Djebel Jelloud, Sidi Hassine, Hay Hlel, trois quartiers à la périphérie de Tunis où la vie se poursuit en marge des circuits officiels. Voici donc une plongée au cœur de la marginalité.

Djebel Jelloud, Sidi Hassine, Hay Hlel, trois quartiers à la périphérie de Tunis où la vie se poursuit en marge des circuits officiels. Voici donc une plongée au cœur de la marginalité.
Le quartier de Hay Hlel est situé à moins de 4 kms du centre de Tunis, à un jet de pierres du Parlement, et à deux pas du siège le gouvernement. Il ne comprend pourtant aucun poste de police ni aucun point sécuritaire permanent depuis décembre 2010. Les habitants de la zone sont unanimes: leur relation avec l’État se limite à la carte d’identité et aux poteaux électriques.
A peine 3 kilomètres séparent la région de Djebel Jelloud du centre de Tunis. Il s’agit de l’une des plus anciennes zones industrielles, avec une histoire qui remonte aux années 1940. Son emplacement stratégique en a fait une zone attractive pour la main-d’œuvre tunisienne. Mais de nos jours, c’est plutôt le marasme économique et le chômage, ainsi que le spectre de la drogue qui s’étendent sur le quartier. « L’Etat se contente de siphonner l’argent des usines. Il n’y a ni développement ni emploi ici », déplorent les habitants. Dans la cité, la situation environnementale ne cesse de se détériorer. Les constructions anarchiques se multiplient. Et les zones vertes sont délaissées, voire détournées de leur vocation originale. L’accès à l’éducation, le droit à une vie sûre à la santé, censés être garantis par le Code de protection de l’enfance, paraissent hors de portée à Djebel Jelloud. Et la colère reste vive dans ce quartier qui a vu naître le martyr de la gauche tunisienne, Chokri Belaid, en 1964.
Au bord de la Sebkha de Sijoumi, cette lagune salée riche en biodiversité et dévastée par la pollution, des citoyens démunis cherchent à gagner leurs vies à la marge. Ici, à Sidi Hassine, treize kilomètes nous séparent du centre de Tunis. Pourtant, il est difficile de se déplacer et d’accéder aux soins. Les services publics assurent de moins en moins leurs fonctions. Ici, l’abandon scolaire a atteint un niveau assez élevé pour mobiliser une société civile locale aussi déterminée que délaissée par les autorités régionales. Non seulement écrasés par le poids de la marginalisation et de l’injustice sociale, les jeunes de Sidi Hassine observent le sentiment de la hogra s’accroitre parmi leurs rangs au fil des violences policières qu’ils subissent. Ici, ils n’ont pas oublié Aymen Othmani tombé, en octobre 2018, sous les balles de la douane. Pourtant, à Sidi Hassine, on espère, on rêve et on porte des initiatives. Ici, des jeunes brisent la muraille du silence en crachant leurs rimes et en faisant vibrer les rues à leurs pas de danse.