Fatma Arabicca (2e à partir de la droite) au milieu de ses amis après sa libération.

Les ennuis subis récemment par notre amie Fatma viennent nous rappeler que la libre expression sur internet représente aux yeux de nos censeurs une menace redoutable et redoutée. La piqure de rappel s’adresse cette fois directement aux blogueurs pour leur signifier que le risque de répression lié à la tenue d’un blog indépendant et au ton libre n’est pas que latent, mais bien réel et récurrent. Le projet Threatened Voices recense en Tunisie 19 cas d’atteintes à la liberté d’expression sur internet, la classant 4ème pays le plus répressif après la Chine, l’Egypte et l’Iran…

Selon les chiffres officiels, le nombre d’internautes tunisiens s’est multiplié par 17 en 8 ans, pour représenter 17% de la population en 2008 contre seulement 1% en 2000. Parallèlement, le nombre de blogs tunisiens n’a cessé d’augmenter, et les sujets qui y sont abordés sont de plus en plus variés, audacieux, et critiques sur des questions d’intérêt public. Des sujets qui sont strictement contrôlés et censurés dans tous les autres médias traditionnels, d’où la menace que représente la blogosphère, aussi modeste soit-elle, sur l’ordre établi.

Les attaques subies par les blogueurs peuvent varier : cela va de la censure des contenus jusqu’aux convocations policières répétées et l’emprisonnement. Le cru des élections 2009 est jusque là très lourd : une blogueuse harcelée et pas moins de 4 blogs censurés ou disparus : http://el-clandestin.blogspot.com ; http://rafiiik.blogspot.com ; http://fatma-arabicca.blogspot.com ; et http://dawwen.blogspot.com. L’objectif est toujours le même : faire peur et convaincre que le prix à payer est cher, réduire les blogueurs au silence en les intimidant par les déboires subis par l’un de leur congénère, Fatma en l’occurrence.

Isolés par nature, les blogueurs sont de ce fait plus exposés et vulnérables aux attaques, s’ils n’ont pas les moyens de se défendre. L’impressionnante mobilisation qui a suivie les convocations répétées de Fatma et le relais reçu à l’échelle internationale ont été très importants pour montrer qu’on peut s’unir pour s’opposer à de tels excès et plaider pour un Internet libre et non censuré. Notre objectif ressemble à celui de nos censeurs : convaincre de notre côté que le prix politique à payer peut aussi être cher en cas de mesures répressives prises à l’encontre de tout blogueur citoyen. Car nous devrions avant tout être libres de nous exprimer.

Carpe Diem

Photo issue du groupe Facebook Free Fatma, aujourd’hui censuré en Tunisie.