« Moi président », énième rafistolage d’une campagne plagiaire
Quasiment chez lui à Nessma TV, dans une émission enregistrée, Essebsi déroule. Au moment de conclure, un script martelé en leitmotiv est curieusement familier à l’oreille des observateurs avisés.
Il s’agit du fameux refrain « Moi président », copié-collé à l’identique à partir du dernier débat télévisé de François Hollande avant l’élection présidentielle française de 2012.
De la même façon que Hakim Karoui avait conseillé à Ben Ali d’utiliser le célèbre « Je vous ai compris » (ena fhemtkom) de Charles de Gaulle, le 13 janvier 2014, les conseillers en communication d’Essebsi lui ont visiblement soufflé de reprendre à son compte le « Moi président, je ferai… ».
Sauf que contrairement au slogan « Tahiya Tounes » emprunté à la campagne de l’égyptien al Sissi, cette fois « BCE » est plus âgé mais aussi à droite de l’homme qui l’a inspiré, détournant la formule pour développer un discours axé sur l’ordre et l’autorité :
Moi président, je restaurerai le prestige de l’Etat. Moi président, je restaurerai l’obéissance à la loi […]. Moi président, je restaurerai avant tout la sûreté et le sentiment de sécurité chez le citoyen. Moi président, je rétablirai les relations diplomatiques de la Tunisie à l’image de ce qu’elles étaient dans le passé, je veux que notre drapeau flotte comme avant parmi le concert des nations… nous sommes un petit pays, nous devons être responsables face à la communauté internationale.
Au cours de la même émission, Essebsi affirmera que « le Sahara occidental est algérien »…
Au-delà d’une rhétorique s’inscrivant ouvertement dans la nostalgie, tous les ressorts et les ficelles de la droite populiste sont ici mis à profit. Sur le channel officiel du candidat Essebsi, un clip de campagne particulièrement caricatural, axé sur la peur du barbu armé, met en scène des combattants djihadistes tunisiens en Syrie, pour se clore sur le message « notre avenir est entre nos mains ». Un cliché déjà parodié sur le net.
Interrogé sur le plateau d’Ettounsia sur ce qu’il aurait fait si Bernard-Henri Lévy avait visité la Tunisie sous son règne, Béji Caïd Essebsi a répondu du tac au tac : « Je le vire ! Je n’aurais pas eu d’état d’âme. Je ne chercherai pas dans ma veste le droit de l’homme numéro 1 ou 3 ou 4 avant de prendre ma décision »…. Le même BHL qui s’était félicité de « la défaite de l’obscurantisme lors du dernier scrutin des législatives » appréciera.
Décomplexés en matière de mépris des droits humains, les propos d’Essebsi augurent d’une nouvelle ère de régression en la matière, surtout si ce raisonnement ne s’arrête pas, demain, au cas de BHL.
Le 18 novembre, des hommes de religion, présentés par Nidaa Tounes comme étant « des imams de la Zitouna », se rendent au siège du parti pour soutenir la candidature de Béji Caïd Essebsi, selon eux le « garant du bon islam ». Sacré paradoxe pour une formation politique dont l’un des crédos est la dépolitisation des mosquées.
Plus inquiétant sur l’état des libertés, une tribune d’un groupe d’universitaires et d’associatifs publiée dans le site de Libération et mettant en garde contre le retour de l’ancien régime est la cible d’une pluie d’attaques sur les relais numériques du nouveau parti au pouvoir.
Vers une crise institutionnelle ?
C’est le 21 novembre que les résultats définitifs des élections législatives ont été publiés par l’ISIE. Le quartet UTICA, UGTT, LTDH, barreau n’avait pas attendu cette échéance pour trancher, selon une lecture controversée de la Constitution, que ce sera au prochain président élu que reviendra la tâche de charger la personnalité dont le nom lui sera soumis par le parti majoritaire de former un nouveau gouvernement.
Mais le moment venu, le président en exercice Moncef Marzouki a annoncé vendredi soir qu’il a adressé un courrier officiel au chef du parti vainqueur des législatives dans lequel il demande de « lui soumettre le nom de la personnalité choisie pour le poste de chef du gouvernement, conformément à la nouvelle Constitution ».
Plusieurs juristes dont le constitutionnaliste Kais Saïd expliquent que Marzouki est dans son droit, voire son devoir constitutionnel, via une démonstration qui contextualise l’emploi du terme « élections » jugé sémantiquement vague, à tort, par d’autres juristes.
L’article 89 cité dans le chapitre IV relatif au pouvoir exécutif stipule en effet dans son alinéa 2 que :
le président de la République charge, dans un délai d’une semaine à compter de la date de proclamation des résultats définitifs des élections, le candidat du parti ou de la coalition qui remporte le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée des représentants du peuple, de former le gouvernement et lui donne un délai d’un mois, reconductible une seule fois.
Nidaa Tounes temporisait jusqu’ici, en jouant sur une polysémie supposée (en réalité inexistante) de la Constitution, pour des considérations d’égo. Même si le président n’a aucun pouvoir discrétionnaire en matière de choix de la personnalité en question, le leadership de Nidaa Tounes souhaite à tout prix éviter de se soumettre à l’autorité symbolique de Marzouki, adversaire idéologique et présidentiel.
D’où une vaste campagne déclenchée aussitôt sur les réseaux sociaux, notamment par Mohsen Marzouk et Hafedh Caïd Essebsi, pour diaboliser la démarche du président en exercice qu’ils qualifient de tentative de coup d’Etat et de manœuvre de déstabilisation d’un « pays en danger ».
La veille du premier tour de la présidentielle, chaque camp criminalise l’autre, ce qui laisse présager d’une période post élections plus qu’incertaine.
Bernard.Henri Lévy est l’exemple malheureux pour tenir votre argument contre un candidat qui n’a pas vos faveurs, pour faire dans la litote. Voilà un personnage aux multiples facettes, s’intronisant “nouveau philosophe” dans les années 70 par ambition et pour renier son passé gauchiste avec le succès médiatique qui contribua à son renom, la vacuité abyssale de sa contribution à la pensée philosophique fut relevée alors par Gilles Deleuze. Depuis lors, sa carrière prit un tour qui le fit “défenseur des droits de l’homme” en Bosnie ou ailleurs, sauf en Palestine…enfin conseiller du Prince, homme d’influence, et parfois coureur de coup d’État comme en Lybie.
Cet homme se définit par son tropisme sioniste et sa propension à croire discerner le bien des peuples mieux qu’eux. Son égo se mesure à hauteur de la fortune familiale qui participe, sans doute, de l’aura qui est la sienne.
Nous n’avons pas besoin de ses conseils, et la Tunisie n’est pas un terrain de jeu pour ses expéditions.
Mais enfin que faites-vous du silence électoral?
Malgré le titre, article déséquilibré et partial qui passe sous silence tous les méfaits et les dérapages d’un candidat et met en épingle en les exagérant tous les faits et gestes de son rival.
C’est à la fois illégal et malhonnête.
@ Slaheddine Dchicha
Sauf votre respect, vous n’êtes pas en position de donner des leçons d’impartialité à quiconque. D’ailleurs, vos écrits sur Leaders sont le meilleur exemple de votre prise de position. Vous avez le droit de soutenir BCE et le courant Bourguibo-Ben-Aliste, mais figurez-vous qu’il y a un revers à cette médaille : les autres aussi ont le droit, exactement comme vous, de soutenir celui ou celle qui est le plus apte à réaliser leurs aspirations et leurs attentes.
Cordialement,
Article partial ou non ne change rien. Ce qui est le plus important à mes yeux est le retour de Ben Ali au pouvoir, parce que oui, c’est bien du retour de l’ancien régime, qui a fait tant de mal au pays qui reprend le pouvoir. Je ne comprendrai jamais la gauche tunisienne. Ou je ne la comprends que trop bien. Alors que la gauche symbolise le socialisme, la tunisienne a préféré combattre l’Islam coute que coute en se convainquant qu’elle devais défendre la laïcité avant tout. Pourquoi? C’est un mélange d’anti-religieux primaire copié sur une certaine gauche française fascisante et d’immaturité politique criante. Nous voila maintenant revenu 4 ans en arrière, quand nous étions gouverné par des capitalistes anti-islam primaire qui se fiche des droits du peuple. Et ça, c’est malheureux.
Cet article truffé de contrevérités est une insulte pour les tunisiens qui ont voté aux législatives et qui ont choisi le parti de BCE; il n’est pas étonnant que ce monsieur qui soutient le l’indéfendable Marzouki , les frères musulmans tunisiens et le sioniste BHL bafoue la légitimité et la légalité du vote populaire.
Everyone is entitled to his own point of view.
Les uns se parent d’habits vertueux pour mieux cacher leurs parti-pris, nous vantent les mérites réels ou supposés d’un candidat qui manoeuvre jusqu’à la dernière minute pour garder la place. D’autres, ou parfois les mèmes, nous décrivent l’autre candidat, celui d’en face, sous les traits les plus négatifs sans reculer devant les pires procédés, y compris son àge ou son passif -qui reste à vérfier- de partisan ou serviteur de la dictature, sinon lui-mème tortionnaire.
Voilà leur poulain, si l’on peut lui appliquer cette métaphore impliquant une certaine juvénilité, qui est loin derrière le “sénile”. Il a tenté dès avant ce premier tour de se donner des allures présidentielles en mandant le chef du parti majoritaire afin qu’il désigne le chef du futur gouvernemnt…parlé du retour de la dictature, de lui comme “sauveur” et unique recours.
Les Tunisiens ont donné leur préférence à “l’autre” de l’islamisme. Je n’ai pas voté en ce premier tour, n’ayant pas voulu faire le partage entre ces deux prétendants, mais je voterai au second, et pas pour un homme-lige qui se révèle plus habile dans les subterfuges au service de ses maitres que dans ses capacités à incarner un président au-dessus des contingences et garant de l’unité nationale.
La bataille sera rude, comme le prédisent certains…évidemment les mèmes, illustrant ainsi leurs convictions démocratiques.
Fin du 1er tour et Nidda Tounes est reparti en campagne. Campagne sur le fond? Non. Tout ce que l’on entends est que Marzouki est le candidat de Ennadha. Wow, avec ca, la Tunisie est sauvé