Originaire d’El Hamma –Gabès, Mohammed Ali Benrejeb, âgé de cinquante ans, est depuis plusieurs semaines en grève de la faim à la prison de Gabès pour réclamer sa libération. Récemment, son état s’est brutalement détérioré. Deux gardiens l’ont soutenu pour se rendre au parloir lors de la dernière visite que lui a rendue sa femme, Samia Ghannouchi.
Mohammed Ali Benrejeb, un ex-cadre de la CNRPS, a été incarcéré en avril 1996 après sa livraison par la Libye. Il a été condamné à 13 ans et 4 mois d’emprisonnement. Marié et père de cinq enfants, il n’a connu la plus jeune d’entre eux qu’à travers les barreaux du parloir, sa femme étant enceinte au moment de son arrestation. Le père de Mohammed Ali Benrejeb a décédé en 2005, mais l’administration ne lui en a pas transmis la nouvelle, et sa famille n’a pu obtenir qu’il assiste à l’enterrement. Aux souffrances morales se sont ajoutés tortures et mauvais traitements tant au moment de l’arrestation qu’en prison. Mohammed Ali Benrejeb souffre de diverses pathologies, gastrique, arthrose aux genoux, laryngite, baisse de l’acuité visuelle, allergie à la fumée. Ces pathologies sont largement issues des mauvais traitements et des conditions lamentables d’incarcération à la ! prison de Gabès. Un groupe de prisonniers a récemment rédigé un témoignage accablant à ce sujet : « (…) la porte blindée des cellules a été fermée sans tenir compte de la spécificité du lieu et de la température. Un troisième lit a été ajouté au-dessus des deux déjà existants. Ces trois lits superposés ont restreint encore notre espace et l’air en circulation. Ajoutons que l’eau coule à peine dans des cellules qui comptent plus de 70 personnes qui utilisent deux toilettes et deux robinets. Il n’y a pas de ventilation dans les cellules. On dirait qu’on habite dans un four à pain. Tout cela contribue à l’exacerbation des mauvaises odeurs qu’exhalent les corps ruisselants de sueur, et les maladies cutanées et respiratoires y sont courantes(…) » [1]
Dès le mois d’août, Mohammed Ali Benrejeb avait lancé un vibrant appel à la solidarité [2] et pour sa libération. Puisse-t-il être entendu.
Luiza Toscane, 16 octobre 2005
[1] traduction) , Nida min elmassajin essyassiyin bilsijn elmadani bigabès, Tunisnews, 04/10/05
[2] Se reporter à Tunisnews du 13 août 2005
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