Chaque fois qu’ils invitent des caciques de l’ancien régime, sans lien avec l’actualité, ils invoquent la mémoire nationale comme prétexte. Or, pour le 14 janvier 2017, El Hiwar Ettounsi et Attessia étaient aux abonnés absents. Place aux starlettes des productions maison dans Labess et à la Coupe d’Afrique des Nations sur Attessia. Quant à Nessma, l’initiative d’« un politique » se terre sous son édition spéciale.
« Une partie de la mémoire tunisienne », c’était le principal argument avancé par Borhen Bsaies en prélude à l’interview avec le beau-frère du président déchu Belhassen Trabelsi sur Attessia, le 09 janvier 2017. « Nous partons vers le passé, un passé contenant une partie importante de l’histoire de ce pays », c’était la réplique justificative de Samir El Wefi quand il a invité le neveu de Leila Ben Ali, Seif Trabelsi sur El Hiwar Ettounsi, le 26 février 2015. En deux ans, le même argument a été avancé à chaque fois que l’une des deux chaînes invite des membres de la famille mafieuse qui était au pouvoir. Les exemples ne manquent pas, de Seif Trabelsi réinvité sur El Hiwar Ettounsi en mai 2015 et reçu une troisième fois en octobre 2016 à Slim Chiboub sur Attessia en mai 2016.
La mémoire, un prétexte qui ne tient plus
Toujours sans véritable apport informatif, ces émissions ont toutes échoué à tenir leur promesse. D’ailleurs, la prétendue motivation du choix de ces invités, plus apte à faire le buzz qu’à panser les plaies de la mémoire, ne s’applique pas aux autres contenus de ces chaînes TV. Aucune n’a révélé des pages de l’histoire. Les deux ont assuré une tribune pour le rebranding des figures de l’ancien régime à coups de monologues sensationnalistes sur la souffrance de la famille mafieuse traquée par la justice. A l’épreuve de la célébration (ou commémoration pour certains) du 6ème anniversaire de la révolution, bas les masques. La mémoire n’est qu’un alibi. Aucune des deux chaînes n’a eu de programmation « spéciale », ni même fait un effort particulier à l’occasion de cette journée historique. Attessia a carrément zappé cette actualité majeure. Le foot est prioritaire. En prime time, le premier numéro d’Attessia CAN.
La révolution, « un casse-tête »
Rien de particulier en access prime time sur El Hiwar Ettounsi. Labes, qui peut passer la question mémorielle à la moulinette du divertissement, est maintenue en prime time. Dans ce numéro du 14 janvier, les invités et les sketches s’y succèdent. Pour commencer, l’actrice Marwa Agrebi, connue pour son rôle dans le feuilleton Wled Moufida. Puis, la mère de Rania, la fillette qui a perdu la vie dans la dernière vague de froid du nord-ouest. Ensuite, l’animateur de variété et de télé-réalité Abderrazek Chebbi de Hannibal TV. Il a fallu attendre la deuxième partie de la soirée, heure de baisse d’audimat, pour recevoir Wrida, mère du martyr de la révolution Raouf Kaddoussi. « Aujourd’hui, c’est le 14 janvier, jour de la commémoration de la révolution, nous avons parlé de ce qu’on peut raconter sur la révolution. Si on ramène ces gens, témoins de l’époque, chacun va se mettre à mentir, chacun va raconter l’histoire d’après lui. Si on va ramener un homme politique, il va vous casser la tête, il va vous gonfler avec la révolution. Qui ramener pour parler avec sincérité et dire ce qui s’est vraiment passé ? », s’interrogeait Naoufel Ouertani avant de présenter son invitée. Une introduction qui sonne comme un aveu d’échec mais aussi un parti pris pour l’idée toute faite que la révolution est « un casse-tête ».
Nessma Live, initiative d’un « politique »
Si Attessia et El Hiwar Ettounsi étaient aux abonnés absents en ce 14 janvier 2017, Nessma a marqué cette date avec le lancement de sa nouvelle programmation avec l’opération Nessma Live, une retransmission directe, comme son nom l’indique, de correspondances de différentes régions. Cette grille exceptionnelle a été fignolée en partenariat avec quatre radios régionales : Oxygène Fm de Bizerte, Nejma Fm au Sahel, Karama Fm de Sidi Bouzid et Ulysse Fm de Djerba. Mais cet événement mettant en avant l’information régionale soulève des questions quant à son indépendance politique surtout que Kamel Rayana, patron d’Oxygene Fm, a affirmé qu’il s’agit d’une « initiative » de Nabil Karoui, homme politique et ancien patron de la chaîne TV ayant démissionné de son poste en janvier 2016. D’ailleurs, les propos de Rayana concordent avec la vidéo tournée dans les coulisses où Karoui dirige les troupes. Pourtant, le fondateur de Nessma a été présenté dans un reportage diffusé le 16 décembre sur la même chaîne comme « politique ». Décidément, l’instrumentalisation politique, l’opacité et les spectres du passé vont encore hanter les petits écrans.
Ça montre bien que ce sont les financeurs qui décident des programmes et des contenus à diffuser. Et puis nous le savons tous, qu’ettasiaa, el hiwar, nesma sont des chaines réactionnaires et anti révolution. Depuis la fuite du dictateur, la contre révolution a su occuper l’espace médiatique, et surtout à bien miser sur les médias pour passer les messages nécessaires à faire reculer le processus révolutionnaire. Honnêtement, pour moi, il n y a ni indifférence ni opacité, tout est bien calculé, il y a juste servir la volonté de la contre révolution, qui n’échappe à personne, permettre un retour glorieux du dictateur et de son entourage en fuite. Ben Ali n’est pas Napoléon :) .
Question pertinente, mais quine fournit pas d’explications profonde.La réponse heureusement par Monsieur mandouj: Les 2 chaines TV privés qui sont les plus vus (Nessma TV et El hiwar Tounsi) sont des chaines réactionnaires et plus professionnelles que toutes les autres.Ils ne cherchent que derrière le buzz et l’actualité la plus triviale.L’auteur ne pourra-t-il pas nous présenter un tableau comparatif des programmes de toutes les chaines?