(Le transfert colossal des richesses)

« Quand nous avions découvert le pétrole dans les années soixante dix, la Norvège était déjà une démocratie avec des institutions bien solides. Il n’y avait pas de corruption, par contre si, qu’il avait un consensus politique sur la redistribution des bénéfices. Il était bien évident que les ressources appartiennent au peuple et que le gouvernement était chargé de la gestion de ces bénéfices dans l’intérêt commun de tous. C’était le meilleur point de départ. Par conséquent aujourd’hui, il y a des gens riches, mais aucune personne ne s’est faite millionnaire grâce au pétrole. » (Extrait d’un entretien avec le premier ministre norvégien Jonas Gahr Stoere publié par le quotidien espagnol El Pais )

I- Un déluge de milliards.

Émirats Airlines, une de ces compagnies aériennes aux couleurs de l’un de ces États du Golfe constitué par sept émirats ou sept tribus,qu’on connait sous les noms d’Abou Dhabi, Ajman, Charjah, Dubaï, Fujaïrah, Ras el Khaïmah et Oumm al Qaïwaïn, vient d’injecter la « modique » somme de 20,200 milliards de dollars (14,155 milliards d’euros) dans les caisses de l’EADS, la compagnie européenne qui construit, entre autres, l’avion Airbus et l’avion militaire Eurofighter. Elle l’a fait en signant à Paris un contrat ferme pour l’achat de 11 avions A-380 et 70 appareils du type A-350 XWB, un avion de long courrier. Le plus important contrat de toute l’histoire de la compagnie européenne, y compris celui qui sera signé par la Chine lors de la dernière visite du président français, Nicolas Sarkozy, au mois de novembre 2007. De son côté l’autre compagnie aérienne, toujours du même état, mais de l’autre émirat, la DAE, Dubaï Aérospatial Enterprise, a signé un autre contrat portant sur l’achat d’un nombre aussi important d’avions du même type dont le montant dépasse les 7,918 milliards d’euros. Quelques mois plutôt, c’était le tour du Qatar de signer un autre contrat similaire qui a renfloué les mêmes caisses de l’EADS d’une somme non moins gigantesque, plus de 14 milliards d’euros.

Quant aux Saoudiens qui sont toujours les premiers à « s’intéresser » de près aux nouveautés non seulement dans le secteur de l’aéroport spatial militaire et civil, mais dans tous les secteurs de pointe de la technologie, ils n’ont pratiquement jamais cessé de signer des contrats successifs, aussi monumentaux que singuliers, les uns que les autres, suivis inévitablement des pots de vins milliardaires destinés aux émirs en actif. Avec l’Angleterre seulement ils ont, depuis l’époque de Thatcher, en 1985, établi un calendrier d’achats permanent. Deux intermédiaires qui avaient joué le rôle déterminant dans la conclusion de ce contrat du siècle et par la suite dans l’acheminement à bon port les commissions aux différents princes sont : Wafic Saïd un multimillionnaire d’origine syrienne, mais avec résidence fiscale à Monaco, différents compte bancaire en Suisse et vit dans un palais à Oxford. L’autre est Mohammed Safadi aussi un multimillionnaire. Il est un homme politique libanais qui dirigeait le ministère des travaux public et en même temps le PDG de Safadi Group. De ce contrat qui était un genre de troc bien péculier et qui consiste à échanger des avions militaires de toute dernière génération contre du pétrole à raison de 600.000 barils par jour, le prince Bandar Bin Sultan, qui était ambassadeur à Washington, va recevoir à lui seul sur une dizaine d’années 1,800 milliard de dollars. Sultan son père qui exerçait à l’époque de ministre de la défense de la dynastie Saoud, recevra des quantités non spécifiées, mais à plusieurs reprises et sous différentes formes dont, par exemple, le frais de mariage de l’une des ses filles, demi-sœur de Bandar, qui ont été réglés par les soins de EADS System y compris des cadeaux millionnaires et les factures du voyage de noce. Et depuis les générations d’avions se sont succédées et le robinet du pétrole coule à flot en Angleterre pour la prospérité des sujets de sa majesté et celle de la reine elle-même qu’on considère comme l’une des plus grosses fortunes du monde. Quant aux avions militaires livrés aux saoudiens, Dieu seul sait où ils se trouvent. Cet accord historique avec les anglais et qui porte nom Al Yamamah est toujours en vigueur. Avec les autres européens, comme la France, l’Allemagne ou l’Italie, il y a des engagements du même genre dans le domaine militaire ou civil bien qu’on en parle beaucoup moins. Mais le gros, la part du lion, dans toutes « ces transactions commerciales milliardaires » revient évidemment aux États-Unis. Le tout dernier contrat de fourniture d’armements signé avec les américains s’élève à 20,000.000.000 milliards de dollars. D’autre part et dans la seule période de janvier à octobre 2007, les saoudiens ont injecté dans les caisses des différentes compagnies américaines 12,560.000.000 milliards de dollars. Les Émirats, leur emboitant le pas, ont à leur tour et pour la même période apporté 8,277.900.000 milliards de dollars.

À part les retombées financières immenses qui ouvrent tous les horizons aux industries de toute sorte, chaque contrat consolide des dizaines de milliers de postes de travail et génère en même temps des milliers d’autres. Selon le Centre de l’Économie et de la Défense de l’Université de York en Angleterre, le dernier contrat des 72 Eurofighter achetés par les saoudiens et qui était menacé de suspension, à la suite des révélations faites autour des pots de vin versés aux émirs, par le journal de Londres, The Guardian et la BBC, aurait supprimé, si les menaces des saoudiens avaient été mises à exécution, d’un seul coup 50.000 emplois. Par contre en le scellant, les saoudiens assurent les 50.000 postes en question et en ajoutent 11.000 supplémentaires. D’ailleurs Lord Goldsmith, l’équivalent de procureur du Royaume Uni, sous l’instance du premier ministre Tony Blair, s’est appuyé particulièrement sur cette question pour ordonner l’arrêt de l’enquête sur ces pots de vin qui était en cours. Et ainsi entre l’honneur et les barques, Lord Goldsmith a choisi les barques. Mieux dit, dans ce cas, les avions.

À part les milliers de postes de travail en question, des milliers d’autres, dans le cadre du service après-vente avec ses « monteurs » et ses « techniciens » occidentaux qui se déplacent en Arabie, pour un séjour plus que confortable et hautement lucratif qui dure quelques années, pour veiller à la maintenance et au montage des produits fournis qui arrivent généralement en pièces détachées dans des milliers de containers. Le séjour des uns se termine quand celui de milliers d’autres commencent à la suite d’un nouveau contrat signé pour renouveler le « matériel périmé ». Qu’il s’agisse d’avions militaires ou des chars ou de tout autre produit. Depuis plus d’un demi siècle les saoudiens ont été régulièrement au rendez-vous, ont renouvelé sans faille et chronologiquement toutes ces opérations milliardaires. Faut-il encore souligner que tout ce gigantesque matériel de guerre n’a jamais été utilisé dans une guerre en défense du territoire et n’a été ni même exhibé dans les simples défilés de circonstance. La sécurité du territoire « saoudien » relève depuis l’époque du président américain Roosevelt des prérogatives du Département de la Défense US, le Pentagone. Et d’ailleurs depuis plus d’un demi-siècle, la sécurité des tous les autres territoires du Golfe, à exception de l’Irak jusqu’à 2003, et, de l’Iran jusqu’à nouvel ordre, se trouve aussi confiée aux mêmes américains et subsidiairement aux anglais et à tous les autres européens dont la France. En effet, selon les propos tenus à plusieurs reprises par l’ancien président français Jacques Chirac et repris littéralement par le nouveau président Sarkozy, la région du Golfe fait indiscutablement partie des intérêts vitaux de la France. Peu avant la relève présidentielle, Chirac qui était en visite aux sous-marins nucléaires de toute nouvelle génération en Bretagne française, avait laissé entendre que la France n’hésiterait pas un seul instant à défendre ses intérêts où qu’ils se trouvent, utilisant tous les moyens y compris le nucléaire. Il n’y a pas de doute là-dessus !

II- Des frontières électroniques impénétrables

Tout cela n’empêche pas les proches conseillers, américains et surtout anglais du « royaume saoudien » de recommander, à titre de mesures de sécurité supplémentaires, la construction d’une muraille d’une longueur de 885 kilomètres, tout au long de la frontière avec l’Irak, tel comme l’a déclaré, le ministre de l’intérieur de la Maison Saoud, Mansour Al Turki au journal Al Hayat édité à Londres tout en affirmant que les travaux seront complètement achevés en 2009. Cette « œuvre grandiose » est déjà adjugée, sans nécessité de passer par un appel d’offre international à une compagnie américaine, comme il se doit, une filiale de la plus que fameuse Haliburton, la compagnie qui était dirigée par le vice président américain Dick Cheney et pour laquelle ce dernier garde toujours une nostalgie particulière. On parle d’un coût de 8,5 milliards de dollars. Leurs cousins, la Maison Assabbah du Koweït avaient déjà dans les années 90 élevé le même genre de muraille, aussi tout au long de la frontière avec l’Irak. C’est une barrière de 210 kilomètres. Les autorités responsables de cette principauté qui a été, de tous les temps et surtout depuis sa création officielle par les anglais, en 1963, la source des principaux malheurs pour les irakiens, de l’époque du président Abdel Karim Kassem, et de beaucoup de malheurs pour une grande partie des peuples arabes, des plus proches aux plus lointains, ne chercheraient pas, dit-on, essentiellement à éviter une quelconque invasion, car ils considéraient que Saddam Hussein ne renoncerait jamais à son projet, mais surtout à atténuer le sentiment d’insécurité qui s’était répandu au sein de la population. Bien à présent, Saddam n’est plus, l’Irak est totalement détruit et occupé par plus d’un demi-million de entre mercenaires de tous les pays du monde et militaires et paramilitaires américains avec leurs gigantesques bases qui poussent comme des champignons non seulement en Irak, mais aussi au Koweït où se trouve l’une des plus importantes et ensuite dans toutes les autres principautés sans exception aucune. Avec une présence américaine et occidentale directe qui existait bien avant 1990 dans toute la région et renforcée à présent d’une manière massive avec l’occupation de l’Irak, la question que tout observateur logiquement se pose est la suivante : À quoi servent tous ces achats milliardaires de matériels de guerre ? – À moins que ça ne soit pour renforcer d’une manière constante l’industrie militaire occidentale, il n’y a aucune autre logique qui justifie un déboursement de quantités aussi astronomiques et d’une manière continue. Pour certains experts, c’est le domaine le plus approprié pour la corruption à sa plus grande échelle à laquelle se sont habitués les uns et les autres.

Au moment où les frontières intérieures en Europe viennent d’être supprimées les unes après les autres, créant ainsi le vaste et uni espace Schengen où plus de 400 millions d’européens circulent déjà librement, de Malte jusqu’à la mer baltique, les constructions des murs et murailles au sein du monde arabe vont bon train. Encore une fois les grandes compagnies occidentales spécialistes en la matière, comme on va le voir un peu plus loin, ont beaucoup d’avenir devant elles. Effectivement les émirs et les rois du Golfe ou leurs protecteurs ont donné des idées aux autorités algériennes. « Pour en finir avec la porosité des frontières, l’Algérie a pris finalement la décision de les blinder avec un système de toute dernière génération. Il s’agit d’un projet qui constitue, sans aucun doute, le plus grand verrouillage électronique du monde. Les 6.500 kilomètres de frontières terrestres que l’Algérie a l’intention de verrouiller doublent ou presque les 3.326 kilomètres de la ligne de démarcation entre les E.U et le Mexique. L’Algérie partage des frontières avec six pays en plus du Sahara Occidentale. Le coût de ce blindage, à base de technologie militaire, s’élève à plusieurs milliards d’euros, ce qui pour Alger ne représente aucun problème, car les réserves en devises disponibles dans les caisses de la banque centrale à Alger dépassent les 68,000.000.000 milliards d’euros. » Écrit le journal El Pais et ajoute : « Cinq grandes entreprises et consortiums ont déjà déposé leurs cahiers des charges au mois d’octobre dernier (…) Parmi les entreprises qui se sont présentées au concours figurent la compagnie espagnole Indra, une des compagnies promotrices du Système Intégré de Vigilance Électronique (SIVE) associée à la française Alcatel. C’est grâce au système SIVE que fonctionne actuellement un contrôle étanche des côtes andalouses et des Iles Canaries. Les autres quatre aspirants sont le consortium français Thales-Communications & Systèmes, l’italien Selex, l’allemand EADS et l’américain Raytheon. » Dans l’article cité, il n’y a pas de précisions sur le coût de ce verrouillage, mais si pour les 885 kilomètres les saoudiens vont payer 8,500 milliards d’euros, on peut aisément multiplier ce chiffre à presque dix fois plus pour l’Algérie, vu la longueur de ses frontières. Donc ce sont entre 70 et 80 milliards d’euros qui sont l’objet de l’enjeu qui opposent les différentes compagnies. Selon le même journal, lors de sa dernière visite au début du mois de novembre dernier, le président français Sarkozy a fait le lobbyng en faveur des compagnies françaises. Son argument auprès des autorités algériennes se basait sur le fait que les dernières années, les entreprises françaises avaient décroché très peu des gros contrats publics en Algérie.

Le tout dernier épisode concernant les achats multiples des saoudiens et indépendamment de l’affaire de corruption qui l’a éclaté au grand jour, que Blair a pu avant son départ étouffer et qui a porté, comme on l’a vu plus haut sur l’achat des 72 avions militaires du type « Typhoon », le nom que les anglais donnent eux, à l’Eurofighter, pour une somme de plus de 15 milliards d’euros, c’est celui d’une autre compagnie Saoudienne dite NAS (National Air Service) qui vient à son tour de signer, dans la même foulée de cette « boulimie » d’achats à laquelle s’adonnent les princes du Golfe, un contrat pour l’achat de 20 avions du type A-320 et une option d’achat pour 15 autres. Alors que l’autre compagnie aérienne saoudienne, la Saudia Arabian Airlines, s’est engagée, de son côté, pour l’achat de 22 A-320. Sachant que le prix sur catalogue d’un appareil, s’élève pour l’A-320 à 44,7 millions d’euros et pour l’A-350 à 161 millions d’euros. Tous ces contrats ont été « travaillés » par les experts occidentaux au cours de la foire de l’aérospatial qui s’est tenue dernièrement à Dubaï. Le président de l’Airbus, Thomas Enders, a qualifié ces achats de pluies de mai. Il ne se trompe point. Ce sont des authentiques pluies torrentielles qui ont rendu la confiance et le sourire à la gigantesque compagnie européenne qui se trouvait dans des grandes difficultés financières au point d’avoir pensé à des licenciements massifs dans plusieurs de ses succursales dans les différentes régions européennes. À présent se sont les dirigeants syndicaux qui se sentent préoccupés quant à la livraison de tous ces appareils dans les délais prévus.

III- D’autres « investissements » milliardaires

Les mêmes Émirats ou les hommes d’affaires catalogués comme tels, viennent de renflouer à raison de plus de 10 milliards de dollars le consortium financier américain « Citigroup » en prenant possession des presque 5% des actions de cette compagnie. La veille Dubaï a renfloué les caisses de la compagnie japonaise Sony en achetant aussi, entre 3,5% et 5%, des actions. Dans le même article sous le titre « Les Fonds Souverains » publié dans le journal déjà cité, l’expert en la matière, Joaquim Estefania écrit : « En septembre [dernier 2007 NDR] l’Émirat de Abou Dhabi avait déjà acheté une partie de Carlyle, un holding financier américain. Ainsi la nouveauté dans ces acquisitions dans la compagnie Citigroup, dans celle de Sony, dans celle de la compagnie fabricante des microprocesseurs AMD, celle du groupe aéronautique EADS ou dans celle du groupe des casinos MGM Mirage, indiquent bien qu’on est passé de l’exception à la règle. » Avant ces les hommes de Dubaï ou d’Abou Dhabi, le prince El Walid Ibn Tallal Ibn Saoud avait versé à lui seul et au même titre d’achat d’actions, presque la même quantité, ce qui équivaut à 3,5%. De toute manière ces achats ou ces actions ne sont que les toutes dernières « acquisitions » milliardaires. L’auteur de l’article insiste sur la nationalité de ces capitaux souverains en les qualifiant des « capitaux publics arabes ». La duplicité diplomatique ou journalistique dans cette qualification est de taille. Car les capitaux ne sont ni publics ni arabes. Et l’auteur le sait parfaitement. Ce sont des capitaux, obéissant à la règle du jeu de l’économie mondialisée ne font, par l’obligation qu’exige le fonctionnement du sytème, que transiter par les mains de ces émirs pour se retrouver, en toute légalité, de nouveau dans le circuit financier mondial, qui au fond n’est autre que celui occidental. Que se passage dans le circuit rapporte des dividendes aux émirs c’est évident, mais les dividendes aussi repartent Parce que si ces capitaux étaient réellement souverains, publics et arabes comme l’écrit M.Estefania, ils ne se trouveraient ni entre les mains de ces individus ni s’investir ailleurs que dans le développement urgent et général dans le monde arabe pour le bien être de ses peuples et leur progrès. Mais évidemment ce n’est pas le cas sinon tout à fait son contraire et par conséquent le retard sidéral de la société arabe par rapport à la société occidentale ne fait que prendre de plus en plus de l’extension.

IV- La doctrine Carter.

Durant les deux tiers du vingtième siècle, l’énergie fossile, pétrole et gaz, a constitué la colonne vertébrale de l’industrie occidentale. Ce qui, sans nul doute, a permis l’avancement vertigineux qu’on connaît aujourd’hui. Et ça va continuer à l’être encore, au moins durant tout le vingt et unième siècle. La plus grande partie de cette énergie est extraite du monde arabe et particulièrement de la région du Golfe. Une région considérée, à juste titre, comme la principale source de l’énergie dans monde. En effet les réserves confirmées sont dans cet ordre : « Arabie Saoudite » 264,2 milliards de barils, l’Iran 137,5 milliards de barils, l’Irak 115 milliards (Plusieurs sources et experts en la matière, irakiens et autres, situent le chiffre des réserves de l’Irak au dessus de celui de l’Arabie.) le Koweït 101,5 milliards de barils, les Émirats 97,8 milliards. Ce ne sont là que les chiffres les plus importants, car il reste encore des réserves dans plusieurs autres pays arabes dans la même région d’abord, comme le Qatar, Oman, Bahreïn et même le Yémen bien qu’assez modestes, pour le moment, et dans le Maghreb arabe comme la Libye avec 39,1milliards de barils, l’Algérie presque autant ou plus, et, ça sans compter les réserves de gaz qui sont immenses dans tous ces pays cités. Déjà en 1980 l’ex président américain Jimmy Carter avait promulgué ce qu’on appelle la Doctrine Carter déclarant les « États-Unis disposés à utiliser tous les moyens nécessaires y compris les forces militaires pour garantir l’accès au pétrole du Moyen Orient afin de fournir les quantités nécessaires pour le fonctionnement sans problème de l’économie globale. » Et depuis tous les présidents américains qui se succèdent ont maintenu cette doctrine en vigueur et agissent en conséquence. Georges Bush I et Georges Bush II, ne sont pas réellement l’exception, mais ils sont arrivés au « mauvais » moment, puisque la région se trouve pratiquement depuis 1980 en flammes. Et comme le soutient Carter l’affaire ne se limite pas au mandat d’un président américain ou deux. C’est une question d’intérêts vitaux sans lesquels l’économie globale cesse de fonctionner. Au moins comme elle fonctionne en ce moment. En remplissant les poches des puissants au détriment des peuples en général et des peuples arabes dans ce cas précis.

Entre saoudiens et consorts du Golfe se sont plus de vingt millions de barils de pétrole qui sont acheminés quotidiennement vers le monde occidental qui se répartissent ainsi : Arabie : 11.035 millions de barils, les Émirats : 2.751 millions de barils, le Koweït 2.643 millions de barils, l’Iran 4.049 millions de barils et ce, sans compter ce qui se fait au Qatar ni dans les autres sultanats du Golfe. Et à ces millions de barils de pétrole s’ajoutent les milliards de m3 de gaz. La traduction en argent, selon le prix en cours, donne des sommes colossales qui vont, comme on l’a vu à travers toutes ces transactions militaires ou civiles, retourner dans le circuit de l’économie occidental sans délai. Les émirs et leurs hommes d’affaires qui à peine représentent une infime minorité, non seulement au niveau du monde arabe en général, mais même au niveau de la seule région du Golfe. Dans la plupart de ces émirats ou principautés, la population autochtone représente avec les conseillers occidentaux qui sont, par la force des choses, bien chez-eux, à peine les 10% de la population. Les 90% sont dans leur majorité des émigrés de différents pays asiatiques comme l’Inde, le Pakistan le Bengladesh ou des Philippines. Quand les anglais au début du 20ième siècle avaient commencé à découper la région en émirats attribuant à telle tribu, telle territoire et ou telle autre, les intentions politiques avaient d’autres objectifs que l’exploitation du pétrole ou du gaz qui ne va apparaître, d’une forme très modeste vers la fin des années trente. Il se trouve qu’aujourd’hui, dans toutes ces principautés ou émirats créées artificiellement, dans la plupart, il n’y a pas la population suffisante au point de créer le même phénomène que celui qui se trouve dans les autres régions arabes ou musulmanes, l’élite dans l’opulence et le reste de la population dans la misère. Ici, comme on l’a vu avec le mur de démarcation entre le Kowëit et l’Irak pour donner un certain sentiment de sécurité, il s’agit de donner un certain sentiment de satisfaction à tout ce monde très réduit dans son nombre, mais très puissant dans ses moyens financiers. Donc on va importer du monde pour créer des misérables. Non seulement on résout la question psychique, mais en même temps on leur fournit de la main d’œuvre nécessaire. On a fait venir des gens de l’Inde (3,5 millions répartis sur tous les états du Golfe), du Pakistan, du Bengladesh, des Phillipines, de Malaisie, de Sri Lanka (600.000) mais pour des raisons bien évidente, le moins que possible d’arabes. Et comme partout, au bout d’un certain temps, ces gens qui passent des années dans des situations d’esclavage finissent par se rebeller. Ils touchent moins de 100€ par mois pour des longues journées de travail et vivent entassés dans des baraquements insalubres. Les saoudiens détiennent le plus grand nombre de ces nouveaux esclaves. En 2004, leur nombre atteignait 8,8millions. (Le 1/3 de la population dans ce royaume de la Maison Saoud considéré le plus peuplé de tous les autres états du Golfe)

Human Rights Watch, une parmi plusieurs autres organisations humanitaires a relevé des cas de privation de droit à peine croyables. On leur interdisait de s’arrêter de travailler, pour boire ou pour manger. Tout dernièrement, en octobre dernier, 40.000 ouvriers ont refusé durant plusieurs jours d’aller au travail à Dubai. De toute manière cette question nécessiterait, sans le moindre doute, un autre espace que celui-ci. De toute manière les organisations internationales de droits humains qualifient la situation de ces employés de « Servitude par contrat. ». De son côté, HRW, dans un récent rapport sur les domestiques srilankaises, dénonce les abus physiques, verbaux, sexuels et les violations pures et simples. Ce qui dit bien long sur le sujet et sur la nature de cette élite du Golfe. Mais le plus curieux, c’est surtout l’attitude des gouvernements démocratiques occidentaux, car parler de l’attitude des gouvernements des pays d’où sont originaires ces emigrés ça relève de la naïveté, car ces gouvernements s’intéressent uniquement aux transferts des devises que ces pauvres êtres humains réussissent à faire à leurs familles. Dans certains cas ils constituent jusqu’à 10% du PIB de ces pays.

V- L’économie de guerre.

Par ailleurs il est évident que ces investissements gigantesques dans les différentes industries de pointe occidentales rapportent des dividendes considérables, mais ils sont aussi à l’origine, inévitablement, des dégâts éminemment plus considérables dans le reste du monde arabe. Car non seulement les pays arabes se voient privés de moyens financiers extraordinaires qui auraient pu leur permettre de poser les jalons et les infrastructures colossales pour construire une grande et réelle économie et ainsi réduire leur retard, mais le fait que tous ces capitaux sont réinvestis dans l’économie occidentale fait élargir le fossé immense qui sépare le monde arabe du progrès et l’enfonce chaque jour un plus dans la misère et la précarité. En toute logique objective ces émirs, avec les moyens considérables mis à leur disposition, oeuvrent inévitablement contre le développement du monde arabe et musulman. C’est vrai un tel développement ne va pas dans leurs intérêts. Ni dans les leurs ni dans ceux de leurs créateurs et protecteurs occidentaux. Si le pétrole et le gaz étaient gérés de la même manière qu’en Norvège, on n’aurait pas eu des rois, des émirs et des satrapes, qui au fond et même avec leurs extravagances milliardaires stupéfiantes, ne servent que d’hommes de paille derrière lesquels s’organise le pillage systématique auxquels s’adonnent, à cœur joie, les occidentaux et que l’ex-président Cartar appelle « l’économie globale ». Joseph Stiglitz, l’ancien chef économiste à la Banque mondiale, entre 1997 et 2000 et prix le Nobel de l’économie en 2001 et très connu pour ses critiques acerbes des institutions financières et particulièrement le Fond Monétaire International, décrit mieux quiconque la globalisation. Au cours d’une conférence organisée le 18 décembre 2007 entre la Faculté Latinoaméricaine des Sciences Sociales et le Secrétariat de Planification de la république de l’Équateur, il a dit entre autres : « La Globalisation a été conçue pour créer plus de dividendes au système financier et pour un plus grand transfert d’argent des pays en voie de développement vers les pays industrialisés. » Quant à l’ex Directeur Général de l’Unesco, Federico Mayor Zaragoza, dans un de ses innombrables articles et écrits très critiques avec la mondialisation écrit : « La FAO publie des chiffres bouleversants : Aux environs de 60.000 personnes meurent chaque jour par inanition…Au lieu de se rétrécir les brèches, entre les riches et les pauvres n’ont fait que s’élargir… Qu’on veuille ou non le reconnaître, depuis le milieu de l’année 2007, nous sommes voués, avec plus ou moins de résistances, vers une véritable économie de guerre qui concentre tout le pouvoir économique entre très peu de mains. Un pouvoir qui recourt à toute sorte de d’excuses et d’alibis pour atteindre des proportions colossales. La guerre d’Irak, déclarée à partir de faux arguments et prétextes a donné un élan extraordinaire à l’appareil belliqueux-industriel…À présent aux installations des boucliers anti-missiles, qui signifient la rupture des accords de Reykjavik entre les deux grandes superpuissances, s’ajoute le réarmement massif non seulement d’Israël, mais de tous les états du Golfe : 46,000.000.000 milliards d’euros… La menace de guerre contre l’Iran, ancien allié, coûtera des milliers de vies humaines, victimes du cercle vicieux de l’économie du marché qui perpétue la pauvreté et l’économie de guerre qui, une fois de plus, veut trouver des solutions aux grands problèmes auxquels s’affronte l’humanité en utilisant la force. Les États-Unis, en tant que leader, vont de l’avant et les autres pays riches observent et laissent faire…La globalisation ne s’arrête pas aux conditions de travail, aux mécanismes de pouvoir ou au respect des droits humains. À travers des OPA et des mégafusions, le panorama du monde prend des aspects insolites, les inégalités ne font qu’augmenter, mais ce qui est encore pire, c’est l’absence des responsabilités qui correspondent à ceux qui remplissent la fonction de gouvernement au nom des citoyens. Non seulement les aspects économiques et sociaux, sinon l’impact négatif sur environnement, l’uniformité culturelle, la disparition des références morales, le tout émanant d’un pouvoir sans visage, alors que les grandes compagnies multinationales abusent et désabusent à leur guise, en toute tranquillité et en toute impunité…Il est impératif que l’Espagne au sein de l’Europe et l’Europe dans le monde, se rendent compte que « se sentir bien chez soi » ne peut se faire au détriment du plus grand nombre des habitants de la terre. »

Pourtant les chefs d’état occidentaux persistent et signent. À la veille de la Noël le président français a fait son voyage éclair, Paris-Kaboul, pour élever le moral des troupes françaises qui combattent au nom de la « communauté internationale » le terrorisme dit-il. ! Alors que selon toutes les analyses et les informations recueillies sur ce pays envahi depuis octobre 2001, indiquent que l’année 2007 a été la plus violente et malgré toutes les forces de l’OTAN sur le terrain, la résistance des talibans gagne du terrain et réduit le pouvoir de M.Karzai à la seule « zone verte » de la capitale. Le même voyage de M.Sarkozy a été aussi réalisé par le chef du gouvernement italien et les chefs des autres pays occidentaux ayant des troupes déployées dans ce pays entre autres. De son côté le chef du gouvernement espagnol qui a conversé, à travers le système de vidéo conférence, avec les troupes espagnoles, en mission dans le monde en général, pour féliciter les soldats et leurs familles pour le « sacrifice » qu’ils consentent avec enthousiasme et « abnégation » dans l’accomplissement de la mission dictée par la « communauté internationale et qualifie leur présence en Afghanistan, d’humanitaire et de reconstruction ! Et ainsi on apprend que les troupes espagnoles en « missions humanitaires » se trouvent aujourd’hui réparties sur les trois continents…

VI- Le Père Noël Khadafi.

Tout dernièrement, last but not the last, le 10/12/07, Kadhafi jouant, à la vue de la date, de Père Noël, a débarqué à Paris chargé de cadeaux évalués à plusieurs milliards d’euros, destinés, entre autres, aussi à la compagnie EADS avec un contrat portant sur l’achat de quatre long-courriers A-350, quatre autres long-courriers A-330, sept monocouloirs A-320 et six Airbus A-350. Le montant total s’élèverait à 2,2 milliards d’euros. Le reste, plus de 7 milliards sont partagés entre la compagnie Dassault, pour l’achat d’avions militaires « Rafale », la compagnie AREVA du nucléaire, pour la construction de centrales nucléaires à usage civil, comme celle à dessaler l’eau de mer, et autres compagnies comme VIVENDI. AREVA c’est cette même compagnie qui exploite en « exclusivité mondiale » les mines d’uranium du Niger et qui le paye au gouvernement en place à raison de 12€ le kilogramme pour le facturer par la suite sur le marché international à plus de 170€. Bien que son ancien directeur ait été expulsé du Niger pour avoir refusé de soumettre à l’état, les cartes de prospection des mines, la compagnie continue sa présence et il est probable qu’elle soit expulsée, vu les relations ou l’influence considérable de la France sur les dirigeants des anciennes colonies qui sont passées de la colonisation historique à la colonisation économique. C’est-à-dire de pire en pire.

Précisément, cette compagnie française AREVA, comme toutes les compagnies occidentales qui ne se trouveraient pas à l’aise, à un moment ou un autre, avec le gouvernement en place, font généralement tout le possible pour le remplacer par un autre plus « flexible ». Effectivement le 17 décembre dernier, les deux journalistes français, Thomas Dandois et Pierre Creisson sont arrêtés au Niger, où ils effectuaient, selon le journal Le Monde un reportage pour le compte de la chaîne de télévision franco-allemande ARTE. Ils sont inculpés depuis vendredi 21 décembre « d’atteinte à la sûreté de l’État », crime passible de la peine de mort. Le chef d’inculpation a été jugé « extrêmement lourd » et « disproportionné au regard de ce qui leur est reproché » par l’association Reporters sans frontières (RSF). »

« Les autorités nigériennes, ajoute Le Monde, reprochent aux journalistes d’avoir enfreint l’interdiction de se rendre dans le nord du pays, pour réaliser un reportage sur la rébellion touareg du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ). Elles affirment par ailleurs être en possession d’enregistrements réalisés par les deux français avec les rebelles touareg. Depuis le début de la rébellion en février, 49 membres des forces de l’order ont été tués dans le nord du pays. L’état d’alerte en vigueur dans la région a été prorogé de trois mois fin novembre par le président nigérien, Mamadou Tandja.

Thomas Dandois et Pierre Creisson, respectivement journaliste et cameraman de l’agence Camicas Production, étaient détenteurs d’un visa et d’une autorisation de tournage pour un reportage sur la grippe aviaire.

Placés sous mandat de dépôt, ils ont été incarcérés au camp pénal de Kollo, à 25 kilomètres aus sud-est de la capitale, Niamey. Leur chauffeur, Al-Hassan Abdourahman, également placé en détention, a été inculpé de « complicité d’atteinte à la sûreté de l’État. »

Ces arrestations se sont produites dans un contexte de fortes tensions entre Paris et Niamey, qui accuse le groupe AREVA de payer des déserteurs de l’armée pour rejoindre la rébellion. Le principal représentant de cette société a été déclaré persona non grata dans le pays.

Deux journalistes nigériens, Moussa Kaka, correspondant de Radio France Internationale (RFI), et Ibrahim Manzo Diallo, directeur du bimensuel Air-Info, sont aussi détenus, respectivement depuis le 26 septembre et le 9 octobre, et accusés par les autorités de complicité avec les rebelles touareg du MNJ. » Et comme on le voit, les deux journalistes ne tournaient pas un film pour la chaîne ARTE sur la grippe aviaire, mais tournaient bien un film sur le MNJ qui semble jouir, non seulement de l’approbation d’AREVA, mais surtout du gouvernement français. Que ça soit le gouvernement français ou n’importe quel autre gouvernement occidental, là où leurs grandes compagnies sont des intérêts, à côté d’un gouvernement en place, il y a toujours un mouvement, armé ou non, prêt à être activé au moment opportun.

VII-Le roi mage en Espagne.

Après Paris, le roi mage d’Orient, la version Papa Noël en Espagne, Kadhafi, a attéri à Madrid avec ses lourdes caisses remplies aussi de cadeaux. Pas moins de 11,5 milliards d’euros.

Au-delà des commentaires acerbes qui ont ridiculisé le personnage pendant les trois jours de son passage par l’Espagne, chose qui est d’ailleurs parfaitement justifiable pour ce que représente un tyran-pitre du genre, tout le monde s’est bien frotté quand même les mains pour recevoir une pluie de milliards d’euros. Il a été reçu par le chef du gouvernement M. Zapatero et aussi par le roi d’Espagne en tant que représentant la plus haute instance du pays. Le journal El Pais du 18 décembre, dans son éditorial du jour, se pose la question, sur un ton moralisateur et peut être même provocateur, sur les raisons qui ont poussé l’Union européenne à réserver un traitement au « leader » libyen qui contraste avec celui réservé au dictateur Robert Magabe.

Pourtant écrit le journal « chacune des réprobations dirigées contre Mugabe s’applique parfaitement à Kadhafi ainsi qu’à la plupart des dirigeants présents [Au Sommet qui s’est tenu à Lisbonne, au Portugal, le 8 et le 9 décembre 2007 et dans la file des chefs d’état africains, se trouvaient Ben Ali de Tunisie, Moubarak d’Égypte, le chef du gouvernement du Maroc etc.] L’idée, écrit le journal, qui fait qu’un pragmatisme élémentaire, malgré les chiffres astronomiques, se soit imposée au sein des gouvernements européens, ne sert aucune cause y incluse, celle du réalisme avéré en politique extérieure. » Et ajoute plus loin sur le même ton moralisateur « la politique de parler claire et d’agir en conséquence ne devrait pas se détenir aux frontières de l’Europe. Dans le propre intérêt de la France et de tous les européens, il conviendrait de l’étendre aux pays qui supportent depuis des décennies des interminables dictatures comme la Libye sous Kadhafi. » Quant aux extravagances et pitreries habituelles du personnage avec sa fameuse tente dans laquelle il ne fait que recevoir, dit-on, faisant croire à son attachement à ses origines de fierté bédouine, alors qu’en réalité, le tyran dort dans les suites des plus luxueux hôtels. Et avec le désordre inhérent, une autre caractéristique du dictateur, a fait que beaucoup de rendez-vous concertés d’avance avec des groupes et des chefs de syndicats ou d’autres personnalités de la société civile ont été annulés. Et pourtant écrit le journal, Khadafi a eu le temps, à Séville où il a atterri samedi 15 décembre 2007, de rencontrer et d’inviter à dîner, du méchoui « halal », José Maria Aznar et sa femme Anna Botella. Pour monsieur Aznar qui n’a jamais caché son mépris pour l’Islam qu’il considére, tout comme le Vatican et l’ensemble des chrétiens, non pas comme une religion, mais tout juste une secte, il importe peu si le méchoui était halal ou non. Les affaires sont les affaires. D’autre part le journal estime que le coût du séjour seulement en Espagne du satrape et ses 300 accompagnateurs, transportés dans trois avions, s’élèverait, au moins à un demi-million d’euros.

VIII- Les multiples perversions de la démocratie.

Quelques jours avant, le 13 décembre, Abdel Bari Atwan,rédacteur en chef du quotidien AlQuds Al Arabi édité à Londres, analysant ces mêmes voyages des deux « leaders » arabes, le tyran saoudien, Abdallah Ibn Abdelaziz Saoud et le « guide de la révolution » libyen, dans un commentaire dans lequel il s’emprenait à son tour contre les responsables occidentaux a écrit, sous le titre discutable « L’Occident se met à genoux devant les barils de pétrole » le suivant : « À notre avis, les vrais perdants [dans cette affaire]ce sont les chefs, d’état ou de gouvernement, européens et en premier lieu M.Gordon Brown, le premier ministre britannique et Nicolas Sarkozy, le président français. Les visites officielles des deux leaders arabes sont venues confirmer que le baril de pétrole est assez puissant pour faire courber l’échine du plus haut responsable occidental et le trainer dans la boue de la corruption, de la dictature et de la répression. Tous les leaders occidentaux sans exception, se mettent à genoux devant les barils du pétrole arabe, sacrifiant tous les principes de la démocratie, de la justice, des droits humains et toutes les valeurs qu’ils ne cessent de prôner, pourvu que les rentes de ces barils se traduisent en transactions militaires, en avions Airbus, en contrats de prospections pour les compagnies pétrolières européennes et enfin en vastes marchés capables d’absorber les différents produits des industries occidentales. » Ces critiques aussi corrosives soient-elles et les termes employés par M.Atwan pour décrire la position des leaders occidentaux dans le sens propre comme dans le figuré, ne reflètent qu’une partie de la vérité, celle concernant ceux à qui profitent réellement le pétrole et l’argent du pétrole. Quant aux valeurs morales, les principes de la démocratie occidentale, les droits humains, les libertés et la justice, ce sont des instruments aptes à faire fonctionner l’appareil de l’état à l’intérieur de la maison occidentale et non pas, comme le soutiennent hypocritement les mêmes leaders occidentaux, des valeurs universelles. Loin de là. Les mêmes conclusions auxquelles sont arrivés le quotidien El Pais, l’ancien Directeur Général de l’UNESCO, plus loin, comme on le verra, le professeur José Vidal-Beyneto et beaucoup d’autres qui ne sont pas cités ici.

D’ailleurs qui a dit que dans la pensée de M.Sarkozy ou de M. Golden Brown ou de Bush ou de quiconque d’autres y compris les dictateurs arabes, il y a quelque chose qui s’appelle le peuple, et, dans ce cas précis, peuple arabe ? – C’est pour cela que monsieur Atwan et d’autres âmes innocentes, s’emportent furieusement à l’égard de l’attitude des responsables occidentaux devant ces tyrans. S’attendraient-ils par hasard à ce que les dirigeants occidentaux renoncent réellement à leur objectif central de domination par compassion envers les peuples, surtout non occidentaux ? Eh bien en supprimant l’existence de la notion peuple ou en faisant abstraction de celui-ci tout devient clair et largement compréhensible. Ni dans l’esprit des leaders occidentaux, et, encore moins dans celui des tyrans arabes, il n’y a quelque chose qui s’appelle le peuple. Par ailleurs les fissures à l’intérieur même de la maison de la démocratie commencent à se faire jour de plus en plus. Par ailleurs la démocratie occidentale est aux prises avec ses propres règles qu’elle avait, elle-même, créées et ce qui a été écrit dernièrement par M. José Vidal-Beneyto, l’éminent professeur, philosphe et intellectuel est largement éloquent à cet égard : « Les multiples perversions actuelles de la démocratie, ont fini par conduire à une telle dégénérescence du système qui l’incarne, qu’on peut affirmer, sans provocation gratuite, que son avilissement a détruit toutes les vertus publiques qu’elle pouvait renfermer. Le mensonge, la duplicité et la corruption sont devenus ses inséparables compagnons de route et se sont installés en son plein cœur pour la transformer en son antithèse faisant ainsi de la démoralisation du citoyen l’antonyme de l’exercice démocratique. »

IX- Les effets dévastateurs.

Quelques exemples illustrent parfaitement le comportement pervers de tous émirs avec la complicité flagrante de tous les dirigeants occidentaux déjà cités, et, sans aller très loin dans les annales de l’histoire des cinquante dernières années, le Yémen qui se trouve dans la même zone, qui n’a pas été autant gratifié par la démembrement de la région au début du 20ième siècle, compte aujourd’hui plus de vingt millions d’habitants dont 40% vivent dans la pauvreté absolue à raison de 497 Rials par mois, c’est-à-dire à peine 2,5 dollars, alors que selon, le dernier rapport conjoint, international-yéménite de 2007, le minimum exigé pour survivre serait 1431 Rials, c’est-à-dire 7,5 dollars. Et pourtant les incongruités milliardaires des émirs ne semblent avoir aucune limite que celles de leur propre imagination morbide. Par-dessus tous ces milliards injectés dans l’économie occidentale à travers des achats d’armes, d’avions civils ou militaires et autres, on retrouve des milliards dans un secteur qui semble à la mode dans la région du Golfe, celui de la culture. Voici à titre d’exemple ce qu’écrivait le journal Le Monde du 07 mars 2007 : « Le Louvre d’Abou Dhabi rapportera à la France pas moins de 1 milliard d’euros, selon les termes de l’accord signé mardi 6 mars [2007] par la France et l’émirat. Des indiscrétions citées par Le Monde ces dernières semaines annonçaient un chiffre inférieur, autour de 700 millions d’euros. Le contrat signé dans la capitale des Émirats porte sur la création en 2012 d’un musée “universel”, portant le nom de “Louvre Abou Dhabi”, pour lequel la France apportera son expertise et les œuvres de ses musées. La seule concession à l’émirat d’Abou Dhabi du nom du Louvre, prévu pour une durée de trente ans, rapportera au musée 400 millions d’euros, dont 150 millions payés dans un délai d’un mois. La France et ses musées prêteront pendant dix ans à partir de la date de l’ouverture du musée, sur la base du volontariat, des œuvres dont la durée de prêt n’excédera pas deux ans.

Ce projet a suscité ces derniers mois les critiques d’acteurs du monde de l’art, qui s’inquiètent de ce qu’ils jugent être une “dérive commerciale” des musées nationaux et des risques de censure dans cet émirat très conservateur. A Abou Dhabi, le ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres, accompagné d’une délégation des patrons des grands musées français, a voulu calmer ces inquiétudes, se félicitant du “rayonnement” de la culture française et réaffirmant que les œuvres des collections nationales étaient inaliénables.

Conçu par Jean Nouvel, le bâtiment du “Louvre Abou Dhabi”, d’un coût de 83 millions d’euros payés par l’émirat, doit être mis en chantier cette année. Il n’est qu’une composante d’un énorme projet portant sur la construction de quatre musées et d’un centre de spectacles qui formeront un “district culturel” sur l’île de Saadiyat. »

Toujours dans cette atmosphère des gaspillages milliardaires d’une extravagance inconcevable et les gâchis gigantesques que ça entraîne, lors de sa dernière visite en Angleterre et dans certains autres pays d’Europe, le roi Abdallah Ibn Abdelaziz Ibn Saoud était accompagné lui d’un cortège royal composé de 800 personnes et six avions, des tonnes de bagages, une demi-douzaine de médecins entre autres. Pas moins de trois heures a duré le déchargement des bagages à l’aéroport londonien de Heathrow. Son prédécesseur et demi-frère Fahd était très célèbre pour ces déplacements en Europe. Ses arrivées en Suisse ou en Espagne étaient attendues avec une impatience inouïe par tous les bijoutiers et commerçants d’articles et produits de grand luxe de toute sorte et avec en chacun de ces commerçant la conviction de faire les affaires de l’année, sinon de la vie entière. Jamais ils n’ont été déçus. Même les agences de location de voitures de luxe et celles de location de services sexuels font aussi des affaires plus que juteuses. Les séjours du roi Fahd à Marbella, sur la « Costa del Sol », au sud de l’Espagne où il possédait un palais, copie conforme, dit-on, de la Maison Blanche à Washington, s’élevaient à 6 millions de dollars par jour. Il y passait généralement les trois mois d’été. Inutile de faire une description de la ruée sur « el Oro del Moro », une expression espagnole qui remonte au passé évoquée par M.Aznar et qui veut dire non seulement on a eu l’arabe mais aussi son or, et la fièvre qui s’empare de la station balnéaire et de toute la région avoisinante. Et pour donner un accent supplémentaire à cette « fête » de millions de dollars, le roi d’Espagne ne peut rester à l’écart et se déplace expressément de Madrid à Marbella pour saluer son illustre hôte. Pourtant le PIB de l’Espagne aujourd’hui dépasse le billion d’euros, pour un peu plus de quarante millions d’habitants, alors que celui de l’Arabie « Saoudite », avec la production de plus de 11 millions de barils de pétrole par jour se situe aux environs de 350 milliards d’euros pour moins de trente millions d’habitants. De toute manière le total des PIB de tous les pays arabes ensemble, avec dix fois plus d’habitants, reste en dessous de celui de la seule Espagne. Mais le mystère de la générosité du roi Fahd, de son frère l’actuel roi Abdallah ou de tous ces princes, émirs et tyrans réside dans le fait qu’ils considèrent ces richesses, par des droits divins, comme leurs fortunes personnelles et par conséquent se comportent comme souverains pour les dépenser selon leur convenance et se passent de toute comptabilité, calcul, statistique, dans la mesure où ils n’ont de compte à ne rendre à personne. Il ne leur passe jamais par l’esprit que les ressources naturelles qui sont à l’origine de leur « opulence » démesurée et de leurs « immenses privilèges », n’appartiennent ni à eux, ni aux compagnies occidentales qui les exploitent, mais bien aux peuples, à tous les peuples de la région, et, dans ce cas à tous les peuples arabes tant que nous restons dans la même géographie, dans la même histoire, la même culture, la même langue et dans les mêmes valeurs communes à tous. Et comme les choses ne se passent ainsi, il est facile de déduire que ce qui se passe, a toutes les caractéristiques d’un féroce et gigantesque pillage. À la vue des dimensions incalculables du butin, il s’agit d’un vol sans équivalent dans l’histoire.

Et c’est bien en tant que voleurs que se conduisent ces individus.D’où leur inconcevable « générosité ». Le fait qu’ils soient protégés dans leur infâme action, par les puissances occidentales n’enlève rien à leur nature criminelle mais fait bien de leurs protecteurs des complices.

X- Le cas exceptionnel d’El Walid Ibn Tallal Ibn Saoud.

Ce prince Saoudien, qui possède ou plus exactement qui dispose, pour ses déplacements aériens particuliers et pour le moment encore, d’un Boeing 747-400 l’avion, considéré jusqu’à là, le plus grand avion commercial du monde, vient à lui seul, pour satisfaire ses caprices invraisemblables de commander à la même compagnie européenne, EADS, non pas un avion sinon, comme l’écrit le quotidien El Pais, un palais volant. « Il est très difficile, ajoute le journal, d’imaginer ce qu’on peut faire avec l’espace intérieur que procure le superjumbojet Airbus à double étage avec une envergure de presque 80 mètres et une longitude de 73 mètres. Cet appareil sera propulsé par des moteurs Trent 900 de Rolls-Royce. Des sources d’informations de la chaîne de télévision française « France 24 » estiment le prix de ce « palais volant » à plus de 325 millions d’euros. Cet individu qui n’est qu’un parmi les milliers de petits fils du « roi » Saoud 1er est certainement le paradigme par excellence de la spéculation et du gaspillage. Il est sans le moindre doute, tel comme le qualifient les médias de New York et les milieux du business de Washington, le « plus important homme d’affaires arabe ». On utilise les termes homme d’affaires pour éviter d’employer les termes qui qualifient réellement ce genre de trafiquants. Les considérables quantités d’argent qui tombent dans les caisses de la dynastie des saouds et de leurs semblables, les émirs du Golfe, non pas à travers la dynamique d’une économie réelle, avec ses secteurs industriels, agricoles et commerciaux, une économie avec toutes ses institutions, ses bases, ses infrastructures les plus diverses et sa consolidation séculaire. Non rien de tout ce qui aurait pu légitimer et expliquer un degré de richesse quelconque. Des quantités colossales d’argent qui leur parviennent de la même manière que celles qu’un joueur gagne au casino ou aux jeux de hasard. Avec la seule différence qu’au casino, les perdants sont consentants, alors que les saoudiens et les émirs du Golfe emploient la terreur pour s’emparer du gros lot aidés dans leur besogne par leurs commanditaires et créateurs. La déclaration du ministre norvégien des affaires étrangères, lors de l’interview donnée au journal El Pais du 06 mai 2006, est éclairante sur la question du droit sur le patrimoine d’un peuple quelconque : À la question du journaliste, « la Norvège est un des peu pays au monde où abondent le pétrole et le gaz qui ont constitué un grand avantage économique et non une malédiction, [Comme c’est le cas du monde arabe en particulier NDR] comment avez vous fait pour arriver à un tel résultat ? . » La question du journaliste est en tout cas bien drôle. Ou il fait l’innocent pour inciter le ministre norvégien à dire les vérités sur le comportement immonde des émirs du Golfe, mais parfaitement soutenus et encadrés et par la « légalité internationale » qui ne voit rien, n’entend rien et ne dit rien, par les responsables occidentaux à qui profitent réellement ces richesses détournées. Et voilà comment le ministre répond à la question : « Bon ça dépend d’abord de plusieurs caractéristiques de chaque pays. Quand nous avions découvert le pétrole dans les années soixante dix, la Norvège était déjà une démocratie avec des institutions bien solides. Il n’y avait pas de corruption mais un consensus politique sur la redistribution des bénéfices. Il était bien évident que les ressources appartiennent au peuple et que le gouvernement était chargé de la gestion de ces bénéfices dans l’intérêt commun de tous. C’était le meilleur point de départ. Par conséquent aujourd’hui, il y a des gens riches, mais aucune personne ne s’est faite millionnaire grâce au pétrole. La propriété du pétrole et du gaz est de l’état, même si dans l’exploitation il y a des compagnies étrangères. C’est sûr, elles versent à l’état, à titre d’impôts les 80% des bénéfices. » À première vue, les saoudiens et les émirs du Golfe se trouvent tous aux antipodes d’une telle conception politique des droits et des intérêts des peuples. Mais quand le ministre norvégien parle de caractéristiques propres à chaque pays, voulait-il dire par là que les droits des peuples soient légitimes dans une région du monde et non pas dans une autre ? Voulait-il dire que ce que font ces émirs-satrapes, ces rois-tyrans et ces généraux-dictateurs arabes soit tout à fait justifié parce qu’il est conforme aux caractéristiques propres de cette région du monde ? – Alors où sommes-nous des valeurs universelles si chères à la démocratie et aux principes de la civilisation occidentale ?–Les soupçons quant aux véritables intentions des dirigeants et responsables occidentaux à l’égard des peuples ne peuvent être plus justifiés pour conclure que finalement ces tous ces tyrans ne sont que des hommes de paille placés dans des colonies d’un nouveau type.

Tous ceux qu’on considère, à tort, des hommes d’affaires dans le monde arabe en général et dans cette partie de la région du Golfe en particulier, ne sont en réalité que des trafiquants financiers n’ayant rien comme objectif que celui de faire le maximum de bénéfices possibles et dans le plus court délai dans le cadre des mêmes normes tracées par les puissances dominantes ou occidentales. Un ensemble de normes qui, tout au long de l’histoire et jusque là, n’a fait que changer de logotype ou d’enseigne. Le projet mondial de démocratisation en cours véhiculé par les idéologues installés dans les centres du pouvoir et des décisions, occidentaux en général et américain en particulier ainsi que sa mise en exécution par leurs adeptes de par le monde et surtout dans les milieux intellectuels arabes et musulmans, s’est converti en un programme d’ingénierie social du même genre que celui qui a servi à l’évangélisation au XVI siècle et la colonisation au début du XIX siècle. Donc les bénéfices de tous ces « investissements » massifs de ces émirs profitent, comme il est évident, uniquement à leur propre individualisme et leur cynisme le plus total. Les milliards du prince et ceux de ses acolytes et consorts, sont canalisés inévitablement vers les industries et les bourses occidentales.

Ces torrents de milliards de dollars ou d’euros qui fluent vers l’économie occidentale n’obéissent, contrairement à ce que veulent faire croire les « intellectuels » arabes à aucune stratégie de construction réelle, ni dans ces mêmes régions, théoriquement considérées arabes, bien que dans les faits, elles sont des colonies occidentales nouvelle version 21ième siècle, ni raison de plus dans aucune autre région arabe et enfin de compte ne bénéficient en rien à tous les peuples arabes ou musulmans. Par contre si, que ces dépenses milliardaires s’inscrivent parfaitement dans la stratégie de l’hégémonie occidentale sur le reste du monde et particulièrement sur le monde arabe et musulman. Une stratégie qui consiste à drainer d’une manière permanente tous les capitaux, tous les moyens de progrès et toutes les ressources vers le Centre, c’est-à-dire vers l’Occident. D’une manière bien permanente et non pas provisoire, ce qui maintient d’un côté, l’appétit féroce occidental dans toute sa vigueur alors que de l’autre côté, la vie des peuples dans le tiers monde en général et dans les pays arabes et musulmans en particulier dans toute sa précarité. Cette stratégie bien machiavélique n’a rien de conjoncturel, elle est parfaitement structurelle. Monsieur Federico Mayor Zaragoza situe la date de l’entrée effective du monde dans l’économie de guerre vers le milieu de 2007, mais en réalité il ne s’agit que de la pointe de l’Iceberg, car l’économie de guerre ne s’est jamais arrêtée depuis l’époque de « l’évangélisation » des indiens.

XI- Du néolibéralisme au réal politique.

Tout indique une persévérance acharnée dans la même ligne, dans la même pensée hégémonique qui, de la profondeur des siècles, ne fait que changer d’enseigne. Aujourd’hui il semble qu’on est passé, dans la même époque celle de la colonisation économique, du néolibéralisme au réal politique. Ce qui explique parfaitement le comportement des dirigeants occidentaux à l’intérieur de la Maison et surtout à l’extérieur.

Et parmi les acteurs les plus agissants dans cette forme de mise à sac du monde on y trouve ces « princes » ou émirs du Golfe. À travers ces individus « couronnés », par la volonté de la même pensée politique occidentale, se déroule un transfert colossal de richesses sans lequel le monde aurait eu une tout autre physionomie. Certainement avec un Occident beaucoup moins arrogant et surtout moins vorace. De telle manière la misère dans le monde n’aurait jamais atteint ces degrés insupportables qui ne cessent d’augmenter.

XII- L’exclusion, dernière étape avant la disparition pure et simple.

Depuis le début du vingtième siècle, tout le monde arabe, a été réduit à la vie stérile, celle qui consiste à consommer, sans à peine produire. Et plus de ressources naturelles sont découvertes ou exploitées, plus la consommation s’accélère. Pour qu’un émir se permette l’insolence meurtrière de commander un « palais volant », il faut bien que le terrain y soit suffisamment fertile et propice à ce genre d’extravagances d’odieuse nature. Là on n’a plus affaire, comme le prétendent la « légalité internationale » et ses instruments les plus divers, à des états et des gouvernants, mais bien à des authentiques tyrans des plus sanguinaires de l’histoire. Des despotes situés au même niveau criminel que ces princes du Golfe, qui massacrent les populations, dans le but de faciliter le pillage des ressources pour le compte des maîtres du monde auxquels, ils se sentent, eux et seulement eux, organiquement liés dans « l’œuvre grandiose » qui consiste aujourd’hui, entre autres, à affamer jusqu’à la mort la moitié de la population mondiale, maintenir les 4/5 de cette population dans une précarité continue et enfin permettre l’enrichissement illimité de l’infime minorité.

L’absurdité serait majuscule de parler d’états et de gouvernements dans le monde arabe en général et dans cette région du Golfe en particulier. Ce qu’il y a, comme en témoignent les évidences évoquées tout au long des chapitres précédents, ce sont les intérêts « vitaux » des puissances occidentales et les privilèges de l’élite installée au pouvoir. Ce sont les deux lignes directrices qui déterminent tout le reste.

La nature perverse des saoudiens et de tous les émirs du Golfe en particulier ne laisse pas la moindre ombre de doute sur l’absence totale de tout projet de construction. Car tout projet de construction doit nécessairement impliquer une vision quelconque qui prend en considération les éléments fondamentaux qu’exige une réelle construction. Ces éléments fondamentaux ne sont et ne peuvent être la satisfaction des besoins de l’Occident comme il est bien et exclusivement le cas. Dans une région du monde qui est exclue totalement du schéma de construction occidental, pour les raisons dues à l’essence même de la pensée possessive et dominatrice de l’homme blanc, tout projet de construction et de développement humain ne peut se concevoir avec les mêmes instruments occidentaux ou avec sa même vision de la vie. Mais comme on le voit dans la nature vicieuse de ces émirs et de tous les autres « gouvernants » arabes ou musulmans, il n’y a pas de projet de construction dans leur pensée. Aucun projet de construction réel ne peut se faire en dehors de l’ensemble de la population arabe. De toute la population arabe. Les raisons sont multiples et de tout ordre : la géographie commune, l’histoire commune, la langue commune, les valeurs morales communes etc. Tous ces éléments de homogénéité, on ne les retrouve dans aucune des nations européennes et encore moins dans l’ensemble de la communauté européenne qui ne cherche qu’à perpétuer sa domination à travers des moyens de plus en plus sophistiqués. Dans le monde arabe, toutes les forces machiavéliques sont déployées pour trouver sinon fabriquer à partir de rien tout facteur de division. Eh bien oui la guerre c’est bien la guerre.

Dans aucune autre région du monde on n’y trouve tant de ressources naturelles. Alors que la situation dans laquelle se trouvent toutes les populations arabes ne peut être pire. Le mal qui peut atteindre une société humaine au point de la reléguer au plus bas niveau dans son développement humain général, telle qu’elle est la situation de la société arabe aujourd’hui, et, ce malgré ses potentialités gigantesques est sans équivalent dans l’histoire. Au-delà des tenants du statu quo et en première ligne, les princes, émirs, despotes, tyrans et leurs élites respectives, il va de soi que les puissants tenants soient les puissances occidentales.

Donc comme on le voit, d’un côté, les pays occidentaux maintiennent leur stratégie de domination effroyable, condamnant du coup les 85% de la population de la planète entière à subsister à moins de 1,5 euro par jour en protégeant des délinquants de haute volée du genre de ces princes, émirs et satrapes de tout gabarit, dans le monde arabe, qui leur prêtent main forte pour dévaliser toutes les ressources situées en cette terre et de l’autre côté, ils utilisent tous les moyens pour bloquer toute construction, qu’elle soit au niveau d’un seul état, de deux états voisins et encore beaucoup moins dans l’ensemble des états arabes ou musulmans. Alors que de l’autre côté, des populations qui ne voient aucune lumière à la fin du tunnel de toutes les misères générées par un sous-développement endémique qui les placent à des années lumières de tout progrès. Dans ces conditions parler de droit, de justice, de légalité internationale ou de relations entre des peuples souverains, ça relève tout simplement de la fantaisie de mauvais goût et de la plus monstrueuse imposture.

En effet l’existence en elle même de ces émirs et de ces tyrans arabes de la pire espèce constitue l’absence de tout projet de construction quelconque. Et comme dans toute société où la construction et le développement sont inexistants, la destruction et le sous-développement prennent irrémédiablement la relève.

Dans un article publié dernièrement par le quotidien « Alquds Al Arabi » déjà cité, commentant le dernier sommet de ces princes Golfe qui s’est tenu à Doha au Qatar, le rédacteur en chef écrit entre autres : « Comme en décembre 1990, la réunion des membres du Conseil des principautés du Golfe, avait consisté à préparer le terrain pour une guerre américano-arabe, financée par eux-mêmes, pour libérer le Koweït, détruire l’Irak et l’assiéger d’un blocus qui a duré plus de 13 ans. » Cette affirmation et beaucoup d’autres sont rapportées par plusieurs médias et livres parmi lesquels « Contre tous les ennemis » écrit par l’ancien conseiller de Sécurité de l’ex président américain Bill Clinton, Richard Clarke.

« Le rôle de ces pays du Golfe, écrit plus loin le journaliste, dans cette première guerre contre l’Irak avait consisté à se faire les amphitryons d’un demi-million de militaires américains avec armes et bagages. Tous leurs armements, leurs chars, leurs avions de guerre et leurs flottes de porte-avions. Ils ont pris en charge intégralement tous les frais… Ainsi, on avait expulsé les troupes irakiennes du Koweït et on a désarmé l’Irak. ».

A présent leurs craintes d’un voisin puissant se sont déplacées vers l’Iran. Le même Iran anti-américain et antioccidental, à l’époque de l’Imam Khomeiny, contre lequel ils ont lancé le même Irak, ou du moins, Saddam Hussein, dans une guerre qui va durer huit ans pour se terminer avec plus d’un million de morts et des dégâts et destructions considérables. La nature de ces émirs ne peut, en aucun cas, tolérer qu’une région arabe ou musulmane, proche ou lointaine, n’arrive à constituer une quelconque menace pour eux, ni sur le plan économique ni sur le plan idéologique ni, raison de plus, sur le plan militaire. Et sur ce point ils coïncident objectivement et subjectivement avec les israéliens et bien entendu surtout avec leurs protecteurs occidentaux.

Abdel Bari Atwan, le rédacteur en chef, dans son même éditorial ajoute encore : « L’objectif à la base de la constitution de ce Conseil du Golfe, était l’Union de ces principautés entre elles. Vingt cinq ans plus tard, aucune de ces aspirations populaires dans la région n’a pu voir le jour et restent un rêve lointain. Il n’y a pas de passeport commun, ni de monnaie commune ni de forces armées communes et même la question de se démarquer du dollar américain, qui se trouve dans une situation de plus en plus délicate, est devenu objet de conflit aigu au sein des membres du Conseil. Par contre les rivalités et les surenchères entre eux ont dépassé le cadre régional pour atteindre l’intérieur de chaque principauté. La compagnie aérienne, Golfe Air, qui était le prototype d’une identité commune à tous est passé aux annales de l’histoire et a disparu. À présent chaque entité et même chaque « Émirat » possède sa propre compagnie aérienne, son propre aéroport international, bien que souvent à peine quelques kilomètres séparent un aéroport de l’autre. Ce qui témoigne de l’absence de toute intention de coordination ou d’union bien que les conjonctures incitent au rassemblement entre les compagnies aériennes et à la suppression des frontières. Hélas, les choses ne s’arrêtent pas seulement au niveau des compagnies aériennes et des aéroports. Chaque émirat dispose de son propre festival du cinéma, alors qu’aucun n’a la moindre idée ou expérience dans le domaine. Chacun organise aussi sa propre foire du livre, une propre exposition d’armements et une autre pour l’aviation sans se priver d’organiser une zone de presse libre, alors qu’en réalité, la liberté dans ce domaine s’arrête à la simple enseigne de l’espace. » Les réunions de la « Ligue Arabe » sont de la même néfaste nature. Quand ces dirigeants se mettent d’accord à l’unanimité sur un point quelconque, c’est sûr qu’il va à l’encontre de l’intérêt du monde arabe.

Entre l’abondance des moyens, l’égoïsme sans frein, alimenté par des facteurs innombrables, les gaspillages auxquels s’adonnent ces émirs et qui s’étalent devant les yeux du monde, non seulement sont sans équivalent dans l’histoire humaine, car ça relève d’un surréalisme hallucinant, mais le plus grave c’est qu’ils hypothèquent de la manière la plus dramatique, la plus farouche et finalement la plus criminelle, le présent et le futur de l’ensemble du monde arabe et musulman, en attendant sa disparition totale tout en contribuant d’une manière directe ou par répercussion à hypothéquer le présent et l’avenir de la plus grande partie des peuples dans le monde.

(À suivre)