Le 31 octobre, l’Association des journalistes Nawaat a reçu une notification des autorités, lui ordonnant de suspendre ses activités pour un mois, dans une tentative de la museler, et de l’empêcher de contribuer à la vie publique. Après plus de deux ans de campagnes de diffamation, de calomnie, de harcèlement et d’enquêtes policières visant Nawaat, voici que les autorités, ne tolérant guère les voix critiques, ont recours à la suspension.
Notre équipe juridique a interjeté appel de cette mesure inique, et son examen a été reporté au 3 décembre. Mais entretemps, les voix libres du secteur des médias, et à leur tête le Syndicat national des journalistes tunisiens, des acteurs indépendants, des activistes de la société civile, se sont ralliés à notre cause avec conviction et détermination.
Ce soutien remarquable a détourné les tentatives de censure, pour en faire le moteur d’une vaste campagne de diffusion du travail journalistique de Nawaat, lui permettant de faire porter davantage sa voix et de rayonner sur les réseaux sociaux. Ce soutien a adressé un message ferme et serein à ceux qui tentent de faire taire les voix libres : l’unité du secteur et son action collective demeurent le seul moyen de contrer toute tentative de brider une liberté conquise de haute lutte par le peuple, contre les tyrannies passées. Nous adressons nos plus vifs remerciements à tous ceux qui ont contribué au succès de cette campagne de soutien, en défendant les médias qui résistent à la médiocrité ambiante.
Ces tentatives n’auront donc pas réussi à intimider le secteur, encore moins à le museler. Mieux : elles parviendront à remettre la question de la liberté d’expression et de la presse au cœur de l’actualité nationale, infligeant un cinglant démenti à tous ceux qui prétendaient dissocier le pain de la liberté et de la dignité nationale. Le soutien que nous ont prodigués des syndicats, des associations de Tunisie et du monde entier, a ravivé nos espoirs de liberté. Les messages de résistance médiatique que nous ont adressés des étudiants en journalisme à la détermination inébranlable, méritent une mention spéciale. Manifestement, la nouvelle génération qui n’a pas grandie sous le joug de la dictature, n’est pas près de se soumettre au règne de l’oppression et au pouvoir arbitraire.
Une campagne aussi vaine qu’échevelée s’est déchaînée à la fois contre Nawaat, et plusieurs organisations défendant les couches sociales opprimées et marginalisées, à l’instar du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux et l’Association tunisienne des femmes démocrates. Ces organisations ont été contraintes de fermer temporairement leurs bureaux et donc de suspendre leur soutien à des citoyens laissés pour compte par les autorités. Mais des manifestations, des pétitions, des réunions de soutien ont nourri la vague de solidarité, balayant les velléités de ceux qui prétendaient bâillonner la liberté d’expression.
Les sbires du pouvoir auront beau dégainer les décisions de fermeture administratives, ils ne parviendront pas à réduire au silence les voix libres. Nawaat continuera de s’exprimer depuis chaque empan libre de la terre, comme l’ont expérimenté les régimes précédents.
Nous revenons aujourd’hui pour diffuser la parole des sans-droits, ceux que les laudateurs du pouvoir voudraient faire taire. Nous revenons pour ouvrir les dossiers de la nature asphyxiée, pour traduire les idées des artistes et des créateurs. Nous revenons remplis de fierté et déterminés, alors que nous ne nous sommes jamais absentés. Nawaat ne sera jamais réduite au silence.




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