“You can fool some people sometimes, but you can’t fool all the people all the time.”
– Bob Marley
L’édition tunisienne du FSM vient de se clôturer le 30 mars dernier. C’était une expérience unique pour des associations, organisations et citoyens du monde entier de se retrouver et d’établir les réseaux nécessaires pour alimenter leurs engagements respectifs. Dans ce texte, je m’intéresse au lien entre la situation actuelle en Tunisie et la tenue du FSM à Tunis.
Sans aucun doute, des personnes et des militants du monde entier sont venus à Tunis pour ‘essayer’ d’avoir une idée sur la ‘révolution’ en Tunisie et ses suites. Il n’est pas certain que la majorité d’entre eux aient pu entrer en contact avec les acteurs des premières lignes de la révolution, notamment les Tunisiens des quartiers défavorisés de Tunis ainsi que ceux des régions éloignées qui ont activement participé à la révolte populaire.
L’exclusion des mouvements sociaux de base et de ceux qui sont à la marge a toujours été un thème récurrent dans les forums sociaux mondiaux et le FSM 2013 n’a pas fait l’exception. S’il est clair que la participation au forum de Tunis a été massive, une grande majorité de Tunisiens n’ont pas pu y participer et encore moins y proposer des activités, ce qui est assez ironique vu que la conjoncture historique devrait favoriser les échanges de savoirs et de pratiques à partir de ceux qui ont mené les révoltes populaires.
Au lieu de cela, nous avons vu un déferlement de milliers d’associations et ONG, qui pour la plupart sont venues exposer leurs activités dans leur secteur bien défini, et ont été incapables de sortir de leur domaine d’activité spécifique, souvent dicté par les failles du système capitalise (droits de l’homme, droits des femmes, développement, éducation, dette, migration, etc.). Si la pertinence et l’efficacité de ces ONG sont discutables, l’impossibilité de dépasser cette approche sectorielle et de lutter pour le concept flou de ‘la justice sociale’ pose encore plus de problèmes.
Pour comprendre cette situation, des pistes de réflexion se retrouvent essentiellement dans le décalage existant entre ONG locales et internationales et les mouvements sociaux en processus révolutionnaire. Pour le premier groupe, il s’agit de réformer, d’encadrer, d’améliorer, de représenter, de démocratiser, de financer, etc. Alors que pour le deuxième, cela consiste plutôt à confronter, réclamer, s’approprier, révolutionner, étaler les scandales, se battre, lutter, bloquer l’économie, etc. Il ne s’agit pas seulement de capitalisme et mondialisation, mais aussi du rapport à l’État.
Comme l’histoire nous le rappelle avec amertume, le 14 janvier 2011 a marqué le début de la ‘transition démocratique’; Ben Ali est parti, mais son système est resté en place: le système policier, les différents ministères, les détenteurs cachés du pouvoir, etc. Très vite, un agenda de transition démocratique a été imposé au processus révolutionnaire en cours, créant une contestation populaire d’envergure (Kasbah) qui s’est estompée au bout de quelques mois.
Clairement, beaucoup de Tunisiens voulaient continuer à en découdre avec le monstre qu’est devenu l’État tunisien: le système de répression, la corruption endémique, l’impérialisme économique subi, les politiques de sous-développement, etc. étaient discutés, analysés, déconstruits partout et par tous les Tunisiens dans la rue et ailleurs, et ceci, juste après la ‘révolution’.
Force est de constater que pendant le FSM, l’État tunisien a été présent à travers ses différents ministères. Certains ont vu que le secteur touristique se réinventer en créant un nouveau type de tourisme : le tourisme militant, produit parfait pour relancer un tourisme low cost, profitant aux élites et exportant une image d’une Tunisie paisible et prête aux investisseurs étrangers, car la révolution est finie n’est-ce pas? La Tunisie du jasmin, ça ne vous rappelle rien ?
La présence massive des ministères de l’État a permis de vivre pendant une semaine dans un ‘Disney Land’, loin de la pauvreté, des marginaux, de la violence, etc. Un chauffeur de taxi m’a confié que la semaine du FSM lui rappelait le temps de Ben Ali quand le tourisme roulait bien.
Mais quand il allait être presque arrêté par la police ce soir-là, il a rappelé que la présence policière pendant le FSM lui rappelait aussi le temps de Ben Ali… Sans commentaires… Un autre ami m’a confié que la présence massive des forces de sécurité dans un forum ‘social’ est un affront et fait revivre des traumatismes à ceux qui ont été victimes de répression de la part des ‘forces de l’ordre’ pendant la révolution et après…
Pour beaucoup, le processus de démocratisation post-14 janvier 2011 a été contre-révolutionnaire. On pourrait en dire de même concernant le FSM 2013 à Tunis en ce qui concerne la ‘société civile’. Si le FSM a été peuplé d’ONG locales et internationales, cela veut aussi dire que les mouvements sociaux de base ont perdu une occasion historique de se connaitre, de s’unifier et de reconnaitre leur ennemi commun : le capitalisme (et non pas seulement le néolibéralisme), l’État impuissant, ainsi que la colonisation économique, culturelle, celle de l’imaginaire ainsi que celle du rouleau compresseur de la modernité et du progrès made in Occident. La ‘NGOisiation’ de la ‘société civile’ est une facette du phénomène de ‘société civile’, car les ONG peuvent être vues comme des émissaires du Capital et de l’État alors les mouvements sociaux ont par contre besoin de confronter le Capital et l’État.
On peut voir se dessiner un schéma de colonisation basé sur un certain modèle de ‘société civile’ à l’occidentale qui institutionnalise les luttes, prétend les ‘représenter’ les marginaux, monopolise la parole et la présence médiatique et surtout suit un agenda conforme aux besoins des bailleurs de fonds internationaux, déresponsabilisant la ‘société civile’ locale face à ses priorités et ses choix pour suivre des politiques imposées. C’est une économie politique des luttes sociales qu’il faut absolument déconstruire, car cette ‘NGOisation’ va s’intensifier dans le futur et surtout être un frein certain vers l’auto-détermination des peuples.
La colonisation se retrouve même dans les bases conceptuelles et historiques qui se réclament de l’humanisme, de l’universalisme, de la laïcité, du déterminisme, du racisme, de la science et du rationalisme essentiellement à la modernité européenne. Ceci équivaut généralement à renforcer l’idée que l’Occident a le monopole de la modernité, alors qu’il existe différentes modernités, éparpillées dans le temps, dans les espaces de différentes civilisations. Dans le cas tunisien, la manière de voir et penser la politique ne pourra pas s’ancrer dans la réalité si la modernité arabo-musulmane n’est pas prise en compte dans toute sa diversité et complexité historiques et ontologiques. Cette autre modernité permettra la recherche d’autres alternatives dans la compréhension du capitalisme et sa déconstruction.
La spécificité du FSM 2013 est sa tenue dans un pays en processus révolutionnaire ; et c’était une occasion ratée de poser des actions concrètes face à des problématiques urgentes afin de compléter les discours et ateliers du FSM. Il y a le dossier des réfugiés de Choucha, le prêt récent du FMI, le dossier de l’impunité de la police, etc. C’était une occasion rêvée de soutenir des mouvements sociaux en lutte et pourtant rien ne s’est passé.
Maintenant, décider si le forum est révolutionnaire ou réformiste parait futile après tout cela. Voici une proposition concrète : annuler la charte de Porto Alegre du FSM et lui donner un nouveau nom : Forum des Professionnels du Social, forum des ONG et de l’État, forum de l’État hôte (ajouter votre proposition dans cette page collaborative, n’hésitez pas à y contribuer : http://pad.tn/p/FroumName).
De cette manière, on pourra arrêter de créer de nouvelles frustrations à chaque édition du forum et laisser de la place à un nouvel imaginaire qui permettra de réellement renforcer les mouvements sociaux de base et d’entamer sérieusement un projet révolutionnaire, projet qui a déjà commencé en Tunisie en 2011.
La grosse voiture polluante, basée sur de vieilles technologies, pseudoscientifique, encombrante et couteuse qui dit au monde entier qu’elle s’appelle vélo, reprendra alors son nom de voiture. Ce qui permet à ceux qui en ont besoin de bâtir un vélo léger, efficace, rapprochant les gens entre eux et luttant contre le capitalisme avec des moyens simples, locaux et ancrés dans la réalité ; au lieu d’utiliser les méthodes des maitres actuels du monde comme lors du sommet de Davos : un groupe restreint d’hommes blancs décide pour l’avenir de l’humanité dans un espace militarisé où tout est fait pour que ce soit un minimum ‘démocratique’. Le FSM utilise les méthodes de Davos… À bon entendeur.
Un point de départ serait, par exemple, en Tunisie les communautés de base qui restent pour la plupart des citoyens : le café, le hammam, la mosquée, le bar, le stade de football, le quartier, la famille petite et élargie, etc. Autant d’endroits que les gestionnaires et ingénieurs des ‘transformations sociales’ ignorent. L’obsession destructrice de distinguer le public du privé ne fait que perpétuer les schémas de colonisation…
Le mensonge de la révolution tunisienne en a amené un nouveau, celui du FSM, qui rappelle au peuple tunisien et à tous les peuples en lutte qu’un autre mensonge est possible.
Kais Zriba n’est pas l’auteur de cet article, Il est a Marwen Tlili. Et meme si les articles publies dans cette rubrique ne refletent pas necessairement les opinions de nawaat, il est indispensable de preserver les droits d’auteurs.
Kais Zriba, celui qui a mis l’article de Marwen Tlili en ligne, a juste oublié de mettre le nom de l’auteur. C’est une erreur de manipulation. Merci pour l’alerte.
Évidement on a pu assister à un spectacle, une situation de pseudomilitantisme orchestré : on a rien laissé au hasard, tout était préparé d’avance. Déja, un FSM limité au Campus El Manar ne pouvait pas aller au delà des grandes avenues, les bars et cafés de la capitale, précisément la ville coloniale, européenne; ‘moderne.’ Franchement j’allais pas participer du tout si y’avait pas eu quelques amis qui m’ont sollicité : “Allez! Au moins la manif d’ouverture!”
Un vrai Disney Land Effect, tant de couleurs, le nombre de flics et de caméras dépassait le nombre de manifestants qui ont gentiment été acheminés d’une manière carcérale au headquarters, un mini concert à El Menzah (quartier bourgeois) avant de se précipiter à El Manar ( un autre quartier bourgeois) : un FSM en quarantaine bien isolé des tirs de chevrotines à El Mdhila, Gafsa le 27 et 28 mars 2013.
Sinon oui, c’était une occasion pour l’état pour dire pour faire du marketing et dire ” c’est chez nous, en Tunisie révolutionnaire, que ça se passe; profitez bien de votre Midsummernight’s dream”
Entre temps, ailleurs, les grèves de faims, la violence, le viol; les milices sujets taboos à l’occasion dU FSM Dignité en Tunisie
Merci pour ce compte-rendu très éclairant. Malheureusement il semble que bien souvent les mouvements, les luttes, les revendications (et avec, parfois, ceux et celles qui les portent) sont récupérés ou détournés en quelque chose d’innofensif. Ainsi de bon nombre d’ONGs que l’on pourrait comparer à des entreprises en concurrence sur le marché de la pauvreté. Sans parler de leurs accointances avec les multinationales. Tout cela sous couvert de solidarité, de progrès social, économique ou environnemental.
Je rejoins aussi l’auteur sur l’idée qu’il n’est de salut que dans les “communautés de base” pour faire bouger les choses. Les gens “ordinaires” ont le pouvoir de créer là où les élites sont formatées et paralysées par un autre type de pouvoir, celui de l’argent. La décolonisation de l’imaginaire doit se poursuivre…
Certes, un certain nombre de reproches sur lesquels se construit l’ensemble de l’argumentaire est recevable. Les altermondialistes et leur rassemblement annuel ne bouleversent pas la situation des pays au sein desquels se déroule leur hapening. Il n’en reste pas moins que pour des milliers de participants, les plus jeunes parmis eux en particulier ce fut un moment d’échanges de points de vue sur les différents thèmes abordés et cela personne ne sait quantifier ce qui en resterait sur le moyen et le long terme. A moins de retomber dans les chimères idéalistes il n’y a qu’en marchant que l’on apprend à marcher. Marx avait une belle formule en insistant contre les “utopistes” qui prévoyaient à l’avance, avec plans et notices d’emplois, le socialisme à construire, que “l’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes”. Précisons pour terminer qu’on revient de loin après une fin de siècle, celle du vingtième, caractérisée par la chute des murs et des idéologies et la prétention du capitalisme à ce confondre avec l’éternité et la Fin de l’histoire. L’alphabet de l’émancipation n’est inscrit sur aucune tablette des lois. Les Forums n’en sont qu’une tentative, bien modeste, parmi tant d’autres, d’en déchiffrer certaines enigmes.
je suis d’accord avec votre commentaire. Dans ce texte, je ne prétendais pas détenir un manuel d’émancipation, il me paraissait par contre inacceptable que les mouvements sociaux de base, ayant participé et continuent de participer, au ‘processus révolutionnaire’ soient exclus d’un forum social mondial.
Les causes de cette exclusion sont multiples, mais il est clair et en quelque sorte logique que les ONG et les mouvements sociaux ne poursuivent pas le même agenda, n’ont pas les mêmes intérêts et ont des rapports différents aux centres de pouvoirs (média, syndicats, état, capitalisme, etc.). Si ce point n’est pas pris en considération et si on prétend que les différents acteurs sont uniformes et recherchent le meme but, pour moi je n’ai pas de motivation à militier de cette manière car je me sens indigne de ‘ de parler pour les autres’, (Foucualt et Deleuze) marginalisés et autres
Merci pour votre commentaire et merci pour votre remarque “L’alphabet de l’émancipation n’est inscrit sur aucune tablette des lois”. Le processus est en effet (également à mon humble avis) complexe entre comportements et résistances individuels et collectifs par l’intermédiaire ou non d’organisations associatives, de syndicats …
Imaginez le cas (je l’ai découvert hier) suivant : un syndicat d’agriculteurs (La Confédération Paysanne) lutte pour qu’une obligation (découlant certainement d’une directive européenne que notre gouvernement s’est empressé de transposer dans la loi française et qui permettra de renforcer l’industrie agro alimentaire et l’industrie informatique et la grande distribution etc etc… – au détriment des petits éleveurs – ) de marquer les moutons qu’ils élèvent en montagne à l’aide d’une puce électronique ne leur soit pas imposée. Comment résister ? Le syndicat a mis en oeuvre ses moyens, les associations d’économie solidaire les leurs (circuits courts de distribution pour que les éleveurs puissent “tenir”), les individus également qui ont pris conscience qu’ils exerçaient un certain pouvoir en consommant / action et qui ne veulent pas s’empoisonner avec des OGM…Cette “intégration” des luttes / prises de conscience, permettra peut-être (et entre autres types de luttes) de gagner pas à pas.
Le FSM est un lieu d’échange notamment sur ces sujets et j’ai (en qualité de simple citoyen même si je suis adhérente d’une association) appris beaucoup des uns et des autres. Les ateliers sont instructifs car ils permettent de découvrir des sujets qu’on ne connaît pas, des moyens de communiquer nouveaux (souvent pratiqués par les plus jeunes), de prendre et donner des idées, de reprendre des forces !…D’autres participants plus aguéris alertent également sur par exemple les phénomènes de récupération (exemple : subvention gouvernementales de l’économie sociale et solidaire à la sphère privée…) Chacun se “recale” finalement en intégrant les autres et crée des liens avec d’autres participants pour continuer à partager.
Bien cordialement,
Catherine
Intéressant…Mais les “transformations sociales” souhaitées sont de plus en plus de l’ordre du chimérique ….En tout cas celles portées par les courants alternatifs…..Les seules” transformations sociales” effectives sont celles dictées par l’évolution économique de la société ( technologies, Internet, économie immatérielle, émigration, pauvreté etc…)….
Bonjour,
Plus on marginalise les “subalternes*” (qu’on pourrait traduire par les Zwawla, mais pas dans le seul sens économique du terme), ceux-là mêmes qui ont FAIT la “révolution”, plus ils se radicalisent et se salafisent (sic). Les “professionnels” de la “révolution” -nos foutues “élites” en l’occurrence, toutes tendances confondues- ont dès le départ raté le coche en cherchant à (mal) “théoriser” une “révolution” qu’ils n’ont pas faite et à marginaliser ces “subalternes”. Mais peut-on prétendre faire du social -Forum ou n’importe quoi d’autre- sans la participation effective de ces derniers?
* Le mot “subalterne” n’a rien de péjoratif. Il se réfère à ce grand courant des “Subaltern Studies” et des “Colonial Studies” dont les chefs de file, outre le grand Gramsci, sont E. Said, Ranajit Guha, etc.
“Post Colonial Studies” et non “Colonial Studies”. Les spécialistes auront corrigé par eux-mêmes.
Je propose qu’on l’appelle désormais le Le “Faux Forum” ou “Forum pour la libération de l’imaginaire capitaliste” (FLIC)
Bonjour
La révolution est en marche en Tunisie. Le Forum Mondial Social à Tunis a été une grande opportunité pour des convergences, des rencontres, des mobilisations. Le dénigrer ne sert à rien. A lui seul le FSM ne pouvait répondre à toutes les attentes. Des répercusiions vont encore avoir lieu. (des délégations se sont invités parmi dans les mois qui viennent). Le FSM est participatif, c’est à dire quie la société civile apporte ce qu’elle veut et ce qu’elle peut. Je trouve assez accariatre cet article, car pour avoir participer à quatre autres forums, et bien que je sois conscient que la pauvreté était un thème sous représenté, c’est la première fois que je vois dans le programme (vérifiez, c’est noir sur blanc) autant d’activités proposés par le pays d’accueil: on a frôlé un forum national social! C’était de votre ressort d’amener les thèmes qui vous semblaient prioritaires. S’attaquer aux facilitateurs, c’ets vrai assez peu présent et parfois incompétents, ne sert à rien. Ne serait ce que par déférence pour les nombreux jeunes bénévoles et autres qui sont venus, ont acquis une certaine conscience politique et ont donner généreusement leur temps et leurs bonne volonté pour que se déroule au mieux ce FSM à Tunis,. Pour notre équipe, cela a été une belle expérience, riche en rencontres qui ne font que commencer. Votre désaroi est compréhensible, mais il me semble un peu ingrat.
salutations
pour visualiser une partie de notre action:
liens à diffuser svp
*Le Fond Vert* , première série de videos autoportraits de la société
civile présente au Forum
Mondial Social de Tunis 2013
http://www.darksite.ch/alachaine/spip/spip.php
?article260
*Le Fond Vert* , deuxième série de videos
autoportraits de la société
civile présente au Forum Mondial Social de Tunis 2013
http://www.darksite.ch/alachaine/spip/spip.php
?article272
*Le Fond Vert* , troisième série de videos
autoportraits de la société
civile présente au Forum Mondial Social de Tunis 2013
http://www.darksite.ch/alachaine/spip/spip.php
?article273
Tchüss von Genf
Cher monsieur, merci pour votre commentaire
il ne s’agit pas de dénigrer le travail de certains ou bien de nier qu’il y a bien eu rencontres et convergences. Au contraire sur plusieurs plans, certaines choses se sont bien passées. Je voulais mettre en lumière les luttes de pouvoir qui se jouent au sein du forum et mon opinion n’est pas seulement personnelle, bcp de gens et de jeunes en tunisie partagent les idées dans ce texte.
J’ai l’impression que pour bcp d’activistes et militants, il n’y a pas de contradiction entre parler au nom des sublaternes et marginalisés et l’absence de ces derniers d’un forum social mondial. Car si on reconnait qu’il n’est pas nécessaires qu’ils soient présents pour qu’un forum mondial réussisse, dans ce cas le discours doit etre changé en conséquence, ainsi que les moyens humains et matériels mis à disposition. D’ou la proposition d’annuler la charte et de le nommer différemment.
Loin de dénigrer, je pose aussi la question du rendez-vous manqué avec les luttes sociales en cours en Tunisie comme par exemple le dossier des réfugiés de Choucha… Que ce soit par solidarité ou bien pour montrer que la ‘société civile’ a un poids quelconque…
Oui un autre monde est possible
Je partage assez les propos de LOo. Pour ma part, je trouve cet écrit est mélange de colère et de frustration. On ne peut pas amorcer un débat à partir d’arguments basés uniquement sur des impressions ou des histoires racontées par les autres.
Un débat peut effectivement se dérouler le temps d’un hammam ou d’un café, il est toujours le produit d’une rencontre. Peu importe l’endroit ou il commence, l’intérêt qu’il puisse se poursuivre ailleurs et par d’autres. La recherche constante d’idées lui donne sa richesse.
Le FSM Tunis 2013 a trouvé sa légitimité dans cette idée de rencontre. Il était avant tout un espace dédié à l’échange d’idées et de création de liens.
Tenir pour responsables les participants du FSM, notamment les ONG des maux de notre monde actuel, c’est un peu comme reprocher au soleil de ne pas éclairer pendant la nuit.
Cet article ressemble drôlement à cette discussion entre deux amis :
ALI : « Tu sais Je suis allé au FSM a Tunis »
Maurice : « Ah bon alors tu a vu Aziz »
Ali : « non »
Maurice : « Alors tu n’est pas allé au FSM à Tunis »
La morale de cette histoire ce qu’il n y pas qu’une vérité, ce qui est certain :
– Le forum a bien eu lieu à tunis
– Il y eu beaucoup d’ateliers, où il est impossible d’assister à tous les débatsr
– Des rencontres et des liens
– Des marches et des manifs
je profites pour dire Bravo à tous les jeunes étudiants pour leur implication dans ce Forum, pour leur ouverture d’esprit et pour l’amour qu’ils portent à leur pays.
Le processus du FSM est loin d’être exempt de toute critique, notamment l’aspect choisi par l’auteur : la question de la participation des “classes populaires”, en tout cas celles et ceux le plus frappés par le capitalisme financier et sa crise imposée. Critique à nuancer car au Brésil notamment, sans terres, sans toits et mouvements de base étaient très présents. De là à parler de “colonisation” et de processus similaire à velui de “Davos”… Cette critique est totalement stérile et n’apporte rien. Et n’aide en rien le rapport de force à construire, en Tunisie comme ailleurs. Dommage.
Suggestion de lecture en complément : le dossier réalisé par le site d’info Basta ! en France, l’un des rares à avoir couvert le FSM de ce côté de la Méditerranée :
http://www.bastamag.net/spip.php?page=dossier&id_mot=77
Bonjour,
Votre texte m’a d’abord mise en colère, puis navrée car je pense que participons au même combat.
D’abord je voudrai vous informer que , femme, syndicaliste ,blanche ,du sud de la France, je suis revenue du Forum avec la conviction que vous nous donnez une belle leçon de courage et que vous avez renversé la chappe de résignation et de peur , que vous portez l’avenir du changement et vous nous renforcez moralement et que tout ne fait que commencer…comme quoi on n’a pas entendu les mêmes choses .
Et en particulier que l’avenir est porté par les analyses et actions universalistes des jeunes femmes de ces régions ( amérique latine, afrique )
On est loin de votre ressenti ! j’ai même été choquée de votre remarque sur l « ’incapacité de sortir de leur domaine d’activité spécifique :droit des femme s etc. » Vous n’avez sans doute pas participé à l’assemblée des femmes qui ont été exemplaires dans leurs analyses ,revendications et actions montrant concrètement qu’il n’agit pas d’un combat spécifique mais universel où sont pris en compte toutes les dimensions , sociale, politique, environnementale etc. et j’ai retrouvé les femmes tunisiennes dans les ateliers, et je les ai retrouvé quand je suis allée soutenir leur manifestation à Téléperformance ( et elles ont gagnées, la création d’un réseau syndicale international des centres d’appel, c’est quand même du concret !)
Je n’ai pas du tout ressenti l’image d’une Tunisie paisible et je pense que pas grand monde n’était dupe et si la tenue du forum a amené une bouffée d’air économique, tant mieux (bien que je suis d’accord qu’il y a aspect consumériste déplaisant dans l’attitude de certains participants au forum qu’il faut analyser et combattre)
Le forum n’est pas le lieu et n’a pas vocation de prendre des décisions : Il n’y a pas de mensonge, c’est vous qui vous êtes trompé d’attente. De plus le forum existe aussi en dehors de ses murs, c’est aux citoyens de s’en emparer.
Tous les forum se tiennent en jouant avec les intérêts contradictoires des gouvernements présents, de même toutes associations, syndicats ayant pignon sur rue joue avec leur institutionnalisation et leur combat de fond anti capitaliste( pour certains) qui les amènent à défendre des combats illégaux mais légitimes. Ces luttes ne peuvent se faire à découvert mais des contacts sont pris et des analyses échangées
Le forum est multiforme, La richesse des forums est telle que nous n’avons pas vu la même chose : des actions concrètes ont été posées à travers les différents ateliers auxquels j’ai participé.
Le forum est à l’image de niveau du rapport de force, celui-ci se construit et il participe à sa façon à sa construction. Cela n’exclut pas au contraire d’autres formes d’organisations.
Nous n’avons pas intérêt à le salir par des phrases trop faciles du style un autre mensonge est possible.
Sur la confiscation de la parole des pauvres ou des sans voix (les zwawla) par des professionnels de l’humanitaire ou de l’indignation, je vous invite à relire l’ouvrage de J. Rancière intitulé le Philosophe et les pauvres. Dans ce livre,il montre bien combien des P. Bourdieu ou des J-P. Sartre sont contre-productifs quand ils prennent la parole au nom des ouvriers et de ceux qui protestent. En effet, en prenant la parole au nom de, ils les réduisent au silence sous prétexte de vouloir les aider. Ils donnent un visage bourgeois à une manifestation éminemment prolétaire.
Bonjour,
J’ajoute un titre très intéressant sur les “subalternes”: “Les subalternes peuvent-elles parler?” de Gayatri Chakravotry Spivak. Trad. Jérome Vidal. Ed. amsterdam, 2009. Bonne lecture
Bonjour,
Je fais partie d’une de ces ONG, pas de celles qui instrumentalisent les mouvements sociaux mais de celles qui se targuent de les accompagner. A vrai dire, c’était mon 1er FSM, j’en retiens pas mal d’enthousiasme mais qui sont plus liées aux rencontres informelles, qu’aux évènements organisés pendant le Forum. Finalement le plus intéressant au FSM, ce sont les couloirs. Pour le reste, sur le système de pouvoir, la “colonisation” culturelle, la dispersion des thèmes, etc. je suis d’accord avec vous, j’en suis revenu avec le même constat, un système en bout de course, même si je ne vous rejoins pas sur votre position qui est de dire que la plupart des ONG sont fonctionnelles du système. Ce n’est pas parce qu’elles n’ont pas d’habileté stratégique qu’elles sont fonctionnelles. Le monde “progressiste” est ainsi fait, il préfère taper sur ses alliés que sur ses ennemis.
[…] http://nawaat.org/portail/2013/04/24/forum-social-mondial-un-autre-mensonge-est-possible/ […]
C’est un texte très éclairant, tout comme les échanges qui le suivent. Ne serait-ce que pour avoir suscité ces réflexions, j’en remercie l’auteur. J’ai à peine participé au FSM : je me suis joint aux discussions virtuelles programmées par des nouveaux mouvements sociaux. Cependant, je suis très attentif à ce qui ressort de cet événement en raison de la participation active de plusieurs amies militantes qui y sont allées en personne. Ce que je retiens de leurs témoignages à leur retour, c’est que l’institution du FSM ne répond pas aux besoins des mouvements sociaux et révolutionnaires, mais que l’occasion du FSM permet la création de relations humaines essentielles à leur vitalité. Si, individuellement, des participants plus familiers avec l’organisation du forum sont dans l’ignorance de la réalité des luttes populaires et si des militants engagés dans des luttes quotidiennes se désolent de voir les espaces éphémères du FSM si mal utilisés pour ce qu’ils considèrent fondamental, l’impression qui m’a été communiquée par mes amies est celle d’un apprentissage marquant et d’une ouverture sur le monde qu’elles n’avaient pas connue auparavant. Je note que la plupart de ces conversations heureuses semblent avoir été tenues en dehors des espaces du FSM. En particulier, je transmets mes plus sincères félicitations à ceux et celles qui ont organisé l’occupation d’une place publique pendant la tenue du Forum. Merci!
I make my comments in Marouanes text below beginning with – :
WSF: Another lie is possible
Translated by Agnes Zilber
The Tunisian edition of the WSF just finished on March 30th. It was a unique experience for the associations, organizations and citizens of the whole world to gather and create the necessary networks to provide for their respective commitments.
– How unique WSF can be discussed. There is a strong tendency in the discussion about WSF to claim there is no alternative, TINA, WSF is the only game in town. This antiintellectual game is directly against the notion of another world is possible, but another way of organizing global gatherings is also possible. E.g. the antineoliberal encuentros in the Laconda jungle gathering thousands of activists from over the world in very strong connection to the local revolution in Chiapas or the follow up gathering in Geneva 1998 when Peoples Global Action against free trade and WTO started with the support of the rank and file members of the trade unions, squatters and the like in the city enabling the low budget meeting to take place. I guess from the rest of your article that your intention has not been to claim that WSF is unique as it is the only unique way to gather “associations, organizations and citizens of the whole world” but when stating this in the very beginning you do not help the cause of challenging the WSF empire and promote something better.
In this text I will look into the link between the current situation in Tunisia and the WSF taking place in Tunis.
– As stated in the preamble I regard this as central to any global gathering that is understanding itself as counter hegemonic or with what other words we want to describe a gathering aiming at challenging empires. The link between the current situation in Tunisia and WSF in Tunis is an expression of the general link between the current situation in a country or place where a global gathering takes place and the gathering itself.
Without a doubt people and activists from all over the world came to Tunis to ‘try’ and get an idea of the ‘revolution’ in Tunisia and its consequences.
– How many actually were interested can be discussed. After all WSF has an interest in itself as a global meeting place. But quite a few stated their interest in advance. Furthermore, the placing of WSF in Tunis tow years after the revolution has been a main legitimation of WSF as such, a proof of the ability of WSF to respond to new movements and political situations. If WSF failed to link to the ongoing struggles and gove new impetus to that struggle in Tunisia this proclaimed relevance of WSF will loose its importance. It is also of importance that any global gathering proclaiming to be an expression of the will of people in common to change society have its primary power in terms of quantity in the local population, that is why intergovernmental meeting nowadays often are placed in cities like Doha. To WSF the opposite is of importance, to be located were people in common get involved or even the meeting is an expression of the local participation in social change.
It is not sure that the majority of them have been able to come into contact with the main actors of the revolution such as the Tunisians from the poor suburbs of Tunis, as well as those from further off regions, who participated actively in the popular revolution.
– It is a pity if this is the case. It has been stated, and quite convincingly so in my opinion, that many of the leading organizations behind the Tunisian revolution also organized WSF. The apparent success of WSF in Tunis in terms of pragmatic results seems to me as unquestionable. In comparison with other WSF and more so when taking in regard the present state of problems for international cooperation between popular movements and their allies as expressed in the crisis for the WSF International council or for ESF in Europe. And yet your point ought to be taken seriously. There is no future for WSF if not the kind of spark between local revolutionary mass movement and the global gathering takes place. Otherwise another global gathering has to come in its place for the simple reason that the present world order is for people in common all over the planet in such a deep social and ecological crisis that nothing else than a global revolution against this order has to take place if mankind should survive.
– Now one could see it as a paradox that the seemingly leading organizations in the revolution were not able to bring the participants at WSF into contact with the main actors of the revolution. There can be many causes to this of it is true. One trivial answer to this paradox is that movement and organization are never the same. So many of the leading organizations in the revolution may well not be interested or more likely not know how to relate to the main actors in the revolutionary movement. But more important may be that too little effort has been put into solving the issue that you have brought forward for WSF. Maybe the international movement and NGO community is more to blame than Tunisian actors.
– Among the main initiators of WSF are the Brazilian NGOs IBASE and FASE. They made their first efforts in taking part in organizing a bigger global gathering at the UN Conference on Environment and Development in Rio de Janeiro in 1992. At this time the Brazilian environmental movement was fairly broad based with local groups most everywhere, in the state of Rio de Janeiro some hundred were organized in APEDEMA, permanent assemblies for the protection of the environment. These local grass root activists were very much looking forward to meeting the 20000 environmental activists from movements and NGOs that were planned to come to Rio. When these participants in the civil society gatherings arrived they showed no interest in exchanging experiences with the local activists. Offcially local activism for what was called sustainable development was strong and promoted in the name of Local Agenda 21. But this meant the opposite to creating interest in exchanging experience with the local environmental movement, the idea was to replace confrontational activism with the idea of cooperation for win-win solutions between civil society, public agencies and business. Many new NGOs arrived to take part in legitimating a new world order based on sustainable growth and cooperation instead of confrontation.
– IBASE and FASE originally had been part of the coopting scheme and started Pro Rio together with some companies and NGOs to organize alternative events during the UN conference. The only organization opposing them in Rio were APEDEMA who successfully could get allies among other Brazilian and international environmental movements to organize an International NGO and social movement forum. Opportunistically IBASE and FASE understood that times were changing and entered the independent initiative forcing APEDEMA out of the leading position with the help of their organizational technical resources and professional staff. The result was a rather helpless intellectual construction fragmented into more than 40 separate so called alternative treaty processes with little or no convergence and no interest in exchanging experience with the local environmental activists. The top down NGOs idea of democracy is simple, lets organize a market were everyone can do their own thing. Than noone can criticize the central NGOs for only being facilitators. This neoliberal model of organizing popular movement gatherings has been the model also for WSF. You can read more about the global gatherings in Rio 1992 compared to the more locally movement influenced and radical in Stockholm 1972 in: The emerging global NGO system: Political Globalisation at UNCHE 1972 and UNCED 1992, http://www.folkrorelser.org/inenglish/stockholm-rio.html
– Now in reality things are more shifting than one could guess. After Rio 1992 APEDEMA saw a decline and furthermore what I superficially can see from the few internet messages today have quite the contrary position from what they had20 years ago when they were very critical towards official politics while IBASE and FASE are more radical than back then. Especially the environmental issue, but maybe also other issues as can be seen in the case of the trade unions, are easily used for both very radical challenges of the system while when failing to fulfil the challenge might turn into the almost opposite.
– Now there are solutions to the general problem concerning how to link local challengers of the system with participants at a global gathering. The Zapatistas meeting in Chiapas is one example already mentioned. The Peoples Summit for social and environmental justice last year in Rio is another which is highly relevant for WSF. This time contrary to 1992 the mass movements were in the leadership of the gathering which meant that many actions took place in support of local inhabitants in underprivileged areas of the city, occupation of a bank, symbolic attacks on corporate headquarters with red paint and several mass demonstrations against commodicfication of life and against oppression of women. This Peoples summit chose another way of organizing a global gathering than WSF so far has chosen after a hard confrontation between the Brazilain WSF NGOs and the social movements. The NGOs wanted the same as in 1992 and at other WSF, an open market space with equal access for all that have the resources to come. The social movement wanted convergence and united efforts to reach out and be part of the struggle among people in common in Rio de Janeiro. After the trade unions finally chose to take the side of the social movements the NGOs lost their dominating position and the Peoples summit could successfully show that another WSF is possible. There was still the open space with some 1000 seminars but the core of the gathering was movement convergence and solidarity with the struggles everywhere with elaboration of common statements in five selected areas were local activists from movements were initiating the discussions. It should be included that without the support of IBASE, FASE and other NGOs the event could not have been funded on the scale it took place with some 35 000 participants. There were no total clash between the two opposing groups, but there seams to be such a total clash between these two Brazilian groups int the WSF International council.
The exclusion of grassroots social movements and of those which are not mainstream has always been a recurring topic in World Social Forums and the 2013 WSF has not been an exception.
– Your claim that this has been a recurring topic I do not see. It is true that the issue of exclusion of youth, those without resources etc. has been discussed. But more as demands for complete horizontal participation for everyone in the framework of a marketplace rather than in terms of how grass roots movements both in terms of democratic representative participation through mass movement organizations and in terms of better participation balance for underprivileged groups. The marginalisation of grass root social movements as Via Campesina has been discussed very little. VC put forward your point of view from the very beginning. Instead of acknowledging this criticism Via Campesina has been regularly taken hostage as a proof of how well WSF is based in mass social movements. This shows how badly the commentators, at least until recently, has been understanding your kind of notion. The WSF youth camp in Porto Alegre has been one of the experiences that brought forward the insurrection against the WSF NGOs in Brazil and paved the way for shifting from the open market space to convergence at the Peoples Summit last year.
Although the participation in the Tunis forum was clearly massive, a vast majority of Tunisians were not able to participate, let alone suggest activities. This is quite ironic given that the historical situation should favor exchanges of knowledge and experience from those who have led the popular revolts.
– Once more you make this important point which others might have thought was solved by the fact that many organisations that led the revolution were among the organizers of WSF. My point is that as you frame the question it is done in my view within the open market space formula, and I do not believe it will ever be able to fulfil the kind of political will you have behind your suggestion. Rather then being able to suggest activities the question is how the Tunisian movements could have organized a convergence or whatever we could call it like in Rio were WSF could have taken place at the most important places in Tunis were people in common could express their concerns with people form all over the world, but that is maybe what you actually suggests?
Instead we saw a downpour of thousands of associations and NGOs, who, for the most part, came to talk about their activities in a well defined sector and were incapable of stepping out of their specific activity field often dictated by flaws of the capitalist system (human rights, women rights, development, education, dept, migration, etc.). If the relevance and efficiency of these NGOs are questionable, their incapacity to go beyond this sectorial approach and fight for the blurry concept of ‘social justice’ poses greater problems.
– This I think is your main important point. Several reports from WSF in Tunis tells the same story so I take for granted that this to a strong enough degree holds truth and should therefore be a concern for everyone interested in the future of WSF.
To understand this situation some thought can be given on the existing gap between these local and international NGOs and the social movements undergoing a revolutionary process. For the former the challenge is to reform, supervise, improve, represent, democratize, finance, etc. Whereas for the latter, it is rather to confront, demand, appropriate, revolutionize, spread scandals, fight, struggle, block the economy, etc. It is not only about capitalism and globalization but also about the relations with the state.
– I do agree it is not only about capitalism (globalism I thought was the same as capitalism in its present form) but also authoritarian state relations to not mention other aspects as relation with nature, between gender etc. No one of these can be reduced to an undercathegory of the other. You make an interesting distinction not between NGOs and social movements but between NGOs and social movements undergoing a revolutionary process. My reading of this is that you are making a more qualified statement than the more simplistic notion of that between NGOs and social movements. Why many commentators chose to read your notion in a simplistic way I do not understand. Biut even in your version one could put some question marks bur more importantly look at the constructive results such a generalization of a conflict might enable us to make.
– The Lenin party model were only professionals were allowed to be members can be seen as a typical NGO and at the same time one kind of organizational model that at times have been important in earlier revolutions. The Anarchist secret elitist conspiracy gang also have some similarities with NGOs. I oppose both these forms but have some understanding for such forms as the Gandhian ashram wich can be claimed to be more like an NGO than a social movement although we are not used to see it that way. For a modern example look at Transnational Institute were some of the horizontal ideology in pretended support of mass mobilization is produced (together with several useful reports on different subjects.) So with other words forms of organizational forms for an elite have had some role in revolutions, and maybe at times necessary due to the repression. But still I think your criticism is very important as the great bulk of todays NGOs if they are called good or bad have a tendency in the direction you question which gets into fragmenting a revolutionary social change into professionally administrative sectors.
– If my reading of your both notions on a clear difference between NGOs and social movements in a revolutionary process and the NGOs incapacity of going beyond their sectorial approach most of your critics have been utterly and unacceptably wrong.They made a joke out of your notion and turned it into a simplistic generalization of difference between all NGOs in relation to all social movements. One really can wonder why? I guess it is because your criticism hits at the core of the legitimation of the WSF Open NGO space model which has to feed itself on eternal expansion by claiming evergrowing success in quantity or quality. When participation is not anymore growing (in my eyes I find 10000 participants a success for a global gathering and do not understand the obsession of numbers) next ever growing success is to claim importance for a revolutionary process like the one in Tunsia. You blow this legitimation of the WSF open NGO market space into pieces and than the kind of lack of interest in answering your criticism occurs.
As history bitterly reminds us, January 14th 2011 marked the beginning of the ‘democratic transition’. Ben Ali left, but his system remained: the police, the different ministries, the few hidden powerful, etc. Soon an agenda for the democratic transition was imposed on the ongoing revolutionary process, creating a large scale popular protest (Kasbah) which faded away within several months.
Obviously many Tunisians wanted to continue the struggle with the monster that the Tunisian state had become: the repression system, the endemic corruption, the suffered economic imperialism, the under-development policies, etc. were discussed, analyzed, deconstructed everywhere and by all the Tunisians in the streets and elsewhere. And this, right after the ‘revolution’.
It is clear that during the WSF, the Tunisian state was present through its various ministries. Some even saw a rebirth of the tourism sector with this new kind of tourism: the activist tourism, a perfect product to give a fresh start to low cost tourism, which benefits the elites and sends out a peaceful image of a Tunisia ready for foreign investments. Because the revolution is over, isn’t it? Never heard of the Tunisia of jasmine?
– You are right in that activism tourism is a “good” start for restarting tourism. The right wing government of Porto Alegre understood this and in spite of earlier criticism of support of WSF during leftist government they supported WSF as it was a good business. The revolutionary (at least in their own eyes) horizontal left in Malmö looked upon ESF in Malmö the same way 2008. They saw ESF as part of the social democratic mayors project for gentrification. Thus they inspired large riots during ESF smashing windows and fighting the police.
– There is a great risk of throwing out the baby with the bath water as the saying goes. One have to make up one’s mind. Of course a world were movements could meet without any risk of threats from anyone, state or as in the case of the WSF in Tunis expressed on this list and other places afraidness of Salafist attacks, is the best. But this was not the case. There were no resources at hand for doing WSF without the support of the kind that was received and there were clear demands for reasonable security.In this case I am saying love it or leave it. One cannot have both. Nicolas Haeringer have well explained what happened and what seems a reasonable way. Everything most f tghe time be made better. But if one do not state that some of the measures are reasonable if one at all want a global meeting we will never be able to revolutionize WSF and turn it into a convergence between the revolutionary hopes and daily struggles of people at the location and the international participants. That is possible to some degree which was shown in the Laconda jungle 1996 and Rio 2012. Another EWSF is also possible but not by excluding all understanding of the needs for some security and some funding from sources enabling far away guests to come.
The massive presence of the state ministries allowed living in a ‘Disneyland’ for one week, away from poverty, outcasts, violence, etc. A taxi driver told me that the WSF week reminded him of the times Ben Ali was still there, when tourism was doing good.
But when he almost got arrested by the police that night, he added that the police presence during the WSF also reminded him of the times Ben Ali was still in power… No comments… Another friend told me that the massive security force in a ‘social’ forum is an outrage and triggers memories of the traumas experienced by the victims of repression from ‘the police’ during and after the revolution…
– There is a contradiction here but once again, a balance sheet must be at place. I never believed that the security risk was so severe but many did and thus I guess the organizers did what organizers should do in the kind of situation with easily terrified Western guests, contacted security authorities. From your description security was there too much. This was also the case at the Peoples summit in Rio when at a small street protest the riot police immediately arrived and the summit radio station was cut off to make easy communication impossible and show that the authorities could do whatever they liked to against the event any time. But these are the times we live in. Organizers have to relate to both the needs of the guests and the official security authorities one way or another.
For many the process of democratization post January 14th 2011 has been counter-revolutionary. We could say the same about the 2013 WSF in Tunis regarding ‘civil society’. If the WSF has been populated by local and international NGOs, this also means that grassroots social movements lost an historical occasion to know one another, unify, and identify their common enemy: capitalism (and not only neo-liberalism), the powerful state, the economic and cultural colonization, as well as the colonization of the imagination, and the steamroller of Western modernity and progress.
– I do agree on this point and find your paper historically important in a time when the whole WSF process is in crisis and an open conflict is there between Brazilian social movements with their recent experience of mobilizing a global gathering reaching out to protests in the local community and the Brazilian NGOs. Those that most openly advertise their interest in horizontal new movements are the NGOs or more precisely GRAP who had the resources from Petrobras to bring Brazilians to Tunis and help organizing WSF. To many Indignados/Occupy or your kind of revolutionary movement the mass social movements in Brazil and their organizations might seem uninteresting. It is also a fact that Occupy only were able to mobilize some 100 hundred participants during the Peoples summit when I saw them and in general had little influence in spite of that NGOs like GRAP and not the social movements looked upon Occupy and like minded horizontal movements as the great new hope before the Peoples summit in Rio. Ideologically your friends are among the Brazilian NGOs it seems. But it is also a fact that the kind of actions together with people in common against torturers with impunity, in support of fishermen fighting against oil companies as Petrobras, in support of people fighting evictions ahead of Olympics and armed occupations by indigenous peoples of the Brazilian development bank showing capacity of mobilizing thousands and thousands in direct actions on the streets were people live and against the headquarters of business and state enemies including also rural participation (Via Campesina was the strongest group of activists in all the actions supporting the urban population in their struggle). One side effect of the way to organizing this global convergence was the strong global solidarity between the movements making everyone protesting and going to the airport when the protests led to that an envrionm,ental activists from Mozambique that first was expelled due to his resistance against the Brazilian mining corporation Vale was allowed to enter Brazil again. There is a day after the massive protests when there is also a need for solidarity and then organization is sometimes good to have. Maybe the ideology is not the most important but what is actually done so after all you might find the Peoples summit model interesting.
– From this you might understand that I oppose the idea that what is now necessary for everyone is to explicitly oppose capitalism. Maybe this is not what you mean but I read into your statement something like that. Fortunately you add all the rest including the steamrolling of Western modernity and progress which I see equally important to oppose. But you and others tend to put anticapitalism first and in practice often as the decisive factor to explicitly express as the main cause of today’s problem.
-The problem with this or any other attempt at putting explicit ideological concepts as the main way forward for a movement of movements is that ideological concerns becomes primary and other concerns of less importance. Jasper describes this clearly in his interesting experience of Occupy in Amsterdam when one experienced veteran who knew a lot about the present financial crisis went away stating that he did not like to be part of a pop concert. In Sweden Francis Tuuloskorpi is organizing strikes and exchange of experience between rank and file trade unionoists and all interested workers. The most important is to work in such a way that everyone gets included in the struggle and find such conflicts, great or very small steps enabling such a mobilization. She who herself with a background on a revolutionary left party describes how the left often destroys important fights by coming at open meeting when something is going on and declaring how big and national the local struggle has to become and above all how the whole left now has to unite in the struggle. She says that the workers when these words are used loose their interest and many feel that they are marginalized and not part of what is proposed.
– A very common criticism of WSF is that it has to be more outspoken against specifically capitalism. I think this is a mistake. It puts the idea of bringing together people by claiming the need for a united ideology before bringing together people doing things together in a common struggle. In a documentary about the insurrection/revolution in Bahrain one women states she kneels before no one except good. This may well be more common among protesters willing to die in Bahrain and many other places than you must go because you are an agent of capitalism. In Mexico in 1914 the anarcho syndicalist trade union used their red militia to murder the Zapatista peasants during the civil war as they claimed themselves to be modern and civilized while the Zapatistas were religious and thus backward. After the war against the Zapatistas the Anarchosyndicalists hoped for an alliance with the liberals giving them a good position in the new society when the right wing dictatorship was gone but of course they misjudged the situation and once the liberals had got rid of the Zapatistas with the help of the red militia the liberals got rid of the Anarcho syndicalists with the help of the military.
– Anticapitaislm as priority number one have been pushed forward by many. In Peoples Global Action starting 1998 as the follow up on the Zapatista international meetings in Chiapas at first had a diverse range of ideological tendencies in tis platform. Mainly mass civil non violent disobedience was promoted. But soon anticapitalism became the dominant ideological concern and PGA faded away. I do think it is necessary with anticapitalist initiatives and organizations but I do believe that the world today also needs initiatives were people are mainly brought together because they want to do things in common rather than that they first have to accept a specific ideology.
The ‘NGOization’ of the ‘civil society’ is one aspect of the ‘civil society’ phenomenon because NGOs can be seen as messengers of Capital and the State whereas, on the other side, social movements need to confront them.
– Here you come close to claiming all NGOs are bad and social movements are good but cleverly avoids this by the small notion “can be seen as”. This distinction is necessary. There are NGOs that are far more useful for the confrontation of the present development model than several social movements although the tendency is in the direction you claim.
We can start to make out a colonization pattern based on a certain Western ‘civil society’ model which institutionalizes the fights, pretends to ‘represent’ the outcasts, monopolizes time of speech and presence in the media, and more especially follows an agenda according to the needs of the international fund donors, removing the local ‘civil society’s’ sense of responsibility towards its own priorities and choices in order to pursue imposed policies. It is a political economy for the social struggles that must absolutely be undone, because this ‘NGOization’ will grow stronger in the future and most importantly be a great hold-up towards the self-determination of people.
– Precisely!
Colonization is even found in the conceptual and historical foundations which claim to be mainly of humanism, universalism, secularism, determinism, racism, science, and rationalism for European modernity. This usually tends to strengthen the idea that the West has the monopoly on modernity when actually many different modernities exist, spread throughout time and space with different civilizations. In the case of Tunisia, the way to see and think politics cannot be rooted in reality if the Arab-Muslim modernity is not taken into account in all its historical and ontological diversity and complexity. This other modernity will allow a search for alternatives in the understanding of capitalism and its deconstruction.
– It must be noted that there is also an inner colonialism within the Western countries. Rural populations are regularly exploited and claimed to be less rational, efficient or whatever as the urban elite, the same goes for those in the urban periphery. This kind of inner oppression with both economic, political and cultural aspects has been clearly expressed by such people as Ibn Khaldoun standing statue in Tunis and Karl Marx who both showed how much they looked down upon rural people.
It is very special for the 2013 WSF to be held in a country in the process of a revolution; and, in order to complete the speeches and workshops of the WSF, it has been a failed opportunity to set concrete actions for urgent issues. There is the Choucha refugee topic, the recent IMF loan, the police impunity report, etc. It was a dreamed opportunity to support social movements in struggle and yet nothing happened.
Now to decide whether the forum is revolutionary or reformist seems trivial after all this. Here is a concrete suggestion: cancel the Porto Alegre convention for the WSF and give it a new name: Forum for the Social Professionals, NGO and State Forum, Host State Forum (please add your own suggestion in this collaborative page, don’t hesitate to participate: http://pad.tn/p/FroumName).
This way, we can stop creating frustrations with each new edition of the forum and leave some room for a new imagination which will truly strengthen the grassroots social movements and enable to seriously launch a revolutionary project, project which already started in Tunisia in 2011.
The big polluting car, based on old technologies, pseudoscientific, cumbersome, and expensive, telling the whole world it is a bike, will then get back its original name: car.
– : )
This will allow those who need it to build a bike, light, efficient, bringing people together and fighting against capitalism with simple, local ways, well rooted in reality; instead of using the methods of the current masters of the world like in the Davos conference: a small group of white men deciding for the future of humanity in a militarized space where all is done so that a minimum of ‘democracy’ is carried out. The WSF uses Davos’ methods…
In Tunisia a starting point could be for example in the small basic community places which are for most citizens: the café, the hammam, the mosque, the bar, the stadium, the neighborhood, the small or big family, etc. So many places that the administrators and engineers of these ‘social transformations’ ignore. The destructive obsession to make out the public from the private only perpetuates these colonization patterns…
The lie of the Tunisian revolution has brought forth another lie, the WSF lie, which reminds the Tunisian people and all the people in struggle that another lie is possible
– So lets dismantle the lie, kill the WSF in its present form and start anew. Maybe there is time for convergence between the small community places and international participation with people for other places and movements based in the daily struggle of people in their homes, workplaces and public spaces. A kind of convergence and democratization which we have seen taking place in Chiapas, in Rio or at the US Social Forum. If such a convergence is made central to the gathering an open space were also NGOs can take part is possible as shown in Rio last year when the NGOs and their fragmentory efforts are marginalized. But that would put the main responsibility in our own hands, we who belive in convergen and social movements promoting revolutionary social change. We have to put our efforts together . I think your criticism have brought us a great step forward in enabling such an international/global effort whether this will take the form of a WSF with convergence and social movements as central and open space as a formal part of it or if it will be a totally new initiative.
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Nous, on continue. Et les jeunes Tunisiens rencontrés la première fois, et qui étaient désireux de rencontres et d’opportunités dans le Forum Mondial Social de Tunis sont devenus la deuxième année plus engagés et plus consciemment engagés. Alors la vieille garde militante peut dire ce qu’elle veut , mais l’essentiel est là: la relève est assurée par des jeunes qui se politisent.
Et nous on continue, là oû nous sommes dans le monde, en ayant découvert une ville et un pays très attachants.
NUIT DEHORS
>> http://www.darksite.ch/alachaine/spip/spip.php?article404
Saluts solidaires
De retour de Tunis du Forum Mondial Social, vidéo disponibles aux liens suivants :
http://www.darksite.ch/alachaine/spip/spip.php?article351
http://www.darksite.ch/alachaine/spip/spip.php?article350
L’opération “Pseudo-fiction” a été une formation audiovisuelle pour une douzaine de jeunes de la ville de Menzel-Bourghiba, dans le cadre du Forum Mondial Social 2015 qui se tenait à Tunis.
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