La Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (Haica) a adressé un avertissement à la Chaîne Nessma, qui a repris, mercredi 7 mai, des images violentes montrant l’exécution sommaire de sept prisonniers par le Front Al Nosra. Deux Tunisiens figuraient parmi ces recrues du jihad, qui ont été abattus par balles pour avoir combattu dans les rangs de « l’État Islamique en Irak et au Levant », selon le texte lu, en off, dans la vidéo.
Conformément à l’article 29 du décret-loi 116, cet avertissement a donc été émis pour « violation des dispositions et obligations prévues par les textes en vigueur », en l’occurrence le « respect des conventions et pactes internationaux relatifs aux droits de l’Homme et aux libertés publiques », ainsi que le « respect de la dignité humaine », prévus à l’article 5 du même décret.
Que la procédure de sanction graduelle adoptée par l’instance de régulation soit critiqué par les tenants de la régulation dure, il n’en reste pas moins que les bonnes pratiques médiatiques requièrent un suivi de longue haleine pour s’intégrer dans les consciences. D’ailleurs, ce n’est pas la première infraction du genre qu’épingle la Haica, depuis son installation. En août 2013, la première chaîne publique avait crée un précédent en diffusant des images insoutenables de soldats morts, lors d’une embuscade terroriste au Mont Châambi.
On se souvient, qu’à l’occasion, le Mouvement Ennahdha avait, lui aussi, fait peu cas de l’éthique en qualifiant la Watanya1 d’ « aile médiatique des terroristes », sur sa page Facebook officielle.
Par son irruption violente dans la réalité quotidienne des Tunisiens, le terrorisme est l’un des phénomènes qui complique davantage le processus de régulation, autant médiatique que politique, car sacrifiant la dimension symbolique à la dictature de l’émotion. Ainsi, la vidéo reprise par Nessma tv, est supposée avoir été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux par des membres du Front Al Nosra. Pourtant, même si elle prévient les téléspectateurs du choc que ces images peuvent leur causer, l’animatrice justifie leur diffusion par « la nécessité de sensibiliser les jeunes Tunisiens » tentés par le jihad. Or, la chaîne Nessma n’a fait que transmettre à plus grande échelle l’acte de communication dévoyée du front Al Nosra, ce qui tient, en somme, d’une connivence involontaire avec la stratégie médiatique d’occultes groupes jihadistes « takfiristes » guerroyant en Syrie. De plus, l’animatrice semble ignorer que de telles images sont à double tranchant, car suscitant, à la fois, de la répulsion et de la fascination. Cette fascination découle, dirait Jean Baudrillard, de ce que le terrorisme, « ça vise non pas à changer le monde, mais (comme les hérésies en leur temps) à le radicaliser par le sacrifice, alors que le système vise à le réaliser par la force ».
Tel qu’annoncé, le calendrier politique des mois à venir va, en tous cas, mobiliser encore plus l’attention de la Haica, dont le travail de fondation continue à se heurter aux résistances, à commencer par celles de l’exécutif. Ainsi, mardi dernier, la Haute Instance a-t-elle rendu public un communiqué où elle « exhorte la présidence du gouvernement à accélérer le processus de nomination des responsables à la tête de la radio et de la télévision publiques ». Pour rappel, le gouvernement actuel a accepté, en février 2014, la mise en place d’un processus de recrutement transparent pour procéder à ces nomination, tel que stipulé par l’article 19 du décret-loi 116. Mais, la dernière étape de cette procédure n’a pas été menée à terme, à cause des “atermoiements” de l’exécutif, affirme la Haica. Enfin, l’instance a mis en garde contre “la gravité de cette attitude“ qui pourrait “compromettre les préparatifs indispensables à la prochaine échéance électorale”.
[…] Talha Ettounsi. Meriem Belkadhi a rappelé, quant à elle, que le Régulateur l’avait taxé d’apologie du terrorisme, alors qu’elle avait diffusé, ce jour-là, des images après consultation du ministère de […]
[…] Talha Ettounsi. Meriem Belkadhi a rappelé, quant à elle, que le Régulateur l’avait taxé d’apologie du terrorisme[2], alors qu’elle avait diffusé, ce jour-là, des images après consultation du ministère de […]