Le Monde Diplomatique, Juillet 2008, p.11
En arrêtant fin juin plusieurs dirigeants du mouvement de protestation qui touche la ville de Redeyef, en les inculpant de délits graves (constitution de bandes en vue de commettre des agressions contre les personnes et les biens, déstabilisation de l’ordre républicain, violences sur des représentants de l’ordre, etc.), en conduisant des interrogatoires musclés, le pouvoir tunisien tente de mettre fin à une mobilisation qui a regroupé depuis le mois de janvier toute la population du bassin minier de Gafsa.
Par Karine Gantin et Omeyya Seddik
« Puisqu’ils veulent tant cette ville, on la leur laisse ! » En colère, les femmes de Redeyef, dans le bassin minier de Gafsa, décrètent l’évacuation générale, le mercredi 7 mai 2008. De nombreux habitants « démissionnaires » prennent la route avec un bagage improvisé pour protester contre l’invasion de leur ville par des troupes policières. Celle-ci les met en garde : s’ils gagnent ainsi la montagne, en direction de l’Algérie, ils seront accusés de trahison, à l’instar du village voisin qui avait demandé l’asile politique à ce pays quelques semaines plus tôt. Ils font donc demi-tour, convaincus par les membres du comité de négociation saisi par un pouvoir local désorienté. L’argument avancé les convainc: il faut rester… pour continuer la lutte.
Depuis le début de cette année, à quatre cents kilomètres au sud-ouest de Tunis, la population d’un bastion ouvrier, souvent rebelle par le passé (1), se construit ainsi sa propre histoire dans une révolte soudée, rageuse et fière. Elle affronte sans faillir une stratégie gouvernementale faite d’encerclement et de harcèlement policiers d’un côté, de contrôle des médias de l’autre.
Tout commence le 5 janvier 2008, jour où sont publiés les résultats, jugés frauduleux, du concours d’embauche de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), l’unique moteur économique de la région. De jeunes chômeurs occupent alors le siège régional de la centrale syndicale à Redeyef. Ils sont rejoints par les veuves des mineurs et leurs familles, qui installent leurs tentes devant le bâtiment. Le mouvement s’étend rapidement. Ouvriers, chômeurs, lycéens et habitants multiplient les grèves, les actions et les rassemblements. Sur fond de grande pauvreté et de flambée des prix, tous protestent contre la corruption d’un système local népotique et contre une politique de l’emploi injuste.
Redeyef est proche de la frontière algérienne. Comme les autres villes du bassin minier de Gafsa (Oum Larayes, Metlaoui, El Mdhilla…), elle vit sous l’empire de la CPG depuis la création de cette dernière en 1897, autour des gisements découverts par le Français Philippe Thomas (vétérinaire militaire, directeur de pénitencier agricole indigène, géologue amateur).
L’extraction des richesses du sous-sol s’y est faite, dès les origines, selon les méthodes typiques du modèle colonial (2) : accaparement des terres par l’expropriation brutale des populations indigènes ; exploitation intensive des ressources naturelles ; extraction à forte consommation de vies humaines et à forte production de déchets polluants ; rapports de travail et de pouvoir appuyés sur les allégeances clientélistes, claniques et familiales (3).
Phosphates, clientélisme et corruption
La plupart de ces traits ont survécu à la décolonisation, sous des formes renouvelées. La CPG, qui a fusionné en 1996 avec le Groupement Chimique Tunisien (GCT), reste le principal pourvoyeur d’emploi de la région. Au cours des vingt cinq dernières années, la modernisation de la production, la fermeture progressive des mines de fonds au profit de celles à ciel ouvert a réduit la pénibilité du travail et le taux de mortalité parmi les ouvriers. Mais cette modernisation, articulée à l’application du « plan d’ajustement structurel », a réduit d’environ 75% les effectifs employés de la compagnie.
Aujourd’hui, seules cinq mille personnes sont y directement employées . Elles bénéficient d’un statut et de conditions de travail enviés par tous dans une région où le chômage frappe 30% de la population active (le double du taux national), selon des chiffres officiels discutés. Autour de la compagnie gravitent de nombreuses entreprises de sous-traitance, avec leurs emplois précaires et sous-payés. Le petit commerce, notamment avec l’Algérie voisine, complète le tableau de l’emploi. Pour trouver du travail, certains risquent leur vie en traversant la Méditerranée. D’autres s’installent dans les banlieues pauvres des villes de la Tunisie « utile », celle du littoral.
Les cinq mille postes de la compagnie ainsi que les fonds destinés à la reconversion sont gérés en collaboration étroite avec l’UGTT. Jusqu’à ces dernières années, la stabilité de la région était obtenue avec une modeste redistribution des bénéfices énormes que génère l’industrie phosphatière, selon de subtils équilibres claniques et familiaux garantis par les dirigeants régionaux de la centrale syndicale et du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Ces dirigeants étaient en même temps les représentants ou les interlocuteurs des principales tribus, les Ouled Abid et les Ouled Bouyahia. La diminution progressive des ressources à distribuer et la généralisation de la corruption, alors même que le cours international du phosphate flambe, ont rompu ces équilibres. La direction régionale de l’UGTT est devenue le centre d’une oligarchie qui ne fait plus bénéficier que ses amis et parents directs des miettes de la rente phosphatière. Elle est le représentant local le plus puissant de ce que les habitants ne voient plus que comme un pouvoir « étranger » injuste.
« Nous le peuple des mines, nous ne sommes jamais injustes, mais si on est injuste envers nous, alors… » La phrase se conclut sur un juron explicite. Cette banderole est déployée à l’une des entrées de Redeyef, un quartier pauvre et marginalisé, théâtre d’affrontements récents avec la police. Au fil des mois, depuis janvier, la mobilisation n’a pas faibli. Au contraire, les actions des chômeurs, des diplômés sans emploi de l’université sont renforcées par des occupations et des manifestations, dans lesquelles se retrouve toute la population. Les sit-in des familles des invalides de la Compagnie et des morts à la mine se conjuguent aux actions des ouvriers licenciés. Les protestations des mères dont les fils ou les maris sont emprisonnés à la suite des premières manifestations ont débouché sur une grève générale qui touche jusqu’aux petits commerçants.
La nuit, les jeunes patrouillent dans Redeyef par petits groupes pour la protéger, après avoir sonné le rassemblement à l’aide de pierres cognées contre les structures métalliques d’un pont. Ils appellent ça « les tambours de la guerre » et usent d’un vocabulaire qui convoque les traditions des tribus guerrières, prêts qu’ils sont à s’affronter avec les policiers… ou à leur voler leurs sandwichs pour les redistribuer. Le ton général reflète une impressionnante cohésion populaire que les forces de l’ordre ne parviennent pas à rompre. En dépit du contrôle étatique des médias, le soulèvement de cette région enclavée, représente le mouvement social le plus long, le plus puissant et le plus mûr qu’ait connu l’histoire récente de la Tunisie.
Le pouvoir y a répondu par une répression de plus en plus brutale qui a fait au moins deux morts, des dizaines de blessés et de détenus. Des familles ont été brutalisées, des biens privés saccagés. Le déploiement d’unités blindées de l’armée a renforcé le siège du bassin minier durant le mois de juin. L’escalade de la violence d’Etat se manifeste par l’utilisation de balles réelles, la multiplication des enlèvements de jeunes pour interrogatoire et emprisonnement, et par des ratissages militaires dans les montagnes environnantes, en vue de retrouver ceux qui tentent d’échapper à la torture.
Plusieurs groupes de jeunes ont déjà été traduits devant les tribunaux pour des procès d’où la population accourue a été tant bien que mal écartée par les forces de l’ordre. La lourdeur des peines diffère du tout au tout, d’un procès à un autre, signe que le pouvoir hésite sur la stratégie à tenir.
L’opposition, à Tunis, ainsi que des comités de soutien, à Nantes, où vit une communauté immigrée originaire de Redeyef, à Paris (4), ou encore à Milan, se battent pour casser le blocus de l’information. Mais la mobilisation reste circonscrite. Politiquement exsangue, passée depuis longtemps sous rouleau compresseur d’un régime policier, la société civile tunisienne peine à réagir. Le pouvoir n’évoque les événements que pour incriminer des « éléments perturbateurs ». Est-ce pour cela que le soulèvement ne s’est pas étendu au-delà de la ville de Feriana, dans le gouvernorat voisin de Kassérine?
Dans Redeyef, le vent de la contestation a sculpté un nouveau quotidien. Le siège local de l’UGTT, en plein centre-ville, a été réquisitionné, au nez de la sous-préfecture voisine ; il est devenu le quartier général des habitants en révolte. Les hommes de main de la direction régionale de l’UGTT ont bien tenté de le reprendre en y apposant des cadenas… La population a imposé sa réouverture. Au rez-de-chaussée du local, qui abrite les réunions, le café sert d’agora permanente. La vaste terrasse qui le prolonge accueille les rassemblements autour d’orateurs postés au balcon du premier étage. Lors des meetings, la présence des femmes est notable. Juste en face, on distribue les tracts et les journaux de l’opposition. C’est là que se dressait, jusqu’en juin, une baraque marchande, celle de Boubaker Ben Boubaker, dit « le chauffeur », diplômé chômeur, vendeur de légumes, connu entre autres être l’auteur d’une lettre ironique et drôle sur les solutions au chômage, adressée au ministre de l’éducation. La police a fait irruption chez lui; sa baraque a été mise à sac. Comme d’autres opposants, il s’est enfui dans la montagne.
« Il nous faut obtenir un résultat positif. Les gens doivent savoir que la lutte pacifique n’a pas été vaine. Sinon, ce sera catastrophique… ». M. Adnane Hajji, secrétaire général du syndicat de l’enseignement élémentaire dans la ville de Redeyef, et figure charismatique du mouvement, a su s’imposer par-delà les rivalités et les clans locaux. Il jouit d’une grande popularité, y compris auprès des ménagères et des gamins. Il sait que le rêve est allé loin déjà et que toute tentative de retour en arrière pourrait avoir des conséquences incontrôlables. M. Hajji a été arrêté chez lui, dans la nuit du 20 au 21 juin, puis inculpé. Les autres animateurs du mouvement sont tous recherchés.
Pour M. Hajji, le nœud de la situation reste régional. Certes, les panneaux électoraux « Ben Ali 2009 », qui annoncent la prochaine élection présidentielle, sont souvent enlevés par la population depuis le début du mouvement, quand ils ne sont pas détournés par une surenchère moqueuse du type « Ben Ali 2080 » ou « Ben Ali 2500 »… Mais lors des rassemblements et des réunions, les militants politiques sont priés de ne pas afficher leur appartenance.
En effet, dans le bassin minier, la population ne croit guère, pour l’instant, à un changement imminent à la tête de l’Etat (5). Seule une forte campagne de solidarité nationale et internationale, ou une extension de la contestation à d’autres régions, pourrait desserrer l’étau. En attendant, le mouvement réclame la fin de la répression et l’ouverture de vraies négociations pour une sortie de crise honorable. Il demande l’annulation des résultats du concours de recrutement jugé frauduleux, un programme d’embauche des diplômés sans emploi, l’implication de l’Etat dans la création de grands projets industriels, le respect des normes internationales relatives à l’environnement, des services publics accessibles aux plus pauvres, par exemple pour l’électricité, l’eau courante, l’éducation, la santé… La devise qu’il s’est choisie : « détermination et dignité. »
Karine Gantin et Omeyya Seddik
Respectivement journaliste et politologue, memebre de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)
Oumayya Seddik a séjourné sur place durant le mois de mai.
1) Cf. à propos de la grève dans le bassin minier de mars 1937 et de la représsion violente qui a causé la mort de dix-sept mineurs, le très beau texte de Simone Weil, «Le sang coule en tunisie », publié dans le recueil Ecrits historiques et politiques, Gallimard Paris, 1960. Elle y polémique contre le Front populaire qui prétend défendre la classe ouvrière et ferme les yeux sur les crimes commis contre elle dans les colonies. D’autre part, deux ans après la grève de 1978, se sont déroulésles «évenements de Gafsa«, au cours desquels la région a été la base d’une tentative de coup d’Etat. Lire aussi Khémais Chamari, « L’alerte tunisienne«, Le Monde diplomatique, mars 1980.
2) Lire Paul Vigné d’Octon, La Sueur du Bournous (1911), Les Nuits rouges, Paris 2001. L’auteur fut député de l’Hérault puis rapporteur spécial de l’Assemblée nationale sur la situation des colonies sous la III° République.
3) A propos du système de contrôle du territoire par le protectorat et l’articulation aux pouvoirs traditionnels, lire la thèse d’Elisabeth Mouilleau (1998), Fonctionnaires de la République et artisans de l’Empire. Le cas des contrôleurs civils en Tunisie, 1881-1956, L’Harmattan, Paris 2000.
4) C/oFTCR, 3,rue de Nantes, Paris 19°, www.ftcr.eu
5) Sur l’origine et l’évolution du pouvoir de M. Zine El-Abidine Ben Ali, lire Kamel Labidi, «La lonque descente aux enfers de la Tunisie » Le Monde diplomatique, mars 2006.
Il faut briser le Silence
Il ne faut pas nous garder en silence,
Énormes sont les conséquences.
Il ne faut pas nous faire taire,
La vie est précieuse et chère.
Il ne faut pas nous censurer,
Vivant et nous enterrer.
Vous n’avez aucun droit
A nous incarcérer
Et à nous humilier.
Arrête ta propagande de justice
Et d’égalité.
Nous n’avons plus de patience
A t’écouter.
Enlève tes chaines autour de nous,
Donne-nous notre voix,
Nos sentiments et notre liberté,
Et rédimer notre gaieté.
Permets-nous de choisir,
De penser librement
Et de juger
Le monde avec clarté.
Despote, Mégalomane part
Et disparaît…
tres beau poeme.Bravo l’artiste et ben ali, degages!
Rap Tunisien Dedicace au peuple de Redeyef:
http://tuniscarthage.com/index.php/200807041272/tunisan-video/special-coverage-redeyef-revolte-2008-video/rap-tunisien-dedicace-au-peuple-de-redeyef.html
A SUFFET DE CARTHAGE, J’ETAIS VOIR VOTRE CLIP VIDEO ET LA CHANSON ACCOMPAGNANTE, CA ME RAPPELLE BIEN DE MAUVAIS SOUVENIRS DE PROPAGANDE AVEC CE CLIP QUI SE REPETE PLUSIEURS FOIS,CETTE CHANSON QUI MALGRE SON BEAU RYTHME EST GROSSIERE.
CE CLIP NE DONNE AUCUNE VERACITE SUR L’EVENEMENT ET CET ETAT DE CHOSE N’EST PAS POUR DONNER DES SOLUTIONS.
NOTRE PAYS EST PACIFIQUE ET TOUT SE RESOUD PAR LE DIALOGUE ET NON EN PRATIQUANT LA LANGUE DE BOIS.
DIRE QU’ON EST OPPOSANT DONC DIFFERENT N’EST PAS UNE TARE EN SOIT MAIS FALLAIT-IL RAMENER, AVEC ENERGIE ET FORCE, LES IDEES POUR CONVAINCRE : C’EST VOTRE ROLE.
NOTRE PAYS EST CELUI DU CHANGEMENT, DU 7 NOVEMBRE CERTES, MAIS AU DELA CAR C’EST UNE DYNAMIQUE QUI EST CREE AUTOUR.
CETTE FENETRE DU CHANGEMENT EST RESTEE OUVERTE A TOUT UN CHACUN AFIN DE CONTRIBUER A L’OEUVRE ENTREPRISE, PAR LE PRESIDENT BEN ALI. OEUVRE DU PROGRES SOCIAL ET LE BIEN ETRE DU TUNISIEN.
COMPRENEZ ALORS QUE VOTRE PLACE A VOUS ET BIEN D’AUTRE EST AUPRES DE CELUI QUI TRAVAILLE POUR LA TUNISIE ET NON AUPRES DE CEUX QU’ILS LUI VEULENT DU MAL.
Ya si Lahbib on va te promettre le poste de vice président de votre CHO3BA, Baraka allahou fik 3al 9offa illi jeybha. de grâce n’insultes plus l’intelligence des gens
Mr Lahbib Trabelsi
Are you from Tunisia?
It seems that you live in denial, in a false dream or may be you have an invested interest in this regime; then no wonder you are a staunch supporter. If Tunisia as rosy as you described. Then all of us we should ask the following question; why most of the Tunisians are unhappy with their situation, and with this illegal government and at his helm The President himself and his cronies.
Mr. Lahbib; I would suggest to you to go and travel, talk to the locals and take notes, in the south and all the west of the country from Taberka all the way to the South West passing by Touzer, Douze, and then make a turn toward the other side of the border of Algeria.
The last question:
Tell me how come more than 10% of the population is living abroad; and more want to get the hell out of the country.
El Matarred
LE DROIT DE REPONSE,
JE DOIS VOUS AVOUER QUE JE NE SOIS JAMAIS DESOBLIGEANT ENVERS PERSONNE ET ENCORE MOINS ENVERS SON INTELLIGENCE.
NOUS SOMMES DANS UN FORUM D’IDEES AVEC NOS AVIS, NOS DIFFERENCES ET NOS SENSIBILITES.
CA NE DOIT PAS ETRE UN SUJET D’INSULTES, JE NE PENSE PAS M’Y ADHERER : CE N’EST PAS LE BUT RECHERCHE.
IL EST CLAIR QUE MON ATTACHEMENT A MON PAYS EST SINCERE ET NE PORTE AUCUNE CONNOTATION D’INTERET POLITIQUE OU MATERIEL.
J’AIME MON PAYS COMME VOUS AUSSI ET JE DOIS LE PRESERVER DE TOUTE DESTABILISATION SANS POUR AUTANT IGNORER LES VRAIS PROBLEMES EXISTANTS ET QUI SONT PAREILS DANS TOUT PAYS ET TOUTE DEMOCRATIE.
LA TUNISIE, QUE JE SILLONNE DE TEMPS A AUTRE, JE LA CONNAIS DU NORD AU SUD ET DE L’EST A L’OUEST.
J’Y AI VECU DANS DES PALACES ET AUSSI DANS DES TAUDIS ET JE VOUS ASSURE QUE JE PREFERE LA DEUXIEME VIE QUI APPORTE UN PLUS A L’INDIVIDU : RASSUREZ VOUS JE NE SUIS PAS AVEUGLE ET SURTOUT NE PENSEZ PAS QUE LE MALHEUR DE L’AUTRE ME REJOUIS.
JE LUTTE ET JE PASSE DES MESSAGES POUR CELA.
LA OU JE NE SUIS PLUS D’ACCORD EST QUE L’ON FERME LES YEUX A TOUT CE QUI SE FAIT DU BIEN DANS LE PAYS.
LA TRANSFORMATION HEUREUSE DU PAYS, SON RAYONNEMENT A TRAVERS LES PAYS : CE TRAVAIL EST LE FRUIT DES CES GENS QU’ON CRITIQUE ET QUI NOUS GOUVERNE ET A LEUR TETE MR LE PRESIDENT BEN ALI.
BIEN SUR QU’IL Y A CERTAINS QU’ON CROIT PREVILEGIES DANS LE PAYS MAIS JE VOUS ASSURE QUE CE SONT DES TRAVAILLEURS QUI MOUILLENT LEURS CHEMISES ET QUI GENERENT DE L’EMPLOI, ILS SAVENT QUE LEUR REUSSITE PASSE PAR LE PROGRES SOCIAL, ILS N’ONT PAS LE DROIT A L’ERREUR.
TEL EST MON SENTIMENT ET POUR CONCLURE JE DOIS EXPRIMER MA PROFONDE DESOLATION D’AVOIR INTENTIONNELLEMENT OFFENSER CERTAINES SENSIBILITES.
Monsieur Lahbib Trabelsi
Êtes-vous de la Tunisie ?
Il me semble que vous vivez dans le démenti, dans un rêve faux ou peut être tu as un intérêt investi dans ce régime; alors ce n’est pas étonnant que vous êtes un défenseur dévoué. Si la Tunisie est aussi attirante dans la manière que vous venez de décrire. Alors nous devrions tous poser la question suivante; pourquoi la plupart des Tunisiens ne sont pas satisfaits de leur situation, avec ce gouvernement illégal et à sa tête le président lui-même et ses copains.
Mr. Lahbib, Je te pose une suggestion d’aller et de voyager, parler aux gens du pays et de prendre des notes, a` travers le sud et de l’ouest du pays en partant de Tabarka jusqu’au sud ouest, en passant par Tozeur, Douze, et puis tournes vers l’autre côté de la frontière de l’Algérie.
La dernière question :
Dites-moi comment se fait-il que plus de 10% de la population vive à l’étranger, et plus encore veulent quitter l’enfer du pays.
El Matarred
A tous les Tunisiens qui croient a’ une justice sociale; demandant que tout travailleur doit gagner un salaire vivable et non pas des miettes. Tout le monde sait que le reste va directement dans les poches des exploiteurs et leurs amis Tunisiens dans le crime…
Les damnées de la dentelle
KSAR HELLAL (TUNISIE), SAINT-SAVIN (VIENNE) ENVOYÉ SPÉCIAL
Dans son classeur d’écolier Titeuf, elle conserve avec soin des dizaines d’articles de presse. Tous racontent la même histoire : le licenciement des ouvrières d’Aubade, dans la Vienne. A travers les reportages, c’est son “ancienne vie” que Robin Donatienne, 40 ans, dont vingt au service de cette marque de lingerie haut de gamme, a rangé dans un meuble près de la cuisine.
Consultez les dossiers, l’analyse approfondie des grands sujets d’actualité.
Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts
SUR LE MÊME SUJET
En mars 2007, Calida, propriétaire suisse d’Aubade depuis deux ans, a fermé un de ses sites, celui de La Trimouille, supprimé 134 emplois, et regroupé la centaine de salariés restants à l’usine de Saint-Savin, pour délocaliser définitivement sa production en Tunisie. Depuis, Robin Donatienne “ne sait pas quoi faire”. Elle a des problèmes de santé et ses 500 euros mensuels du chômage sont “durs, durs” à gérer. Heureusement, dit-elle, qu’il y a la télé pour se vider la tête. Même si le taux de chômage du département est inférieur à celui de la moyenne nationale, difficile pour une ouvrière non qualifiée de retrouver du travail. La cellule de reclassement mise en place par la direction de l’entreprise a été dissoute le 27 juin, sans avoir réussi à lui redonner espoir, pas plus qu’aux autres ouvrières restées sur le carreau. Selon Calida – surnommé depuis dans les villages “Al-Calida” -, 70 % ont trouvé une solution, CDI, CDD, formation, création d’entreprise, etc ; 48 %, rectifie la sous-préfecture de Montmorillon.
L’avenir ? Les maisons de retraite, les personnes âgées, les ménages. Devenir ADMR, aide à domicile en milieu rural. Le pays du Montmorillonnais est vieillissant : 28,7 % de la population (35 000 habitants) ont plus de 60 ans. “Il y a de la demande”, estime le député socialiste Jean-Michel Clément. Mais pour les “filles” qui ont manié toute leur vie de la dentelle de luxe, “torcher les vieux”, “laver les chiottes”, c’est une humiliation. Elles le disent : elles ont “socialement régressé”. “C’est vrai, ces métiers sont peu valorisants”, reconnaît le député. “Mais il n’y a pas de sous-métier”, tempère Christine Collin, 44 ans, dont vingt-cinq à Aubade, aujourd’hui ADMR.
Les élus ne peuvent que constater les ravages “psychologiques” de cette délocalisation. Au-delà de l’impact économique sur le “pays” – les commerçants de La Trimouille (1 000 habitants) ont perdu 20 % de leur chiffre d’affaires -, “le lien social entre les ouvrières a disparu, regrette Yves Bouloux, président de la communauté de communes du Montmorillonnais. Une délocalisation, c’est déstructurant.” “Il y avait du covoiturage”, se souvient Jean-Marie Rousse, maire socialiste de Saint-Savin (1 000 habitants). Mais voilà, certaines qui ne savent pas conduire ont refusé de se faire payer le permis par Aubade, préférant “s’enterrer” chez elles, s’isoler du village et des copines. Les “ex” d’Aubade ne se voient presque plus, ne se donnent plus de nouvelles. Le deuil s’éternise. La galette des rois, le 1er janvier, a réuni une petite vingtaine d’anciennes collègues. “Celles qui sont restées à l’usine ne me disent pas bonjour dans la rue, assure Gaëlle Léger, 32 ans, licenciée après six années à Aubade. Ça fait mal après tout ce temps passé ensemble.”
Chez les rescapées du plan social aussi, il y a de la rancoeur. A l’usine de Saint-Savin, les copines sont parties, les rires aussi. “Quand je croise une ancienne collègue au village, raconte Brigitte Pereis, 48 ans dont trente-deux “sacrifiés” pour la marque, j’évite de demander : “Qu’est-ce que tu deviens ?”” “On se sent presque coupable d’être restée”, déplore Michèle Rat, 48 ans dont trente et un de maison. Et pourtant, “on était une grande famille”, rappelle Monique Guéraud, 56 ans, la doyenne de l’usine, avec ses trente-sept années au service de la marque.
Le responsable, pour elles ? Le propriétaire d’Aubade, le Suisse Félix Sulzberger, PDG de Calida, accusé par ses ex-ouvrières d’avoir “volé” le “savoir-faire” des Françaises pour le donner aux Tunisiennes. “Les pauvres. On leur en a voulu, reconnaît Brigitte Pereis. Mais en fait, c’est pas de leur faute : elles sont exploitées.”
Les Françaises ne connaissent pas grand-chose de la vie de celles qui les ont remplacées. Elles n’ont jamais cherché à savoir. De l’autre côté de la Méditerranée, en Tunisie, à Ksar Hellal (45 000 habitants), à une vingtaine de kilomètres de la ville balnéaire de Monastir, l’usine Azur, filiale d’Aubade, n’a rien de glamour. Un bâtiment blanc quelconque, le long d’une route cabossée, qui abrite du soleil cuisant près de 230 employés.
12 h 30. L’heure de déjeuner. Une demi-heure pas plus. Ce sera l’unique pause de la journée. A la sortie de l’usine, une étudiante s’avance vers les ouvrières. Elle a préparé des sandwichs pour quelques centimes de dinar. Une cinquantaine de jeunes filles, en blouse rose vif, se reposent sous les oliviers encerclés de… poubelles. Le terrain qui entoure l’usine est un vrai dépotoir, les ordures en tout genre s’accumulent. Un paradis pour les poules et les moutons. Au milieu de ce décorum, certaines avalent une petite salade méchouia dans une gamelle. Pas de couverts : elles mangent avec les doigts. A la fin du repas, une vieille dame leur sert du thé à la menthe.
La direction de la filiale d’Aubade a donné instruction aux ouvrières de ne pas nous parler. “Elles ne sont intellectuellement pas capables”, explique avec le sourire une responsable à l’entrée du site. Certaines acceptent tout de même de raconter leur vie, “mais ne citez pas notre nom, on ne veut pas être virées”, supplie l’une d’elles. “Les Français viennent exploiter notre misère, on le sait, mais ils nous donnent quand même un travail”, assure une autre.
A l’usine, c’est neuf heures par jour, quarante-huit heures par semaine, un samedi sur deux, vingt et un jours de vacances par an. L’ouvrière est payée un peu moins de 9 euros par jour (environ 200 euros par mois), ce que gagnait une Française en une heure (1 000 euros par mois). A l’intérieur de l’usine réfrigérée, “c’est beaucoup de pression”, souligne une jeune fille. Elles n’ont pas le droit de parler entre elles, les cinq prières quotidiennes sont proscrites, les téléphones portables interdits. “Un jour, raconte un ouvrier, une fille est allée voir la responsable, les larmes aux yeux, pour lui demander de partir ; un de ses parents n’allait pas bien. La chef lui a répondu : “Tu as donc utilisé ton portable.” Elle a démissionné.”
1 | 2 | suivant
Mustapha Kessous
Réagissez à cet article Réagir (28) Classez cet article Classer Envoyez cet article par e-mail E-mail Imprimez cet article Imprimer [Partager cet article] Partager
Partager: del.icio.us Facebook Digg! Wikio Scoopeo BlogMarks
Le médecin du travail passe tous les lundis. Le reste du temps, “il y a beaucoup de pleurs, détaille un employé. Quand un mécanicien doit réparer une machine, l’ouvrière lui demande : “Retarde un peu.”” Il n’y a pas de point d’eau potable dans l’usine à cause d’une canalisation défaillante. Une feuille scotchée à l’entrée du site indique, en arabe, qu’ici on embauche. Il y a un turn-over important. Les ouvrières signent un nouveau contrat tous les six mois, au bout de quatre ans elles seront titularisées. Certaines ont été licenciées quelques jours avant leur titularisation. “Difficile d’avoir une perspective d’avenir dans l’entreprise”, constate, résigné, un technicien.
Suivez l’information en continu, accédez à 70 fils de dépêches thématiques.
Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts
SUR LE MÊME SUJET
Dans la cité Erramala, qui jouxte l’usine, le quartier est en chantier : la diaspora se fait construire de belles villas. La journée, les rues sont tristement vides, les chats sont les rois. Dans ce coin de Ksar Hellal, les jeunes filles d’Aubade sont méprisées par les locaux : elles ne sont pas du “pays”. Elles viennent de campagnes lointaines, d’autres régions plus désertiques, plus pauvres aussi : de Kef, de Gafsa, de Béja. D’où leur surnom, les “KGB”.
“Les KGB sont des délinquantes”, lance la patronne d’un salon de coiffure qui doit prochainement ouvrir. Délinquantes ? “Oui, vous comprenez ?”, insinue-t-elle. Les jeunes ouvrières sont accusées de flirter avec de jeunes maçons, qui, eux aussi, viennent de loin. “En plus, elles boivent de la bière”, ajoute un vieil homme dans son garage. Les “KGB” ont fait la fortune de quelques propriétaires peu scrupuleux. Certaines s’entassent à cinq, voire plus, dans une pièce insalubre, pour un loyer s’élevant à la moitié du salaire. La plupart envoient leur argent à leur famille. “Tous ces problèmes sont assez nouveaux et s’accentuent, explique Hacine Dimassi, professeur d’économie à l’université de Sousse. La migration interne à cause des délocalisations modifie et déséquilibre économiquement et sociologiquement la ville.”
Le grand patron d’Aubade, Félix Sulzberger, affirme ne pas être au courant de ce qui se passe dans son usine. “Je n’y suis jamais allé, mais ça m’étonne”, assure-t-il. Il se félicite toutefois d’avoir réussi l’intégration, dans son groupe, d’Aubade, qui représente un tiers du chiffre d’affaires : le résultat net de Calida est passé de 3,8 millions d’euros en 2006 à 9,6 millions d’euros en 2007.
Malgré tout, l’usine tunisienne d’Aubade est celle qui a l’une des meilleures réputations parmi les quelque 150 entreprises de textile de Ksar Hellal. Elle paie toujours ses salariés (en liquide), donne des cadeaux (couverture, service en Inox) pour les fêtes, offre 70 euros à chaque ouvrière pour le 1er mai… Mais les jeunes femmes natives de la ville accusent les “KGB” d’avoir volé leur travail, car elles acceptent les salaires les plus bas.
“Voir nos filles se faire prendre le travail par des éleveuses de chèvres, ça fait mal”, argue une mère de famille tunisienne, vêtue d’un long voile noir. A Saint-Savin, dans la Vienne, l’une des ouvrières licenciées a créé son entreprise : elle élève des chèvres.
Au vieux port de Redayef
Bel Hafnaoui qui fêta ses dix huit Ans..
Alluma sa Bougie de Molotv
Souffla la balle dans nos Cœurs….
N’avait Guerre pointé du doigt
La misère des avenirs incertains..
Cherchait-il son tour à la Mine..
En colère de passe-passe et privilèges…
Qu’on dira temps à sa Maman..
Sa vie déserte l’Oasis de Carthage…
Lassés, Insensibles aux agonies des siens…
Petit sacrifice des troupeaux aux services des Loups…
Lègue des colons, ni famine ni abondance..
S’il montre des dents, appareil des vieillards …
Méfiance et méfiance, de ce prêt à tout…
Ca sentirait la fin et la question qui repart …
Murmurons ! à nos coins, aux larmes citoyens !
Marchons Marchands dix Millions de gueux. ..
Et Moi et Toi et lui pour nous tous…
En geste uni, la liberté sera pour tous….
Bonjour,
l’article sur Ksar Hellal et Saint Savin concernant l’entreprise Aubade est d’une vraie clairvoyance et nous interroge sur la réponse globale a apportée à la crise actuelle. Comment ne pas dénoncer le scandale Aubade : 104 lidcenciements à Saint Savin et exploitation éhontée des ouvrières en Tunisie… Drame des deux côtés de la Méditérranée et toujours les ouvriers et employé-e-s qui sont les perdants. En Masse salariale le groupe Calida “économisera” environ 1 800 000 € par an en délocalisant sa production en Tunisie. Soyons certains que ces bénéfices supplémentaires ne seront ni pour les ouvrières françaises licenciées ni pour les ouvrières tunisiennes ouvertement exploitées mais bien pour les terroristes sociaux actionnaires du groupe Calida.
[…] since 2011. Towards the end of Ben Ali’s governance, specifically at the time of the 2008 mine protests, citizens have raised their voices against mis- or underepresentation by consequential authority […]
[…] protest movement that lasted for almost six months in 2008 was met with excessive use of force by security forces […]