Les gaz à effet de serre sont issus de l’utilisation des combustibles fossiles. Les événements climatiques vécus en particulier au cours des derniers mois, ont permis de sensibiliser nos concitoyens à certains des effets des changements climatiques. Mais ils ont aussi exposé notre vulnérabilité face aux chaleurs extrêmes.
Manifestations des changements climatiques
Les changements climatiques présentent certaines caractéristiques qui sortent du cycle naturel connu du climat. Parmi ces manifestations, citons les éléments suivants :
- Hausse du niveau de la mer, lié à la fonte des calottes glaciaires. La Méditerranée, par exemple, a vu son niveau s’élever au cours du siècle dernier, et cette élévation est toujours en cours. Les régions les plus vulnérables face à cette montée du niveau de la mer sont surtout les îles à basse altitude, comme Kerkennah par exemple. A l’échelle globale, les deltas (Asie), et certaines îles sont les plus menacées (les Maldives…).
- L’augmentation des inondations instantanées, suite à la tombée de grands volumes d’eau en peu de temps. L’infrastructure existante se trouve incapable de gérer les flux d’eaux courantes, d’où les inondations des zones basses notamment des villes. Nous avons connu ces phénomènes l’hiver dernier et d’autres saisons précédentes, et risquons de voir le même phénomène se reproduire dans l’avenir.
- Hausse de la température moyenne annuelle. Cette hausse peut s’accompagner par des pics de température (vagues de chaleur) et même de canicule (températures ne descendant pas au-dessous de 30°C en 24 heures). Ces périodes de canicule ont des impacts directs sur la santé humaine, particulièrement sur les personnes fragiles (vieillards et très jeunes enfants).
- Baisse des précipitations, plus sensible pendant la saison hivernale que pour le reste de l’année.
- Intrusion marine et salinisation des aquifères souterrains littoraux.
- Accroissement du risque d’incendies, notamment pendant les périodes de grandes chaleurs. Les incendies seront plus étendus et plus violents. Nous avons observé ce phénomène cette année en Algérie, Grèce, Turquie, péninsule ibérique et même en Tunisie…
- En plus des phénomènes précédents, nous pouvons ajouter encore, le changement des aires de répartition des espèces naturelles et domestiquées, l’augmentation du taux d’extinction des espèces dont les conditions de l’environnement n’assurent plus le maintien…
Conséquences des changements climatiques
Parmi les conséquences des changements climatiques, citons :
- Un impact négatif sur certaines activités économiques, notamment le tourisme ;
- Une extension du phénomène de la désertification (diminution de la fertilité des terres) ;
- Des phénomènes de migration forcée, notamment des campagnes vers les villes (exode) lorsque les conditions de vie deviennent difficilement tenables, mais aussi des migrations internationales (migrations climatiques) ;
- Une réduction de la disponibilité en eau et des perturbations dans sa gestion, phénomène que nous constatons depuis quelques années ;
- Diminution des rendements des cultures, impactées par les fortes chaleurs et la faible disponibilité de l’eau ;
- Un accroissement de la vulnérabilité des personnes fragiles lors d’évènements climatiques extrêmes ;
- Une extension de certaines zoonoses (leishmaniose par exemple)…
Spécificités des changements climatiques
Comme souligné précédemment, les changements climatiques sont liés à l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Mais grâce aux courants atmosphériques, leurs effets n’ont pas lieu dans leurs zones de production. Ceci veut tout simplement dire que les pays industrialisés qui sont la cause principale des changements climatiques ne sont pas nécessairement les plus impactés par ces changements. Ainsi, la Méditerranée et l’Afrique du Nord sont considérées comme des “hot spots” des changements climatiques. On prévoit que le réchauffement de la Méditerranée sera de 25 % supérieur au réchauffement enregistré au niveau global.
Ainsi, les pays industrialisés ont une dette envers les pays qui subissent le plus l’impact des changements climatiques dont ils sont la cause. Or les changements climatiques n’affectent pas de la même manière toutes les couches sociales. Ce sont surtout les pauvres et les marginalisés (petits producteurs, pêcheurs, pasteurs…) qui souffriront le plus des changements climatiques.
Quelles formes d’adaptation face aux changements climatiques ?
Globalement, deux stratégies se dessinent face aux changements climatiques :
- Une stratégie d’atténuation, qui vise à réduire les émissions des gaz à effet de serre et qui concerne les plus grands émetteurs de ces gaz ;
- Une stratégie d’adaptation qui nous concerne ici, simplement parce que nos émissions en gaz à effet de serre sont négligeables par rapport aux émissions globales. Ceci ne nous donne en aucun cas un droit de polluer, mais nous pousse à adopter des comportements responsables nous permettant de survivre sous des conditions difficiles, voire limites.
Les formes d’adaptation que nous sommes appelés à adopter concernent pratiquement tous les aspects de la vie. Ils concernent les infrastructures, les structures de l’habitat, la santé, etc. Limitons-nous à des actions pouvant être menées tant par les individus que par les petites communautés :
- Encourager la consommation des énergies renouvelables (surtout solaire) au niveau des foyers et des administrations, mais aussi dans les secteurs les plus énergivores et contraindre les grandes surfaces à installer des panneaux solaires pour la production d’énergie. Remarquons dans ce cadre que la tendance à utiliser des panneaux solaires pour le pompage est à surveiller de près, car les agriculteurs ont tendance à pomper l’eau et à l’utiliser hors contrôle, contribuant ainsi à l’épuisement des nappes et à une sur-utilisation de l’eau. Cet excès d’eau a abouti dans certains cas à la mort de certaines oasis par exemple ;
- En agriculture, recourir aux espèces et variétés résistantes à la sécheresse, sachant que les semences commercialisées ne présentent pas ces propriétés. L’adoption de techniques d’économie de l’eau d’irrigation est une piste à creuser et développer ;
- Adopter et développer des techniques agroécologiques en mesure de produire ce dont nous avons besoin de consommer et assurer une meilleure résilience face aux changements climatiques ;
- Collecte des eaux pluviales, aussi bien chez les particuliers que pour les collectivités ou les habitats collectifs. Ces eaux peuvent servir tant à la consommation humaine que pour l’arrosage des espaces verts. Remarquons dans ce contexte que des techniques d’hygiène sont à vulgariser pour que les eaux des citernes ne soient pas source de multiplication et de diffusion de germes pouvant causer des maladies (hépatite par exemple) ;
- Interdiction du lavage des voitures pendant les périodes sèches ainsi que la construction des piscines dans des régions affectées par le manque d’eau ;
- Planter des arbres là où c’est possible, notamment en milieu urbain, pour atténuer les extrêmes climatiques et lutter contre les îlots de chaleur ;
- Maintenir le couvert végétal naturel et le renforcer par des programmes de reboisement continus ;
- Assurer un contrôle strict des secteurs les plus gourmands en eau ;
- Réduire les pertes d’eau dans les réseaux de distribution de l’eau potable, surtout quand plus de 20 % de l’eau est perdue ;
- Pousser vers une meilleure qualité de l’eau potable, pour réduire la consommation de l’eau en bouteille et barrer la route aux marchands d’eau ;
- Améliorer la qualité des eaux usées traitées, et pousser vers un traitement tertiaire de ces eaux pour pouvoir les réutiliser sans risque ;
- Verdir les toitures, du moins celles des grands immeubles, pour atténuer les chaleurs extrêmes des habitations des derniers étages ;
- Bannir les emballages plastiques et le plastique à usage unique. Ce point n’a pas un lien direct avec les changements climatiques, mais peut contribuer à l’amélioration de la qualité de notre cadre de vie ;
- Développer le secteur du recyclage, afin de réduire la pression sur les ressources naturelles non renouvelables…
En conclusion… la justice climatique
Les inégalités en termes d’impacts des changements climatiques exigent justice. C’est ce qu’on qualifie de “justice climatique”, ce mouvement mondial qui exige de la part des nantis (pays et entreprises) réparation en faveur des plus vulnérables. Parce que ceux qui subissent les impacts négatifs des changements climatiques n’en sont pas la cause.
Exiger la justice climatique, c’est militer en faveur des plus marginalisés dans ce système-monde et qui ne sont pas ses acteurs déterminants.
Les actions citées ci-dessus, pour être justes, doivent donc être accompagnées par des mesures incitatives en faveur de ceux qui ne disposent pas de moyens pour les adopter. Cela veut tout simplement dire, pour le cas de la Tunisie, que les aides provenant des fonds liés au climat doivent s’orienter en priorité pour améliorer les conditions d’existence des catégories sociales les plus vulnérables et non pour améliorer le confort des plus nantis.
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