Vingt quatre jeunes de Ksibet El Mediouni ont comparu, jeudi dernier, devant le tribunal de Monastir. Ajourné à plusieurs reprises, le procès a été fixé au 26 février 2015. Accusés d’avoir brûlé un poste de police, en février 2013, lors d’une manifestation condamnant l’assassinat de Chokri Belaid, ces jeunes appellent à mettre fin à leur calvaire.
D’après Maître Charfeddine Kellil, l’un des avocats de la défense, ce procès s’inscrit dans la vague de répression contre les jeunes de la révolution. Même si la compagne « Moi aussi, j’ai brûlé un poste de police » a réussi à faire voter une loi qui immunise les Tunisiens ayant participé aux manifestations de la révolution contre toute tentative de vengeance, un arsenal de lois répressives qui met en péril la légitimité de la contestation politique et sociale en Tunisie reste à réformer.
Le procès de Ksibet El Madiouni est encadrée par le Forum Tunisien des Droits Économiques et Sociaux qui a organisé, la veille du procès, une réunion avec les familles des victimes. Les familles y ont exprimé leur colère contre cette punition collective qui s’abat sur leurs enfants.
Depuis une année, nos enfants n’ont plus le droit au travail ni à une vie normale. Ils sont enfermés dans le quartier et sombrent, de plus en plus, dans l’alcool et la drogue. Pourtant, ils n’ont rien fait. Le soir où les incidents ont eu lieu, tout le quartier peut témoigner qu’ils n’ont pas brûlé le poste de police. D’ailleurs, un expert que nous avons engagé a certifié que le poste de police a été brûlé de l’intérieur …, affirme l’une des mamans.
Les habitants de Ksibet El Madiouni sont convaincus que le poste de police a été brûlé par les policiers eux-mêmes.
Ils veulent se débarrasser de nous, et c’était l’occasion idéale pour nous coller ce procès. Il faut dire que notre relation avec la police est très tendue, depuis plusieurs années. Dans notre région, plusieurs jeunes ont fait de la prison, pendant que d’autres rasent les murs, à longueur de journée, pour ne pas avoir de problèmes avec les flics… Après l’assassinat de Chokri Belaid, nous étions en colère et nous l’avons exprimé, pacifiquement, mais la police a choisi la répression … Ce procès est la partie immergée de l’iceberg. Cette politique de vengeance contre la jeunesse révolutionnaire va durcir, dans les années à venir …, prévient Mohamed Al Agha, l’un des jeunes accusés.
Quand on inculpe des jeunes qui étaient en voyage ou au travail, pendant que la manifestation censée les impliquer était entrain de se tenir, comment croire qu’une police républicaine et qu’une justice neutre sont possibles ? Nos jeunes sont listés par la police, depuis les événements du 14 janvier 2011, résume un père qui essaye de convaincre le tribunal que son fils était sur un chantier à Ksar Helal durant tout le mois de février 2014.
Au moment où les Tunisiens se félicitent d’avoir réussi leur transition politique, la liste des procès iniques et les cas de répression et de violence policière s’allonge, sous le silence inquiétant de la classe politique et d’une grande partie de la société civile.
Voilà un point de vue qui justifie n’importe quel acte de violence et pour quelque motif qui soit.On veut que la pagaille soit institutionalisée au nom de la revolution bien sur, et que notre société deviennent une jungle ou règne la loi du plus fort. On aura le droit de détruire l’Etat (ou “taghout”), de tuer ceux qui nous protègent qu’on appelle “terroristes”. On n’aura plus besoin de justice, de lois et de tribunaux. Au lieu de développer notre pays , on veut le faire reculer au temps d'”avant l’histoire”. Bravo à l’auteur de cet article et à Nawat (qui l’a publié) au nom de la liberté d’expressionbiensur.