Lecture dans le livre de Mohamed Bouebdelli, “Le jour où j’ai réalisé que la Tunisie n’est plus un pays de liberté

Qu’est ce qui pousse un homme de près de 70 ans, ingénieur de formation, et éducateur de métier, à prendre sa plume au milieu de ce silence ambiant et complice de l’élite et fustiger un régime qui n’a jamais respecté sa parole ni les Conventions qu’il a signées depuis 22 ans, et rompu le pacte scellé avec le peuple dès les premiers jours de son règne?

Dans l’itinéraire de cet homme et de son épouse Madeleine Bouebdelli, rien ne les prédestinait aux turbulences de la vie: une famille tranquille, des ressources confortables, une Fondation consacrée à l’éducation pédagogique depuis de longues années déjà bien notée et bien vue de tous…Mais alors…

Un jour, comme tous les autres jours, tout bascule dans la vie de cette famille sans histoire et pour laquelle les mots de “Justice” et “Dignité” ne sont pas de vains mots, ni ces termes creusés dans la litote du régime du 7 novembre.

C’est une histoire invraisemblable pour ceux qui ignorent ou feignent d’ignorer la nature du régime tunisien que nous livre dans cet écrit Mohamed Bouebdelli.

Amer et non vindicatif, retraçant les faits qui ont abouti à ce qu’une entreprise à laquelle il a consacré sa vie avec son épouse bascule, il nous plonge dans la vérité des passe-droits, des caprices du Prince, de l’absence de justice. Et cet emballement de la machine administrative qui ressemble à une arme de destruction massive…

Avec le livre de Bouebdelli, nous ne sommes plus dans le monde de la rumeur, de l’ouie-dire: nous sommes dans la réalité d’un régime obtus, mesquin, acharné, prêt à détruire l’un des fleurons du système éducatif tunisien pour un caprice.

Telle nièce de Madame n’est pas reçue car son niveau est en deçà du minimum requis…ou encore la fille de l’avocat du couple princier qui est n’est pas du niveau. Et c’est la directrice Madeleine Bouebdelli qui saute de son poste de directrice.

Mais le livre de Bouebdelli n’a pas que le mérite de nous éclairer par des faits cruels de sa mésaventure. Il nous invite à réfléchir, tous ensemble, Tunisiens autant que nous sommes, à la Tunisie de demain.

A partir du moment où la Déclaration du 7 novembre a été piétinée, l’auteur propose de la constitutionnaliser et de réformer de fond en comble les institutions afin d’ancrer la démocratie politique, sociale et économique dans les faits et non dans les déclarations d’intention.

Au lieu d’étayer et d’analyser le contenu du livre, allons creuser ce qu’il recèle comme idées perspicaces et justes, modernes, refondatrices pour enrichir le projet d’avenir et mettre un pied dans demain…

Le cri de Bouebdelli est un cri de raison dans un Etat qui a perdu la raison…
Puisse cette œuvre inciter l’élite dans notre société à prendre son courage à deux mains, prendre également ses responsabilités pour réfléchir au présent et à l’avenir de la Tunisie.

C’est leur devoir autant que leur honneur qui se jouent en cette fin de règne…Et puis, comme le disait Montesquieu, “lorsque cesse le tumulte de l’élite s’installe la dictature”.

Dans ce sens il est plus que temps de dire “Basta”…

Slim BAGGA

Via Tunisnews