Le FTDES a dénoncé, le 30 août 2019, des vices procéduraux lors de l’octroi de cette autorisation et a contesté, non seulement la situation foncière du terrain, mais également ses conséquences sur l’environnement et la population locale. La réaction de cette organisation non-gouvernementale vient deux semaines après l’octroi de cette licence le 14 août et dix jours après son entrée en vigueur.

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Selon le communiqué du FTDES, ce terrain fait partie des domaines forestiers de l’Etat, d’où l’impossibilité de changer sa vocation et l’exploiter par des particuliers. L’organisation a même évoqué une suspicion de corruption dans l’octroi de la licence d’exploitation et a appelé à sa suspension immédiate.

Pour sa part, la section régionale de l’UGTT à Jendouba a appelé dans un communiqué publié le 26 août 2019 à ouvrir une enquête sérieuse et a remis en question la légalité de l’octroi de la licence d’autorisation. Contacté par Nawaat, son secrétaire général Khaled Labidi révèle que l’autorisation a été attribuée par la Direction générale des forêts sans consultation préalable du comité technique qui en dépend. Le gouverneur et la Direction régionale des forêts d’Ain Draham non plus. « Si le ministère de tutelle ne retire pas l’autorisation, nous allons recourir à toutes les formes de protestations possibles », menace Khaled Labidi. Il nous aussi confié que l’UGTT Jendouba a exercé une pression sur le ministère de l’Agriculture pour retirer la licence, mais jusqu’ici le ministère n’a pas tranché. Une pétition en ligne a également été lancée le 28 août 2019 suite à la décision du ministère de l’Agriculture sous le slogan « Non à la déforestation en Tunisie ».

De son côté, Salem Triki de la Direction générale des forêts affirme à Nawaat que « les procédures sont légales et qu’il n’y a eu aucune atteinte au domaine forestier. L’autorisation ne veut pas dire forcément destruction de la forêt. Il s’agit d’une exploitation qui peut impliquer différents types d’activités », explique t-il. Or, comme vous pouvez le remarquer, le document de la licence en question affiche noir sur blanc : « Est autorisée à M. […] la découpe d’arbres de pin sur un périmètre de 200 hectares à Ouled Helal, Jendouba ».

En Tunisie, la superficie forestière s’étale sur 1.3 millions d’hectares dont 70% se situent dans le Nord-ouest et le Centre-ouest du pays d’après un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Ces forêts comprennent principalement les arbres de pin d’Alep, les chênes de liège, le bois et les huiles végétales. D’après le rapport de la cour des comptes relatif au développement du secteur forestier, l’activité forestière représente 1.4% du Produit Intérieur Brut (PIB) et crée une dynamique économique au profit des habitants qui représentent 10% de la population totale et 23% de la population rurale.

La protection des forêts et de la vie terrestre de manière générale relève aussi des Objectifs du Développement Durable (ODD) et a été évoquée dans le programme des Nations Unies de développement durable à l’horizon 2030. Ce programme qui a été lancé en 2015 prévoit entre autres la préservation, la restauration et l’exploitation durable des écosystèmes terrestres, en l’occurrence les forêts et leur gestion durable. De ce fait, la préservation des forêts n’est pas seulement une question nationale mais plutôt un engagement international.