Depuis huit mois, les habitants du bassin minier de Gafsa dénoncent dans la rue leurs conditions de vie. Des journalistes tunisiens sont venus à Genève pour faire connaître cette révolte étouffée par le gouvernement. Celui-ci vient de normaliser ses relations avec la Suisse.
C’est le plus long mouvement social de la Tunisie moderne. Voilà huit mois que la population du bassin minier de Gafsa est en rébellion contre le «modèle économique tunisien».
Dans un huis-clos total, lycéens, étudiants, ouvriers, mères de famille multiplient les grèves et les manifestations pour protester contre le chômage, la corruption et la flambée des prix.
Du côté des médias officiels, silence radio. Tandis que les forces de police ont pour ordre d’encercler, de harceler, voire d’arrêter les émeutiers et, surtout, de faire barrage aux journalistes trop curieux.
Le minerai extrait de ce bassin fait de la Tunisie le quatrième producteur de phosphate au monde. Or la région est restée l’une des plus pauvres du pays. Pas d’infrastructures, si ce n’est une ligne de chemin de fer servant uniquement au transport des marchandises.
La Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) est, depuis le 19ème siècle, l’unique moteur économique de la région. Mais un plan d’ajustement structurel a réduit de 75% les effectifs de la compagnie. De 11’000, les employés sont passés à 5000. Le chômage touche 40% des jeunes.
Révolte des jeunes
Tout est d’ailleurs parti d’eux, le 5 janvier 2008 dans la ville de Redeyef, suite à un concours d’embauche de la CPG, considéré comme truqué. Recalés, les jeunes nouvellement diplômés de la région décident alors d’occuper le siège local de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Ils sont rapidement rejoints par leurs familles qui installent des tentes devant le bâtiment. Le mouvement ne cesse alors de s’amplifier.
Face à ce mouvement, le gouvernement opte pour deux priorités: éviter à tout prix que la protestation ne se propage dans les autres régions et que l’image du pays – 6,7 millions de touristes en 2007 – soit épargnée.
«La zone est interdite aux journalistes étrangers», explique Rachid Khéchana, à la fois rédacteur en chef de Al-Mawqif (L’opinion, l’un des trois journaux d’opposition du pays) et correspondant pour swissinfo ainsi que pour Al-Hayat, quotidien panarabe basé à Londres.
«Les autorités ne veulent pas étaler le scandale à l’extérieur. Si les infos sont diffusées hors du pays, la situation n’est plus maîtrisable. Mais tant qu’il s’agit d’un journal local, on peut toujours le confisquer dans les kiosques.» Grâce à ce black out total, il n’y a, aux yeux du monde, ni émeutes, ni arrestations, ni procès.
Une brèche éphémère
Pourtant, une équipe de la TV pirate Al Hiwar Attounisi (Le Dialogue tunisien) est tout de même parvenue à sortir des images de ces insurrections. Elles ont été diffusées via satellite sur la chaîne italienne Arcoiris et sur France 3.
Depuis, les journalistes de la chaîne tunisienne font l’objet de tracasseries et de tabassages répétés. Raison pour laquelle son directeur Tahar Ben Hassine est venu témoigner, avec Rachid Khechana, cette semaine à Genève.
«Ces images sont les seules qui existent sur les insurrections de Gafsa, explique-t-il. Elles ont été prises clandestinement. Leur diffusion par satellite casse la stratégie du pouvoir. Le gouvernement veut donner l’impression que rien ne se passe à Gafsa. La police a l’ordre d’agir de manière dispersée afin de ne pas en faire un gros événement. Qui va savoir qu’ici un tel s’est fait tabasser ou que là-bas la caméra d’un journaliste a été fracassée? Un étau invisible se resserre ainsi sur la population.»
Promesses présidentielles
En mars, le président tunisien a contre-attaqué. Signe apparent d’apaisement, il a limogé le gouverneur de Gafsa et par la suite, le PDG de la Compagnie. En juillet, il s’est engagé à consacrer un pourcentage des revenus des exportations de phosphates pour construire une nouvelle cimenterie et de nouvelles infrastructures, avec à la clé des emplois pour la région.
«Là, les médias officiels ont parlé de la région minière…, ironise Rachid Khechana. C’est une des rares fois où Ben Ali a reconnu un problème social.»
Après cette initiative présidentielle, la tension a baissé… avant de très vite remonter quand les familles ont réalisé la vacuité des promesses présidentielles. Une nouvelle vague d’arrestations s’est alors abattue sur la région.
Syndicalistes criminalisés
«Trente huit représentants syndicaux attendent toujours leur jugement. Inculpés comme droits communs, ils peuvent encourir des peines très lourdes. L’un d’eux, Adnan Hajji, risque jusqu’à plusieurs dizaines d’années.»
Un journaliste de Al-Hiwar, Fahem Boulkaddous, est aujourd’hui inculpé de «constitution de bande de malfaiteurs» et risque dix ans de prison. «Cela juste parce qu’il a couvert le mouvement de protestation du bassin minier de Gafsa», remarque son directeur.
Les émeutes de Gafsa rencontrent un fort soutien de la société civile et des avocats. Ces derniers se déplacent à tour de rôle de Tunis – dix heures de route aller-retour – pour suivre les procès et défendre les détenus.
Source: swissinfo, Carole Vann/Infosud
«Ces images sont les seules qui existent sur les insurrections de Gafsa, explique-t-il. Elles ont été prises clandestinement. Leur diffusion par satellite casse la stratégie du pouvoir.
Ce que affirme ici monsieur Tahar Ben Hassine n’est pas juste puisque les vidéos postées, par des citoyens tunisiens, sur les sites de partage comme Youtube et dailymotion, ont vraiment couvré le mouvement de protestation. Des dizaines de vidéos, parfois de mauvaise qualité et filmés par des téléphones portables, ont apparu sur Youtube et dailymotion couvrant des scènes de protestation et de repression. Le role des médias citoyens (blogs, youtube, facebook et autres sites web indépendants) est si important qu’il me parait bizzare de ne pas le mentionner voire même de ne pas reconnaitre sa place sur la scène médiatique tunisienne.
@Sami ben gharbia
L’etablishment aura raison de toi et de tes semblables, malheureusement. Ils sont très forts et ils ont tout les atouts en leurs mains. En plus vous devenez de plus en plus “nuisibles”.
Mais un jour on gagnera moi et vous, on n’a pas le choix, c’est ça ou en faire partie de cet etablishment merdique (beueueueuerk). Personellement je préfère être un marginal avec la tête regardant vers le haut, comme toi quoi!…
Voici une opinion posté hier soir à tunisnews mais qui ne veulent manifestement pas la publier, à cause de mon pseudo peut être.
تابعت كالعديد من التّونسيّين الموقف الرّسمي للحكومة التّونسيّة من اﻷزمة عبر تصريحات محافظ البنك المركزي السّيّد توفيق بكّار و الوزير الجويني المكلّف عادة بالتّعبير و الدّفاع عن السّياسة الإقتصاديّة المنتهجة. ويتلخّص هذا الموقف في التّمسّك بالخيارات نفسها باعتبارها خيارات صائبة قد حقّقت وتحقّق نجاحات ملموسة يمكن الإستدلال عليها بسلسلة قد لا تنتهي من المؤشّرات و اﻷرقام و الجوائز والمقالات.
طبعا لن أطعن في كلّ هذه الشّواهد ﻷنّ اﻷمر سيدخلنا متاهات جدل عقيم قد يفضي في أحسن اﻷحوال إلى التّشكيك في صحّة هذه المعطيات و في أسوإها إلى دعم موقف الحكومة الخاطئ. بل إنّني سأعتبر كلّ ما تقوله الحكومة عن نجاحاتها الإقتصاديّة صحيح ولا يرقى إليه الشّك وأنّ ما يشعر به الفرد التّونسي المتوسّط من الإحباط بداية من اليوم الخامس عشر من كلّ شهر هو ضرب من الوهم ناتج عن النموّ المفرط لطموحاته في الإستهلاك بعد ارتفاع مستوى عيشه النّاتج طبعا عن نجاح السياسات الإقتصاديّة أو منوال التّنمية كما يحلو القول للوزير الجويني.
أقول أنّ مجرّد التّشكيك في أرقام و مقولات الحكومة الإقتصاديّة هو سقف شديد الإنخفاض أمام ضخامة ما يحدث الآن و هنا. منوال التّنمية الذي يتحدّث عنه الوزير هو ببساطة ارتهان البلد برمّته للإقتصاد الغربي, الوزير قد يفضّل لفظ ربط أو ارتباط ولكنّي لا أظنّه ينفي هذا اﻷمر فأرقامه كلّها تشير إليه. إذا فحكومة السّابع من نوفمبر عملت بجد واجتهاد لربط اقتصاد البلد برمّته بالإقتصاد الغربي حصرا و أساسا عبر بوّابته اﻷروبيّة و قد نجحت في ذلك و أيّما نجاح. فليزد الوزير الجويني شهادتي إلى رزمة الشّهادات التي يتباهو بها ليل نهار.
اﻵن وهنا في ديار الغرب الذي ارتهنتم لديه بكلّ فخر تبخّرت أموال ضخمة و اختفت بنوك عملاقة و لازالت اﻷنباء المرعبة تتوالى كلّ يوم بل كلّ ساعة في كثير من اﻷحيان و الوزير و المحافظ يعرفان جيّدا أنّ القادم أدهى و أمر. إنّهما يعرفان قطعا أنّ جوهر اﻷزمة هي القروض الضّخمة التي يغرق فيها الغرب برمّته عدى استثناءين و هما يعرفان قطعا أنّ القروض لا تزال قائمة و أن لا مفرّ من مواجهتها إن عاجلا أو عاجلا و أن لا أحد له الخيار. المحافظ بكّار يعلم قطعا أنّ إصدارات بنك لمان بروضرس كان ترقيمها اﻷفضل (ثلاث مرّات الحرف اﻷوّل من اﻷبجديّة الغربيّة) عندما أفلس وانهار و أنّ المنظومة برمّتها أو المنوال كما يحلو للوزير كان فاسدا حتّى النّخاع.
ما صار إليه الغرب هو كساد متنامي نتج عن التقلّص المالي و المحافظ و الوزير يعلمان بالتأكيد ما يعنيه هذا اﻷمر و إن كانا لا يعلمان فليقرءا “عناقيد الغضب”. ما سيصير إليه الغرب هو مزيد من التّقلّص المالي و مزيد من الكساد لأنّه هكذا تقتضي نواميس الإقتصاد إنّها الدّائرة اللّولبيّة الملعونة ذاتها التي ستقوده إلى الرّضا بمستوى العيش الحقيقي الذّي يجب أن يكون عليه. طبعا قد يتمرّد و قد يختار السّير في الطّريق العكسيّة و لكن هل فعلا بيده الخيار.
لا أدري و حديثي موجّه للوزير و المحافظ كيف ستحصلون على الستّة في المائة من النموّ و أنتم ارتضيتم أن تكونوا تابعين لهكذا منوال؟
أعلم أنّه بإمكانكم تسجيل هذه النّتيجة في دفاتركم في نهاية السنة ألفين و تسعة فتكون أوّل انتصارات عهد جديد للعهد الجديد و لكن صدقا هل تعتقدان أنّ الحالة الظّاهرة للعيان للبلد في حينه ستسمح لكم بذلك ؟ العلم يعلّمنا أنّ رئيسكم الذّي ستنتخبونه يقترب كثيرا من الحد اﻷقصى الإحصائي للحياة. طبعا أنا و إيّاكم مسلمين و نؤمن أنّ اﻷعمار بيد اللّه سبحانه و لكنّنا نتحدّث عن مصير ما يفوق العشرة ملايين من البشر. و نحن نتحدّث عن رجل مكّن ظلما و بهتانا اقتصاديّا لعائلته و أصهاره فما الذي سيفعله هؤلاء في مثل هذه الظّروف التي تنتظر المنوال ؟
Je ne sais pas si je vais être populaire si je dis que je ne suis pas pour l’exploitation des manifestations des pauvres.
Si c’est sans aucun doute une manière efficace de toucher le pouvoir en place, je ne crois pas que ça soit un argument que l’on peut utiliser, car ceux qui l’utilisent eux-mêmes n’ont pas de réponses à donner à la suppression de la pauvreté dans le sud du pays.
Le sud a toujours été pauvre et la vie n’y est pas facile et ne le sera sans doute pas avant des dizaines d’années.
Si je crois qu’il est possible d’améliorer les choses avec des contre-pouvoirs réels de le pays, je ne crois pas qu’il existe de remède miracle pour cette région.
C’est pour ça que je ne cautionne pas ceux qui font du tapage autour de cette affaire.
A mon sens, il y a suffisamment de sujets où l’on peut proposer des idées pour améliorer les choses, que de faire de l’opposition stérile sur des sujets où l’on ne peut rien faire et qui reste que des sujets de politique politicienne.
Réponse à tun-68:
C’est vrai, monsieur. Vous avez raison.
Ne faisons pas de tapage pour ces gens. Ils n’ont qu’à crever dans leur coin perdu.Quelle idée d’habiter dans une telle région, alors que nous avons de si belles villes côtières très riches…
On devrait les déplacer de force puisqu’ils n’ont pas l’air de comprendre qu’il faut partir de là. On leur créera de grands camps provisoires jusqu’à ce qu’ils trouvent autre chose.
Et si ils n’y arrivent pas, on demandera à l’ONU de les gérer sinon cela coûterait trop cher à la Tunisie de les prendre en charge à long terme!!!
Non c’est pas ça, c’est qu’il faut du temps. Plus de temps que pour tunis par exemple.
La réponse au besoin ici c’est le travail et il ne peut pas venir en claquant des mains.
celui qui a des idées peut les proposer, ceux qui les jugent bonnes on peuvent les soutenir.
j’ai pas entendu parler de beaucoup d’idées!!!
Il ne faut pas minimiser l’implication des autres, je ne crois pas être moins impliqué que toi. Je suis même disposé à créer une entreprise dans la région si l’occasion de présente.
Seulement, l’occasion elle est plus rare que pour tunis, même-si les occasions sur Tunis ne sont pas aussi nombreuses que ça.