TrackTour #12 : De l’underground tunisien à la scène indépendante française, les sorties de 2016

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Ils évoluaient tous dans les cercles marginaux de la scène underground tunisienne. Après avoir traversé la Méditerranée à la recherche de nouveaux horizons, ils ont tracé leurs chemins, chacun dans son registre de prédilection. L’année 2016 est celle du couronnement de leurs efforts avec des sorties discographiques faisant la synthèse de leurs parcours hors des sentiers battus.

Jazz Oil – Lamma (album Lamma, mars 2016)

L’album est sorti le 25 mars à la FNAC et sur Amazon. Il est désormais disponible en Tunisie, à la Maison de l’Image. Dans ce disque à l’univers atypique, les compositions de Slim Abida , à la basse, s’allie subtilement aux mélodies du qanun de Nidhal Jaoua. Aux côtés de Marc Dupont à la batterie, Anthony Honnet au clavier et Amir Mhala au saxophone, ils livrent une palette de couleurs musicales allant du jazz jusqu’au funk, truffée d’inspirations mélodiques arabes, maghrébines et turques. Portant ce projet depuis 2008 en Tunisie, Slim Abida, ancien de Gultrah Sound System et membre actuel du Hayder Hamdi Dub Live Band, n’a pas perdu de temps depuis son arrivée à Paris en novembre 2011. Il a rapidement rencontré Nidhal Jaoua qui y réside depuis septembre 2010. Malgré sa condamnation à un an de prison ferme en septembre 2013, lors d’un séjour à Tunis, il ne lui a même pas fallu 2 ans après sa libération en juillet 2014 pour sortir cet album. Jazz Oil seront en tournée en France durant le mois d’avril.

Nawather – Daret Layyam (album Wasted Years, janvier 2016)

Nidhal Jaoua ne se contente pas de ses expériences avec Hayder Hamdi et Jazz Oil. Après le reggae et le jazz, son qanun s’aventure aussi dans le registre metal avec Nawather, formation créée en 2013. Sorti le 08 janvier 2016 sur iTunes, « Wasted Years » est le premier album de ce groupe. A part Jaoua et la vocaliste Ryma Nakkach, tous les autres membres de Nawather jouaient dans des groupes de la scène metal tunisienne : le vocaliste Raouf Jelassi avec Occulta, le batteur Saif Louhibi avec Myrath. Quant au guitariste Yazid Bouafif et le bassiste Hichem Ben Amara, ils étaient membres de Melmoth. Leur nouvel album atteste de la maturité du groupe et témoigne de sa réussite à développer une identité originale et excentrique.

Ghoula – Dawri (album Hlib El Ghoula, juin 2016)

Installé en France depuis 2013, Ghoula, de son vrai nom Wael Jegham, sortira son premier album en Tunisie, le 21 juin, à l’occasion de la Fête de la Musique qu’il célébrera avec un concert à l’Avenue Bourguiba. La sortie française se fera après. Intitulé « Hlib El Ghoula », ce disque paraitra chez Shouka, label indépendant de musique ethno-électronique basé en France et créé par l’artiste tunisien Amine Metani. Ghoula a déjà révélé 5 morceaux extraits de son album sur Youtube. Il s’agit de compositions électroniques puisant certaines sonorités et samples vocaux dans le terroir musical maghrébin. Un projet solo où Ghoula approfondit sa recherche après avoir annoncé la couleur avec l’éphémère formation A5tuna (2011-2013). « Hlib El Ghoula » s’annonce prometteur de par sa capacité à revisiter le répertoire traditionnelle, en renforçant son groove et sa mélodicité sans l’altérer ou le déposséder de son authenticité.

Shinigami San – Less n Less Posdcast (bientôt l’album Sequences)

Résident en France depuis 2010, Shinigami San est un vétéran de la scène underground tunisienne avec le groupe E (2006-2008), Hextradecimal Crew (2007-2009) et dès le début des années 2000 avec plusieurs formations de blues, rock, reggae et autres fusions telles que Khepra, Antimatiere, Stavka, ou le 38ème Parallèle. Il sera bientôt de retour avec un nouvel album, sous forme d’une mixtape de 14 morceaux, intitulé « Sequences / تسلسلات » qui sortira chez le label indépendant grenoblois Full Fridge Music. Pour ce nouveau projet, Shinigami San, de son vrai nom Zied Meddeb Hamrouni, a pris de la distance du dubstep et autres genres du registre pour lequel il s’est fait connaitre avec le collectif tunisien « World Full Of Bass ». D’ailleurs, avec « Sequences », on sera loin de l’univers de son dernier album, le sombre et brutal « Toys », sorti en 2011. Exit le techno et le noise. Place à une expérimentation de plus en plus débridée. Ce mix se rapproche de l’orientation du nouvel album.

Emel Mathlouthi – Teaser (album Ensen, septembre 2016)

Installée en France dès 2008 après avoir sillonné les scènes estudiantines et alternatives tunisiennes, Emel Mathoulothi a sorti son premier album « Kelmti Horra » en 2012. Propulsée par l’engouement international pour la Tunisie après la révolution de 2011, elle a donné des concerts aux quatre coins du monde, avant de rentrer en studio pour préparer son nouvel album « Ensen », dont la sortie est prévue pour septembre 2016. Résolument plus électronique que le précédent, ce nouveau disque sortira en indépendant. Pour parvenir à le faire, Emel Mathlouthi a entamé une collecte de dons en lançant une campagne de financement participatif.

 

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1Comment

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  1. 1
    Bechir Toukabri

    On dirait qu’il n’y a de production musicale en Tunisie que le monde de “l’underground”. C’est comme ne voir dans un paysage extérieur de campagne que la bouse de vaches et la crotte des ânes? Est-ce un trouble de la vision ou une déformation du gout? De plus tous les artistes cités ont vécu une parti de leur vie à l’étranger ou ils étaient des illustres inconnus, et c’est grace à la révolution qu’ils sont apparu. Même leur musique est à moité occidentale, à moitié arabe ou tunisienne. N’est-ce pas le commencement d’une acculturation incomplète. On va attendre combien de temps pour voir vers ou ils vont basculer? Vers leur terroir d’origine? Ou vers les terres maudites?

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