Imed Trabelsi posant dans un salon vénitien au début du mois de février 2009.

Le juge Jean-Bastien Risson, instructeur de l’affaire des « yachts volés » a eu la joie un peu trop précipitée en signant, le 31 juillet dernier, l’ordonnance de renvoi du désormais réputé délinquant international, Imed Trabelsi et de son frère Moez. La « raison d’Etat » a eu raison de son obstination et devrait désormais se contenter de juger « des lampistes » comme l’a regretté l’avocat d’un des 6 autres accusés de cette affaire.

Conséquence : maintenant que Imed Trabelsi sait qu’il ne va pas être jugé en France, donc pas jugé du tout, il se prend déjà pour un affranchi et n’hésite plus à afficher le mépris qu’il a toujours eu envers les justices française et tunisienne.

En voulant regeler ses comptes avec son ancien associé, Faouzi Mahbouli, il diffuse à travers « un nègre », une certaine « Samiha Berrirri » – en fait un journaleux qui écrit pour son compte – une série d’impression d’écran d’échanges de messages sur Facebook.

Au-delà du fait que les échanges constituent un aveu de sa tentative d’extorsion, de ses mesures d’intimidations envers Faouzi Mahbouli et des transferts douteux de devises, ils permettent surtout de révéler que Imed Trabelsi ne semblait à aucun moment concerné par une mise en examen ni soufrant des contraintes de son contrôle judiciaire ou encore moins craignant un quelconque mandat d’arrêt international !

Alors qu’a l’époque de sa mise en examen par un juge tunisien, plusieurs médias l’annonçaient déjà en prison, il paradait tranquillement dans les endroits en vus en se targuant « d’emmerder » les juges français. Et sûrement pour bien les « emmerder » qu’il se permet l’audace d’aller jusqu’à chez eux…en France !

À peine quelques semaines après la visite du juge Risson en Tunisie et sa mise en examen par un juge tunisien, Imed Trabelsi s’est rendu en France ! Pendant l’été 2008, il est allé sur la côte d’azure, dans le sud de la France, lieu de villégiature préféré du couple présidentiel tunisien et théâtre des trois vols pour lesquels il est poursuivi. Coïncidence ou irrésistible besoin de revenir sur la scène du crime ? Encore une question à laquelle la justice française n’aura pas de réponse.

Tout de même, pour éviter tout risque aux frontières, les autorités tunisiennes lui ont délivré un vrai-faux passeport diplomatique, avec une nouvelle identité pour passer sans encombre les contrôles des douanes. Il est difficile de ne pas voir la main, ou plutôt le « coup de main », de Abdelwaheb Abdallah, ministre des affaires « mensongères » tunisien et homme de main de Belhassen Trabelsi frère de Imed.

ça ne sera pas son unique voyage. Le 17 novembre de la même année, il s’est rendu à Paris cette fois-ci pour célébrer son partenariat avec le Group Bricorama à coté de son président Jean Claude Bourrelier. Événement assez médiatique qui ne peux en aucun cas échapper au renseignements français ni à leur homologues tunisiens. Encore plus étrange, l’attitude du groupe Bricorama qui ne pouvait pas ignorer les démêlés juridiques de leur partenaire tunisien.

Quelques mois plus tard le voilà qui ne tient plus en place pour remettre ça. C’est ce qui ressort d’un message du 13 février 2008, rappelons-le encore une fois, publié par ses soins. Le message est envoyé par un faux profil (Haroun Morjane) où l’intrépide Imed annonçait à son ex-associé qu’il serait à Paris le 27 et 28 février et qu’il lui apporterait un petit cadeau :

« […] Je serais à paris (27et28) je t’apporte ce qu’il faut avec moi (l’argent je veux dire) […] ».

Imed annonçe à son ex-associé qu’il serait à Paris le 27 et 28 février.

Avant de faire ce petit tour à Paris, Imed veut décompresser un peu et quoi de mieux que le carnaval de Venise pour oublier les petits soucis de la vie d’un « homme d’affaires » en pleine ascension.

Imed Trabelsi déguisé pendant le carnaval de Venise au début du mois de février 2009.

Toujours sans aucun complexe, il partage les péripéties de son petit séjour vénitien avec ses amis sur Facebook en publiant des photos de ses accoutrements pendant les festivités. Les photos ont depuis été retirées de son profil suite aux commentaires de ses « amis » inquiets de sa désinvolture.

Heureusement que certains d’entre eux ont sauvegardé quelques clichés savoureux dont vous pouvez voir un petite aperçu illustrant cet article. D’ailleurs, son ex-associé, en voyant les photos sur le profil de Imed s’émeu de n’avoir pas pu le rencontrer sur place.

Faouzi Mahbouli qui regrette d'avoir raté son ex-associé à Venise.

Mais l’intrépide Imed tient toujours à son séjour parisien. Prévu pour la fin du mois de février, le voyage est reporté pour le 15 mars, puis pour la fin du même mois. Et c’est Imed qui nous explique les raison de ces reports :

« bonjour Faouzi, je me rappelle bien t’avoir dit que je viendrais en france celon les disponibilités de maitre Velut qui un peu occupé en ce moment d’ailleurs c’est mon cas aussi. [Dans le texte] »

Prévu pour la fin du mois de février, le voyage est reporté pour le 15 mars, puis pour la fin du même mois

Rappelons ici que M. Velut est le conseil de Imed Trabelsi dans cette affaire ainsi que pour celle des yachts volés. Avocat qui ne peut donc rien ignorer des poursuites engagées contre son client. Peut-il ignorer que son client voyage avec un faux passeport diplomatique ? Cela semble difficile à croire.

Sans aller plus loin, il semble évident qu’à aucun moment Imed Trabelsi n’a eu à craindre la justice. Ni celle de son pays ni celle de la France. Une désinvolture qui gêne plus qu’elle ne choque à Paris où on ne souhaite surtout pas gâcher les excellentes relations entre Sarkozy et son ami Ben Ali ni pourrir l’ambiance pour « la mascarade démocratique » du mois d’octobre.

Les commentaires embarrassés du procureur général Michel qui affirmait, au conditionnel, que « Si la Tunisie ne les juge pas, la France pourrait le faire », sonnent comme un aveu d’impuissance pour certain. Un aveu de complicité pour d’autres.

Malek Khadhraoui Aka Punica Fides