Alors que le mécontentement des journalistes et employés de Dar Assabah n’en finit plus de grandir, suite à la nomination de Lotfi Touati à la direction de la maison de presse, une autre nouvelle est venue alimenter leur grogne. Le 5 septembre dernier le ministre des finances annonçait que Dar Assabah était en vente. Les comptes seraient dans le rouge. Les journalistes ont organisé aujourd’hui une conférence de presse au siège de Dar Assabah pour défendre un autre point de vue.
S’ il fallait une preuve du fait que la profession de journaliste se consolide en Tunisie elle est là : après vingt-deux jours de sit-in ouvert, les journalistes et employés de Dar Assabah passent à une autre étape et répondent au coup en mordant.
Ils ne leur a pas fallu longtemps pour comprendre que le sit-in seul ne suffirait pas et qu’il leur fallait démonter ce qu’ils appellent « les mensonges » concernant la situation financière de la société. « Ils ne dévoilent pas la réalité ils la falsifient et nous savons que les informations financières publiées ne représentent pas la réalité. Ceci a été dit par l’expert comptable Anis que nous avons sollicité » déclare Sana Fahrat, journaliste Par ailleurs le fait qu’un communiqué de presse ait été publié dans le journal Chourouk, donnant des chiffres jugés faux agace. « Les membres du CA (Conseil d’administration), qui sont censés donner une belle image de la maison ne le font pas, au contraire. Ils ont une responsabilité qu’ils n’assument pas » explique Sana Fahrat.
Le désaccord entre les journalistes et employés d’un côté et direction de l’autre, ne tient plus seulement au choix de la personne en poste. Anis Wabbi tient une chronique depuis deux ans dans le journal Le Temps. Il est expert comptable est a analysé les chiffres de Dar Assabah :
D’après les informations financières que j’ai, Dar Assabah n’est pas en faillite. Elle a même des capitaux propres qui sont positifs, et ceci sans même tenir compte des plus values immobilières et de celles qui peuvent venir du fonds de commerce de DA (Dar Assabah). De ce fait parler d’une faillite est faux. En fait il faut simplement penser à une restructuration car il y a effectivement des pertes.
Des propositions ont été fait pour revaloriser la société afin qu’une fois vendue la société Dar Assabah soit vendue avec la réalisation d’une bonne plus value pour le peuple tunisien. Ainsi la proposition de création d’une société des rédacteurs a été présentée. DA est débiteur envers son personnel. Convertir son personnel en capital permettrait à DA de convertir sa dette en capital. Il y aurait ainsi restructuration de la société et paiement des employés. Les rédacteurs formeraient une société qui entrerait dans le capital du journal et représenterait les rédacteurs dans le Conseil d’administration de la société. Ce qui, en plus, permet de faire un équilibre entre les actionnaires qui cherchent le profit et les rédacteurs qui pensent plutôt à la liberté de la presse.
Moez Joudi, expert financier, c’est lui aussi s’est penché sur les chiffres. Ce qui retient surtout son attention c’est la question de la gestion des biens confisqués. « Il y a un problème énorme aujourd’hui avec les entreprises expropriées, mal acquises par des familles mafieuses avant la révolution et qui sont aujourd’hui bradées, explique-t-il. Au lieu d’optimiser la gestion de ces entreprises l’Etat les brade. C’est une perte colossale pour l’économie tunisienne (…) on veut les vendre à la va vite avec des évaluations bâclées et partisanes visant à satisfaire des intérêts précis. »
Lors d’une brève entrevue, Lotfi Touati a accepté de répondre aux questions de Nawaat.org concernant l’affrontement de point de vue sur la situation financière de Dar Assabah et sur sa nomination. Elu à la fin du mois d’août comme directeur général, Lotfi Touati s’est retrouvé à la tête d’une société en vente ; le ministre des finances ayant annoncé le 5 septembre dernier que Dar Assabah était inscrite dans le programme de cession, tout en présentant la situation financière de la maison comme négative. Un bilan financier que les journalistes et employés récusent.
Nawaat.org : Il semble y avoir une différence entre la situation financière de Dar Assabah présentée par l’expert comptable mandaté par l’administration et celui que les journalistes et employés de Dar Assabah ont sollicités. Comment expliquez vous cette différence ?
Lotfi Touati : Il y a une expertise qui a été faite par un expert crédible et reconnu à l’échelle nationale. Il a fait son travail basé sur des données objectifs données par l’administration. Pour contredire son expertise il faut un expert mandaté, éventuellement par une autre instance, mais qui soit légal pour contredire ce que le premier a avancé. On ne peut pas infirmer son expertise d’une façon non méthodique.Nawaat.org : Pour les journalistes le fait qu’il y ait eu un communiqué de presse annoncant la situation financière de Dar Assabah à partir de chiffres qu’ils jugent erronés est illégal. Comment vous positionnez-vous par rapport à ça ?
Lotfi Touati : Après la révolution il n’y a que la transparence qui compte ! Toute entreprise ou société anonyme doit publier dans le JORT ou les journaux le bilan financier. De manière général ce n’est plus quelque chose d’interne et tout le monde à le droit de savoir. Le communiqué publié dans le Chourouk a été fait dans des circonstances particulières. C’était d’abord une sorte de droit de réponse à un communiqué publié par le syndicat. Mais c’était également une manière de sensibiliser les journalistes à la situation de Dar Assabah afin qu’ils soient au courant de ce qui ce passe. Nous avons découvert une situation difficile et nous avons voulu sensibiliser les journalistes dans cette affaire pour qu’ils sachent ce qui ce passe. Nous avons découvert une situation qui est difficile et nous avons voulu impliquer les journalistes pour qu’ils sachent où va l’entreprise. Pour les inciter à être conscients de la situation.Nawaat.org : Le point de vue de l’administration c’est que les finances vont mal. Ce qui n’est pas le point de vue des comptables extérieurs qui parlent des capitaux propres de Dar Assabah comme étant positifs.
Lotfi Touati : Je ne veux pas entrer dans les détails. Mais le fait est qu’on ne peut pas prendre les chiffres de manière arbitraire. Certes il y a des dettes dues, mais temps que le recouvrement n’est pas rentré dans les caisses on ne peut pas le comptabiliser. Si non on fait une comptabilité arbitraire, c’est fantaisiste.Nawaat.org : Au sujet de votre nomination : est-ce vous qui avez demandé à venir à ce poste ?
Lotfi Touati : Non. J’ai été nommé par un Conseil d’Administration qui a eu plusieurs propositions et qui a retenu la mienne. Moi je n’ai jamais demandé à être nommé mais quand on m’a demandé mon avis je n’ai pas refusé.Nawaat.org : Il y a eu beaucoup de mécontentement quand vous avez été nommé. Comment le vivez-vous ?
Lotfi Touati : Je pense qu’il y a des relents politiques derrière tout ça. Je me demande ce que les chefs de partis viennent faire ici, pourquoi ils sont toujours présents pour la moindre chose ? Si les revendications sont uniquement sociales que font les hommes politiques ici ? Donc pour moi il y a une raison politique.Nawaat.org : Mais vu la tension actuelle vous vous voyez rester en poste ?
Lotfi Touati : J’ai été nommé par le conseil d’administration, il est donc le seul à pouvoir me demander de partir. Je resterai en poste. Je ne suis pas de ceux qui reculent.
lorsque j’ai vu la tête du dit expert comptable , j’ai tout de suite compris. Il s’agit en fait d’un Rcdiste notoire qu’on a souvent trimballé sur tv7 comme étant un expert financier aux visions des plus pessimistes. il fait actuellement partie du bureau dirigeant d’elmoubadara de Kamel morjene; et puis ,surtout la présence de néjiba elhamrouni n’est jamais de bonne augure
le pays dans l’état où il est n’a pas besoin d’autant de médias publics, ( tv sfax gafsa tataouine monastir assabah shems fm,cactus prod etc..) c’est trop de dépenses pour le résultat que l’on sait( nul de chez nul). dans tous les pays du monde une entreprise qui fait perdre de l’argent à la collectivité est liquidée ou cédée; d’ailleurs il se murmure que d’ici jusqu’au élection prochaine l’état n’en gardera aucun média sous sa coupole et un ultimatum à été adressé à qui veut l’entendre.
+1
pourquoi les journalistes d’ASSABAH sont contre leur achat par un privé ? autrement : y as t-il d’honneteté dans “vivre sur le dos du contribuable” ? est ce une seconde nature ?
@mouhttem
les journalistes et employés de Dar Assabah ne sont pas forcément contre la vente. Ce qu’ils disent c’est qu’il faut essayer de restructurer l’entreprise pour que dans le cas de sa vente, celle-ci soit faite au juste prix.
Ils expliquent que l’argent va aller au contribuable et que la société ne doit pas être bradée.
@ Mme Sana Sbouï, bonjour,
en principe dans le monde du journalisme, quand le journal change de main (propriétaire) ou de directeur de la rédaction , le journaliste a le droit de démissionner tout en ayant les mêmes droits qu’un licencié . Ce type de démission rentre dans la clause d’incompatibilité éditorial ou iste ( ou un térme dans ce sens). jean françois khan éditorialiste et fondateur principal de “Marianne” a dit un jour : ” y a aucune excuse pour un journaliste lêche godasses, c’est pas moins grave qu’un faux médecin .” . est ce qu’on est à ce stade avec les journalistes de ” le temps et assabah” pour ne citer qu’eux ? j’ai imaginé qu’après le 14 janvier , que tout nos journalistes , présentateurs (trices) télé JT et débat , allaient faire profil bas et se faire oublier . imaginer nous , ou du moins , imaginer moi croire en la sincérité d’un ou d’une journaliste qui dans un futur très proche se foutait de ma tranche on me vendant un régime pouri moisi et corrempu jusqu’au moelle épinière comme un miracle économique , vous voyez où est-ce qu’on est avec nos journalistes . je n’ai même pas un iota de soutien ou de compassion envers cette catégorie , vous vous imaginez solidaire avec un faux médecin qui vous inscrit des faux médocs ,qui au lieu de vous guerrir il empire votre cas ( baïd echarr) ? dans nos télés et dans nos colones, à part les quelque gueules d’ennahdha qu’on voyait jadis comme des terroristes , et qui sont désormais les leader de notre pays à la place d’être sujet d’une cure psychiatrique ( ne le prenez pas pour insulte à ces gens) bien méritée , tout le reste me rappel hiers jusqu’à BCS , mais il faut le voir pour le croire ! et dire qu’il y as parmis nos chômeurs 200 000 hautement diplômé(e)s ? je préfère et de loin échouer avec un(e) jeune que ruminé un repas mal digéré avec ces vieux CAS ( tout mes respects à nos vieux et vieilles , qu’eux savent se faire respecter).
@Mouhttem
votre remarque sur le droit de démissionner en cas d’incompatibilité éditoriale est trés juste.
Et dans un système fonctionnant idéalement c’est une belle preuve d’intégrité.
La question qui se pose ici est celle du changement : est-ce que les journalistes doivent rester pour essayer de travailler à un nouveau journalisme? Ou doivent-ils laisser faire et voir dans quel sens les choses vont aller ? Ici ce qui se joue aussi c’est un début de séparation entre la partie rédaction et la partie direction. Comment être en interaction sans être dépendant ?
Vous soulevez de manière juste le problème du renouvellement et du rajeunissement des travailleurs. Finalement il s’agit vraiment de trouver un nouvel équilibre et un nouveau système.
@ Mme Sana Sbouï, bonjour,
à chaque fois , et surtout dans des sujets épineux ,comme c’est le cas du journalisme post-révolutionnaire tunisien, j’essaye toujours de ne pas être bref , de peur d’être targuer de “radicalisme” . Ceci dit, et, j’espère ne pas vous choquer, mais, pour moi, un(e) journaliste qui a menti(e) et berné(e) ses lecteur(trice)s, doit de lui et d’elle même trouver la porte de sortie, on peux pardonner un combrioleur d’une banque, et ça s’appel : pardon et tolérance, le mettre à la tête de cette même banque, ça s’appel : naïveté et bêtise ( sorry ) . Ne prenez pas mal mon utilisation du métaphore, c’est juste pour vous montrer ou vous décrire l’image que j’ai de nos journalistes , et je ne généralise pas .
PS : je n’ai jamais pardonné à Mohamed abdelwahéb sa chanson “mahléha aîchtil fallah” ni à Aznavour sa chanson “emménez- moi” où il dit : ” qu’il lui semble que la misère serais moins pénible au soleil “./
[…] Touati, l’ex-PDG, avait lancé le processus de vente de la maison de presse. Mais la bataille des chiffres a commencé. Entre une administration qui présente la société en faillite et des employés qui […]