JANOUBIA

Après avoir exhibé son amateurisme, fait la promotion d’un charlatan et multiplié les dérapages scandaleux, Al JanoubiaTv a aggravé son cas en montrant sa facette de voleuse sans vergogne. Deux émissions de la chaîne privée se sont appropriées des images extraites de deux reportages de Nawaat  sur la contestation sociale à Kerkennah.

Vol et fourberie

Durant une heure, syndicalistes policiers et prétendus experts défilent devant des caméras qui n’ont jamais fait le déplacement au théâtre des événements traités par l’émission, Kerkennah. Mis en ligne le 24 avril,  ce numéro d’« Interdit de diffusion » a pris la liberté d’exploiter des images extraites du reportage de Nawaat à Kerkennah, sans mentionner leur origine. Al JanoubiaTv ne s’en est pas contentée. La chaîne a carrément recadré ces images de sorte à occulter le logo de Nawaat. Et il ne s’agit pas de quelques secondes mais de 6 séquences d’une durée totale de 4 minutes et 35 secondes.

Pire : Accordant plus de 90% du temps de parole aux syndicalistes policiers et autres présumés experts, le montage, nourri par les images volées de Nawaat, déforme le propos de la vidéo originale. Il cherche, sans succès, à donner à cette émission un semblant d’équilibre, alors qu’elle sombre dans un conspirationnisme aveugle. Les témoignages des acteurs de la contestation et autres Kerkenniens victimes de la violence policière, filmés par Nawaat, sont fourrés dans le montage de manière à discréditer les protestataires. Après leurs déclarations, le montage d’Al JanoubiaTv enchaîne avec les propos de syndicalistes policiers, à la fois dans la posture de l’acteur et de l’expert, voire même du journaliste.

Excellant dans le plagiat et la mauvaise foi, Al JanoubiaTv a récidivé en exploitant des images de la même vidéo mais aussi celles d’un reportage de Nawaat tourné à la manifestation de soutien au mouvement contestataire de Kerkennah, tenue le 15 avril à l’Avenue Bourguiba. Toujours sans citer l’auteur des images et en supprimant son logo, l’émission « L’Heure Zéro », mise en ligne le 27 avril, a fait pire que la précédente. A sa fin, une boite nommée FM3 Production revendique, sans vergogne, « tous droits réservés ». Or, cette émission, d’une durée d’une heure, a volé 4 minutes et 15 secondes des images de Nawaat exploitées comme plans de coupe. D’ailleurs, pour cette chaîne, le vol d’images est un réflexe de production et non pas une bourde passagère. Quant au conspirationnisme et la désinformation, ils semblent s’inscrire dans sa charte éditoriale.

Récidiviste sans vergogne

« L’Heure Zéro » commence par une interview de Zoubeir Louhichi, président de la section Sfax Nord de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH). L’intervieweur adopte un ton accusateur, au point de provoquer l’indignation de son interlocuteur. Toujours sans faire le déplacement à Kerkennah, il délègue le contenu informatif, tout au long de l’émission, à des syndicalistes policiers et autres responsables sécuritaires. « Nous ne sommes pas partis à Kerkennah. Nous avons passé des appels. Et nous avons compris que nous ne sommes pas les bienvenus. Notre matériel est cher. Et nous avons peur qu’il soit cassé. Nous avons trouvé des gens qui veulent parler mais ils sont recherchés et ne peuvent pas venir à Sfax pour le tournage », prétend le présentateur de l’émission.

Pour appuyer sa rhétorique conspirationniste diabolisant les soutiens de la contestation à Kerkennah, l’émission a inclut dans son montage des images de Jilani Hammami, député du Front poulaire, volées du reportage de Nawaat sur la manifestation de soutien de l’Avenue Bourguiba. Elles ont été incrustées au moment où les syndicalistes policiers parlaient de « parties politiques manipulant les Kerkenniens ».

Autant de fourberies d’Al JanoubiaTv. Pourtant, Nawaat a toujours défendu la culture open source. Comme mentionné sur toutes nos productions, elles sont sous licence Creative Commons permettant de copier, distribuer et communiquer le matériel mais aussi de le remixer et de le transformer. Mais ces usages sont conditionnés par le fait de créditer l’œuvre, intégrer un lien vers la licence et indiquer si des modifications ont été effectuées. Il est également interdit d’en faire un usage commercial et en cas de transformation quelconque, la nouvelle production doit être diffusée sous la même licence de l’œuvre originale. Aucune de ces conditions n’a été respectée. Elles ont toutes été violées.