Les pauvres agacent les falsificateurs de l’histoire, les promoteurs de la grandeur virtuelle de la Tunisie. Ils ne sont plus méritants et reconnaissants des bienfaits qui leur sont accordés. Voilà qu’ils se mettent à ne plus supporter leur misère, à revendiquer, à dénoncer les injustices, les abus de pouvoir et le déséquilibre du développement régional.
Ils sont agaçants même trop agaçants, car non seulement ils posent des soucis certains pour les responsables politiques actuels, mais en plus, leur lisibilité fait tomber à l’eau tous les bla bla sur le Bourguiba « visionnaire », qui en réalité n’est que l’investigateur d’une politique économique extravertie, et nettement au dépend de l’équilibre entre les régions.
Ces pauvres emmerdent, car ils veulent leur part du « gâteau », ils demandent à être assistés par un Etat trop occupé à subventionner ses hôteliers et à s’épuiser à faire passer un projet de loi qui pardonnerait aux voleurs du pays leurs crimes. « Ce sont des hommes d’affaires », nous dit-on. Drôles d’hommes d’affaire, qui profitent de bas salaires, d’exonération d’impôt et qui restent pourtant insatisfaits. Ces mêmes hommes d’affaire qui s’adonnaient à des opérations de trafic qui ont fait perdre au pays deux points et demi de croissance pendant une dizaine d’années.
Aux yeux des bien-pensants, les pauvres sont des barbares dangereux pour l’ordre public. Comment ces habitants de Tataouine, ont-ils osé renvoyer le chef du gouvernement ? Un jeune aussi raffiné et dynamique qui a pris la peine d’aller leur proposer des solutions de pacotilles pour soulager leurs misères.
Ces gens-là n’ont aucun savoir vivre, ni sens de raffinement. Ils ne pensent pas au bien du pays. Ils ont la haine et ils veulent diviser le pays. A l’issue de l’attentat de Sousse qui a visé l’hôtel de Mme Zohra Driss, celle-ci a eu l’intelligence de demander aussitôt l’aide de l’Etat, alors que les cadavres étaient encore chauds. Elle a eu ce qu’elle demandait. Les « ploucs » devraient s’inspirer de ce type d’élégance et apprendre à battre le fer pendant qu’il est chaud.
Ces pauvres sont bêtes, ils revendiquent la décentralisation et le développement des régions. Il parait que c’est prévu par la constitution, oui mais, ils auraient dû comprendre que les lois, les écrits et les discours officiels existent pour être dépassés dans ce pays.
« Je ne reconnais plus ma Tunisie », crient certains. Qu’est-ce qui a changé dans leur Tunisie ? Les pauvres justement ; d’invisibles, ils sont devenus visibles. Un peu trop aux goûts de ces braves gens : leurs revendications, même tues par les télévisions sont reliées par les réseaux sociaux. On les rencontre à chaque coin de rue en plein centre-ville. Les uns, vendent des « chinoiseries » de tout genre. Les autres brondissent dans un parking pour réclamer quelques millimes. Les plus exigeants ont pris l’habitude d’aller déranger les responsables avec leurs requêtes. Les plus « méchants » bloquent les routes. Les pauvres de ce pays ont changé. Ingrats, ils n’accomplissent plus leur devoir de pauvres. Ils refusent désormais, d’être au service d’une minorité de nantis sans imagination, et leurs relais arrogants déguisés en politiques et bradant des slogans auxquels personne ne croit plus.
Le pire ces déshérités se sont mis à agacer même des pauvres comme eux. Ces derniers font partie de ce qu’on appelle la classe moyenne. Leurs ennemis jurés, c’est ces misérables qui ne restent plus tranquilles. Nostalgiques, ils souhaitent le retour d’un Etat fort qui obligerait tous ceux qui les dérangent à se cacher et se la boucler. Ils veulent la paix pour vaquer tranquillement à leurs petits trafics fantasmant et jonglant avec des millions qu’ils ne possèdent pas encore.
A défaut de partager les millions des nantis, ils se contentent, pour le moment, de partager leurs bêtises et défendre leurs balivernes ; leur coach s’appelle Lotfi Laamari, leur imam préféré Férid El Beji, Leur expert génial est Moez Joudi, leur spectacle préféré l’éternelle Hadhra de Fadhel Jaziri. Les plus « modernes » d’entre eux sont fans de l’émission Capital de M6 et des livres de Paulo Coelho.
Ils se disputent les « j’aime », les « j’adore » et les « bravo » pour les statuts du rejeton de l’exécutif. Au papa, ils pardonnent tout, attendant stoïquement l’apparition de son génie supposé, prêtant à ses discours des subtilités qu’ils n’ont pas. La majorité de ce type de pauvres, sont des humanistes intermittents, ils veulent pardonner aux mafieux, et punir fermement les grévistes, les paresseux et les vendeuses qui oublient de leur rendre leurs petites monnaie (Pour le principe, nous disent-ils).
Dans leurs heures perdues, ils distribuent la nationalité Tunisienne aux uns, la confisquant aux autres. Le malaise des riches est à limite compréhensible, mais la haine des pauvres par ces derniers est pathétique et désespérante. Intransigeante, elle n’a d’égal que la somme de lâcheté, de renoncement et de trahison de leur personne après avoir gagné les miettes que leurs maîtres ont daigné leur laisser. Leur amertume irait en grandissant car la concurrence devient rude, entre eux ; leurs maîtres sont de plus en plus cupides, bêtes et méchants, les pauvres de plus en plus indisciplinés et agaçants, et eux, même pas repus.
Vous recherchez la compagnie des « grands », des inoubliables sensations. Evitez de vous réduire à de simples consommateurs frustrés. Cherchez la compagnie des vrais grands de ce monde, lisez leurs beaux testes, ressourcez-vous avec leurs belles musiques. Ouvrez vos yeux sur la beauté du monde. Les pauvres ne vous agaceraient plus. Avec un peu de chance, vous finirez par remplacer votre dégout par un minimum d’empathie. Et là, vous comprendrez que vous n’êtes point à l’abri de l’injustice de ce monde. Bientôt, vous n’aurez plus le droit aux miettes, quoique vous vendiez. Il vaut mieux échouer à essayer de changer le monde, que de perdre en se conformant à l’ensemble de ses bêtises. Rien n’est plus amer que de se retrouver, à l’automne de sa vie, insatisfait, agacé, ne supportant plus les éclats de rire des enfants, se disant « tout ça pour ça » !
Albert Camus disait : « L’homme n’est pas entièrement coupable : il n’a pas commencé l’histoire ; ni tout à fait innocent, puisqu’il la continue ». Tenter de s’inscrire dans la rupture avec ce monde, injuste et superficiel, est salvateur. Battez-vous, mais ne vous trompez pas de combat. Méprisez la misère, non ceux qui la subissent. Tentez de déloger ceux qui s’assoient dessus, au lieu de les courtiser. Et si vous trouvez niais ceux qui compatissent avec la misère des autres, pensez à ceux qui vivent aveuglement dans la névrose du « toujours plus », s’oubliant dans la tourmente qu’exige leur personnage. Existe-t-il un plus grand mépris de soi ?
Chère Madame, j’étais affligée à la lecture de votre article tellement il nous fait retomber dans la stigmatisation des pauvres contre les riches. Il y aurait des régions pauvres oubliées laissées pour compte et il y aurait les autres mieux nanties.
Madame, êtes-vous jamais partie dans le sud tunisien ? Avez-vous habité chez une famille de cette région ? Avez-vous vu les palmeraies délaissées de Nafta ? Avez-vous vu les mères de jeunes hommes à Zarzis vendre leurs bijoux en or pour payer le coût d’un voyage dangereux et illicite vers l’Europe ? Madame vous parlez d’infrastructure manquante mais je peux vous assurer qu’elle est meilleure à Tozeur qu’à certaines cités de la capitale.
Vous avez raison de dire que l’argent des hommes d’affaires sent mauvais mais ce n’est pas une spécialité tunisienne. Les opportunistes existent partout de par le monde et les arrêter ne passe que par une application stricte et sévère de la loi et si celle qui est en place ne suffit pas, il faut la réformer. Ce n’est pas un sit-in qui va arrêter la contrebande ou percevoir les impôts impayés.
La décentralisation est peut être une affaire d’état mais je crois ferme qu’elle est aussi affaire des citoyens. Vous voulez focaliser sur les coléreux, moi je focaliserai sur les optimistes ceux qui façonnent des fermes écologiques à la Hamma de Gabes, qui ramènent des caravanes de cultures comme des saltimbanques près du jbel Chaambi, ceux qui plantent des Sequoias pour faire reculer le désert et qui créent des circuits de randonnées écologiques à Jendouba.
Ravalez votre haine madame et venez discuter de vrais moyens à créer de la richesse, à exploiter un vrai potentiel humain et géographique qu’on ne cesse de décourager à force le plaindre et à considérer comme pauvre.
Ce ne sont pas les pauvres qui agacent mais ceux qui sont derrière eux.
C’est malheureux que les conditions déplorables de ces citoyens soient exploitées par des escrocs, des mafieux et des pseudo hommes politiques misérables.
Vous feriez mieux d’enquêter sur ces gens là au lieu d’attiser le feu qui va brûler le pays très prochainement.
Si vous avez besoin de noms, je suis à votre disposition
barvo , bravo et 1000 bravo madame vous avez tous dit
Bravo!
Texte beau et d’une grande justesse.
Oh vous êtes affligée madame ?! La charge contre les débris des classes moyennes a froissé votre cœur sensible et plein de bons sentiments humanistes. Normal, avec votre bonne conscience moralisatrice, vos platitudes ridicules et vos anecdotes grotesques (destinées à cacher la fait que vous vivez dans une bulle, très vite trahi par la suite) vous êtes la magnifique incarnation de ce que vomit l’article.
Mais vous nous faites autant marrer que vomir, avec vos “caravanes de culture”, “vos randonnées écologiques” etc. et votre optimisme “tout va bien madame la marquise”. Vous vivez sur une autre planète madame, c’est pourquoi entre vous et nous il ne peut y avoir de dialogue. Que chacun choisisse son camp, nous avons choisi et vous aussi avec votre réponse, mais vous ne pouvez l’assumer noyée que vous êtes dans votre bonne fausse conscience ou votre fausse bonne conscience.
Le texte est très mal écrit et truffé de fautes élémentaires de lexique (investigateur vs. instigateur, relayées vs. reliées, etc.), d’orthographe (au dépend vs. aux dépens, dégout vs. dégoût, etc.), de syntaxe (c’est pas vs. ce n’est pas, etc.) et de ponctuation (ouf!) . Dommage de se suffire d’un fond de pensée intéressant pour la desservir avec un texte aussi mal écrit!
Nawaat … est-ce avec ce genre de contributions que vous pensez pouvoir élever le niveau?
Première fois que je lis un article niais chez Nawaat.
Bravo , même si je ne partage pas la totalité de l’écrit , et que je suis contre les blocages des routes et sit in sauvage , le faite de reconnaitre que cela soit comme l’héritage de la politique Bourgibienne qu’a laissé ces gens abandonnés , sans création de richesse , de centre de formation d’école ou même de ville et village au tour de ces centre d’exploitation pour que un jour leur fils et fille soit acteur et participants à cette création de richesse , de négliger le méfaits de certaines industries en connaissent les risques pour l’humains et la biodiversité , d’omettre que seul l’école sans déboucher derrière ne résout pas le problème mais l’aggrave , que la politique de Ben Ali , a fait en sorte de valoriser l’argent mais aucune valeur morale autour , que les gens qu’appelle au patriotisme cachent leur argent a l’étranger , que les plus démunis dans ce pays sont souvent les plus généreux ,…….
Bref un pays qu’a besoin d’un RESET commençant par les cervelles de moineaux qui nous gouvernent , passant par les expert et journalistes qui cherchent leur FAKE news sur le net et qu’ont souvent pour seul source FB , en arrivant à la population avec le fameux mot « RASI RASI … »
@Bedhiafi Merci !
Alors comme ça je serais une marquise !! Eh bien, à la bonne heure.
Vous me jugez et pensez que je vis dans une bulle isolée juste parce que je dis qu’il faut cesser de stigmatiser. Et vous alors quand vous regardez de votre haute tour vous les voyez alors pauvres et petits ?
Oui parce qu’il y a des « vous »et des « nous » selon votre commentaire !! Sachez alors monsieur que je suis d’origine rurale et je sais que n’est pauvre que celui qui veut le rester. J’ai vu des gens évoluer dans l’échelle sociale par leur seule volonté et leur seul travail, je sais aussi que cela paye d’être optimiste mais là n’est pas le propos.
Attention je ne refuse pas les revendications des gens, mais juste la manière de le faire. Si on appliquait la loi sur tous les citoyens tunisiens, le pays se portera mieux, la richesse sera créée et on vivra en harmonie (oui ! les vous et les nous).
En Tunisie, on peut obtenir des micro-crédits pour lancer des petits projets. On peut suivre des formations de reconversions professionnelles ou d’entreprenariat.
Si on s’entête à ne voir que si qui est négatif, on ne verra que ça !! Et ce n’est pas un cliché du coaching personnel très en vogue en ce moment, mais une vérité vécue par votre humble marquise.
BRAVO ! MERCI ET BRAVO !
Les commentaires les plus longs sont souvent ceux qui ont ete piques au vif, qui se sont reconnus dans la description et auquels l’image renvoyee n’a pas plu ! El mojrab tehmzou mraf9ou !
:-)
Bravo pour ce bel écrit et cette magnifique contribution engagé qui vous fait honneur madame. Je suis affligé de voir certains commentaires qui se souvient plus de la forme de vos propos que de leurs fonds. J’espère que nous arriverons à mieux (nous) comprendre et à mieux (nous) entendre sur l’urgence cette expression spontanée et pacifique. Mais surtout de nous rendre compte sur la nécessité de ses revendications populaires de nos concitoyen(ne)s afin de faire évoluer les mentalités et en finir en bonne fois pour toute avec les affres du passé, quelqu’un soit. Amicalement.
instigateur!!!!
Vous êtes sûr d’avoir lu le texte d’où vous sortez “avec vos “caravanes de culture”, “vos randonnées écologiques” etc. et votre optimisme “tout va bien madame la marquise”?
De quelle plan-te parlez vous?
Je découvre votre texte, madame, en même temps que les commentaires.
J’ai plaisir à lire ce flot de colère et d’indignation qui touche juste au point de vous valoir les “rappels à l’ordre” des gardiens du temple si sourcilleux sur la forme et bien complaisants avec les nantis dont ils partagent la suffisance et la morgue, attirail commode pour s’épargner tout risque de voir la réalité des misères infligées aux plus démunis.
Je crois que c’est cela l’indignité.
.
Il a fallu la contre-révolution conservatrice en Occident pour accréditer la thèse, à grands renforts de litanies de discours managérial, qui fait peser sur l’individu seul la responsabilité de sa position sociale et du sort qui lui échoit.
Chez nous, les distinctions et autres partages sont naturalisés dans un prêt à penser séculaire.
Où sont les références religieuses parties? À quoi référe-t-on lorsqu’on évoque l’Islam?
Barredti 3ala galbi
Les pauvres comme vous dites ont le droit de manifester soit mais les nantis et pour moi c’est la classe moyenne ou la majorité silencieuse qui est composé d’hommes et femmes qui bossent fortement pour joindre les deux bouts avec généralement des enfants a élèves ont le droit de s’inquiéter pour le futur de leurs progenetures et leurs pays et non agacés comme vous dîtes d’après votre nom de famille vous êtes de la région et les harrar sont des nantis.