Attaque de Bardo : un laxisme sécuritaire dont personne ne parle

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Un mercredi noir a bouleversé la Tunisie. 23 morts et 47 blessés ont été annoncés par le Ministre de la Santé lors d’une conférence de presse. L’assaut mené par les forces de l’ordre a fini par neutraliser deux assaillants identifiés comme Yassine Abidi et Hatem Khachanoui. L’opération a été revendiquée, jeudi 19 Mars, par l’État Islamique via un communiqué audio diffusé sur Internet. Rappelons que mercredi soir, l’agence de presse djihadiste « Ifrikia Lil I3laam » a publié un communiqué en donnant des détails sur l’assaut et ses préparatifs.

Devant une panique générale, le Président de la République, Béji Caid Essebssi, a annoncé plusieurs décisions autour des réformes sécuritaires. D’après un communiqué présidentiel, l’armée occupera les grandes villes et des lieux stratégiques, une année après le retrait de l’armée suite à la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 2011.

Ces décisions sont le fruit d’une réunion d’urgence entre le Président de la République, le Haut Conseil des trois armées, le Haut Conseil de la Sûreté Intérieure, le Premier Ministre et des hauts fonctionnaires de la Défense et du ministère de l’Intérieur. Rappelons que le Premier Ministre, Habib Essid, a déclaré, ultérieurement que les forces de sécurité ont arrêté une dizaine de personnes soupçonnées d’avoir participé à l’organisation de l’assaut sur le Musée du Bardo.

Depuis l’assaut, les réactions officielles ont penché surtout vers une radicalisation de la lutte contre le terrorisme. D’ailleurs, le jour même de l’assaut, la nouvelle loi antiterrorisme, était sur la table des négociations de la commission des Droits et Libertés au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple. Selon Omar Safraoui, Président de la Commission Nationale de la Justice Transitionnelle, des derniers changements sont encours :

Les modifications vont, heureusement, dans le bon sens. La semaine prochaine, le conseil du gouvernement doit valider la proposition qui sera présentée à l’Assemblée des Représentants du Peuple, nous explique Omar Safraoui, en nous promettant plus de détails lundi prochain.

Rappelons que la Commission Nationale de la Justice Transitionnelle a proposé 80 points à réformer dans la loi : « La plus grande partie du travail consiste à clarifier au maximum le flou dans l’ancienne loi pour éviter les bavures et la violation des Droits de l’Homme », rajoute Omar Safraoui, président de la commission.

Sur les réseaux sociaux, une symphonie d’insultes et d’accusations contre des « Droits de l’Hommistes » a été orchestrée principalement par des pages facebook liées aux forces de l’ordre. Au même temps, le communiqué de « Ifrikia Lil I3laam », très peu repris par les médias, a mis l’accent sur la fragilité sécuritaire des lieux stratégiques et de rassemblement dans le pays. En citant des détails des préparatifs de l’assaut du mercredi, l’agence de presse djihadiste a précisé que les deux assaillants ont pris le métro avec leurs valises blindées d’explosifs et armes, qu’ils ont même pris un café devant le musée et qu’ils ont pris le temps d’effectuer un dernier repérage avant l’assaut.

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Capture d’écran du communiqué publié par « Ifrikia Lil I3laam » donnant des détails sur l’assaut et ses préparatifs.

Ce même communiqué précise que l’opération a été précédée par une annonce sur les réseaux sociaux.

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Nous avons même donné des indices quelques heures avant l’opération. Que veulent de plus les policiers ? Une géolocalisation ? ironisent les djihadistes sur Twitter.

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D’après une employée au Musée du Bardo, les mesures sécuritaires n’ont jamais été fermes et sérieuses.

Nous avons demandé plus de caméras de surveillance et des portiques de sécurité, surtout après les attaques survenues dans les musées de l’Irak. Mais la direction n’a pas réellement réagi, témoigne la jeune femme encore sous le choc du massacre.

Dans ce même contexte, plusieurs Tunisiens ont souvent observé un laxisme inquiétant dans des lieux stratégiques en Tunisie. Un journaliste en free-lance nous a confié « j’avais des interviews au Parlement. C’était ma première fois et pourtant personne n’a fouillé la voiture ni les nombreux sacs que j’ai dans le coffre. Et si j’étais un terroriste ? Je vous laisse imaginer la suite ». D’autres témoignages évoquent la même problématique à l’aéroport de Tunis-Carthage, dans les grandes surfaces, les universités, les hôpitaux et les tribunaux.

Devant les périls sécuritaires, les questions socio-économiques semblent, encore une fois reléguées au second plan. L’acharnement de l’opinion publique et de certains politiciens sur les mouvements sociaux et les revendications syndicales n’a laissé aucune place à une critique sérieuse et mesurée de l’approche sécuritaire dans la lutte antiterroriste. Il est pourtant clair que des anomalies et des erreurs ont mené aux résultats présents. Hélas, la sphère politique n’ose même pas encore demander une enquête sérieuse et surtout un dialogue national sur la question sécuritaire.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=IB3kPloYwqU&w=640&h=360]

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4Comments

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  1. 1
    Moez

    Étant guide de profession, je ne peux que confirmer le laxisme qui règne. Il y a quelques, une cliente a été attaqué e par un chien errant du côté de Byrsa. Elle dû être amenée à un hôpital, personne n’a bougée. Encore un autre incident, au Bardo cette fois ci, un jeune en voiture de location faisant ses démarrages ” américains ” dans le parking du musée. Il a porté plainte à la sécurité , la réponse était, ce n’est rien c’est un garçon du quartier. Je peux raconter d’autres mais ……

  2. 2
    Mohamd Halouani

    سوْال يطرح نفسه : أين الحرس السياحي يوم أمس هل كان متواجدا في محيط المتحف و هل كان بامكانه التصدي لمثل هذه الحادثة.

  3. 3
    Tounsi (l'original)

    Il y a un an le Tartazouki était à Kasserine pour contrôler les forces armées en place. Il a défilé devant des dizaines de soldats dont le tour de la taille dépasse 150 cm! Imaginez une armée qui lutte contre le terrorisme avec des soldats en surpoids et en très mauvaise posture physique. Ce jour là, je me suis rappelé une scène de la fameuse pièce théâtrale “Azza3im” d’Adel Imam où il ordonnait à ses ministres de pratiquer un régime dur et statuait un “décret républicain” qui limite désormais le poids de chaque ministre à 50 Kg! J’aurais aimé que notre Tartour national fasse pareil parce qu’avec des soldats dans une telle condition physique, on s’estime heureux que les dégâts ne sont pas encore similaires à ce qu’on nous montre au JT.

    En ce qui concerne le massacre du Bardo, une chose est sûre: les forces de sécurité étaient complètement défaillantes sur tous les niveaux (renseignement, planification, opérationnel, etc.). Le plus grave c’est que personne au pouvoir n’ose l’avouer et encore moins le dire! (Rappelez-vous de la racaille ministérielle L.A. (alias 250 DT ou encore petit informateur (Que Dieu bénisse Chokri Belaid!)) qui se félicitait sur Shems Aflem de la “réussite de l’opération” et le “professionnalisme de nos policiers” (sic!) alors que la prise d’otages n’est encore qu’à son début!) Personnellement, je m’attends à bien plus pire que Bardo parce qu’avec des policiers qui ont appris que le travail de la police c’est uniquement la torture des opposants du régime, c’est sûr on a encore du chemin à faire.

    De plus, tout le monde (surtout les policiers et les politiciens) mettent en avant les hommes des différentes “forces spéciales” qu’ils décrivent comme invincibles, compétentes et professionnelles. C’est complètement faux! Des “forces spéciales” qui perdent des hommes à chaque face-à-face avec des apprenti-terroristes ne sont pas dignes de ce nom. L’USGN a perdu un homme à Raoued. La BAT a perdu un autre homme à Bardo sans parler des blessés des deux groupes. Ne parlons pas des massacres subis par le GFS de l’armée en juillet 2013 et 2014 au Mont Châambi! Les vraies forces spéciales sont des hommes capables des missions les plus dangereuses y compris le déploiement derrière les lignes ennemies. Donc un barbu écervelé et maladroit, ça ils le mangent en une seule bouché avec le café du matin (puis ils rotent et en demandent encore!). Chez nous, un tel malade mental chasse tranquillement nos “forces spéciales” comme des lapins! C’est quoi ce délire? Heureusement que nous ne sommes en guerre contre personne parce qu’avec de telles “forces spéciales” on risque d’être colonisé en seulement quelques heures.

    Bref, tout est à refaire au niveau de l’armée et surtout des forces de sécurité intérieures. Absolument tout! Mais avec le vieux sénile et le fameux dream team de la banana republic, cela attendra encore longtemps! Que Dieu bénisse la populace!

  4. 4
    Sofian

    Le pays est dirigé par des singes, meme en cas de prise d’otage avec des morts il n’y aura jamais une remise en question et des sanctions. La Tunisie est dirigé par des babouins, meme le dictateur Ben ali gérait le pays mille fois mieux !

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