Nawaat a vérifié la validité de la déclaration du ministre des Affaires étrangères (à partir de la 18ème minute), dans laquelle il a nié l’existence légale du Parti nationaliste tunisien. Il s’est avéré que la page Facebook officielle du service des Relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, relevant de la présidence du gouvernement, a publié le 11 décembre 2018 un communiqué annonçant la création du Parti nationaliste tunisien. Le communiqué a même indiqué que le parti est présidé par Sofiene Ben Sghaïer.

Des médias locaux ont rapporté l’information le jour même. En clair, cela signifie que le parti nationaliste tunisien a effectivement une existence légale selon cette institution officielle, contrairement à ce qu’a déclaré le ministre des Affaires étrangères.

Il y a environ un mois, ce parti a provoqué une vive polémique en Tunisie et à l’étranger, en raison de ses campagnes racistes appelant à expulser les migrants subsahariens. Le Parti nationaliste tunisien a mené des campagnes de terrain et sur les réseaux sociaux, dans lesquelles il a appelé les Tunisiens à rompre toute relation avec les Subsahariens et à ne pas les employer. Des appels qui ont été traduits dans les faits par des agressions ciblant cette catégorie de migrants.

Le parti a indiqué sur sa page Facebook officielle que le ministère de l’Intérieur est informé au préalable de toutes les campagnes menées sur le terrain. Par ailleurs, le secrétaire général du parti, Houssem Touben avait précédemment déclaré à Nawaat que le gouverneur de l’Ariana a reçu des membres de leur mouvement, le 29 décembre dernier. Un mois plus tard, le 9 février 2023, des figures du parti s’afficheront même sur Facebook en compagnie d’un responsable du service des  relations avec les instances constitutionnelles et la société civile. Une rencontre qui a précédé la réunion du Conseil national de sécurité tenue le 21 février.

A l’issue de cette réunion, la présidence de la République a diffusé un communiqué qui a provoqué une vive controverse à l’échelle nationale et internationale. Ainsi, la présidence a fait sienne la rhétorique du parti nationaliste tunisien, pointant « une entreprise criminelle commencée depuis le début de ce siècle visant à changer la composition démographique de la Tunisie ». Et de vilipender « des tierces parties ayant reçu des financements colossaux depuis 2011 pour peupler le pays par des migrants clandestins de l’Afrique subsaharienne ». L’objectif étant de « dépouiller la Tunisie de son identité arabo-musulmane » et de la réduire uniquement à sa dimension africaine.

Depuis, les autorités tunisiennes sont accusées de racisme. Les propos présidentiels ont été salués par des figures de l’extrême-droite française à l’instar d’Eric Zemmour. L’Union Africaine a dénoncé ces dérives, tandis que la Banque mondiale a déclaré suspendre  son partenariat avec la Tunisie.