Le ministère tunisien du Commerce a démenti, dans un communiqué diffusé mardi, « l’existence d’échanges commerciaux entre la République tunisienne et l’entité sioniste ». Quant aux chiffres publiés par Comtrade, le ministère a indiqué que des produits d’origine tunisienne sont exportés dans différents pays et sont acquis par des centrales d’achat et des sociétés de commerce international non résidentes en Tunisie, et sont ainsi réexportés en partie ou totalement  vers d’autres pays. C’est de cette manière que ces produits peuvent parvenir à l’entité sioniste, note le communiqué. Le ministère précise que certaines institutions étrangères classent les transactions commerciales en fonction de l’origine première des produits et de leur destination finale, et non sur la base des critères en usages dans notre pays. Seules les exportations directes sont comptabilisées par les institutions tunisiennes chargées des statistiques et des données économiques, note la même source.

Il n’y a donc aucune trace d’un quelconque échange commercial entre la Tunisie et Israël dans les statistiques officielles tunisiennes, souligne le ministère.

La Tunisie s’est engagée à respecter les dispositions du boycott décidé par la Ligue arabe en vu de la non-application de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) en ce qui concerne Israël, a noté le communiqué. En clair, l’entité sioniste ne peut donc bénéficier de ce type d’accords de nature à lever les barrières commerciales et douanières.

Dans son communiqué, le ministère tunisien a ajouté qu’il se concerte avec d’autres structures concernant les éventuelles infiltrations de marchandises israéliennes dans le marché local, et ce, qu’elles proviennent de l’entité sioniste ou d’autres pays.

En outre, le ministère tunisien du Commerce a déclaré qu’il «interdit de traiter avec les entreprises étrangères enfreignant les principes et dispositions du boycott arabe de l’entité sioniste, tels qu’ordonnés au niveau ministériel par la Ligue des États arabes ».

Le site Comtrade relevant de l’Organisation des Nations Unies a fait état de statistiques mettant en évidence l’évolution des échanges commerciaux entre la Tunisie et Israël. Ces échanges se sont élevés à 28,582 millions de dollars en 2021, contre 18,976 millions de dollars en 2018. Les importations d’Israël depuis la Tunisie se sont élevées en 2018 à environ 18, 976 millions de dollars, contre 15 millions de dollars pour ses exportations vers notre pays. Les produits textiles figuraient en tête de liste des marchandises tunisiennes acquises par Israël, atteignant 14,998 millions de dollars en 2021.

Selon un article publié par Nawaat en juin 2021, les échanges commerciaux entre la Tunisie et Israël ont augmenté de 94% au cours de la période de 2016 à 2020. Il apparait également que l’entité sioniste a importé en 2020 de Tunisie des huiles végétales et animales à hauteur de 2,079 millions de dollars.

Le même article indique que le 5 mai 2021, le site web Vesselfinder a relevé l’entrée dans les eaux tunisiennes d’un navire marchand en provenance d’Israël, portant le nom Ekaterina, et battant pavillon maltais. Le navire en question a passé 17 jours dans le port de Rades avant de le quitter le 22 mai. Et ce n’était pas une première. Le même navire avait précédemment accosté dans ce même port tunisien, le 31 mars de la même année.

Le refus du parlement tunisien dissous de voter un projet de loi criminalisant la normalisation avec Israël avait soulevé une vive polémique. Quant à Kais Saied, il a multiplié au cours de sa campagne électorale présidentielle, les déclarations incendiaires qualifiant de haute trahison les tentatives de normalisation. Cependant, la nouvelle constitution promulguée sur l’instigation du président actuel, n’a à ce jour inclus aucun article criminalisant la normalisation.