Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Par H. BEN ROMDHANE,

« Une Page Nouvelle exige des Hommes Nouveaux ». Voici ce que pensent les hommes et femmes qui sont aujourd’hui même à pied d’œuvre pour empêcher que notre chère patrie ne tombe dans le chaos, qui se mobilisent et continuent à travailler malgré les clameurs de la rue orchestrées par plusieurs partis réclamant leur départ. Notre objectif à tous est de respecter la démocratie et le pluralisme du nouveau paysage politique de la Tunisie, tout en luttant contre les courants extrémistes.

Je ne me souviens pas -à moins d’avoir été plongée dans un coma ces dernières semaines – que nous autres, Tunisiens de Tunisie et d’ailleurs, ayons mandaté qui que se soit pour prendre la parole au nom des citoyens Tunisiens. Ce sont nous-mêmes, citoyens tunisiens, qui ont courageusement dit non à la soumission, qui ont ramassé nos morts et nos blessés en marchant jour après jour pendant plus de trois semaines pour arracher notre liberté.

Je m’adresse à tous les leaders qui appellent au maintien du désordre et à la cacophonie : De grâce, le Peuple Tunisien a mené seul et courageusement cette révolution, ni vos interventions réservées, ni vos allocutions orientées, ni vos signatures de tracts sous des pseudos patriotiques n’ont réussi à destituer l’ancien régime. Le Peuple ne vous connait pas. Pour élire son future Président, il a besoin de vous connaître, et pour ce faire, vous devez mesdames et Messieurs être à la hauteur de la noblesse de cette Nation, ne surtout pas douter de son intelligence « supérieure à la vôtre visiblement », croire en sa détermination et volonté. « DEMOCRATIE » est le mot clé, si vous êtes incapables à ce stade de la construction, de mesurer l’ampleur du chaos qui nous guette, retirez-vous, arrêtez de croire que CARTHAGE est à vendre. D’autres l’ont cru, et nous savons tous quel a été leur sort.

Arrêtez de flamber la RUE, le peuple a ouvert les yeux, il a cassé ses chaines et veut vivre et respirer à plein poumon l’air frais et propre d’une Tunisie débarrassée de la nuisance et de la pollution d’un régime de répression.

Messieurs et Mesdames les leaders, attelez-vous dès à présent à des taches plus nobles et plus importantes si vous voulez réellement servir votre pays, préparez vos campagnes et surtout : Soyez à la hauteur de ce grand Peuple qui n’a pas hésité à donner sa vie pour vous libérer, qui a permis le retour au Pays à d’autres, qui vous a restitué votre honneur et dignité. Présentez-vous avec humilité à ce grand Peuple sans oublier de le remercier, présentez lui vos programmes dans le calme et la démocratie que vous clamez, pour qu’il puisse sereinement décider de son avenir, et le plus tôt possible pour qu’on ne pas sombre dans l’abîme.

Je m’adresse à tous les partis visibles et cachés qui souhaitent s’accaparer le pouvoir en Tunisie : Nous ne voulons pas d’une nouvelle dictature, ni d’aucun parti radical quelle qu’en soit la doctrine. Nous ne voulons pas rebrousser chemin, nous avons payé le tribut de cette liberté. Nous voulons avancer dans la sérénité. Nous voulons reconstruire ce qui a été détruit. Nous voulons réédifier la Nation et lui rétablir sa dignité et sa considération.

Le Gouvernement de transition n’a visiblement pas de stratégie politique, ceci est compréhensible, dans la mesure où l’ancien Président gouvernait en maître absolu. Nul ne peut douter des compétences administratives des membres de ce gouvernement. Nul ne peut douter que leur savoir et leur connaissance de la structure économique et de la conjoncture actuelle sont capables, dans l’urgence, de sortir le pays de la crise pour le préparer à un avenir meilleur, à l’abri de toute menace intérieure ou extérieure. Nous savons tous à quel point notre beau pays peut être convoité.

Kadhafi, parce que plus maladroit que d’autres, a étalé son jeu, d’autres sont probablement plus dangereux, ils n’hésiteront pas à alimenter dans l’ombre des foyers ici et là pour embraser et engloutir notre beau pays. Une démocratie dans le monde Arabe : cela dérange! Pire encore, d’autres pourraient s’en servir comme une arme fatale et asservir tout un peuple pour le réduire au silence Ad vitam æternam sous l’égide de tel ou tel mouvement extrémiste. En effet, le web pilule aujourd’hui, mon grand damne, d’appels de courants plus dangereux les uns que les autres.

Néanmoins, le Gouvernement de transition reste confronté à un problème majeur : sa légitimité, et seule une Transparence totale mettrait fin à ce grand chahut qui menace de se transformer en chaos et accorderait au gouvernement de transition la confiance et le soutien du peuple.

Le Peuple Tunisien tout entier réclame des explications sur les circonstances de la fuite du Président déchu, des informations de sources officielles concernant les arrestations et la liste détaillée des gens compromis et responsables des crimes commis contre tout un Peuple.

La démission du Ministre de l’intérieur me semble indispensable à ce stade des événements, en réel patriote, il doit se retirer parce que le monde entier a vu la Police tirer sur la foule jeudi 13 et vendredi 14. La responsabilité du Ministre se trouve personnellement engagée pour ces deux journées historiques, et il ne peut s’en dédouaner sur le compte du Président déchu.

(Selon une information communiquée par son employeur, l’Agence européenne de photographie de presse (EPA) basée à Francfort, le photographe franco-allemand Lucas Mebrouk Dolega, 32 ans, gravement blessé vendredi à Tunis, est décédé lundi 17 janvier. L’agence a précisé tenir l’information de l’ambassade française à Tunis et de la famille du photographe. Le photographe, né à Paris de mère allemande, journaliste, et de père français, médecin, couvrait les manifestations à Tunis devant le ministère de l’intérieur, quand il a été atteint vendredi en début d’après-midi par une grenade lacrymogène tirée “à bout portant” par un policier, selon un de ses confrères, Julien Muguet. Touché à l’œil et à la tempe gauche, il avait été opéré en soirée à l’Institut national de neurochirurgie de Tunis. Le journaliste travaillait pour EPA depuis avril 2006 – Le Monde.fr du 17/01/2011)

Je me suis permise cette parenthèse parce que je suis Tunisienne, et fière de l’être « depuis toujours » et aussi parce que j’ai soutenue, à mon niveau, l’une image d’une Tunisie et de Tunisiens plus authentiques que la sombre et triste Tunisie du gouvernement déchu -malgré les moyens mis en place pour l’enjoliver aux yeux du monde.

Je n’ai jamais véhiculé ni adhéré à une autre Tunisie que celle de « AFRICA » qui a donné son nom à tout un continent, à celle de « CARTHAGE » qui a fait trembler Rome.

Certains penseront que c’est la meilleure manière de se déconnecter d’un vécu douloureux, surtout si le destin nous a conduits loin des frontières ! Il n’en est rien en ce qui concerne les Tunisiens de France et d’ailleurs, le sentiment de tout ressortissant Tunisien à l’Etranger est celui d’avoir apporté sa contribution pour que le Tunisien soit reconnu à sa juste valeur, pour que personne ne ternisse son image de Peuple souverain, digne, instruit et à la hauteur de ses rêves, capable de réécrire son histoire comme il l’a fait dans le passé.

Une petite Nation qui peut étonner le monde par son courage et maturité et supplante les plus avertis, ma Nation : LA TUNISIE avec ses hommes et ses femmes, son authenticité, ses valeurs et son amour propre, son honneur et son orgueil dont personne ne peut disposer, ni étouffer éternellement.

Il n’existe qu’un seul Eternel, ne l’oublions jamais !