Six élèves de la délégation d’El Ayoun, à 32 km de Kasserine, sont atteints d’hépatite A, nous confirme, le jeudi 16 mars 2017, Monji Guesmi, enseignant syndicaliste. Quatre élèves sont de l’école Henchir Haj Saad. Les deux autres, sont inscrits en première année à l’école Nour. Ces victimes s’ajoutent au nombre croissant de Tunisiens atteints de l’hépatite A. Selon Nissaf Bouafifi, directrice générale de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, 300 cas ont été recensés depuis début 2017, dont 130 au gouvernorat de Kasserine. Moncef Mhamdi, directeur des Soins de santé de base à Kasserine confirme que la quasi-totalité des malades de l’hépatite A du gouvernorat sont des élèves.
Monji Guesmi précise que d’autres enfants des 22 écoles de la délégation pourront contracter l’hépatite A. « La région souffre de pénurie d’eau. Les écoles n’ont pas d’eau ou ils ont accès à une eau impropre à la consommation » explique-t-il. Selon la Direction générale des études, de la planification et des systèmes d’information du ministère de l’Éducation, les écoles de Kasserine sont les moins reliées à l’eau potable avec un taux de 27,2 %, devancée par Sidi Bouzid avec 37,9 %, pour une moyenne nationale de 66,7 %.
Selon un fonctionnaire du centre de Santé de base de El Ayoun qui préfère garder l’anonymat, les deux malades de l’école Nour suivent le traitement chez des médecins de libre pratique alors que « les quatre autres élèves sont pris en charge par notre centre. Nous attendons, par contre, des instructions pour ausculter tous les élèves des deux écoles concernées ». Ces mesures, restent selon les habitants d’El Ayoun insuffisantes. Pour Monji Guesmi « les directeurs des écoles ainsi que le directeur du centre de Santé de base essayent d’étouffer l’affaire à chaque découverte d’un nouveau cas. Ce qui empêche aussi bien le diagnostique que la prise en charge. Nous avons demandé à la délégation régionale de l’Éducation et celle de la Santé d’organiser des consultations dans tous les établissements scolaires de la région. Nous attendons encore une réponse officielle ».
A une dizaine de kilomètres d’El Ayoun, les habitants de Faj El Naam interdisent à leurs enfants d’aller à l’école depuis mercredi 15 mars, après avoir découvert l’hépatite A chez quelques élèves. En plus de la coupure d’eau sur toute la région depuis une semaine, les habitants contestent l’insalubrité des toilettes de l’école et l’absence d’eau potable.
De son coté, Nissaf Bouafif nous a expliqué que le recensement des écoles touchées par l’hépatite A a déjà commencé. « Une campagne de prévention des écoliers va, bientôt démarrer pour stopper la propagation de la maladie devenue épidémie nationale puisque le nombre des malades s’est multiplié par deux durant les deux dernières années ». Selon la directrice générale de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, entre 2011 et 2015, le nombre de nouvelles atteintes par l’hépatite A était de 600 par an. En 2016, 1467 cas ont été enregistrés.
Le 15 mars, les fonctionnaires des centres de Santé de base se sont rassemblés à la Kasbah, pour revendiquer la mise en application d’un accord sur les augmentations salariales. Parmi les manifestants, les agents du centre de Santé de base à Bir Ali Ben Khelifa ont rappelé que le projet de l’hôpital régional, programmé depuis quatre ans, est encore bloqué pour des raisons inconnues. Le 17 février 2017, Nawaat a publié un reportage le décès causé par l’hépatite A de Meriem Zahmoul, 12 ans, le 9 février 2017, à Bir Ali Ben Khelifa. Le reportage montre l’état défectueux de la canalisation d’eau potable mais surtout l’école primaire où l’hygiène dans les toilettes est totalement absente. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la principale cause de propagation de l’hépatite A est le manque d’hygiène dû entre-autres à l’absence d’eau.
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