Olfa Terras Rambourg en campagne à Bizerte, 4 octobre 2019

A part Ennahdha et Nabil Karoui, la très controversée Olfa Terras Rambourg candidate aux législatives sur une liste 3ich Tounsi à Bizerte, est aussi concernée par cette polémique. Le déclencheur est un contrat signé le 07 mai 2019 entre elle et le cabinet America To Africa Consulting, connu par son acronyme A2A. En effet, ce cabinet sert à établir des liens de coopération commerciale et d’investissement entre les entreprises américaines et africaines. Il est fondé et dirigé par Jeannine B. Scott, qui a travaillé avec plusieurs organisations en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

Consulting ou lobbying ?

Selon ce contrat, A2A est engagé afin de créer des liens et à organiser des rencontres entre la bénéficiaire Olfa Terras Rambourg et des chefs d’entreprises, des décideurs économiques et des acteurs de la société civile aux Etats- Unis, en Amérique latine, en Europe et en Afrique. Le contrat vise aussi à faciliter des connexions avec des chefs d’entreprises aux Etats- Unis, notamment ceux issus de la diaspora tunisienne ou ceux qui ont des intérêts directs avec la Tunisie dans le domaine de la technologie et l’innovation. Il prévoit également la participation de la bénéficiaire au Sommet de l’Union Africaine en tant que membre de la société civile.

Les activités susmentionnées devraient se dérouler conformément au Foreign Agents Registration Act (FARA), qui représente le cadre légal de la convention entre Rambourg et le cabinet de consulting. Le contrat indique que les réunions visant à influencer les institutions et les particuliers américains dans le but d’améliorer le climat d’investissement en Tunisie et de plaider pour la démocratie et la bonne gouvernance sont définies en tant qu’activité politique.

Cet accord s’étale sur 4 mois, à compter de la date de sa signature, soit le 07 mai 2019. Il prévoit une somme de 15 mille dollars par mois (42 mille 819 dinars) versé au cabinet et aux différents consultants et contributeurs. Il prévoit également des dépenses supplémentaires allant jusqu’à 28 milles dollars (Environ 80 mille dinars) qui englobent les frais de déplacement, de les voyages, de communication et autres repas, hébergement, etc. Le séjour aux Etats- Unis du 02 au 08 juin a coûté, selon l’annexe C du contrat, 88 milles 389 dollars (Environ 252 mille dinars).

Cependant, et en vertu du contrat signé, le cabinet de consulting n’intervient en aucun cas dans des activités de lobbying et ne contactera pas les fonctionnaires du gouvernement américain pour le compte du client, contrairement au contrat signé entre Nabil Karoui et Dickens & Madson.

Nabil Karoui, principal objet de la polémique et Rached Ghannouchi, dont le parti Ennahdha est aussi concerné par un contrat conclu en 2014

Olfa silencieuse, ses proches s’expliquent

Malgré nos nombreuses tentatives de joindre Olfa Terras Rambourg, nous n’avons pas pu lui adresser nos questions. A la fois tête de liste de 3ich Tounsi pour les législatives à Bizerte et fondatrice de la Fondation Rambourg pour l’Art et la Culture, elle porte le poids lourd de ses deux casquettes lui attirant les foudres non seulement de ses adversaires politiques mais aussi de nombreux observateurs de la scène politique.

Sur El Hiwar Ettounsi, Aida Douggui Moreno, tête de liste 3ich Tounsi à Tunis 2, justifie la position d’Olfa Terras. Selon elle, le contrat ne concerne pas 3ich Tounis, mais plutôt la fondatrice du mouvement, vu sa spécialité et son intérêt pour la technologie et à l’innovation. Elle ajoute que le cabinet A2A n’a rien à voir avec le cabinet de lobbying, avec qui Nabil Karoui, candidat au deuxième tour des présidentielles, a conclu un contrat pour s’assurer du soutien des décideurs américains, russes, européens et onusiens.

Pour sa part, Guillaume Rambourg, l’époux d’Olfa Terras, a publié un post sur sa page Facebook pour apporter, partiellement, des éclairages par rapport au contrat signé.

https://www.facebook.com/guillaume.rambourg.1/posts/10158917918919465

Une affaire qui représente un enjeu de plus pour une Instance Supérieure Indépendantes des Elections (ISIE) déjà sous haute tension. Dès le lendemain de la révélation du contrat, Olfa Terras Rambourg fait l’objet d’un recours du parti Courant Démocrate qui a poursuivi en justice également Nabil Karoui et Ennahdha dont la collaboration avec l’agence Burson-Marsteller a été révélée par Nawaat en 2014.