Crédit : Ahmed Zarrouki

La Tunisie importe le café notamment du Brésil, du Vietnam et du Kenya. Le coût de l’importation de cette denrée  a grimpé de 99,800 million de dinars en 2012 à 150,300 million de dinars en 2020, selon les chiffres de l’Institut National des Statistiques (INS). Entre octobre et novembre 2021, notre pays a importé 432,935 sacs de café de 60 kilos chacun, indique l’Organisation internationale du café.

Dans le but de palier aux fluctuations incessantes des prix, l’Etat subventionne ce produit. L’Office du Commerce de la Tunisie (OCT), établissement relevant du ministère du Commerce, est chargé des opérations d’importation ou d’exportation, en vertu de la loi qui régit le secteur. Dans les faits, l’OCT détient le monopole d’importation de certains produits, dont le riz, le sucre et le café. Le problème ? « L’OCT n’a pas suffisamment de stock pour le distribuer aux torréfacteurs, qui, à leur tour, approvisionnent les cafés », nous confie Sadri Ben Azzouz, président de la chambre nationale des propriétaires de cafés.

Crise d’approvisionnement

Selon une source de l’OCT, les différents centres régionaux sont progressivement approvisionnés  en grains de café. « On a reçu actuellement 7 mille tonnes de café. Nous avons dépassé la crise », révèle la source, assurant que des quantités supplémentaires seront livrées dans les prochains jours.

De son côté, le président de la chambre des propriétaires de cafés estime que l’OCT n’a pas importé les quantités nécessaires de grains de café, pour les distribuer aux fournisseurs. Dans ce cas, deux scénarios sont envisageables: soit l’office n’a pas correctement estimé la quantité destinée à la consommation, soit il n’a pas les moyens financiers de compenser ce produit et de payer les frais de transport. « Il est probable que l’office a sous-estimé les besoins en grains de café, vu que la demande a diminué durant la période de la pandémie. Par conséquent, elle n’a pas fourni des quantités suffisantes. Il est probable aussi que l’office ne dispose pas des moyens financiers pour payer les frais de transport et de compensation », affirme Sadri Ben Azzouz de la chambre des propriétaires de cafés.

Le gérant d’un établissement au quartier de Lafayette, à Tunis, tient le même son de cloche. Il nous confie que le stock de grains de café est sur le point de s’épuiser. « Au bout de deux ou trois mois, il sera terminé. Heureusement, notre fournisseur nous ravitaille encore, sinon on n’aurait pas pu résister. Le secteur est en crise et les fournisseurs internationaux ne nous font plus confiance. L’Etat n’arrive même plus à payer les navires de transport », déplore le propriétaire du café. Un deuxième cafetier défend toutefois une autre vision des choses : « Dieu merci, nous avons suffisamment de stock pour le moment. J’ai déjà un dépôt et les quantités sont largement suffisantes », clame-t-il.

Appels à la libéralisation de l’importation

Le responsable de l’OCT avoue que le fardeau de la compensation des grains de café pèse de plus en plus lourd, alimentant les appels à lever la compensation sur ce produit. « Le kilo de grains coûtait 7,000 de dinars, alors que maintenant ça a grimpé à 14,500 dinars. Donc la compensation est d’ores et déjà levée », présume Sadri Ben Azzouz, qui revendique depuis le début de la crise, la libéralisation de l’importation des grains de café.

« La libéralisation de l’importation relève du ministère de tutelle. C’est un choix stratégique qui devrait émaner de l’Etat », déclare le responsable de l’OCT à Nawaat. Or, le président de la chambre des propriétaires de cafés préconise la libéralisation de l’importation du café. « Si on met fin au monopole de l’Etat, les torréfacteurs peuvent importer de nouvelles variétés et diversifier l’offre en comptant sur leurs réseaux dans les différents marchés, sans passer obligatoirement par l’intermédiaire de l’office. Si l’Etat n’arrive plus à assumer les charges d’importation, il faut permettre aux torréfacteurs d’importer », affirme Sadri Ben Azzouz de la chambre des propriétaires de cafés.

En attendant, les crises d’approvisionnement se succèdent depuis des mois, affectant de plus en plus la qualité de vie des Tunisiens.