Juste un commentaire avant de reproduire le communiqué : Pour rappel et à titre de comparaison : en mai 1968, malgré tout le désordre qui prit d’assaut les rues de la capitale française, pas une seule victime n’est tombée. Et aujourd’hui, 40 ans après, tout le monde rend hommage à ce préfet de la République, Maurice Grimaud, qui a fait ce qu’il a pu pour maintenir l’ordre. Et s’il n’y a eu aucun mort, c’est parce que l’un des principes fondateurs des Républiques démocratiques, celui de l’usage proportionné de la force, fut respecté. On ne canarde pas les citoyens pour disperser une foule, ni les abat pour empêcher – et à supposer que cela soit vrai- qu’un cocktail Molotov soit lancé.
En Tunisie, encore un mort qui vient de tomber dans l’indifférence généralisée des médias officiels. Tout au plus, la TAP (sûrement contrainte par l’AFP) vient de sortir un bref communiqué. Selon une « fumeuse » source anonyme, on reconnaît la mort de ce tunisien abattu par les forces de l’ordre. La même source indique que « malgré les mises en garde lancées, conformément à la loi, par les forces de l’ordre, les éléments perturbateurs n’ont pas obtempéré, obligeant les forces de sécurité à intervenir. Ces évènements, précise le communiqué, ont entraîné la mort d’un élément perturbateur. Cinq autres ont été blessés ainsi que trois agents de l’ordre. »
La Presse de Tunisie a repris ce communiqué pour le reléguer tout en bas de la page de l’actualité politique (ici le fac-similé). Sur la Une rien. Ou, plutôt, comme d’habitude, tout va bien grâce à la litanie des directives « dans tous les domaines » et de toutes sortes. Pour le reste rien, nos compatriotes se font canarder et ni le président de la République, ni le premier ministre, ni le ministre de l’intérieur n’ont jugé nécessaire de s’adresser à la nation pour s’expliquer. On ne se dérange pas pour des culs-terreux qui revendiquent. On les canarde. Ce n’est pas un Tunisien qui vient d’être abattu par les forces de l’ordre, mais un élément perturbateur qui a été éliminé. Tout est dit dans le communique de cette «source officielle» et non moins lâche, tant elle est anonyme !
Astrubal, le 7 juin 2008
http://astrubal.nawaat.org
www.nawaat.org
Précisions d’une source officielle au sujet des actes de violence survenus à Redeyef
Tunis 6 juin 2008 (TAP)- Une source officielle a publié, vendredi, le communiqué suivant au sujet des actes de violence survenus dans la région de Redeyef (gouvernorat de Gafsa).
“Des actes de violence ont été commis par certains individus dans la région de Redeyef (gouvernorat de Gafsa).
Ces actes ont fait l’objet d’une surveillance de la part des forces de sécurité pour contrer tous débordements éventuels.
Des informations sont parvenues, vendredi, aux autorités que des éléments étaient en train de fabriquer des cocktails molotov en vue de les utiliser dans des actes de vandalisme, ce qui a imposé l’intervention des forces de sécurité qui ont essuyé des jets de ces engins incendiaires.
Malgré les mises en garde lancées, conformément à la loi, par les forces de l’ordre, les éléments perturbateurs n’ont pas obtempéré, obligeant les forces de sécurité à intervenir.
Ces évènements ont entraîné la mort d’un élément perturbateur. Cinq autres ont été blessés ainsi que trois agents de l’ordre.
Le procureur de la République de Gafsa a ordonné l’ouverture d’une information judiciaire pour déterminer les circonstances de ces événements et délimiter les responsabilités”.
[…] de mes jours de ce communiqué si scandaleux qui parlait, lors des événements de Redayef, de «la mort [assassinat] d’un élément perturbateur». Et nous continuons à avoir droit à ces «fumeuses» sources anonymes qui reconnaissent la mort […]