Napoléon Ier en vertu du décret organique du 17 mai 1808 et a pris plusieurs appellations dans le monde : «Sanaouia el âamma» (En Egypte), l’«abitur» (en Allemagne), la «matura» (en Autriche), la «maturità» (en Italie), la «maturité/matura/maturità» (en Suisse, selon les cantons), le «certificat d’enseignement secondaire» (en communauté wallonne de Belgique), le «A-level» (au Royaume-Uni), le «high school diploma» (aux USA), la «selectividad» (en Espagne), le «gymnasieexamen» (en Suède), le «ylioppilastutkinto/studentexamen» (en Finlande); il ne doit, cependant, pas être confondu avec le «bachelor’s degree» du système anglo-saxon ou le baccalauréat belge qui sont des diplômes universitaires.

  • En 1891, seulement 6 bacheliers tunisiens

Chez-nous, comme l’attestent les archives nationales, le baccalauréat ne date pas d’hier. En effet, en 1891 (dix ans après 1881, date de l’établissement du protectorat français), la Tunisie a connu son premier baccalauréat. Il s’agissait tout simplement d’un baccalauréat «métropolitain», chiné par la volonté de Jules Ferry.

Quant au taux des candidats tunisiens, ce dernier était assez faible. Il faut dire que cette année-là, on était bien loin des 34.390 admis à la session principale du bac 2014-2015, soit seulement six bacheliers tunisiens.

En revanche, de 1891 à 1916, le nombre des bacheliers tunisiens n’a pas franchi la barre des 120 âmes. Néanmoins, sous nos cieux, au cours des 25 premières années de l’épreuve du bac, la moyenne annuelle tournait autour de 5 bacheliers par an.

En 1924, l’ex-président Habib Bourguiba était l’un de ces rares bacheliers tunisiens sous l’ère de la colonisation française où les pratiques racistes et mesures discriminatoires étaient monnaie courante contre les autochtones alors que d’autres, après lui, avaient pris les rênes du pays avec un niveau bac moins 2.

En revanche, en 1927, les musulmans qui ont réussi ce diplôme n’ont pas dépassé le chiffre 27, et en 1938, le nombre des bacheliers a doublé pour atteindre 58. Pour la petite histoire, il est à signaler que jusqu’au milieu des années 1970, le baccalauréat dans ses deux versions (française et tunisienne) se déroulait en deux phases.

  • Et le vent de l’indépendance souffla

D’autre part, l’épreuve du baccalauréat a été aussi un symbole de la Tunisie libre. De ce fait, la date du 31 mai 1957 restera à jamais marquée en lettres d’or dans les anales de l’histoire de notre éducation nationale. En outre, les leaders de la nouvelle Tunisie fière de son indépendance ont, en effet, mis en place un examen qui répond aux besoins locaux, avec un programme 100% tunisien.

Ainsi, après 66 ans de baccalauréat français et [surtout] francophile, enfin, l’enfant du bled a eu droit, à un baccalauréat tunisien. Ce jour-là, 1.900 candidats tunisiens ont mis le cap vers leurs lycées respectifs pour passer le premier bac 100% national.

À en croire les archives de l’éducation nationale, la répartition de ces candidats avait pris les proportions suivantes : 1.400 âmes pour le Grand-Tunis contre seulement 500 élèves répartis dans les autres régions du pays. Or, malgré l’angoisse de ne pas être à la hauteur, le bilan de cette première épreuve sous l’égide de la République tunisienne était dans l’ensemble satisfaisant.

Juste pour la petite anecdote et comme on l’a déjà mentionné en haut, de 1957 jusqu’aux années 70, le baccalauréat tunisien se passait, en deux parties : la première à la fin de la 5e année secondaire et la deuxième à la fin de la 6e année secondaire ponctuée d’une épreuve écrite et orale. Depuis, le bac se déroule en une seule partie, à la fin de la 7e année secondaire, avec une session principale et une autre de rattrapage connue sous le nom de “contrôle”.

  • Bac 2015-2016: disparition des 20%

Malheureusement, à partir de l’an 2002, le baccalauréat tunisien a perdu ses lettres de noblesse surtout avec l’introduction des 25% de la moyenne annuelle dans la note finale de cette épreuve sans parler de la mascarade des options qui viennent gonfler le score du bachelier pour fausser sa vraie valeur au moment de l’orientation.

Or, l’actuel ministre de l’Éducation nationale, Néji Jalloul a annoncé, le mercredi, 12 août 2015, l’annulation du taux de 20% dans les moyennes du baccalauréat, et ce à compter de l’année scolaire 2015/2016. Rappelons que le taux de 25% incluant la moyenne annuelle dans la moyenne de l’épreuve avait été ramené à 20% l’année dernière.

Certes une telle décision est à saluer, mais on se pose la question suivante: à quand une réforme drastique de notre baccalauréat ou tout bonnement un retour à l’ancienne recette tant qu’elle a toujours donné de bon crus ? Wait and see…

* Baccalauréat : le terme baccalauréat dérive du bas latin bachalariatus, désignant un rang de débutant d’abord dans la chevalerie, puis dans la hiérarchie religieuse et universitaire. Le «bacca lauri» (baie de laurier) est un grade/diplôme de l’enseignement supérieur correspondant à différents niveaux suivant les pays. Il désigne généralement le premier grade universitaire. Il peut être accompagné de la mention d’une discipline: baccalauréat ès arts, baccalauréat ès sciences, baccalauréat en droit, baccalauréat ès lettres.