Suite à une plainte déposée par le chargé du contentieux de l’Etat, Sami Fehri s’est retrouvé, encore une fois, épinglé par la justice. Et ce, après avoir été poursuivi depuis 2011 par l’Etablissement Télévision Tunisienne (ETT) pour avoir instrumentalisé abusivement ses ressources et avoir détourné des fonds à l’aide de hauts responsables de l’ETT.

Sofiane Sliti, porte-parole du pôle judiciaire économique et financier, a présenté les détails de l’affaire sur IFM le 06 novembre 2019. Il a expliqué qu’il n’y a pas de lien direct entre l’arrestation de Sami Fehri et l’affaire Cactus Prod ajournée au 26 décembre 2019. Là, il s’agit de liens suspects entre Eight Prod, Cactus Prod et Caméléon Prod. « Le chargé du contentieux de l’Etat a porté plainte auprès du pôle judiciaire par rapport à la conclusion de contrats hors des formes prévues par la loi entre Cactus Prod et Caméléon Prod. La brigade d’enquêtes dans les crimes économiques a entamé l’examen du dossier pour suspicion de corruption administrative et financière et de blanchiment d’argent », a-t-il ajouté.

La détention de Fehri ainsi que le gérant de Caméléon Prod et Ilhem Torjeman, administratrice judiciaire de Cactus Prod, a été précédée par la décision du pôle judiciaire économique et financier datant du 29 octobre 2019 relative à l’interdiction de voyage et le gel des avoirs de Sami Fehri et de son épouse Asma Ben Jemia, actionnaire majoritaire d’El Hiwar Ettounsi.

Or, la pièce maîtresse dans cette nouvelle affaire est Torjeman. Désignée administratrice judiciaire en juin 2011 suite à la confiscation de Cactus Prod dont 51% des actions reviennent à Belhassen Trabelsi, elle s’est trop impliquée à défendre les intérêts de Fehri plutôt que ceux de l’Etat. Par exemple, en juillet 2013, elle est intervenue auprès de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) pour régulariser la situation de la chaîne Ettounissia et lui attribuer une licence de diffusion.

La productrice Houyem Ajimi, l’administratrice judiciaire Ilhem Torjman et l’avocate Sonia Dahmani

L’affaire Cactus Prod remonte à 2011, lorsque l’ETT, ancien client de Cactus, a porté plainte après avoir essuyé des pertes financières considérables causé par le trafic d’influence de Sami Fehri épaulé par son associé BelHassen Trabelsi, le gendre du dictateur déchu Ben Ali. En effet, les annonceurs ont été obligés de diffuser leurs publicités dans les émissions produites par Cactus, d’après le témoignage de Moncef Gouja, ancien directeur de l’Etablissement de la Radio et de la Télévision Tunisienne (ERTT). Les conseillers de Ben Ali sont intervenus par ailleurs auprès de l’ERTT pour l’appeler à verser les fonds exigés par Cactus. De ce fait, la société a profité d’un libre accès aux studios et au matériel de la chaîne étatique de 2003 à 2010. Ce qui a permis à Cactus Prod de réaliser des bénéfices de 105,26 millions de dinars, d’après une enquête réalisée par Nawaat en décembre 2017.

Pour sortir de l’impasse, Sami Fehri a proposé au chargé du contentieux de l’Etat une indemnisation de 25 millions de dinars en 2017. Mais l’ETT a maintenu sa plainte, estimant que la somme proposée est inférieure aux pertes occasionnées. Le pôle judiciaire économique et financier chargé également de l’examen de cette affaire a plusieurs fois reporté l’audition de Sami Fehri et des cinq anciens directeurs de l’ETT. La prochaine audience se tiendra le 26 décembre 2019.