Bonjour Emna Z,

Merci, comme à tous les autres d’avoir exprimé, votre réaction et surtout vos reproches (*).

D’abord juste une précision, ce n’est pas suite à mon article que vous avez visité espacemanager.com, mais vous l’aviez déjà fait pour les complimenter comme l’indique l’heure de votre commentaire sur le site, près de 8 heures avant la publication de ma réaction sur Nawaat.

 

Tunisie : Emna reaction on espacemanager.com


 
Mais, au fond, ceci n’est pas si important.

Ce qui est certain, c’est qu’effectivement, et vous avez raison de le dire, ils ont validé des commentaires critiques à leurs égards et c’est à mettre à leur crédit. Ces commentaires je les ai vus. Et n’eut été leur capacité méritoire à valider certains commentaires critiques, j’aurais été complètement indifférent à ce site, comme je le suis à tant d’autres qui n’ont pas la moindre crédibilité à mes yeux. Et manifestement espacemanager.com est un site crédible et respectable à mes yeux.

Néanmoins, il faut bien comprendre ceci, quand je poste un commentaire pas tendre certes, et que je reviens ensuite pour constater qu’il n’a pas été validé, je suis en droit de m’interroger sur les autres commentaires susceptibles d’avoir subi le même sort.

Je sais, ce n’est pas toujours facile pour eux ni d’ailleurs pour tous ceux qui gèrent des sites qui permettent l’interactivité avec leurs lecteurs. Car évidemment, pour certains commentaires, ils se doivent d’être envoyés à la poubelle tant ils sont indignes d’être publiés. Ce choix d’envoyer à la poubelle de tels commentaires relève de la liberté d’appréciation des modérateurs. Et cette appréciation peut varier selon les individus. Mais ce qui ne varie pas, c’est le fait que nous devons tous assumer la responsabilité de nos choix de modération devant le public.

Et en ce qui me concerne, hier, j’ai été particulièrement agacé que mon commentaire puisse passer à la trappe. Et dans un billet d’humeur, je l’ai fait savoir. Et pour être honnête avec vous, j’éprouvais une quasi-obligation morale de la faire. Je n’ai rien contre ce site, ni d’ailleurs contre l’auteur de l’article que je ne connais pas. Je me suis exprimé sur des questions de principe qui dépassent ma petite personne, l’auteur mis en cause hier et le site espacemanager.com. Et si j’ai blessé l’auteur en question, je m’en excuse. Je n’avais absolument rien de personnel contre lui. J’ai juste, avec le temps, accumulé des montagnes de colère et d’exaspération contre toutes les niaiseries journalistiques d’où qu’elles viennent.

Aujourd’hui, on découvrant que le commentaire en question a été validé, j’éprouve de l’estime et du respect pour celui qui a eu le courage et la force de caractère de le faire, surtout après ce qui s’est passé. Et pour être encore plus clair, il n’y a pas pire situation pour un modérateur, que lorsqu’il réalise qu’il y a eu une erreur d’appréciation et, qu’entre temps, les choses se soient gâtées. Dans pareilles circonstances, beaucoup n’ont pas la force et le courage de rétablir l’erreur par crainte du “qu’en dira-t-on » et du “ils-ont-fini-par-céder-sous-la-pression”. Et tous les responsables de sites indépendants vont diront à quel point ils ont horreur de ceux qui cherchent à exercer une pression sur eux. A cette heure-ci, je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé avec mon commentaire sur espacemanager.com. Mais si vraiment, il y a eu erreur d’appréciation sur mon commentaire, et que par la suite cette appréciation a été révisée, mais alors vraiment je leur tire mon chapeau.

Sinon sur le fond de mon billet d’hier, votre opinion est évidemment la bienvenue quel que soit son contenu y compris pour dire qu’elle altère à ma crédibilité. Ce que je trouve à titre personnel fabuleux, c’est ce changement fantastique que l’internet a permis. Le temps de la communication à sens unique est désormais révolu. Tout un chacun qui s’exprime publiquement doit à présent savoir qu’il n’a plus le monopole de la parole publique. Président, ministre, journaliste, responsable d’association, responsable de site, syndicaliste, responsable dans un parti politique… tout ce qui est dit à présent est soumis à l’appréciation publique des opinions. Et nous devons tous faire en sorte que l’expression de ces opinions soit encouragée et surtout protégée contre la censure.

Evidemment, les mentalités ont du mal à suivre, et parmi les ” vieux croutons”, les anciennes habitudes ont du mal à évoluer. Et je ne parle pas uniquement des responsables aux gouvernes du pays. Je parle de la majorité écrasante de tous ceux qui exercent une quelconque responsabilité au sein du tissu social. Il est exceptionnel que ces personnes-là prennent le risque de descendre dans l’arène “online” de l’opinion publique. Hormis quelques personnes qui se comptent sur les doigts d’une seule main (patience je vais citer des noms), que l’on soit syndicaliste, ministre, responsable association, on ne supporte pas la critique publique -pourtant le pendant naturel de la responsabilité exercée – et encore moins de prendre le temps de répondre aux « vas-nu-pieds » qui sévissent sur internet.

Ceux qui ont la force de caractère, la lucidité et surtout l’intelligence de prendre la critique pour ce qu’elle est non comme une attaque personnelle sont rares.

Parmi ces personnes, je songe au remarquable Tahar Ben Hassine de la chaine Elhiwar, auquel je réitère toute mon estime et ma considération pour son attitude exemplaire. Estime et considération qui sont proportionnelles aux larges critiques (justifiées ou injustifiées peu importe) dont il a pu faire l’objet, du moins sur les pages de Nawaat.

Avec le recul, quand je relis certaines critiques que j’ai moi-même formulées à son égard, je suis épaté par la patience et l’intelligence de l’homme, lequel pourtant n’a pas cessé de venir échanger le plus calmement au monde sur les sujets débattus. Pareilles attitudes sont tellement exceptionnelles dans le paysage tunisien, qu’il me semble nécessaire quand l’occasion se présente de rendre hommage à leurs auteurs. Je pense également à Moncef Marzouki, un homme doué d’une rare intelligence, à ce jour seul homme politique de son envergure capable d’affronter la foule au point de descendre dans l’arène du peuple sans filet, comme il l’a fait sur Tunezine et comme il continue à le faire de temps à autre sur la blogosphère. Et tout récemment, il y a à peine 72 heures, et en relisant un commentaire que j’ai laissé sur le blog d’un journaliste, de surcroît syndicaliste, j’ai trouvé que la formulation d’une critique que j’avais faite à son égard était un tantinet sévère. En guise de réponse, il m’a, entre autres, manifesté son amitié (Si tu lis ces lignes Zied, sache que j’ai été très touché par la manifestation de cette amitié surtout dans le contexte où tu l’as fait. Crois-moi, ce n’est pas si banal que ça que de répondre à la critique par l’amitié). Et quand je pense que pour moins que cela, certaines personnes m’en veulent terriblement…

Chère Emna Z, on doit apprendre à vivre et à s’acclimater à la critique (encore ne fois, justifiée ou non). Et pour beaucoup, nous devons apprendre à être sans complaisance vis-à-vis de certains principes. C’est parfois difficile, je l’admets, surtout lorsque la personne en face est un ami, un proche ou tout simplement une personne que l’on apprécie. Bien sûr, la vie n’est pas qu’une somme de principes à respecter, c’est aussi des rapports humains à entretenir et des fidélités à honorer. Car ne perdons pas de vue non plus que la fidélité aussi est une valeur à préserver. Mais si ces rapports humains et ladite fidélité qu’ils supposent prennent en permanence le dessus sur les principes, tout le monde finit par en pâtir, y compris les rapports humains que l’on désire préserver.

A présent et pour finir, que ma démarche pour défendre certains principes ait pu déplaire, je pense que ce n’est pas si grave que ça. Et ce que je dis là est d’autant plus important, que, mes activités d’universitaire ne me le permettant pas, je n’aspire à me présenter à aucun mandat électif et que, par conséquent, je n’ai pas une clientèle de voix à ménager ou à satisfaire. Je ne suis pas en train de critiquer les postulants à des charges électives, il en faut et leur dévouement est indispensable. Je veux juste dire qu’il appartient aussi et surtout aux simples citoyens de dire des choses et d’exprimer des critiques que ceux qui aspirent à exercer des responsabilités ne sont pas en mesure de faire par nécessité politique. Et si politiquement tout n’est pas rose dans notre pays, c’est aussi parce que le simple citoyen ne s’investit pas assez pour que les choses aillent mieux.
C’est du moins mon avis…

Cordialement Astrubal, le 2 septembre 2008.
http://astrubal.nawaat.org
www.nawaat.org

 

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Comment by Emna Z. on 2 September 2008:

Bonjour , suite a votre artile sur ce journal espacemanager.com, j’ai visite le website de ce journal et me suis rendue compte que par rapport a cet artcile concernant facebook , beaucoup de commentaires ont ete publies et qui n’etaient pas non plus tendres avec l’auteur de l’article , je trouve donc que votre reaction par rapport a votre commentaire est quelque part injustifiee ( surout pour un commentaire poste hier soir a 2 h du matin .
Ou est la censure dans tout ca ????? Pour ma part , moi qui ne suit qu’une simple lectrice , ce n’est vraiment pas l’impression que j’ai en lisant les commentaires d’autres lecteurs ayant reagis sur cet article .
En l’occurence , j’estime que rien que le titre de votre article n’est pas a sa place car les commentaires deja publies n’y vont pas de main morte en ce qui concerne l’auteur de l’article.
Le probleme , qui me semble etre le plus grave dans tout ca , c’est qu’au lieu de vous preoccuper de reels problemes , vous avez perdu votre temps a ecrire tout un article en pronant la censure la ou il n’y en a pas ! et surtout en vehiculant sur ce site de fausses informations ( ce qui remet en question votre credibilite pour tous les autres articles ecrits et publies) a 2h du matin !
Bien a vous