Diplômée en science de l’ingénierie et en management de projets de l’École centrale de Lille et de l’Université d’Austin au Texas, Hamdi s’avère être soutenue par d’influents politiques américains, notamment le député républicain élu au Texas, Michael McCaul. Selon le site Foreign Lobby Report, le Center for Strategic Studies on Tunisia (CSST), think tank enregistré par Hamdi à Washington en juillet 2020, bénéficie d’une attention particulière. D’ailleurs, elle a attendu jusqu’au 28 janvier, soit quelques semaines après sa nomination à Tunisair, pour annoncer le lancement de ses activités.
Un think tank qui a choisi son camp
Ainsi, le membre du Comité des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis, McCaul a appelé, dans une lettre officielle, ses collègues du Congrès à découvrir le CSST. Il les a même invités à un webinar organisé par cet organisme le 4 février. Et si la PDG de Tunisair présente vaguement ce think tank comme visant à « promouvoir des liens commerciaux, éducatifs et culturels entre la Tunisie et les États-Unis pour aider la Tunisie à devenir le modèle d’une nation prospère du XXIe siècle dans la région », le député américain a fait tomber la feuille de vigne. « Des nations aux intérêts hostiles aux valeurs occidentales comme la Chine et la Russie sont en train d’accroitre leur influence en Tunisie et autres pays voisins…», écrit-t-il, soulignant ainsi l’utilité du CSST.
Et il s’avère que l’organisme fondé par Hamdi est logé dans les locaux de Cornerstone Government Affairs (CGA), une importante société de lobbying connue par la concentration de son activité sur le secteur énergétique. Elle a déjà des clients dans la région dont le Groupe OCP, firme marocaine leader mondial de l’industrie du phosphate. Brent Greenfield, vice-président de CGA, a déclaré à Foreign Lobby Report que Hamdi a sollicité la firme pour « un appui organisationnel » au CSST. Un membre de la communauté tuniso-américaine cité par Foreign Lobby Report déclare qu’Olfa Hamdi semble être «une porte d’entrée pour un groupe de lobbyistes qui veulent la voir à un poste aussi prestigieux [celui de PDG de Tunisair] afin de pouvoir obtenir des contrats ».
Le CSST, point de chute de lobbyistes américains
Quatre sur cinq experts du CSST sont des employés de CGA. Il s’agit de Jack Belcher, ancien directeur du personnel du sous-comité américain sur l’énergie et les ressources minérales, Brent Greenfield, vice-président de CGA expérimenté sur les questions du Moyen-Orient et de l’ Afrique du Nord, Paul Looney, ex-assistant législatif du député républicain Ed Royce (Californie), et Morgan McCord, un haut responsable de la firme.
Le cinquième expert qui ne relève pas de CGA est Mitchell Weisberg, un professeur de gestion de l’Université Northeastern de Boston. Mais il figure dans la liste de conseillers internationaux choisis par Hamdi censés aider au redressement de Tunisair.
D’ailleurs, ces lobbyistes ont commencé à agir peu après l’enregistrement du CSST à Washington et bien avant l’annonce du lancement de ses activités. Ainsi, Jack Belcher a publié sur le site du CSST, en septembre 2020, un article appelant les Etats-Unis à mieux exploiter les ressources d’énergie fossile en Tunisie. Ainsi, il a écrit: « comme l’ont démontré les événements récents et les ressources et l’emplacement stratégiques de la Tunisie, des opportunités importantes existent pour élever le rôle du pays en tant que leader énergétique dans la région, y compris grâce aux investissements des entreprises américaines ». Brent Greenfield est allé dans le même sens, en incitant les Etats-Unis à faire de la Tunisie une pièce maitresse dans sa lutte contre l’extrémisme.
Avant d’être propulsée au poste de PDG de Tunisair, Olfa Hamdi a créé en 2017 une entreprise en Californie. Il s’agit de Concord Project Technologies, qui offre des services de consulting au profit de projets d’infrastructures. Or Foreign Lobby Report rapporte que cette société a reçu lors de la crise Covid-19 en mai 2020, un crédit de 12500 dollars, dans le cadre du Small Business Administration (SBA). Une somme correspondant à des dépenses annuelles de 60 mille dollars, en tant que charges salariales pour un seul et unique employé. Pour rappel, en tant que PDG de Tunisair, Hamdi est appelée aujourd’hui à gérer le destin de 7800 travailleurs.
Histoire récente des lobbies américains en Tunisie
Ce ne sera pas la première fois que des lobbies américains s’invitent dans l’actualité tunisienne. A la veille des législatives de 2014, le parti Ennahdha avait engagé le géant US des relations publiques Burson-Marsteller.
Et à quelques jours du scrutin de 2019, un nouveau séisme avait secoué la scène politique tunisienne après la publication le 2 octobre, de contrats signés entre des candidats aux élections législatives et présidentielles et des cabinets de lobbying et de consulting étrangers. Ainsi, l’actuelle députée Olfa Terras Rambourg avait signé, le 7 mai 2019, un contrat avec le cabinet America To Africa Consulting. Et là déjà, l’accord mentionnait des « réunions visant à influencer les institutions et les particuliers américains dans le but d’améliorer le climat d’investissement en Tunisie et de plaider pour la démocratie et la bonne gouvernance ».
Le 3 octobre 2019, l’administration américaine avait fait état d’un contrat de lobbying à hauteur d’un million d’euros entre Dickens & Madson Canada Inc. et Nabil Karoui, le président de Qalb Tounes et candidat au deuxième tour des élections présidentielles de 2019.
En somme, les Tunisiens ne semblent donc pas devoir la soudaine apparition d’Olfa Hamdi uniquement à la providence. A croire que la situation précaire de la compagnie aérienne locale aiguise les appétits à l’international.
voilà une anglophone. çà nous change des franalphabètes , laquets de la France.
et que dire de ces étudiants des “grandes écoles” françaises, et surtout polytechnique, qui portent l’uniforme de l’armée française durant leurs études.
futurs lobbyistes pour la France.