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Après le drame de l’espace « Mass’art » qui a fermé ses portes, dernièrement, sous la menace de la police, l’espace culturel « Whatever Saloon » rejoint la liste des espaces alternatifs disparus avec le consentement ou la volonté du pouvoir. En effet, le 13 mai 2015, le ministère de l’Intérieur décide de fermer l’espace définitivement et sans préavis. Des militants appellent à un rassemblement vendredi 29 mai devant le gouvernorat de Tunis pour contester la décision de fermeture de l’espace.

D’après l’article 42 de la nouvelle constitution tunisienne :

Le droit à la culture est garanti.La liberté de création est garantie. L’État encourage la création culturelle et soutient la culture nationale dans son enracinement et sa diversité et son renouveau en ce qui consacre les valeurs de la tolérance et le rejet de la violence, l’ouverture sur les différentes cultures et le dialogue entre les civilisations. L’État protège le patrimoine culturel et garantit le droit des générations futures. Article 42 de la Constitution

Et pourtant, l’État n’a manifesté aucun soutien pour sauver ces deux espaces qui ne cessent de rapprocher la culture à une jeunesse marginalisée et assoiffée d’art et de savoir. Wael Mhamdi, gérant et propriétaire de l’espace « Whatever Saloon » nous explique que la décision de fermeture n’a jamais été précédée par un avertissement quelconque.

Le jour même, une équipe d’inspection nous a rendu visite. Elle a repéré quelques défaillances liées à l’hygiène et à la sécurité. Chose que nous admettons. Cependant, au lieu de nous laisser quelques jours pour régler notre situation, les décideurs ont procédé à une fermeture définitive qui n’est basée sur aucune loi. D’ailleurs, une correspondance émise par le ministère de la Culture précise que notre espace n’est soumis à aucun cahier de charges.

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Le 19 mai 2015, un ordre émis par le gouverneur de Tunis, Hamed Abid, explique que l’espace est considéré comme un salon de thé (malgré la présence d’une patente qui certifie son statut d’espace culturel) pour justifier sa décision de fermeture. Parmi les raisons de cette fermeture, le gouverneur explique que « des citoyens et clients ont exprimé leur mécontentement vis-à-vis des activités de l’espace, ses prix exorbitants et la qualité de ses habitués ».

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Rappelons que « Whatever Saloon » a abrité des soirées du prestigieux festival du JCC 2014 et autres événements organisés par des ambassades et des organisations internationales. Une semaine avant sa fermeture, le samedi 16 mai, le festival «Chanti», a organisé dans ce même espace , «suspicieux» d’après le ministère de l’Intérieur, un concert où des artistes internationaux ont venu à la rencontre d’un public local (ce qui reste rare dans notre pays).

Il faut rappeler que notre espace n’est pas un café. C’est un espace culturel qui a un agenda annuel de concerts, expositions, rencontres et événements au profit d’une large communauté qui n’a pas les moyens pour accéder à la culture. Selon la loi, le ministère de l’Intérieur n’a pas à décider de la fermeture de notre espace. Cela va sans dire qu’on nous a même pas laissé les délais habituels de 15 jours pour régler notre situation. Les seuls soucis que nous avons sont liés aux toilettes des dames qui sont hors service et une aération inadéquate. Je ne réalise pas que ces deux petits soucis peuvent causer la fermeture d’un espace culturel en Tunisie ! témoigne Wael avec amertume.

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Rappelons ici que l’espace « Mass’art » a été fermé suite à une décision judiciaire qui a donné raison à son propriétaire de reprendre l’espace. Les fondateurs de l’espace ont appelé la ministre de la Culture, Latifa Lakhedar, à intervenir pour le sauver. En effet, les avocats de « Mass’art » évoquent l’article 82 relatif aux structures culturelles qui protège les activités culturelles, le fond de commerce des espaces culturels et interdit leur fermeture ou le changement de la nature de leurs activités. Maintenant que le ministère de la Culture a exprimé son impuissance d’intervenir, l’espace essaye avec tous ses moyens de stopper la décision de fermeture. Quotidiennement, des rencontres sont organisées devant les portes de « Mass’art » avec les jeunes et enfants du quartier qui, avant l’ouverture de cet espace n’avaient pas d’accès à la culture.

Dans ce contexte, des militants ont lancé un appel au ministère de la Culture pour mettre en place un nouveau règlement qui permet de « libérer les énergies et les initiatives culturelles et artistiques sans continuer à dépendre des autorisations de la municipalité, du ministère de l’Intérieur ou de la Culture ou du gouvernorat, notamment quand il s’agit d’initiatives privées dans des espaces privés »

Wael Mhamdi, propriétaire de « Whatever Saloon » évoque, dans ce sens, qu’un concert était prévu avant la fermeture de son espace. « Des rappeurs ainsi que Klay BBJ allaient monter sur scène samedi dernier. Nous nous rappelons des problèmes que la police a encore avec le rap tunisien et surtout avec Klay BBJ. Leurs promesses de bloquer tous ses concerts en Tunisie résonnent encore dans nos oreilles ».