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Charade facile avec réponse:
– Mon premier est un blog, mon second est un blog, mon antépénultième est aussi un blog, mon tout est un multiple de blogs. Devine qui suis-je ?
– Tu blagues ? c’est absurde.
– Attends ! qu’est ce que tu as dit ?
– Blague…
– C’est exactement ça ! tu l’as très vite devinée, le pluriel de blog est blague. je suis une blague. je suis Diva Mother Fucker.

Le 26 aout 2016, Jihène Charrade publie son premier livre Diva Mother Fucker. Un recueil d’histoires drôles de jeunes femmes tunisiennes racontées dans un style burlesque qui défraye la chronique et la compagnie. Personne n’avait peint avec autant d’humour le comportement de la jeunesse féminine tunisienne. L’auteure développe une singularité qui, en aucun moment de ses chroniques, ne la quitta et ne la dévia d’un pas de ses satires jubilatoires envers ses compatriotes du même sexe.
Mais si la forme entraine le fond, le style burlesque de l’auteure ne dissimule-t-il pas la nudité et la médiocrité de l’œuvre. Un lecteur adulte, d’une génération familiarisée avec la littérature classique et sérieuse prend du mauvais côté le livre de Jihène Charrade et le juge médiocre dans son fond, vulgaire dans sa forme et vide de sens. Un autre, pense que c’est un livre d’une femme engagée, une Féministe.
Cependant, le recueil fait le bonheur des jeunes lecteurs. La légèreté de l’œuvre, aussi bien dans le volume que dans le style, attire et amuse à la fois. Ce genre de culture apporte un souffle nouveau à la vie stressante d’une jeunesse perdue et crée des moments de joie inespérées qu’ils découvrent dans un monde loin de la réalité.
Désirant éviter les excès, un autre lecteur verrait ce recueil comme une vision critique du comportement de la jeunesse tunisienne. Une critique qui utilise la médiocrité même pour guérir les maux de notre société. C’est aussi une manière de faire prendre conscience aux générations plus âgées que la joie de vivre de leur cadette ne suffit pas pour qu’elle devienne moderne et qu’il est peut être nécessaire de la prendre en compte dans l’éducation et l’encadrement de cette nouvelle génération.
Reconnaissons que l’avis de la jeunesse doit l’emporter et c’est normal dans un pays comme le nôtre où cette génération a fait ses preuves depuis cinq ans. Tout compte fait, ce petit livre n’est-il pas une nouvelle approche littéraire tunisienne, une spécificité de la jeunesse tunisienne de l’après révolution, un genre littéraire engagée qui se base sur l’humour pour dépeindre les problèmes de notre société. Avouons aussi que l’auteure, toute proportion gardée, suit les traces de ses ainés chroniqueurs, blogueurs, les plus adorés de leurs générations, Ali Douaji et Tahar Fazaa. Le premier, figure emblématique du groupe Taht Essour, connu par ses nouvelles caractérisées par un réalisme caricatural décrivant les mœurs de la société tunisienne d’avant l’indépendance, qu’il a publiées dans son célèbre recueil Sahirtou minhou allayali. Le second non moins satirique mais plus moderne qui nous épatait chaque semaine d’un blog dans l’hebdomadaire Tunis-Hebdo.